Modification de Jane Austen

{{En-tête label|AdQ|année=2009|TdQ}}
{{Voir homonymes|Austen}}
{{Infobox Écrivain
 | nom                = Jane Austen
 | image              = Jane Austen, from A Memoir of Jane Austen (1870).jpg
 | légende            = Portrait de Jane Austen publié en 1870 dans ''[[A Memoir of Jane Austen#Portraits de Jane Austen|A Memoir of Jane Austen]]'', et gravé d'après une aquarelle de James Andrews de Maidenhead, elle-même tirée du portrait fait par [[Cassandra Austen]].
 | nom de naissance   = 
 | surnom             = 
 | activités          = [[Romancier|Romancière]]
 | date de naissance  = {{Date de naissance|16|12|1775}}
 | lieu de naissance  = [[Steventon]], [[Hampshire (comté)|Hampshire]],<br>{{Royaume de Grande-Bretagne}}
 | date de décès      = {{Date de décès|18|7|1817|16|12|1775}}
 | lieu de décès      = [[Winchester (Angleterre)|Winchester]], [[Hampshire (comté)|Hampshire]],<br>{{Royaume-Uni (1801-1927)}}
 | nationalité        = Anglaise puis britannique     
 | langue             = [[Anglais]]
 | mouvement          = [[Réalisme (littérature)|Réalisme]]
 | genre              = [[Roman (littérature)|Roman]]
 | distinctions       = 
 | adjectifs dérivés  = 
 | œuvres principales = * ''[[Sense and Sensibility|Raison et Sentiments]]'' (1811)
* ''[[Orgueil et Préjugés]]'' (1813)
* ''[[Mansfield Park]]'' (1814)
* ''[[Emma (roman)|Emma]]'' (1816)
* ''[[L'Abbaye de Northanger]]'' (1818)
* ''[[Persuasion (roman)|Persuasion]]'' (1818)
 | complément         = 
 | signature          = Jane Austen signature from her will.svg
}}

[[Fichier:Jane Austen (House in Chawton).jpg|vignette|upright=1.3|alt=Cottage en briques rouges, deux niveaux, toit mansardé|La maison de Jane Austen, sa sœur [[Cassandra Austen|Cassandra]] et [[Cassandra Austen (née Leigh)|leur mère]], à Chawton, où elles vivent à partir de [[1809]]. Cette maison abrite le [[Jane Austen's House Museum|musée de la maison de Jane Austen]].]]

'''Jane Austen''' {{MSAPI|ˈd͡ʒeɪn ˈɒstɪn}}<ref>[[Prononciation de l'anglais|Prononciation]] en [[anglais britannique]] [[Transcription phonétique|retranscrite]] selon la [[alphabet phonétique international|norme API]].</ref>, née le {{date|16|décembre|1775|en littérature}} à [[Steventon]] dans le [[Hampshire (Angleterre)|Hampshire]] en [[Angleterre]] et morte le {{date|18|juillet|1817|en littérature}} à [[Winchester (Royaume-Uni)|Winchester]] dans le même [[Comtés traditionnels d'Angleterre|comté]], est une romancière et [[femme de lettres]] [[Angleterre|anglaise]].

Son [[Réalisme (littérature)|réalisme]], sa critique sociale mordante et sa maîtrise du [[discours indirect libre]], son [[humour]] distancié et son [[ironie]] ont fait d'elle l'un des [[Littérature anglaise|écrivains anglais]] les plus largement lus et aimés<ref name="ref_auto_1">{{harvsp|B. C. Southam|1987|p=102}}</ref>.

Toute sa vie, Jane Austen demeure au sein d'une cellule familiale étroitement unie, appartenant à la petite ''[[gentry]]'' anglaise<ref>{{harvsp|Mary Lascelles|1966|p=2}} ; pour toute précision sur la ''petite gentry'', voir {{harvsp|Irene Collins|1994|p=ix-x}}</ref>. Elle doit son éducation à l'encouragement à la lecture apporté non seulement par ses frères James et Henry, mais surtout par son père, qui l'autorise à puiser sans restriction dans sa vaste bibliothèque. Le soutien sans faille de sa famille est essentiel pour son évolution en tant qu'écrivaine professionnelle<ref>{{harvsp|Park Honan|1987|p=79, 183-185}} ; {{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=66-68}} ; {{harvsp|Mary Lascelles|1966|p=4-5}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Oliver MacDonagh|1991|p=110-128}}.</ref>. L'apprentissage artistique de Jane Austen s'étend du début de son adolescence jusqu'à sa vingt-cinquième année environ. Durant cette période, elle s'essaie à différentes formes littéraires, y compris le [[roman épistolaire]] qu'elle expérimente avant de l'abandonner, et écrit et retravaille profondément trois romans majeurs, tout en en commençant un quatrième.

De 1811 à 1816, avec la parution de ''[[Sense and Sensibility|Raison et Sentiments]]'' (publié de façon anonyme en 1811), ''[[Orgueil et Préjugés]]'' (1813), ''[[Mansfield Park]]'' (1814) et ''[[Emma (roman)|Emma]]'' (1816), elle connaît le succès. Deux autres romans, ''[[L'Abbaye de Northanger]]'' (achevé en fait dès 1803) et ''[[Persuasion (roman)|Persuasion]]'', font tous deux l'objet d'une publication posthume en 1818 ; en {{date-|janvier 1817}}, elle commence son dernier roman, finalement intitulé ''[[Sanditon]]'', qu'elle ne peut achever avant sa mort.

L'œuvre de Jane Austen est, entre autres, une critique des romans sentimentaux de la seconde moitié du {{s-|XVIII}} et appartient à la transition qui conduit au réalisme littéraire du {{s mini|XIX|e}}<ref>Litz, {{p.|3-14}} ; Grundy, « Jane Austen and Literary Traditions », ''The Cambridge Companion to Jane Austen'', {{p.|192-93}} ; Waldron, « Critical Responses, Early », ''Jane Austen in Context'', {{p.|83}}, 89-90 ; Duffy, « Criticism, 1814-1870 », ''The Jane Austen Companion'', {{p.|93-94}}.</ref>. Les intrigues de Jane Austen, bien qu'essentiellement de nature comique, c'est-à-dire avec un dénouement heureux<ref>Litz, {{p.|142}}.</ref>, mettent en lumière la dépendance des femmes à l'égard du mariage pour obtenir statut social et sécurité économique<ref>{{harvsp|Irene Collins|1994|p=160-161}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Oliver MacDonagh|1991|p=66-75}}.</ref>. Comme [[Samuel Johnson]], l'une de ses influences majeures, elle s'intéresse particulièrement aux questions morales<ref>{{harvsp|Park Honan|1987|p=124-127}}</ref>{{,}}<ref>Trott, « Critical Responses, 1830-1970 », ''Jane Austen in Context'', {{p.|92}}.</ref>.

Du fait de l'anonymat qu'elle cherche à préserver, sa réputation est modeste de son vivant, avec quelques critiques favorables. Au {{s-|XIX|e}}, ses romans ne sont admirés que par l'élite littéraire. Cependant, la parution en 1869 de ''[[A Memoir of Jane Austen]]'' (''Souvenir de Jane Austen''), écrit par son neveu, la fait connaître d'un public plus large. On découvre alors une personnalité attirante et l'intérêt populaire pour ses œuvres prend son essor. Depuis les [[années 1940]], Jane Austen est largement reconnue sur le plan académique comme {{Citation|grande écrivaine anglaise}}. Durant la seconde moitié du {{s-|XX|e}} se multiplient les recherches sur ses romans, qui sont analysés sous divers aspects, par exemple artistique, idéologique ou historique. Peu à peu, la culture populaire s'empare de Jane Austen et les adaptations cinématographiques ou télévisuelles qui sont réalisées sur sa vie ou ses romans connaissent un réel succès.
Il est généralement admis que l'œuvre de Jane Austen appartient non seulement au [[Patrimoine (culture)|patrimoine]] [[Littérature|littéraire]] de la [[Grande-Bretagne]] et des pays anglophones<ref>Jessica Munns, {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Jan Górak|titre=Canon vs. culture|sous-titre=reflections on the current debate|éditeur=Routledge,|année=2001|pages totales=227|isbn=|présentation en ligne=https://books.google.fr/books?id=pLVFOkXrAR4C&pg=PA17&dq=Jane+Austen+%22literary+canon%22|titre chapitre=Canon Fodder, Women's Studies and the (British) Literary Canon}}, {{p.|17}}</ref>, mais aussi à la littérature mondiale<ref>[[Somerset Maugham]], dans son essai ''[[Ten Novels and Their Authors]]'', considère que ''[[Orgueil et Préjugés|Pride and Prejudice]]'' est un des dix meilleurs romans, avec ''[[Guerre et Paix]]'', ''[[Le Rouge et le Noir]]'', ''[[Le Père Goriot]]'', ''[[David Copperfield (roman)|David Copperfield]]'' et quelques autres (voir {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Samuel J. Rogal|titre=A William Somerset Maugham encyclopedia|éditeur=[[Greenwood Publishing Group]]|année=1997|isbn=|présentation en ligne=https://books.google.fr/books?id=H0MqigagKTkC&pg=PA74&dq=%22Ten+Novels+and+Their+Authors%22+%22Pride+and+Prejudice%22}}, {{p.|74}}).</ref>. Elle fait aujourd'hui, comme les [[famille Brontë|Brontë]], l'objet d'un [[Janeite|véritable culte]] : Jane Austen jouit d'une popularité croissante et quasi universelle.

Jane Austen écrivait souvent pour sa famille, en particulier pour ses frères, diplômés à l'[[université d'Oxford]]. Malgré le haut niveau littéraire de sa famille, Jane fut la seule à devenir une écrivaine publiée.
{{Sommaire|niveau=3}}

== Biographie ==
[[Fichier:RicePortrait.jpg|vignette|upright=0.8|alt=Huile sur toile. Adolescente debout, en robe empire blanche|Portrait présumé de Jane en 1789, œuvre d'[[Ozias Humphry]]<ref>{{lien web|url=http://www.dailymail.co.uk/news/article-2156805/The-teenage-Jane-Austen-Fresh-evidence-divisive-portrait-13-year-old-girl-really-loved-author.html|titre=The teenage Jane Austen|site=Daily Mail|date=9 juin 2012}}</ref>.]]
{{Article connexe|A Memoir of Jane Austen{{!}}''A Memoir of Jane Austen''}}
Selon l'un de ses biographes, les informations sur la vie de Jane Austen sont « d'une rareté notoire » ({{citation|''{{lang|en|famously scarce}}''}})<ref name="Fergus 3">Jan Fergus, {{harvsp|Janet M. Todd|2005|p=3-4}}, « Biography »</ref>. Il ne reste que quelques lettres d'ordre personnel ou familial (selon une estimation, 160 lettres sur un total de {{formatnum:3000}}<ref>[https://books.google.fr/books?id=TVcNgW5uH5oC&printsec=frontcover Janet M. Todd, « Letters », ''Jane Austen in Context'', 2005, {{p.|33}}]</ref>). Sa sœur [[Cassandra Austen|Cassandra]], à qui la plupart étaient adressées, en a brûlé beaucoup et a censuré celles qu'elle a gardées<ref>{{harvsp|Deirdre Le Faye|2003|p=270}} ; {{harvsp|[[David Nokes]]|1998|p=1}}</ref>. D'autres ont été détruites par les héritiers de son frère, l'amiral Francis Austen<ref>{{harvsp|Deirdre Le Faye|2003|p=279}}</ref>.

Les éléments biographiques, rendus disponibles dans les cinquante années suivant sa mort, émanent presque tous de ses proches. C'est tout d'abord la ''{{lang|en|Biographical Notice of the Author}}'', « notice biographique sur l'auteur » écrite par son frère [[Henry Austen|Henry]] en préface de la publication de ''[[Northanger Abbey]]'' et de ''[[Persuasion (roman)|Persuasion]]'' en 1818, qui reste la seule biographie disponible sur elle pendant plus de cinquante ans ; c'est ensuite ''[[A Memoir of Jane Austen]]'' (« Souvenir de Jane Austen »), ouvrage essentiel de son neveu [[James Edward Austen-Leigh]], dont la première édition est datée de 1870, et qui demeure l'ouvrage de référence sur la vie de Jane Austen pendant plus d'un demi-siècle. C'est dans cette biographie qu'apparaît la vue d'artiste (tirée du portrait fait par [[Cassandra Austen|Cassandra]], la sœur de Jane) dont sont dérivées les différentes gravures utilisées comme [[A Memoir of Jane Austen#Portraits de Jane Austen|portrait de la romancière]].

Ces deux sources reflètent la tendance familiale à accentuer l'aspect de « tante Jane, si bonne et si gentille » ''(« {{lang|en|good quiet Aunt Jane}} »)''. Depuis, bien peu de documents nouveaux ont été mis au jour par les chercheurs<ref name="Fergus 3"/>.

=== Famille ===
{{Article détaillé|George Austen|Cassandra Austen (née Leigh)|James Austen|Edward Austen|Henry Austen|Cassandra Austen|Francis Austen|Charles Austen}}
[[Fichier:William Austen family tree two generations.svg|vignette|centré|upright=2.3|alt=arbre généalogique sur trois générations|La famille de Jane Austen]]

Le père de Jane Austen, [[George Austen]] (1731-1805), et [[Cassandra Austen (née Leigh)|sa femme, Cassandra]] (1739-1827), appartiennent tous les deux à la petite ''[[gentry]]''<ref>{{harvsp|Park Honan|1987|p=29-30}}</ref>. George descend d'une famille de tisserands en laine, peu à peu parvenus au statut de la petite ''gentry'' terrienne<ref>{{harvsp|Park Honan|1987|p=11-14}}</ref>{{,}}<ref>Tucker, « Jane Austen's Family », ''The Jane Austen Companion'', {{p.|143}}.</ref>. Sa femme Cassandra Austen, née Leigh, compte parmi ses ancêtres Sir {{Lien|trad=Thomas Leigh (Lord Mayor) |fr=Thomas Leigh (lord-maire)|texte=Thomas Leigh}}, Lord-Maire au temps de la reine [[Élisabeth Ire (reine d'Angleterre)|Élisabeth]]<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=6, 13-16, 147-151, 170-171}} ; {{harvsp|Irene Collins|1994|p=10-11}}</ref>{{,}}<ref>Greene, « Jane Austen and the Peerage », ''Jane Austen: A Collection of Critical Essays'', {{p.|156-57}} ; Jan Fergus, « Biography », ''Jane Austen in Context'', {{p.|5-6}}.</ref>. De 1765 à 1801, soit pendant une grande partie de la vie de Jane, George Austen est [[Recteur (clergé)|recteur]] de la [[Paroisse civile|paroisse]] [[Anglicanisme|anglicane]] de Steventon{{note|Irene Collins estime que, lorsque George Austen prend ses fonctions de recteur en 1764, Steventon ne compte pas plus de trente familles<ref>{{harvsp|Irene Collins|1994|p=86}}.</ref>|group=N}}, ainsi que de celle du village voisin de [[Deane (Hampshire)|Deane]], situé un kilomètre plus au nord. Les deux villages ne sont séparés que d'une dizaine de kilomètres de [[Basingstoke]], la plus grande ville du Hampshire. De 1773 à 1796, George Austen arrondit ses revenus par des activités annexes, celles de fermier, et aussi de précepteur de trois ou quatre garçons, en pension chez lui<ref>{{harvsp|Park Honan|1987|p=14, 17-18}} ; {{harvsp|Irene Collins|1994|p=54}}</ref>. La famille habite une maison de deux étages et un grenier, le ''Rectory'' (« le presbytère »), entourée d'une grange, d'arbres et de prés.
[[Fichier:CassandraAustenSilhouette.png|vignette|upright=0.9|alt=Fin profil gauche, franche bouclée, chignon|Silhouette de [[Cassandra Austen]], la sœur aînée et la meilleure amie de Jane.]]
La proche famille de Jane Austen est nombreuse, six frères, [[James Austen|James]] (1765-1819), [[George Austen (1766-1838)|George]] (1766-1838), [[Edward Austen|Edward]] (1767-1852), [[Henry Austen|Henry Thomas]] (1771-1850), [[Francis Austen|Francis William]] (« Frank », 1774-1865), [[Charles Austen|Charles John]] (1779-1852), et une sœur, [[Cassandra Austen|Cassandra Elizabeth]]<ref>[https://books.google.fr/books?id=hQlx8cMfWGQC&printsec=frontcover Deirdre Le Faye, ''A chronology of Jane Austen and her family'', Cambridge University Press, 2006, {{p.|1}}]</ref> (1773-1845), qui, comme Jane Austen, meurt sans s'être mariée. Cassandra Elizabeth est l'amie la plus proche et la confidente de Jane tout au long de sa vie<ref name="Fergus 3"/>{{,}}<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=142}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Park Honan|1987|p=23, 119}}</ref>. Parmi ses frères, c'est de Henry qu'elle se sent le plus proche. D'abord banquier, il devient, après sa faillite, ''clergyman'' de l'Église anglicane. C'est lui qui sert d'agent littéraire à sa sœur. Parmi son vaste cercle londonien, se trouvent des banquiers, des marchands, des éditeurs, des peintres et des acteurs. Ainsi, grâce à son entregent, Jane a l'occasion de fréquenter une catégorie sociale normalement inaccessible à une personne isolée dans une petite paroisse rurale du fond du Hampshire<ref>{{harvsp|Irene Collins|1994|p=17}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Oliver MacDonagh|1991|p=50-51}} ; Park Honan, ''Jane Austen: A Life'', 1987, {{p.|24}}, 246.</ref>.

[[George Austen (1766-1838)|George]], quant à lui, est très jeune confié à une famille locale, car, comme le rapporte Deirdre Le Faye, biographe de Jane Austen, il est « mentalement anormal et sujet à des crises »<ref name="Le Faye, Family Record, 22">{{harvsp|Deirdre Le Faye|2003|p=22}}</ref>. Il se peut aussi qu'il ait été sourd et muet<ref name="Le Faye, Family Record, 22"/>.

Charles et Frank, eux, servent dans la marine, où ils s'élèvent au grade d'amiral. Edward est adopté en 1783 par un lointain cousin, Thomas Knight, dont il reprend le nom en 1812, date à laquelle il hérite de ses domaines<ref>Tucker, « Jane Austen's Family », {{p.|147}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Deirdre Le Faye|2003|p=43-44}}</ref>.

=== Jeunes années et éducation ===
{{Article connexe|Eliza de Feuillide|Philadelphia Hancock}}
[[Fichier:SteventonRectory.jpg|gauche|vignette|alt=gravure ancienne : maison entourée d'arbres|Le presbytère de [[Steventon]], tel qu'il est dépeint dans ''[[A Memoir of Jane Austen]]'', se trouvait dans une vallée, entouré de prairies<ref>{{harvsp|Deirdre Le Faye|2003|p=20}}</ref>.]]

Jane Austen, née le {{date-|16 décembre 1775}}<!-- oui, il faut répéter, ce renseignement présent dans le résumé introductif--> au [[presbytère]] de Steventon, est baptisée le {{date-|5 avril 1776}}<ref>{{harvsp|Deirdre Le Faye|2003|p=27}}</ref>. Au bout de quelques mois, sa mère la place chez une voisine, Elizabeth Littlewood, qui est sa nourrice pendant un an ou un an et demi<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=7-9}} ; {{harvsp|Park Honan|1987|p=21-22}} ; {{harvsp|Irene Collins|1994|p=86}} ; {{harvsp|Deirdre Le Faye|2003|p=19}}</ref>{{,}}<ref group="N">Deirdre Le Faye et Irene Collins ajoutent que les Austen suivent cette coutume pour tous leurs enfants.</ref>. En 1783, selon la tradition familiale, Jane et Cassandra sont envoyées à [[Oxford]] pour y être éduquées par Mrs Ann Cawley qu'elles suivent à [[Southampton]] un peu plus tard cette même année. Les deux sœurs contractent le [[typhus]] qui manque d'emporter Jane<ref>{{harvsp|Deirdre Le Faye|2003|p=47-49}} ; {{harvsp|Irene Collins|1994|p=35, 133}}</ref>. Elles sont ensuite élevées chez leurs parents jusqu'à leur départ en pension, au début de l'année 1785. L'enseignement dans cet établissement comprend vraisemblablement le français, l'orthographe, les travaux de couture et de broderie, la danse, la musique, et peut-être le théâtre. Mais dès {{date-|décembre 1786}}, Jane et Cassandra sont de retour chez elles, car leurs parents ne peuvent plus financer leur pension<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=9-10, 26, 33-38, 42-43}} ; {{harvsp|Irene Collins|1994|p=133-134}} ; {{harvsp|Deirdre Le Faye|2003|p=52}}</ref>. L'éducation de Jane est alors complétée à domicile par la lecture, orientée par son père et ses frères James et Henry<ref>{{harvsp|Mary Lascelles|1966|p=7-8}} ; {{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=28-29, 33-43, 66-67}} ; {{harvsp|Park Honan|1987|p=31-34}}</ref>{{,}}<ref>Deirdre Le Faye, « Chronology », {{p.|2-3}} ; Grundy, « Jane Austen and Literary Traditions », {{p.|190-191}}.</ref>{{,}}{{note|Irene Collins pense que « Jane Austen utilise quelques-uns des manuels dont s'étaient servi les garçons sous le préceptorat de son père<ref>{{harvsp|Irene Collins|1994|p=42}}</ref> ».|group=N}}. Les auteurs préférés de Jane sont alors les poètes [[William Cowper]] (1731-1800) et surtout [[George Crabbe]] (1754-1832).

Il semble que George Austen donne à ses filles un accès sans restriction à l'ensemble de sa bibliothèque, à la fois importante (près de 500 ouvrages) et variée (essentiellement littérature et histoire), tolère certaines tentatives littéraires parfois osées de Jane (''{{lang|en|risqué}}'', selon le terme anglais), et fournit à ses filles le papier et le matériel coûteux dont elles ont besoin pour leurs écrits et leurs dessins<ref>{{harvsp|Park Honan|1987|p=66-68}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Irene Collins|1994|p=43}}</ref>. Selon Park Honan, biographe de Jane Austen, la vie au foyer des Austen baigne dans une « atmosphère intellectuelle ouverte, amusée et facile », où les idées sociales et politiques autres que les leurs sont prises en compte et discutées<ref>{{harvsp|Park Honan|1987|p=211-212}}</ref>. Ainsi, après son retour du pensionnat en 1786, Jane Austen « ne vit plus jamais en dehors de son environnement familial immédiat »<ref>{{harvsp|Deirdre Le Faye|2003|p=52}}</ref>.

Les représentations théâtrales privées faisant aussi partie de l'éducation, de sept ans à ses treize ans, Jane participe à une série de pièces que montent sa famille et les amis proches. Ainsi, on joue ''{{lang|en|The Rivals}}'' de [[Richard Brinsley Sheridan|Richard Sheridan]], créée en 1775, et ''Bon Ton'' de [[David Garrick]]. Si les détails restent inconnus, il est quasi certain que Jane est partie prenante, d'abord comme spectatrice, puis, alors qu'elle grandit, de façon plus active<ref>{{harvsp|Deirdre Le Faye|2003|p=2-3, « Chronology »}} ; {{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=31-32, 40-42, 55-57, 62-63}} ; {{harvsp|Park Honan|1987|p=35, 47-52, 423-424 note 20}}</ref>{{,}}<ref>Tucker, « Amateur Theatricals at Steventon », ''The Jane Austen Companion'', {{p.|1-2}} ; Gay, ix, 1.</ref>. La plupart de ces pièces sont des comédies, ce qui contribue au développement de son sens comique et satirique<ref>{{harvsp|Park Honan|1987|p=53-54}} ; {{harvsp|Mary Lascelles|1966|p=106-107}}</ref>{{,}}<ref>Litz, {{p.|14-17}}.</ref>. La cousine « française » de Jane Austen, [[Eliza de Feuillide]], participe avec brio à certaines de ces pièces, dont elle tient alors le rôle principal<ref>Paul Poplawski, ''A Jane Austen encyclopedia'', 1998, {{p.|6}}</ref>. Plus tard, dans ''[[Mansfield Park]]'', Jane Austen donne à la partie dite « ''[[Mansfield Park#Dangers des theatricals|theatricals]]'' » une importance allant bien au-delà du simple divertissement.

=== ''Juvenilia'' ===
{{Article détaillé|Juvenilia (Jane Austen){{!}}''Juvenilia''|Love and Freindship{{!}}''Love and Freindship''|The History of England{{!}}''The History of England''|The Beautifull Cassandra{{!}}''The Beautifull Cassandra''}}
[[Fichier:CassandraAusten-JamesI.jpg|vignette|upright=1.0|alt=Dessin aquarellé : profil gauche, en buste, dans un cercle|Portrait de Jacques {{Ier}}. Écrite du propre aveu de Jane Austen par « un Historien partial, plein de préjugés et ignorant », ''[[The History of England|L'Histoire de l'Angleterre]]'' fut illustrée par [[Cassandra Austen]], la sœur de Jane (1790 environ).]]

Selon toute vraisemblance, Jane Austen commence dès 1787 à écrire des poèmes, des histoires et des pièces pour son propre amusement et celui de sa famille<ref>{{harvsp|Deirdre Le Faye|2003|p=66}} ; {{harvsp|Park Honan|1987|p=61-62, 70}}</ref>{{,}}<ref>Litz, « Chronology of Composition », ''The Jane Austen Companion'', {{p.|48}} ; Mary Lascelles, {{p.|4}}.</ref>. Plus tard, elle fait des ''{{lang|en|fair copies}}'' (« transcriptions au propre ») de vingt-sept de ces œuvres précoces, en trois carnets reliés, aujourd'hui connus sous le nom de ''{{lang|en|Juvenilia}}'' et contenant des écrits échelonnés de 1787 à 1793<ref>{{harvsp|Deirdre Le Faye|2003|p=270}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Park Honan|1987|p=62-76}}</ref>. Certains manuscrits révèlent que Jane Austen a continué à y travailler jusque vers 1809-1810, et que son neveu et sa nièce, James Edward et Anna Austen, y ont ajouté jusqu'en 1814<ref>Kathlyn Sutherland, {{harvsp|Janet M. Todd|2005|p=14}}, « Chronology of composition and publication »</ref>{{,}}<ref>[[Margaret Doody]], « The Short Fiction », ''The Cambridge Companion to Jane Austen'', {{p.|85-86}}.</ref>.

Parmi ces écrits, se trouve un [[roman épistolaire]] satirique, ''[[Amour et Amitié|Love and Freindship]]''{{sic}}<!--faute d'orthographe célèbre, à ne pas modifier SVP-->, dans lequel elle se moque des romans sentimentaux à la mode (''{{lang|en|Novels of sensibility}}'')<ref>{{harvsp|Park Honan|1987|p=73-74}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=47}}</ref>{{,}}<ref>Litz, 21 ; Southam, « Juvenilia », ''The Jane Austen Companion'', {{p.|248-249}}.</ref>. Y figure également ''[[The History of England|L'Histoire de l'Angleterre]]'', manuscrit de trente-quatre pages accompagné de treize aquarelles miniatures réalisées par Cassandra. Il s'agit d'une parodie d'écrits historiques en vogue, et tout particulièrement, de l'''Histoire d'Angleterre'' d'[[Oliver Goldsmith]]<ref>{{harvsp|Park Honan|1987|p=75}}</ref>, publiée en 1771. Par exemple, Jane Austen y écrit :
{{citation bilingue bloc|lang=en
|As I am myself partial to the roman catholic religion, it is with infinite regret that I am obliged to blame the Behaviour of any Member of it: yet Truth being I think very excusable in an Historian, I am necessitated to say that in this reign the roman Catholics of England did not behave like Gentlemen to the protestants<ref>Austen, ''The History of England'', ''Catharine and Other Writings'', 134.</ref>.
|Comme j'ai moi-même un faible pour la religion catholique, c'est avec un infini regret que je suis dans l'obligation de blâmer la Conduite de quiconque de ses Membres : cependant, la Vérité étant je pense bien excusable chez un Historien, je me vois contrainte de dire que durant ce règne, les Catholiques d'Angleterre ne se sont pas comportés en Gentlemen à l'égard des protestants.}}

Selon le spécialiste Richard Jenkyns, les ''{{lang|en|Juvenilia}}'' de Jane Austen sont anarchiques et regorgent de turbulente gaieté ; il les compare à l'œuvre du romancier du {{s-|XVIII|e}}, [[Laurence Sterne]], et aux [[Monty Python]] du {{s-|XX|e}}<ref>{{harvsp|Richard Jenkyns|2004|p=31}}</ref>.

=== Entrée dans l'âge adulte ===
{{Article détaillé|Lady Susan}}
Devenue adulte, Jane Austen continue à vivre chez ses parents, se consacrant aux activités habituelles d'une femme de son âge et de son statut social : elle joue du [[piano-forte]], aide sa sœur et sa mère à diriger les domestiques, assiste les femmes de la famille lorsqu'elles accouchent et les parents âgés sur leur lit de mort<ref>Gary Kelly, « Education and accomplishments », ''Jane Austen in Context'', {{p.|256-257}}.</ref>{{,}}<ref name="CT-101-144"/>. Elle envoie quelques courts écrits à ses nièces Fanny Catherine et Jane Anna qui viennent de naître<ref>{{harvsp|Deirdre Le Faye|2003|p=84}}</ref>. Elle se montre particulièrement fière de ses talents de couturière<ref>{{harvsp|Park Honan|1987|p=265}}</ref>.
[[Fichier:Quadrille-Ete-Lebas-ca1820.jpg|vignette|upright=1.2|alt=gravure de 1818, illustrant un pas de danse|Les bals au début du {{s-|XIX|e}} : un [[Quadrille (danse)|quadrille]].]]
Jane Austen fréquente l'église régulièrement, rend visite à ses amies et à ses voisins<ref group="N">Pour les conventions sociales de la ''[[gentry]]'' en général, voir {{harvsp|Irene Collins|1994|p=105}}.</ref> et lit des romans, souvent écrits par elle-même, le soir à haute voix et en famille. Les relations entre voisins conduisent souvent à danser, de façon improvisée lors d'une visite, après le souper, ou lors de bals organisés dans les salles de réunion de l'hôtel de ville de [[Basingstoke]]<ref name="CT-101-144">{{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=101-103, 120-123, 144}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Park Honan|1987|p=119}}</ref>. D'après son frère Henry, « Jane adorait danser, et d'ailleurs y excellait »<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=102}} ; {{harvsp|Park Honan|1987|p=84}}</ref>.

En 1793, Jane Austen commence, puis délaisse une courte pièce de théâtre, plus tard intitulée ''[[Sir Charles Grandison, or, The happy man: a comedy in five acts]]'' (''Sir Charles Grandison, ou l'Homme heureux, comédie en cinq actes''<ref name="R:640630">{{Ouvrage|auteur1=Jane Austen|auteur2=B. C. Southam|auteur3=David Cecil|auteur4=Samuel Richardson|titre=Sir Charles Grandison, or, The happy man|sous-titre=a comedy in five acts|éditeur=David Astor at Jubilee Books|année=1981|isbn=}}</ref>), qu'elle termine vers 1800. Il s'agit d'une parodie de quelques résumés à usage scolaire, de son roman favori, ''L'Histoire de Sir Charles Grandison'' (1753), de [[Samuel Richardson]]<ref>Southam, « Grandison », ''The Jane Austen Companion'', {{p.|187-189}}.</ref>. Peu de temps après ''Love and Freindship [sic]'' en 1789, Jane Austen prend, selon Honan, la décision « d'écrire pour gagner de l'argent, et de se consacrer à raconter des histoires », en d'autres termes, de devenir écrivaine professionnelle<ref name="Honan, 93">{{harvsp|Park Honan|1987|p=93}}</ref>. Il est avéré qu'à partir de 1793, elle entreprend en effet des œuvres plus longues et plus complexes<ref name="Honan, 93"/>.

Entre 1793 et 1795, Jane Austen écrit ''[[Lady Susan]]'', court roman épistolaire, généralement considéré comme son ouvrage de jeunesse le plus ambitieux<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=82-83}} ; {{harvsp|Park Honan|1987|p=101-102}}</ref>. ''[[Lady Susan]]'' ne ressemble à aucun de ses autres ouvrages. Claire Tomalin voit en son héroïne une prédatrice sexuelle qui use de son intelligence et de son charme pour manipuler, trahir et tromper ses victimes, amants, amis ou proches. Elle écrit : {{citation bloc|Raconté sous forme épistolaire, c'est là une histoire aussi bien ourdie qu'une pièce de théâtre, et d'un cynisme de ton qui égale les [[comédie de la Restauration anglaise|comédies les plus scandaleuses]] de la [[Restauration anglaise|Restauration]], qui ont peut-être été l'une des sources de son inspiration … [Ce court roman] occupe une place unique dans l'œuvre de Jane Austen en tant qu'étude d'une femme adulte dont l'intelligence et la force de caractère sont supérieures à celles de tous ceux dont elle croise la route<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=83-84}}</ref>{{,}}<ref>Kathlyn Sutherland, {{harvsp|Janet M. Todd|2005|p=15}}, « Chronology of composition and publication »</ref>.}}

=== Premiers romans ===
[[Fichier:Thomas Langlois Lefroy.jpg|vignette|alt=Magistrat en grande tenue : perruque, manteau fourré d'hermine, ordre de la Jarretière| Portrait de [[Thomas Langlois Lefroy|Tom Lefroy]] en 1855 (gravure de W. H. Mote).]]
Après avoir achevé ''[[Lady Susan]]'', Jane Austen s'essaye à son premier roman, ''{{lang|en|Elinor and Marianne}}''. Sa sœur Cassandra se rappellera plus tard qu'il fut lu à la famille « avant 1796 », et se présentait sous la forme d'une série de lettres. En l'absence des manuscrits originaux, il est impossible de dire dans quelle mesure le brouillon original a survécu dans le roman publié en [[1811]] sous le titre de ''[[Sense and Sensibility]]''<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=107, 120, 154, 208}} ; Kathlyn Sutherland, {{harvsp|Janet M. Todd|2005|p=16-18}}, « Chronology of composition and publication »</ref>{{,}}<ref>Deirdre LeFaye, « Chronology », {{p.|4}}.</ref>.

Quand Jane Austen atteint l'âge de vingt ans, [[Thomas Langlois Lefroy]], le neveu d'une famille voisine, vient à Steventon où il reste de {{date-|décembre 1795}} à {{date-|janvier 1796}}. Fraîchement diplômé de l'université, il s'apprête à déménager à Londres pour s'y former au métier d'avocat (''{{lang|en|barrister}}''). Tom Lefroy et Jane Austen sont sans doute présentés l'un à l'autre lors d'une rencontre entre voisins ou au cours d'un bal. Les lettres de Jane à Cassandra témoignent que les jeunes gens passent beaucoup de temps ensemble.
{{citation bilingue bloc|lang=en
|I am almost afraid to tell you how my Irish friend and I behaved. Imagine to yourself everything most profligate and shocking in the way of dancing and sitting down together<ref>{{harvsp|Deirdre Le Faye|2003|p=92}}</ref>.
|J'ai presque peur de te raconter comment mon ami irlandais et moi nous sommes comportés. Imagine-toi tout ce qu'il y a de plus dissolu et de plus choquant dans notre façon de danser et de nous asseoir ensemble.}}
La famille Lefroy intervient et écarte Tom à la fin de janvier. Le mariage n'est pas envisageable, Tom et Jane le savent bien : ni l'un ni l'autre ne sont fortunés et lui dépend d'un grand-oncle irlandais pour financer ses études et s'établir dans sa profession. Tom Lefroy revient plus tard dans le Hampshire, mais il y est soigneusement tenu à l'écart des Austen et Jane ne le revoit jamais<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=112-120, 159}} ; {{harvsp|Park Honan|1987|p=105-111}}</ref>{{,}}<ref>Deirdre Le Faye, « Chronology », {{p.|4}} ; Jan Fergus, « Biography », {{p.|7-8}}.</ref>.

En 1796, Jane Austen commence un second roman, ''{{lang|en|First Impressions}}'', le futur ''[[Orgueil et Préjugés|Pride and Prejudice]]'', dont elle termine le premier jet en {{date-|août 1797}}, alors qu'elle n'a que 21 ans. Comme toujours, elle lit le manuscrit en préparation à haute voix et, très vite, l'ouvrage devient la coqueluche de la famille (« ''{{lang|en|an established favorite}}'' »)<ref>{{harvsp|Deirdre Le Faye|2003|p=100 et 114}}</ref>. Son père entreprend alors des démarches en vue d'une première publication. En {{date-|novembre 1797}}, George Austen écrit à Thomas Cadell, éditeur londonien de renom, pour lui demander s'il serait disposé, le cas échéant, à publier « un Roman Manuscrit, comprenant trois volumes, à peu près de la longueur de ''Evelina'', de Miss Burney [il s'agit de ''First Impressions''] », le risque financier étant endossé par l'autrice. Cadell renvoie rapidement la lettre avec la mention : « Refusé par retour du courrier » (« ''{{lang|en|Declined by Return of Post}}'' »). Il se peut que Jane Austen n'ait pas eu connaissance de cette initiative paternelle<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=120-122}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Deirdre Le Faye|2003|p=104}}</ref>{{,}}<ref>Kathlyn Sutherland, {{harvsp|Janet M. Todd|2005|p=17, 21}}, « Chronology of composition and publication »</ref>. Quoi qu'il en soit, après avoir terminé ''{{lang|en|First Impressions}}'', elle retourne à ''Elinor and Marianne'', et, de {{date-|novembre 1797}} jusqu'à mi 1798, elle le retravaille en profondeur, renonçant au format épistolaire en faveur d'un récit à la troisième personne, d'une facture proche de la version définitive (''[[Sense and Sensibility]]'')<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=120-121}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Park Honan|1987|p=122-124}}</ref>{{,}}<ref>Kathlyn Sutherland, {{harvsp|Janet M. Todd|2005|p=16-18, 21}}, « Chronology of composition and publication »</ref>{{,}}<ref>Deirdre Le Faye, « Chronology », {{p.|5, 7}} ; Jan Fergus, « Biography », {{p.|7}}</ref>.

Vers le milieu de 1798, après avoir achevé la réécriture de ''Elinor and Marianne'', Jane Austen commence un troisième roman provisoirement intitulé ''Susan''. C'est le futur ''[[Northanger Abbey]]'', une [[satire]] des [[Roman gothique|romans gothiques]] qui font rage depuis 1764<ref>Litz, 59-60.</ref> et ont encore une belle carrière devant eux<ref>{{Ouvrage|auteur1=Maurice Lévy|titre=Le Roman gothique anglais 1764-1824|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Albin Michel|Albin Michel]]|année=1995|pages totales=832|isbn=2-226-07624-7}}.</ref>. L'œuvre est terminée environ un an plus tard. Au début de 1803, Henry Austen propose ''Susan'' à un éditeur londonien, Benjamin Crosby, qui l'achète pour dix livres sterling ({{unité|10|£}}), promet une publication rapide, annonce que l'ouvrage est « sous presse », et en reste là. Le manuscrit dort chez Crosby jusqu'en 1816, lorsque Jane Austen elle-même lui en reprend les droits<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=182, 199, 254}}</ref>{{,}}<ref>Deirdre Le Faye, "Chronology", {{p.|5, 6, 10}} ; Fergus, "Biography", {{p.|8-9}} ; Sutherland, {{p.|16, 18-19, 20-22}}.</ref>.

=== Bath et Southampton ===
{{Article détaillé|The Watsons}}
[[Fichier:Jane Austen Map.png|vignette|upright=1.2|alt=carte|Carte du sud de l'Angleterre où figurent les trente localités que Jane Austen a visitées ou dans lesquelles elle a habité.]]
En {{date-|décembre 1800}}, le Révérend George Austen décide sans préavis de quitter son ministère, de partir de Steventon et de déménager avec sa famille à [[Bath]], dans le [[Somerset]]. Si cette cessation d'activité et ce voyage furent une bonne chose pour les aînés, Jane Austen est bouleversée à l'idée d'abandonner la seule maison qu'elle ait jamais connue<ref>{{harvsp|Irene Collins|1994|p=8-9}}</ref>. Pendant son séjour à Bath, elle cesse pratiquement d'écrire, ce qui en dit assez sur son état d'esprit. Elle travaille un peu à ''Susan'', commence puis délaisse un nouveau roman, ''[[The Watsons]]'', mais l'activité des années 1795-1799 semble loin<ref>Kathlyn Sutherland, {{harvsp|Janet M. Todd|2005|p=21}}, « Chronology of composition and publication »</ref>. Claire Tomalin avance l'hypothèse que cette stérilité est l'indice d'une profonde dépression. Park Honan, qui est d'un avis contraire, constate que Jane Austen n'a cessé d'écrire ou de retravailler ses manuscrits pendant toute sa vie active, à la seule exception des quelques mois ayant suivi le décès de son père<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=168-175}} ; Kathlyn Sutherland, {{harvsp|Janet M. Todd|2005|p=15, 20-22}}, « Chronology of composition and publication » ; {{harvsp|Park Honan|1987|p=215}}</ref>{{,}}<ref>Deirdre Le Faye, « Chronology », {{p.|6-8}} ; Fergus, « Biography », {{p.|8}}.</ref>. La question reste controversée et [[Margaret Doody]], par exemple, abonde dans le sens de Tomalin<ref>Margaret Anne Doody, « Jane Austen, that disconcerting child » dans Alexander and McMaster, ''The Child Writer'', {{p.|105}}.</ref>.

En {{date-|décembre 1802}}, Jane Austen reçoit sa seule proposition de mariage. Elle et sa sœur sont en visite chez Alethea et Catherine Bigg, des amies de longue date qui vivent près de [[Basingstoke]]. Leur plus jeune frère, Harris Bigg-Wither, ayant terminé ses études à l'[[Université d'Oxford]], se trouve à la maison et demande la main de Jane, qui accepte. Caroline Austen, nièce de la romancière, tout comme Reginald Bigg-Wither, un descendant de ce prétendant, le décrivent comme un grand gaillard manquant de séduction. Il est d'aspect quelconque, parle peu, bredouille dès qu'il ouvre la bouche et se fait même agressif dans la conversation. De plus, il s'avère pratiquement dénué de tact. Jane, cependant, le connaît depuis l'enfance et le mariage offre de nombreux avantages tant pour elle-même que pour sa famille. Harris est, en effet, l'héritier de vastes propriétés familiales situées dans la région où les sœurs ont grandi. Ainsi nantie, Jane Austen pourrait assurer à ses parents une vieillesse confortable, donner à Cassandra une maison qui soit à elle, et peut-être, aider ses frères à faire carrière. Le lendemain matin, Jane Austen se rend compte qu'elle a fait une erreur et reprend son consentement<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=178-181}} ; {{harvsp|Park Honan|1987|p=189-198}}</ref>{{,}}<ref>Deirdre Le Faye, « Chronology », {{p.|6}} ; Fergus, « Biography », {{p.|7-8}}.</ref>. Aucune correspondance, ni aucun journal ne permettent de savoir ce qu'elle a réellement pensé de cette proposition de mariage<ref>Deirdre Le Faye, « Memoirs and Biographies », ''Jane Austen in Context'', {{p.|51}}.</ref>. Si Jane Austen ne s'est jamais mariée, on a cependant découvert, 200 ans après sa mort, deux faux certificats de mariage qu'elle avait écrits elle-même dans le registre des mariages de [[Steventon]], probablement pendant son adolescence<ref>{{article |auteur= Florence Noiville |titre=Les mariages dérangés de Jane Austen. Les archives du Hampshire exhument deux faux certificats de mariage de la main de l’écrivain britannique, resté célibataire|périodique=Le Monde|date=22 mars 2017|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/livres/article/2017/03/22/les-mariages-deranges-de-jane-austen_5098759_3260.html}}</ref>.
[[Fichier:CassandraAusten-FannyKnight.jpg|vignette|gauche|alt=Dessin aquarellé : jeune fille assise en train d'aquareller un dessin|Portrait à l'aquarelle de [[Fanny Knight]] par [[Cassandra Austen]].]]
En 1814, Jane Austen écrit à [[Fanny Knight]], l'une de ses nièces (qu'elle considère presque comme une sœur ainsi qu'elle l'écrit à Cassandra<ref name="Cecil 235">{{harvsp|David Cecil|2009|p=235-239}}</ref>), qui lui a demandé conseil à propos de la demande en mariage que lui a adressée Mr John Plumtre : {{citation bloc|Et à présent, ma chère Fanny, après avoir écrit en faveur de ce jeune homme, je vais maintenant te conjurer de ne pas t'engager plus avant, et de ne pas songer à l'accepter à moins qu'il ne te plaise réellement. Tout doit être préféré ou supporté plutôt que de se marier sans affection<ref>Lettre datée du 18 novembre 1814, ''Jane Austen's Letters'', 278-282.</ref>{{,}}<ref name="Cecil 235"/>.}}

Le roman commencé à Bath en 1804<ref>{{harvsp|Jane Austen|2003|p=16}}, introduction de Margaret Drabble</ref>, ''[[The Watsons]]'', concerne un ''clergyman'' invalide et sans grandes ressources financières, et ses quatre filles non mariées. Sutherland décrit ce roman comme « une étude sur les dures réalités économiques de la vie des femmes financièrement dépendantes »<ref>Kathlyn Sutherland, {{harvsp|Janet M. Todd|2005|p=15, 21}}, « Chronology of composition and publication »</ref>. Park Honan est d'opinion, et Claire Tomalin le suit sur ce point, que Jane Austen a délibérément cessé de travailler à ce livre après la mort de son père, le {{date-|21 janvier 1805}} : sa propre situation ressemblait trop à celle de ses personnages pour qu'elle n'en ressentît pas un certain malaise<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=182-184}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Park Honan|1987|p=203-205}}</ref>{{,}}<ref>Deirdre Le Faye, "Chronology", {{p.|7}}.</ref>.

La maladie, qui devait rapidement emporter le Révérend Austen, est soudaine, le laissant, comme le rapporte Jane à son frère Francis, « complètement inconscient de son propre état »<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=186}} ; {{harvsp|Park Honan|1987|p=212}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Oliver MacDonagh|1991|p=111}}.</ref>. Jane, Cassandra et leur mère se retrouvent dans une situation difficile. Edward, James, Henry et Francis Austen s'engagent à les soutenir par des versements annuels<ref>{{harvsp|Park Honan|1987|p=213-214}}</ref>. Les quatre années qui suivent reflètent cette précarité : les trois femmes sont, la plupart du temps, en location à Bath, puis, à partir de 1806, à [[Southampton]], où elles partagent une maison avec Frank Austen et sa jeune épouse, et les visites à d'autres branches de la famille se multiplient<ref name="CT-194">{{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=194-206}}</ref>.

Le {{date-|5 avril 1809}}, environ trois mois avant le déménagement à Chawton, Jane Austen écrit à Richard Crosby pour lui exprimer sa colère {{incise|il n'a toujours pas publié ''Susan''}} et lui propose une nouvelle version, si nécessaire, pour une parution immédiate. Crosby répond qu'il ne s'est engagé à aucune échéance, ni même à une publication, mais que Jane Austen peut lui racheter les droits pour les dix livres qu'il avait payées, et se trouver un autre éditeur. Jane Austen, cependant, n'ayant pas les moyens d'effectuer cette transaction, ne peut recouvrer son manuscrit<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=207}}</ref>.

=== Chawton ===
{{Article connexe|Chawton}}
[[Fichier:Jane Austen (House in Chawton) 2.jpg|vignette|upright=1.2|alt=autre vue de la façade du cottage en briques rouges|Le ''cottage'' de Chawton où vit Jane Austen pendant les huit dernières années de sa vie. C'est aujourd'hui le ''[[Jane Austen's House Museum]]''.]]

Vers le début de l'année 1809, [[Edward Austen|Edward]], l'un des frères de Jane Austen, offre à sa mère et à ses sœurs une vie plus stable en mettant à leur disposition un grand ''cottage'' dans le village de Chawton<ref>Chawton, lors du recensement de 1811, compte une population de 417 habitants. Collins, 89.</ref>. Cette demeure fait partie de son domaine, ''[[Chawton House]]''. Jane, Cassandra et leur mère y emménagent le {{date-|7 juillet 1809}}<ref>{{harvsp|Park Honan|1987|p=237-245}}</ref>{{,}}<ref>Deirdre Le Faye, "Chronology", {{p.|8}} ; {{harvsp|Oliver MacDonagh|1991|p=49}}.</ref>{{,}}<ref name="CT-194"/>.
À Chawton, la vie devient plus calme qu'elle ne l'a été depuis l'arrivée à Bath en 1800. Les Austen ne fréquentent pas la ''[[gentry]]'' avoisinante et ne reçoivent que lors de visites familiales. Anna, nièce de Jane, raconte leur quotidien : « C'était une vie très calme, de notre point de vue, mais elles lisaient beaucoup, et en dehors des tâches domestiques, nos tantes s'occupaient à aider les pauvres et à apprendre à lire ou à écrire à tel garçon ou telle fille »<ref>Grey, "Chawton", dans ''The Jane Austen Companion'', {{p.|38}}</ref>. Jane Austen écrit presque tous les jours, mais en privé, et semble avoir été dispensée de certaines contraintes de façon à pouvoir se consacrer davantage à ses manuscrits<ref>{{harvsp|Park Honan|1987|p=265-266, 351-352}}</ref>{{,}}<ref>Grey, "Chawton", {{p.|37-38}} ; Claire Tomalin, ''Jane Austen: A Life'', 1997,{{p.|208, 211-212}}.</ref>. Ainsi, dans ce nouvel environnement, elle retrouve l'entière plénitude de ses capacités créatrices<ref>Doody, "The Shorter Fiction", ''The Cambridge Companion to Jane Austen'', {{p.|87}}.</ref>.

=== Femme de lettres publiée ===
{{Article détaillé|Sense and Sensibility|Orgueil et Préjugés|Mansfield Park|Emma (roman)}}
[[Fichier:SenseAndSensibilityTitlePage.jpg|gauche|vignette|alt=Tome 1 de l'édition originale, auteur anonyme, signalé comme « une dame »|Page de titre de la première édition de ''[[Sense and Sensibility]]'', le premier roman publié de Jane Austen (1811).]]

Pendant son séjour à Chawton, Jane Austen réussit à publier quatre romans, qui reçoivent un accueil plutôt favorable. Par l'entremise de son frère Henry, l'éditeur Thomas Egerton accepte ''[[Sense and Sensibility]]'', qui paraît en {{date-|octobre 1811}}. La critique est élogieuse et le roman devient à la mode dans les cercles influents<ref name="Honan_289s">{{harvsp|Park Honan|1987|p=289-290}}</ref> ; dès le milieu de 1813, le tirage est épuisé. Le revenu qu'en retire Jane Austen lui permet une certaine indépendance, tant financière que psychologique<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=218}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Park Honan|1987|p=290}}</ref>. En janvier de cette même année, Egerton publie ''[[Orgueil et Préjugés|Pride and Prejudice]]'', version retravaillée de ''{{lang|en|First Impressions}}''. Il fait au livre une large publicité, et c'est un succès immédiat, avec trois critiques favorables et de bonnes ventes. Dès octobre, Egerton peut commencer la mise en vente d'une seconde édition<ref>{{harvsp|Park Honan|1987|p=287}} ; {{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=210-212, 216-220}} ; Kathlyn Sutherland, {{harvsp|Janet M. Todd|2005|p=16-17, 21}}, « Chronology of composition and publication »</ref>{{,}}<ref>Deirdre Le Faye, "Chronology", {{p.|8-9}} ; Fergus, "The Professional Woman Writer", 19-23.</ref>. Puis c'est ''[[Mansfield Park]]'' qui paraît, toujours chez Egerton, en {{date-|mai 1814}}. Si la critique ne fait pas grand cas de ce roman, ''Mansfield Park'' trouve un écho très favorable auprès du public. Tous les exemplaires sont vendus en à peine six mois, et les gains revenant à Jane Austen dépassent ceux qu'elle a reçus de chacune de ses autres œuvres<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=236, 240-241, 315, note 5}}</ref>{{,}}<ref>Deirdre Le Faye, "Chronology", {{p.|9}} ; Jan Fergus, "The Professional Woman Writer", {{p.|22-24}} ; Sutherland, {{p.|18-19}}.</ref>.

En {{date-|novembre 1815}}, [[James Stanier Clarke]], le bibliothécaire du Prince Régent, invite Jane Austen à ''[[Carlton House]]'' et lui apprend que le Prince Régent, le futur [[George IV]], admire ses romans et en garde un exemplaire dans chacune de ses résidences ; il lui conseille alors de dédicacer sa prochaine œuvre, ''[[Emma (roman)|Emma]]'', au Régent. Jane Austen n'aime guère le personnage, mais il lui est difficile de repousser la requête<ref>Lettre de Jane Austen à James Stannier Clarke, 15 novembre 1815 ; lettre de Clarke à Jane Austen, 16 novembre 1815 ; lettre de Jane Austen à John Murray, 23 novembre 1815, Deirdre Le Faye, ''Jane Austen's Letters'', {{p.|296-298}}.</ref>. Elle écrit plus tard un ''[[Plan of a Novel|Plan d'un Roman, selon des suggestions de diverses origines]]'', présentant sous une forme satirique les grandes lignes du « roman parfait », d'après les recommandations du bibliothécaire en question<ref>{{harvsp|Park Honan|1987|p=367-369 : Park Honan y décrit l'épisode en détail.}}</ref>{{,}}<ref>[http://www.jasna.org/persuasions/on-line/vol27no1/sheehan.htm Note sur les relations entre le Prince Régent et Jane Austen (jasna.org)] ; [http://www.pemberley.com/janeinfo/janeart.html#mrclarke Correspondance] ; Litz, 164-165.</ref>.

Au milieu de l'année 1815, Jane Austen quitte Egerton pour la maison John Murray, éditeur londonien plus renommé, qui publie ''[[Emma (roman)|Emma]]'' en {{date-|décembre 1815}} et, en février de l'année suivante, sort une deuxième édition de ''Mansfield Park''. ''Emma'' se vend bien, mais ''Mansfield Park'' rencontrant moins de succès, le bilan financier de cette double opération reste très mitigé<ref name="MLMC81">{{harvsp|Massei-Chamayou|2012|p=81}}</ref>. Ce sont là les derniers romans à paraître du vivant de l'autrice<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=256}}</ref>{{,}}<ref>Deirdre Le Faye, "Chronology", {{p.|8-9}} ; Sutherland, 16-21 ; Jan Fergus, "The Professional Woman Writer", {{p.|23-27}}, 30, n.29, 31, n.33 ; Jan Fergus, "Biography", {{p.|10}}.</ref>.

Jane Austen a déjà commencé à écrire un nouveau livre, ''The Elliots'', qui paraît plus tard sous le titre de ''[[Persuasion (roman)|Persuasion]]'', dont elle achève la première version en {{date-|juillet 1816}}. Peu après la publication de ''Emma'', Henry Austen rachète à Crosby les droits de ''Susan''. Jane, cependant, se voit contrainte de repousser la mise sous presse de ces deux livres par suite des difficultés financières que traverse sa famille. La banque de Henry fait faillite en {{date-|mars 1816}}, ce qui entraîne la perte de tous ses biens, le laisse lourdement endetté et lèse également ses frères Edward, James et Frank<ref name="MLMC81"/>. Désormais, Henry et Frank ne peuvent plus allouer à leur mère et leurs sœurs la somme annuelle qu'ils leur versaient<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=252-254}}</ref>{{,}}<ref>Deirdre Le Faye, "Chronology", {{p.|6}}, {{p.|10}} ; Jan Fergus, "The Professional Woman Writer", {{p.|26-27}}.</ref>.

=== Maladie et mort ===
{{Article détaillé|Causes de la mort de Jane Austen}}
[[Fichier:Winchester Cathedral view 1.jpg|vignette|alt=Photo. Façade d'édifice religieux, gothique anglais|Jane Austen est enterrée dans la [[cathédrale de Winchester]].]]

Tôt dans l'année 1816, la santé de Jane Austen commence à se dégrader. Au début, elle ne tient pas compte de la maladie et continue à travailler et à participer aux activités de la famille. Vers le milieu de l'année, ni elle ni son entourage ne peuvent plus douter de la gravité de son état, qui se détériore peu à peu, avec des accès et des rémissions. Elle meurt en juillet de l'année suivante<ref>{{harvsp|Park Honan|1987|p=378-379, 385-395}}</ref>. La majorité des biographes s'appuient sur le [[diagnostic rétrospectif]] que le {{Dr}} Vincent Cope s'est efforcé de porter en 1964, et qui attribue la mort de Jane Austen à la [[maladie d'Addison]], une [[insuffisance surrénalienne]] causée à cette époque par la [[tuberculose]]<ref>{{harvsp|Deirdre Le Faye|2003|p=36}}</ref>. D'autres auteurs ont aussi suggéré que Jane Austen souffrait de la [[maladie de Hodgkin]] à la fin de sa vie<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=283-284}}, Appendix I</ref>.

Jane Austen continue à travailler pratiquement jusqu'à sa fin. Insatisfaite du dénouement de ''The Elliots'', elle réécrit les deux chapitres de conclusion, qu'elle termine le {{date-|6 août 1816}}. En {{date-|janvier 1817}}, elle commence un nouveau roman, qu'elle intitule ''The Brothers'' (''Les Frères''), titre qui devient ''[[Sanditon]]'' lors de sa première parution en 1925. Elle en achève douze chapitres avant d'arrêter la rédaction à la mi-{{date-|mars 1817}}, vraisemblablement parce que la maladie l'empêche de poursuivre sa tâche<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=261}}</ref>. Jane évoque son état de manière désinvolte auprès de son entourage, parlant de {{Citation|bile}} et de {{Citation|rhumatisme}}, mais elle éprouve de plus en plus de difficultés à marcher et peine à se consacrer à ses autres activités. À la mi-avril, elle ne quitte plus son lit. En mai, Henry accompagne Jane et Cassandra à Winchester pour un traitement médical. Jane Austen meurt le {{date-|18 juillet 1817}}, à l'âge de 41 ans. Grâce à ses relations ecclésiastiques, Henry fait en sorte que sa sœur soit enterrée dans l'aile nord de la nef de la [[cathédrale de Winchester]]. L'épitaphe composée par James loue ses qualités personnelles, exprime l'espoir de son salut et mentionne les {{Citation|dons exceptionnels de son esprit}} (« ''{{lang|en|the extraordinary endowments of her mind}}'' »), sans faire explicitement état de ses réalisations d'écrivaine<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=254-271}} ; {{harvsp|Park Honan|1987|p=385-405}}</ref>{{,}}<ref>Deirdre Le Faye, "Chronology", {{p.|10-11}} ; Fergus, "The Professional Woman Writer", 26-27.</ref>.

=== Publication posthume ===
{{Article détaillé|Persuasion (roman)|L'Abbaye de Northanger|Sanditon}}
Après la mort de leur sœur, Cassandra et Henry Austen conviennent avec Murray de la publication regroupée de ''Persuasion'' et de ''Northanger Abbey'' en {{date-|décembre 1817}}. Henry écrit pour l'occasion une ''Note biographique'' qui, pour la première fois, identifie sa sœur comme l'autrice des romans. Claire Tomalin décrit cette note comme un éloge funèbre plein d'affection et rédigé avec soin<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=272}}</ref>. Les ventes sont bonnes pendant un an {{incise|seuls, 321 exemplaires restent invendus à la fin de 1818}} puis déclinent. Murray se débarrasse du reliquat en 1820, et les romans de Jane Austen ne sont plus réédités pendant douze ans<ref>{{harvsp|Claire Tomalin|1997|p=321, notes 1 et 3}}</ref>{{,}}<ref>Gilson, "Editions and Publishing History", dans ''The Jane Austen Companion'', 136-137.</ref>. En 1832, l'éditeur [[Richard Bentley (éditeur)|Richard Bentley]] rachète le reliquat de tous les droits et, à compter de {{date-|décembre 1832}} ou {{date-|janvier 1833}}, les fait paraître en cinq volumes illustrés dans le cadre de sa série dite ''Romans classiques'' (''{{lang|en|Standard Novels}}''). En {{date-|octobre 1833}}, il publie la première édition complète. Depuis, les romans de Jane Austen ont été constamment réédités<ref>Gilson, "Editions and Publishing History", {{p.|137}} ; Gilson, "Later publishing history, with illustrations, Jane Austen in Context'', {{p.|127}} ; Southam, "Criticism, 1870-1940", 102.</ref>.

Toutefois, le texte complet de ''[[Sanditon]]'', son dernier roman resté inachevé, n'est publié qu'en 1925<ref>{{harvsp|Deirdre Le Faye|2003|p=298}}</ref>, selon la version établie d'après le manuscrit par R. W. Chapman.

== Œuvres ==
=== ''Juvenilia'' ===
{{Article détaillé|Juvenilia (Jane Austen)}}
{{Col-début}}
{{Col-2}}
'''Juvenilia – Volume the First'''<ref>Cette liste des ''Juvenilia'' est tirée de ''The Works of Jane Austen''. Vol VI. 1954. Ed. R. W. Chapman and B. C. Southam. Oxford: Oxford University Press, 1988, as supplemented by additional research reflected in Margaret Anne Doody and Douglas Murray, eds. ''Catharine and Other Writings'' Oxford: Oxford University Press, 1993.</ref>
* ''Frederic & Elfrida''
* ''Jack & Alice''
* ''Edgar & Emma''
* ''Henry and Eliza''
* ''The Adventures of Mr. Harley''
* ''Sir William Mountague''
* ''Memoirs of Mr. Clifford''
* ''[[The Beautifull Cassandra]]''<!--Oui, "beautifull" avec deux « l »-->
* ''Amelia Webster''
* ''The Visit''
* ''The Mystery''
* ''[[The Three Sisters]]''
* ''A beautiful description''
* ''The generous Curate''
* ''Ode to Pity''
{{Col-2}}
'''Juvenilia – Volume the Second'''
* ''[[Amour et Amitié|Love and Friendship]]''<!--Oui, c'est la bonne orthographe. À ne pas corriger-->
* ''Lesley Castle''
* ''[[The History of England]]''
* ''A Collection of Letters''
* ''The female philosopher''
* ''The first Act of a Comedy''
* ''A Letter from a Young Lady''
* ''A Tour through Wales''
* ''A Tale''
'''Juvenilia – Volume the Third'''
* ''Evelyn''
* ''[[Catharine, or the Bower]]''
{{Col-fin}}

=== Pièce de théâtre ===
* ''[[Sir Charles Grandison, or, The happy man: a comedy in five acts]]'' (''Sir Charles Grandison, ou l'Homme heureux, comédie en cinq actes''<ref name="R:640630" />). Cette pièce de théâtre, qui parodie l'œuvre de [[Samuel Richardson]], est commencée dès le début des années 1790, et Jane Austen, après l'avoir abandonnée pour un temps, y travaille jusqu'à son achèvement, en 1800.

=== Romans mineurs ou inachevés ===
* ''[[Lady Susan]]''
* ''[[The Watsons]]'' (roman inachevé, abandonné par l'autrice)
* ''[[Sanditon]]'' (roman inachevé, interrompu par la mort de l'autrice).

=== Romans majeurs ===
[[Fichier:Austen - Les Cinq filles de Mrs Bennet.djvu|vignette|alt=Couverture de la première édition de la traduction la plus rééditée|upright=0.8|Page de titre de ''Les Cinq Filles de Mrs Bennet'' (''Pride and Prejudice'' dans sa traduction de 1932). <br />Version consultable.]]
{{article connexe|Traductions de Jane Austen en langue française}}
* ''[[Sense and Sensibility]]'' ([[1811]])
** Traductions françaises : ''[[s:fr:Raison et Sensibilité|Raison et Sensibilité, ou les Deux Manières d'aimer]]'', 1815 ; ''Raison et Sensibilité'', 1945 ; ''Marianne et Elinor'', 1948 ; ''Le Cœur et la Raison'', 1948 ; ''Raison et Sentiments'', 1979 ; ''Le Cœur et la Raison'', 2000. Le titre a aussi été traduit en ''Bon Sens et Sentimentalité''<ref name="Villard 54">{{Ouvrage|auteur1=Léonie Villard|auteur2=Jane Austen|titre=Jane Austen|sous-titre=sa vie et son œuvre, 1775-1817|éditeur=Mulcey|année=1914|présentation en ligne=https://books.google.fr/books?id=Qn04AAAAYAAJ&dq=%22Orgueil+et+Parti+pris%22}}, {{p.|54}}</ref>.
* ''[[Orgueil et Préjugés|Pride and Prejudice]]'' ([[1813]])
** Traductions françaises : ''[[s:fr:Orgueil et Prévention|Orgueil et Prévention]]'', 1821 ; ''Orgueil et Préjugé'', 1822<ref name="Quérard 134"/> ; ''Orgueil et Parti pris''<ref name="Villard 54"/> ; ''Les Cinq Filles de Mrs Bennet'', 1932 ; ''Orgueil et Préjugés'', 1946 ; ''Orgueil et Préjugé'' (de nouveau), 2000 ; ''Orgueil et Préjugés'', 2007 ; ''Orgueil et Préjugés'', 2010 ; ''Orgueil et Préjugés'', 2011.
* ''[[Mansfield Park]]'' ([[1814]])
** Traduction française : ''[[s:fr:Le Parc de Mansfield|Le Parc de Mansfield, ou les trois Cousines]]'', 1816<ref name="Quérard 134"/> ; ''Mansfield Park'', 1945 ; ''Mansfield Park'', 1980 ; ''Mansfield Park'' (Pléiade 2013), réédité en 2014 en Folio ''Mansfield Park''.
* ''[[Emma (roman)|Emma]]'' ([[1816]])
** Traduction française : ''[[s:fr:La Nouvelle Emma|La Nouvelle Emma, ou les Caractères anglais du siècle]]'', 1816<ref name="Quérard 134"/> ; ''Emma'', 1933 ; ''Emma'', 1946 ; ''Emma'', 1979 ; ''Emma'', 1997 : ''Emma'', 2013.
* ''[[Northanger Abbey]]'' ([[1818]]) posthume
** Traduction française : ''[[s:fr:L’Abbaye de Northanger|L'Abbaye de Northanger]]'', 1824<ref name="Quérard 134"/> ; ''[[s:fr:Catherine Morland|Catherine Morland]]'', 1898 ; ''Northanger Abbey'', 1980 ; ''L'Abbaye de Northanger'', 2000.
* ''[[Persuasion (roman)|Persuasion]]'' ([[1818]]) posthume
** Traduction française : ''[[s:fr:La Famille Elliot|La Famille Elliot, ou l'ancienne inclination]]'', 1821<ref name="Quérard 134">Joseph Marie Quérard, ''[https://books.google.fr/books?id=VwUtAAAAQAAJ&pg=PA135&dq=%22Orgueil+et+pr%C3%A9jug%C3%A9+%22&lr=&as_drrb_is=q&as_minm_is=0&as_miny_is=&as_maxm_is=0&as_maxy_is=&as_brr=0#v=onepage&q=%22Orgueil%20et%20pr%C3%A9jug%C3%A9%20%22&f=false La France littéraire]'', Firmin Didot père et fils, 1827, {{p.|134-135}}</ref> ; ''[[s:fr:Persuasion|Persuasion]]'', 1882 ; ''Persuasion'', 1945 ; ''Persuasion'', 2011 ; ''Persuasion'', 2013.

== Analyse de l'œuvre ==
=== Influences reçues ===
[[Fichier:William Cowper by George Romney.jpg|vignette|upright=0.8|alt=Tableau. Tête pensive, penchée, calvitie masquée par un foulard en turban|Portrait de [[William Cowper]], attribué à [[George Romney]].]]
[[Fichier:Maria Edgeworth.jpg|vignette|upright=0.8|alt=Illustration de 1872. Dame assise, l'air pensif, accoudée sur une pile de livres|Portrait de [[Maria Edgeworth]].]]

==== Cadre familial ====
La première influence exercée sur Jane Austen est celle de sa famille. Comme tous ses frères et sœur, elle est encouragée par son père, George Austen, à se familiariser avec les grands auteurs. Dans la bibliothèque paternelle elle découvre les poèmes de [[Alexander Pope|Pope]] et de [[Shakespeare]], les essais d'[[Joseph Addison|Addison]] et de [[Samuel Johnson|Johnson]]{{note|« Mon cher Dr Johnson », dit de lui Jane Austen (cité par Lord David Cecil<ref>{{harvsp|David Cecil|2009|p=70}}</ref>).|group=N}}, les romans de [[Fanny Burney]], de [[Henry Fielding|Fielding]], de [[Laurence Sterne|Sterne]], et de [[Samuel Richardson|Richardson]], ou encore les œuvres de [[William Cowper]]. Cet apprentissage littéraire est complété par les lectures paternelles à la veillée<ref>{{harvsp|David Cecil|2009|p=49}}</ref>, incluant des romans comme ''[[The Midnight Bell]]'' de [[Francis Lathom]], dont le souvenir se retrouve au chapitre VI de ''Northanger Abbey'', dans la bouche d'Isabella Thorpe<ref>{{harvsp|Janet M. Todd|2005|p=41}}</ref>. Outre l'influence déterminante de son père, Jane Austen a devant elle l'exemple de sa mère, [[Cassandra Austen (née Leigh)|Cassandra Leigh]] : celle-ci écrit en effet des poèmes humoristiques<ref>{{harvsp|David Cecil|2009|p=32}}</ref>, et brille par sa conversation qui dénote « une imagination très vive » et un sens marqué de l'[[épigramme]]<ref>{{harvsp|David Cecil|2009|p=33}}</ref>.

C'est aussi pendant ces séances du soir que s'affûte l'art du dialogue de Jane Austen. Lorsqu'elle en vient à lire ses premiers romans à haute voix, elle peut mesurer son style à celui d'auteurs tels que Richardson ou Fielding<ref name="Todd 42">{{harvsp|Janet M. Todd|2005|p=42}}</ref>.
Enfin, ces réunions familiales lui procurent l'occasion d'exercer son humour avec ses frères qui, comme elle, ne manquent pas d'esprit. Edward, de caractère jovial, Henry, toujours optimiste, même devant les échecs professionnels, James aussi, l'aîné, pourtant de caractère plus grave, tous se livrent à de joyeux échanges verbaux qui égayent la maisonnée, auxquels Francis et surtout Charles l'espiègle, « notre petit frère adoré », donnent hardiment la réplique<ref>{{harvsp|David Cecil|2009|p=51-57}}</ref>.

==== Auteurs marquants ====
===== Fanny Burney =====
[[Fanny Burney]] (1752-1840) partage avec Jane Austen le sens du [[Roman picaresque|picaresque]] féminin et du bizarre, lui révèle les possibilités du [[discours indirect libre]] et aborde certains thèmes « féministes » que Jane Austen reprendra. Dans ''Northanger Abbey'' Jane rend un hommage appuyé à cette aînée<ref>[https://books.google.fr/books?id=V8aOEz9mJogC&printsec=frontcover#PPA22,M1 Claudia L. Johnson, ''Jane Austen'', 1990, {{p.|24-25}}]</ref> : en effet, les romans de Fanny Burney, ''[[Camilla (roman)|Camilla]]'', ''[[Evelina (roman)|Evelina]]'', ''[[Cecilia (roman)|Cecilia]]'', ou ''[[The Wanderer (roman)|The Wanderer]]'' critiquent l'hypocrisie de la [[patriarcat (sociologie)|société patriarcale]] car on y voit leurs personnages masculins opprimer les femmes qu'ils sont censés protéger<ref>Claudia L. Johnson, ''Jane Austen'', 1990, {{p.|25-26}}</ref>.

Enfin, Jane Austen est redevable à Fanny Burney du titre de ''[[Orgueil et Préjugés#De First Impressions à Pride and Prejudice|Pride and Prejudice]]'', tiré d'une phrase du {{Dr}} Lyster à la fin de ''Cecilia'' ; les deux romans se ressemblent d'ailleurs, aussi bien par leurs personnages que par leur intrigue<ref>{{harvsp|Frank W. Bradbrook|1967|p=97}}</ref>.

===== Samuel Richardson =====
[[Fichier:Samuel Richardson.jpg|vignette|gauche|upright=0.8|alt=dessin à la plume. Visage de 3/4, sans perruque|Portrait de [[Samuel Richardson]].]]
[[Samuel Richardson]] a eu une influence considérable sur Jane Austen, qui avait lu et relu ''[[The History of Sir Charles Grandison]]''. Certaines scènes de ''[[Mansfield Park]]'' ([[Mansfield Park#« Acte 3 » - Exil et réhabilitation|Fanny à Portsmouth]]) évoquent l'héroïne de son roman ''[[Clarisse Harlowe|Clarissa]]'', dont l'angoisse préfigure celle de Fanny<ref name="Grosvenor Honan 165">[https://books.google.fr/books?id=Fy8ckrGAo6kC&printsec=frontcover Valerie Grosvenor Myer, ''Samuel Richardson'' : Richardson's influence on Jane Austen, par Park Honan, {{p.|165-174}}]</ref>.

Paradoxalement, Jane Austen se livre à une satire du sentimentalisme de Richardson et en même temps se réfère constamment à lui. Chaque fois qu'elle met en chantier un nouveau roman, elle retourne à ''Sir Charles Grandison''<ref>[https://books.google.fr/books?id=Fy8ckrGAo6kC&printsec=frontcover Valerie Grosvenor Myer, ''Samuel Richardson'', {{p.|176}}]</ref>. C'est qu'en effet, elle apprécie pleinement les vertus de Richardson, tout en portant sur ses défauts les critiques les plus acérées<ref name="Bradbrook 88">{{harvsp|Frank W. Bradbrook|1967|p=88}}</ref>.

L'influence directe de ''Sir Charles Grandison'' est visible dans des personnages de séducteurs comme [[John Willoughby|Willoughby]] (''[[Sense and Sensibility]]'') ou [[George Wickham|Wickham]] (''[[Orgueil et Préjugés|Pride and Prejudice]]''), qui rappellent le capitaine Anderson, ce parvenu qui courtise Charlotte Grandison<ref>{{harvsp|Frank W. Bradbrook|1967|p=86-87}}</ref>.
''Mansfield Park'', quant à lui, doit peut-être son titre à ''Mansfield-house'', qui apparaît dans ''Sir Charles Grandison''<ref>Jane Austen, John Wiltshire [https://books.google.fr/books?id=DlcnqiwzIvIC&pg=PR45&dq=jane+austen+Richardson+Grandison+know+OR+better&lr=&as_drrb_is=q&as_minm_is=0&as_miny_is=&as_maxm_is=0&as_maxy_is=&as_brr=0#v=onepage&q=jane%20austen%20Richardson%20Grandison%20know%20OR%20better&f=false ''Mansfield Park'', Cambridge University Press, 2005], p. xlv</ref>. Au-delà du titre, l'intrigue de ''Mansfield Park'' évoque celle de ''Sir Charles Grandison'' par le conflit qui y apparaît entre amour et conviction religieuse, et par [[Fanny Price|son héroïne]], délaissée au début du roman par celui qui la choisira plus tard<ref>Jane Austen, John Wiltshire [https://books.google.fr/books?id=DlcnqiwzIvIC&pg=PR45&dq=jane+austen+Richardson+Grandison+know+OR+better&lr=&as_drrb_is=q&as_minm_is=0&as_miny_is=&as_maxm_is=0&as_maxy_is=&as_brr=0#v=onepage&q=jane%20austen%20Richardson%20Grandison%20know%20OR%20better&f=false ''Mansfield Park'', Cambridge University Press, 2005], p. xlvi</ref>.

===== Samuel Johnson =====
[[Fichier:Samuel Johnson by Joshua Reynolds 2.png|vignette|upright=0.8|gauche|alt=Huile sur toile. Un homme, concentré, regard de myope, scrute la page d'un livre à la couverture fatiguée| Portrait de [[Samuel Johnson]], par [[Sir Joshua Reynolds]], vers 1775.]]
Le [[Samuel Johnson|{{Dr}} Johnson]], cher à Jane Austen, lui inspire le [[stoïcisme]] et la force d'âme que l'on rencontre dans certains de ses personnages, comme les héros de la ''[[Royal Navy]]'' dépeints dans ''[[Persuasion (roman)|Persuasion]]''<ref>{{harvsp|Frank W. Bradbrook|1967|p=17}}.</ref>. De plus, cet auteur admiré de toute l'élite intellectuelle anglaise, ne peut que fasciner, même inconsciemment, une écrivaine débutante. Comme l'a montré Peter L. de Rose, ses conseils sans cesse publiés et son éthique ont influencé le style à la fois serein et mordant de Jane Austen<ref>{{Lien web|auteur=Peter L. de Rose|titre = ''Jane Austen and Samuel Johnson'' |url=http://openlibrary.org/b/OL4094996M/Jane_Austen_and_Samuel_Johnson|consulté le=30 octobre 2009}}</ref>.

Dans l'écriture de Jane Austen, le curieux mélange de remarques sardoniques s'entrecroisant avec un évident souci moral a intrigué des critiques tels que [[A. C. Bradley]] (un éminent commentateur de [[Shakespeare]]), qui voit en Jane Austen « une moraliste doublée d'une humoriste » profondément marquée par Samuel Johnson ({{lang|en|''a moralist ''cum'' humorist deeply influenced by Samuel Johnson''}})<ref>Jane Austen, [[Janet M. Todd]],Antje Blank, ''[https://books.google.fr/books?id=6sGf4jGomZ8C&pg=PR66&dq=%22Jane+Austen%22+Samuel+Johnson%22#v=onepage&q=%22Jane%20Austen%22%20Samuel%20Johnson%22&f=false Persuasion]'', « Introduction », p. lxvi</ref>.

===== Henry Fielding =====
[[Fichier:Henry Fielding.png|vignette|upright=0.8|alt=gravure en médaillon : profil droit, perruque, grand nez, bouche sensuelle.|Portrait d'[[Henry Fielding]].]]
Jane Austen partage avec [[Henry Fielding]] le goût de la [[parodie]], comme celle que constitue ''[[Shamela]]'' (1741) où Fielding, sous un pseudonyme, tourne en dérision le ''[[Paméla ou la Vertu récompensée]]'' de son contemporain Richardson<ref>Robert Charles Rathburn, James Theodore Hillhouse, ''From Jane Austen to Joseph Conrad'', {{p.|14}}</ref>. Parmi les auteurs que Jane Austen prend ainsi pour cible figure [[Oliver Goldsmith]] (l'esprit parodique de Jane Austen est développé plus en détail [[#Parodie|ci-dessous]]). La romancière emprunte aussi à Henry Fielding certains types de personnages de la [[Représentation de l'Angleterre georgienne chez Jane Austen|société anglaise]]. Elle a lu ''[[Histoire de Tom Jones, enfant trouvé|Tom Jones]]'', sans rencontrer d'objections de son père [[Pasteur protestant|pasteur]], bien que l'intrigue y mette en scène des [[Prostitution|prostituées]]. Il est vrai que ''Tom Jones'' fait aussi le portrait moralement avantageux d'un ''[[écuyer (gentilhomme)|squire]]'' vertueux, parrain (dont on apprend à la fin de l'histoire qu'il est aussi oncle) du jeune Tom, héros de ce [[roman picaresque]]. Le ''squire'' est un personnage récurrent dans les romans de Jane Austen.

L'influence de Henry Fielding se fait également sentir dans certains personnages imaginés par Jane Austen : Mrs Jennings (''[[Sense and Sensibility]]''), John Thorpe (''[[Northanger Abbey]]'') ou l'amiral Croft de ''[[Persuasion (roman)|Persuasion]]'', dont la vulgarité, le comportement mal dégrossi et le caractère entier sont bien représentatifs de sa [[Satire|veine satirique]]<ref name="Bradbrook 88"/>. De même, dans ''[[Orgueil et Préjugés|Pride and Prejudice]]'', l'intrigue développée autour du personnage de [[George Wickham]] et son comportement indigne vis-à-vis de [[Fitzwilliam Darcy|Darcy]] ont été inspirés à Jane Austen par les actes malveillants de Master Blifil à l'égard du héros racontés dans ''[[Histoire de Tom Jones, enfant trouvé|Tom Jones]]''<ref>Margaret Ann Doody, « Reading », ''The Jane Austen companion'', Macmillan, 1986 {{ISBN|9780025455405}}, {{p.|358-362}}</ref>.

===== Charlotte Lennox =====
[[Fichier:Charlotte Ramsay Lennox.gif|vignette|gauche|alt=Gravure en noir et blanc. Profil 3/4 gauche|upright=0.8| Portrait de [[Charlotte Lennox]], l'autrice de ''The Female Quixotte'' (1730-1804).]]
Le sens du [[burlesque]], de l'humour décalé, est caractéristique de Jane Austen, depuis ses ''Juvenilia''. On peut y voir l'influence de [[Charlotte Lennox]] et de son livre ''The Female Quixotte'', paru en 1752 et évoqué en 1808 par Jane Austen dans une lettre à Cassandra<ref>{{harvsp|Frank W. Bradbrook|1967|p=}}, « Feminist tradition », {{p.|90-119}}</ref>. Dans son ''[[The Covent-Garden Journal|Covent Garden Journal]]'', [[Henry Fielding]] fait l'éloge de ce roman qui connaît un vif succès à la fin du {{s|XVIII|e}} puisqu'il est successivement traduit en allemand (1754), en français (1773) et en espagnol (1808).

L'influence de cette transposition féminine du ''[[Don Quichotte]]'' de [[Cervantès]] chez Jane Austen est palpable notamment dans son ''[[Northanger Abbey]]'' où le sentiment d'horreur et de terreur contraste avec le ridicule de ses héroïnes aux émotions enflammées. L'[[L'Abbaye de Northanger#Isabella Thorpe|Isabella Thorpe]] de Jane Austen rappelle l'héroïne du livre de Charlotte Lennox, Arabella, et son caractère exagérément romanesque, son exaltation et sa propension aux [[fantasme (psychologie)|fantasmes]]<ref>{{harvsp|Frank W. Bradbrook|1967|p=90-91}}</ref> ; Arabella rêve en effet d'être capable de tuer d'un regard, et d'amener ceux qui la courtisent à souffrir mille morts pour elle.

===== Autres influences =====
[[Fichier:Ann Radcliffe.jpg|vignette|upright=0.8|alt=Tête de femme, cheveux bouclés, grand chapeau, col de dentelle| Ann Radcliffe, qui règne sur le [[roman gothique]] du {{s|XVIII|e}}.]]
Elles sont nombreuses, car Jane Austen lit beaucoup, et toute sa vie (ainsi, à Chawton, elle est inscrite à un club de lecture) ; de plus, ses talents d'imitatrice lui permettent de s'approprier sans effort les éléments stylistiques de tel ou tel auteur<ref name="Todd 42"/>.
Dans ''{{lang|en|The Short Oxford Dictionary of English Literature}}'', Andrew Sanders écrit en 1996 que, selon son premier biographe, Jane Austen était « une admiratrice du {{Dr}} Johnson en prose, de [[George Crabbe|Crabbe]] en poésie et de [[William Cowper|Cowper]] pour les deux » ({{citation étrangère|lang=en|an admirer of Dr Johnson in prose, Crabbe in verse and Cowper in both}})<ref>Andrew Sanders, ''The Short Oxford Dictionary of English Literature'', Oxford, 1996, {{p.|368}}.</ref>. La même autrice rapporte que dans sa jeunesse, elle adulait George Crabbe au point de plaisanter en disant que, si elle se mariait un jour, {{citation|elle se verrait bien en Mrs Crabbe}} (''{{lang|en|she could fancy being Mrs Crabbe}}'')<ref name="Oxford_368">Cité par Andrew Sanders, ''The Short Oxford Dictionary of English Literature'', Oxford, 1996, {{p.|368}}.</ref>.

Parmi ses autres sources d'inspiration, il faut encore citer [[Ann Radcliffe]] et son ''[[Les Mystères d'Udolphe|Udolpho]]'', ne serait-ce que pour la parodie de ''Northanger Abbey'', sous les traits de la très imaginative [[Catherine Morland]] ; [[Oliver Goldsmith]], l'auteur du célèbre ''Vicar of Wakefield'' (''[[Le Curé de Wakefield]]''), personnage dont elle est aussi familière

Parmi les auteurs plus récents, on trouve également [[Sir Walter Scott]], [[Thomas Campbell]], [[Robert Burns]] (cité dans ''Sanditon''), [[Maria Edgeworth]] (avec, en particulier, ''[[Belinda (roman)|Belinda]]''), ou même le jeune [[William Wordsworth]] qui accorde tant d'importance aux choses de la nature et professe, dans sa préface des ''[[Lyrical Ballads]]'' ({{2e|édition}}, 1800), qu'il ne s'intéresse qu'au parler simple et s'exprime dans la langue du peuple, surtout celui des campagnes<ref>{{harvsp|Janet M. Todd|2005|p=43}}.</ref>. Pour autant, les personnages importants de Jane Austen sont cultivés, qu'ils soient hommes ou femmes, et exigent que le lecteur le soit lui aussi<ref>Andrew Sanders ''The Short Oxford Dictionary of English Literature'', Oxford, 1996, p. 370.</ref>.

Cela dit, Wordsworth, qui a beaucoup dénigré la poésie de Crabbe, en qui il voyait un rival, s'est risqué à la comparer à l'œuvre de Jane Austen. Ses romans, concédait-il, étaient « une copie admirable de la vie » (''{{lang|en|an admirable copy of life}}''), mais il affirmait ne pouvoir s'intéresser à « des productions de cette sorte » (''{{lang|en|productions of that kind}}''), parce que, « à moins que la vérité de la nature ne lui fût présentée, pour ainsi dire, clarifiée par la pleine lumière de l'imagination » (''{{lang|en|unless the truth of nature were presented to him clarified, as it were, by the pervading light of imagination}}''), « elle ne saurait exercer que bien peu d'attrait à ses yeux » (''{{lang|en|it had scarce any attraction in his eyes}}'')<ref name="Oxford_368"/>.

=== Style et structure narrative ===
==== Humour et ironie ====
Sans doute le premier aspect qui frappera le lecteur découvrant les romans de Jane Austen sera-t-il son humour – dont elle use pour dégonfler (« ''{{lang|en|debunk}}'' ») la vanité prétentieuse de ses personnages<ref>[https://books.google.fr/books?id=yuMce4WjwPIC&printsec=frontcover#PPR10,M1 Note liminaire de ''Emma'', édition Orient Blackswan, 1983, p. X]</ref> – et son style pétillant<ref>« Pétillant », ''{{lang|en|sparkling}}'', pour reprendre le qualificatif appliqué à Elizabeth Bennet. Voir Emily Auerbach, ''Searching for Jane Austen'', 2004, p. 129-130</ref>. La gaieté, cependant, la légèreté, ces traits d'esprit souvent inattendus s'entremêlent parfois à une ironie plus mordante.

Chaque roman est ainsi parsemé de notations rapides, certaines relevant d'un [[burlesque|humour décalé]], comme inconscient, qui n'en réjouit que plus le lecteur. Ainsi, dès les premières pages de ''[[Persuasion (roman)|Persuasion]]'', [[Persuasion (roman)#Les Elliot|Elizabeth Elliot]], fille ainée de Sir Walter Eliott, baronnet à la fortune chancelante, réfléchit aux moyens de faire face aux très sérieuses difficultés financières de la famille :
{{citation bilingue bloc|lang=en
|Elizabeth had (…) set seriously to think what could be done, and had finally proposed these two branches of economy, to cut off some unnecessary charities, and to refrain from new furnishing the drawing-room; to which expedients she afterwards added the happy thought of their taking no present down to Anne, as had been the usual yearly custom<ref>[https://books.google.fr/books?id=TVoLbKFUb2wC&printsec=frontcover&dq=persuasion&lr=&as_drrb_is=q&as_minm_is=0&as_miny_is=&as_maxm_is=0&as_maxy_is=&as_brr=0&as_pt=ALLTYPES#PPA6,M1 Jane Austen, ''Persuasion'', p. 6]</ref>.
|Elizabeth s'était mise (…) à réfléchir sérieusement à ce que l'on pouvait faire, et avait finalement proposé ces deux axes d'économies : supprimer quelques dons inutiles à des œuvres de charité, et s'abstenir de changer le mobilier du salon ; à ces expédients, elle ajouta plus tard l'heureuse idée de ne plus offrir de cadeau à [[Anne Elliot|Anne]], comme cela avait été la coutume chaque année.}}

Dans son essai de 1952, ''{{lang|en|Jane Austen: Irony as Defense and Discovery}}'' (''Jane Austen : l'ironie comme instrument de défense et de découverte''), Marvin Mudrick voit dans l'[[ironie]] de Jane Austen {{citation|une défense contre ses sentiments, et le signe révélateur de l'étroitesse et de l'amertume de sa vie de vieille fille}}<ref>Marvin Mudrick, ''Jane Austen: Irony as Defense and Discovery'', 1952, {{p.|91}}</ref>, thèse quelque peu battue en brèche par l'omniprésence de l'ironie depuis les ''{{lang|en|Juvenilia}}'', et par l'analyse de B. C. Southam, pour qui on ne trouve nulle trace d'amertume dans les romans de Jane Austen<ref>{{harvsp|B. C. Southam|1987|p=243-244}}</ref>. Cela dit, dans un deuxième temps, l'essai montre que la démarche ironique se fait aussi instrument de découverte, par lequel l'autrice invite le lecteur à s'interroger sur le sens de ce qu'elle écrit et, du coup, à interpréter plus finement la réalité et les interactions entre les personnages<ref name="Auerbach 129"/>.

[[Fichier:PrideandPrejudiceCH3.jpg|vignette|gauche|alt=Illustration en couleur. Darcy, debout, regarde de haut Elizabeth, assise|« Elle est passable, mais pas assez belle pour ''me'' charmer », dit Mr. Darcy, le célibataire le plus fortuné de la contrée (''Pride and Prejudice'', [[C. E. Brock]], 1895).]]
Un exemple classique en est la phrase qui ouvre ''[[Orgueil et Préjugés|Pride and Prejudice]]'' : {{citation étrangère|lang=en|It is a truth universally acknowledged, that a single man in possession of a good fortune, must be in want of a wife}} ({{citation|c'est une vérité universellement reconnue qu'un célibataire à la tête d'une belle fortune est forcément en quête d'une épouse}}) ; car, derrière l'apparence, se niche l'invitation à prendre conscience que les filles à marier recherchent des hommes fortunés, ce que précise, d'ailleurs, la suite du paragraphe : {{citation étrangère|lang=en|This truth is so well fixed in the minds of the surrounding families, that he is considered as the rightful property of some one or other of their daughters}} ({{citation|Cette vérité est si bien ancrée dans l'esprit des familles des alentours qu'il [l'homme fortuné] est considéré comme la propriété légitime de l'une ou l'autre de leurs filles}})<ref name="Auerbach 129">{{Ouvrage|auteur1=Emily Auerbach|titre=Searching for Jane Austen|éditeur=|année=2004|isbn=|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=ainXQ5ljQcEC&printsec=frontcover}}, {{p.|129-130}}</ref>.

Il arrive que l'humour, prenant alors la forme du trait d'esprit, se fasse plus méchant (''{{lang|en|wicked wit}}''), voire choquant, tel que l'atteste l'une des lettres qu'elle écrit à Cassandra :
{{citation bilingue bloc|lang=en
|Mrs Hall, of Sherborne, was brought to bed yesterday of a dead child, some weeks before she expected, owing to a fright. I suppose she happened unawares to look at her husband.
|Mrs Hall, de Sherborne, a accouché hier d'un enfant mort-né, quelques semaines avant la date prévue, à la suite d'une grande frayeur. J'imagine que, sans y prendre garde, elle aura regardé son mari<ref name="Gillooly">{{harvsp|Eileen Gillooly|1999|p=11, « Positioning the Feminine »}}</ref>.}}

On a pu voir dans cet humour, sombre et quelque peu inconvenant, une défense contre la dureté de la condition féminine (trois de ses belles-sœurs meurent en couches<ref name="Gillooly"/>). Cependant, si Jane Austen apparaît auprès de ses vingt-quatre neveux et nièces comme ''{{lang|en|good quiet Aunt Jane}}'' (« Tante Jane, si bonne et si tranquille »), elle s'avère en réalité une redoutable observatrice de la société qui l'entoure, n'hésitant guère à stigmatiser les défauts de ses contemporains et ne dédaignant pas de choquer<ref>{{harvsp|David Nokes|1998|p=115}}</ref>.

==== Parodie ====
[[Fichier:Abtei im Eichwald (C D Friedrich).jpg|vignette|upright=1.2|alt=Pan de mur avec fenêtre en ogive, entouré d'arbres morts, dressé au milieu de pierres tombales|Abbaye gothique en ruine. Peinture de [[Caspar David Friedrich]], vers 1809-1810.]]

Jane Austen — comme [[Henry Fielding]] et son ''[[Shamela]]'', ou [[Charlotte Lennox]] et ''{{lang|en|The Female Quixotte}}'' — aime à saisir les travers des autres écrivains, ou les exagérations de leur style, qu'elle [[Parodie (littérature)|parodie]] alors avec bonheur.

Dès ses ''[[Juvenilia (Jane Austen)|Juvenilia]]'', elle se moque ainsi du style d'[[Oliver Goldsmith]], avec ''[[The History of England|L'Histoire de l'Angleterre]]'', où elle parodie sans pitié ''L'Histoire de l'Angleterre depuis les premiers âges jusqu'à la mort de Georges II''. ''[[Amour et Amitié|Love and Freindship]]'' est un autre exemple du goût précoce de la parodie chez Jane Austen, où elle se moque des romans épistolaires de l'époque, lyriques, romanesques, vrais contes de fée où tout se termine bien ; chez Jane Austen, au contraire, tout se passe mal, comme le laisse d'ailleurs comprendre le sous-titre de ce petit roman, « Trompé en amitié et trahi en amour » (''{{lang|en|Deceived in Freindship and Betrayed in Love}}'').

Les romans de l'âge adulte abandonnent la parodie pure pour créer leur propre univers. Cependant, ''[[Northanger Abbey]]'' est bien, au moins par moments, une parodie du [[roman gothique]], même si l'on y retrouve les aspects propres aux œuvres de la maturité de Jane Austen. Le sens parodique de Jane Austen s'exprime en forçant le trait, en exagérant<ref>{{harvsp|Mary Lascelles|1966|p=49, 55-72}} ; {{harvsp|Jan Fergus|1983|p=20}}</ref> tout ce qui, dans les romans gothiques qu'elle prend pour cible, lui semble ridicule, notamment les intrigues tordues de façon invraisemblable ou les conventions romanesques particulièrement rigides<ref>{{harvsp|Johnson|1988|p=35}} ; voir aussi {{harvsp|A. Walton Litz|1965|p=51-53}} ; {{harvsp|Jan Fergus|1983|p=20-24}}</ref>.

Dans un esprit bien différent que celui de la recherche d'un effet comique, Jane Austen se sert de la parodie, selon certaines critiques littéraires féministes, pour révéler comment les romans sentimentaux tout comme les romans gothiques déforment la façon dont les femmes vivent leur vie, en les poussant à épouser le monde imaginaire qu'elles y ont trouvé<ref>{{harvsp|Susan Gubar|Sandra Gilbert|1984|p=119}}</ref>. Comme l'expliquent Susan Gubar et Sandra Gilbert, critiques littéraires féministes, dans leur ouvrage essentiel de 1979, ''{{lang|en|The Madwoman in the Attic}}'' (''La Folle du grenier''), Jane Austen se moque des {{citation|clichés romanesques, tels que le coup de foudre, la primauté de la passion sur tout autre émotion ou devoir, les exploits chevaleresques du héros, la vulnérabilité délicate de l'héroïne, le dédain affiché par les amoureux [vis-à-vis] de toute considération financière et le cruel manque de tact des parents}}<ref group="N">Commentaire original : {{citation étrangère|lang=en|[…] such novelistic clichés as love at first sight, the primacy of passion over all other emotions and/or duties, the chivalric exploits of the hero, the vulnerable sensitivity of the heroine, the lovers' proclaimed indifference to financial considerations, and the cruel crudity of parents.}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Susan Gubar|Sandra Gilbert|1984|p=151}}</ref>.

==== Discours indirect libre ====
[[Fichier:Frances d'Arblay ('Fanny Burney') by Edward Francisco Burney.jpg|vignette|alt=Huile sur toile. Buste de femme avec imposant chapeau à gros nœud de dentelle|upright=1.0|Portrait de [[Fanny Burney]], pionnière du « [[discours indirect libre]] ». Peinture de Edward Francisco Burney, 1784-1785.]]
Autre caractéristique du style de Jane Austen, son recours fréquent au [[discours indirect libre]] (''{{lang|en|free indirect speech}}''). Il s'agit d'une forme narrative dont la particularité est de ne pas utiliser de verbe de narration introductif (« parler », « dire », ou encore « penser »). La proposition subordonnée contenant l'énoncé cité se retrouvant privée de proposition principale, la voix du personnage et celle du narrateur s'enchevêtrent, de sorte qu'on ne sait trop qui parle, le narrateur ou le personnage. De plus, allégé de toute partie et ponctuation introductives, ce mode narratif confère fluidité et vivacité au récit.
Ainsi, dans ''[[Northanger Abbey]]'', Jane Austen fait penser son héroïne Catherine Morland à voix haute, alors que son imagination endiablée métamorphose l'abbaye en un lieu ayant recelé de sombres drames, à l'instar des extravagances gothiques qu'elle apprécie tant :
{{citation bilingue bloc|lang=en
|(…) Catherine's blood ran cold with the horrid suggestions which naturally sprang from these words. Could it be possible? Could Henry's father —? And yet how many were the examples to justify even the blackest suspicions! (…)<ref>[https://books.google.fr/books?id=IBYCAAAAYAAJ&printsec=frontcover&dq=%22Northanger+Abbey%22&lr=&as_drrb_is=q&as_minm_is=0&as_miny_is=&as_maxm_is=0&as_maxy_is=&as_brr=0&as_pt=ALLTYPES#PPA154,M1 Jane Austen, ''Northanger Abbey'', R. Bentley, 1833, p. 154.]</ref>
|(…) Le sang de Catherine se glaça à l'idée des horribles implications qu'évoquaient tout naturellement ces mots. Était-ce possible ? Le père de Henry avait-il pu … ? Et pourtant, qu'ils étaient nombreux les exemples justifiant jusqu'aux soupçons les plus noirs ! (…)<ref group="N">De plus, le [[discours indirect libre]] permet ici, par des phrases incomplètes et hachées, de rendre compte de l'émoi de Catherine, dont les idées s'entrechoquent et se télescopent.</ref>}}

Cette forme narrative, comme le rappelle Margaret Anne Doody, a été introduite dans la [[littérature anglaise]] par [[Fanny Burney]] et quelques autres autrices de la fin du {{s-|XVIII|e}}, dont Jane Austen a ainsi recueilli l'héritage<ref name="Lois Bueler 196">[https://books.google.fr/books?id=-KmrnDCQeSUC&pg=PA196&dq=%22indirect+free+speech%22+%22jane+austen%22&lr=&as_drrb_is=q&as_minm_is=0&as_miny_is=&as_maxm_is=0&as_maxy_is=&as_brr=0&as_pt=ALLTYPES Lois E. Bueler, ''The tested woman plot'', Ohio State University Press, 2001, p. 196]</ref>.

Ce ''{{lang|en|free indirect speech}}'', (discours indirect libre), par son fil que n'interrompt plus le narrateur, a pu être perçu comme une forme d'ironie, dans la mesure où l'autrice fait semblant d'adhérer aux propos du personnage ; à l'inverse, on peut aussi y voir une marque de sympathie<ref name="Lois Bueler 196"/>, et d'invitation à l'[[empathie]] du lecteur. Le ton ironique est évident dans ''{{lang|en|Northanger Abbey}}'', où Jane Austen laisse libre cours à l'imagination juvénile de [[Catherine Morland]], mais son usage se fait plus complexe dans les autres romans. Ainsi, dans ''[[Emma (roman)|Emma]]'', quand les pensées de l'héroïne sont rapportées par ce procédé, Jane Austen entend alors mettre en lumière la redoutable délectation qu'éprouve Emma à manipuler ses proches pour assurer leur bonheur.

Armée des prémices dont elle a hérité, Jane Austen apparaît donc comme la première écrivaine à avoir donné au discours indirect libre la fonction de représenter le « moi » dans l'instantanéité du vécu ({{lang|en|''to represent the ''lived'' self in the moment''}})<ref>{{harvsp|Todd|2006|p=30}}</ref>.

==== Réalisme ====
Si le réalisme est la transcription verbale des perceptions, alors Jane Austen pose problème. Comme le constate Norman Page, ses romans {{citation|brillent par l’absence de mots se référant à la perception physique, au monde de la forme, de la couleur et de réactions sensorielles.}} ({{citation étrangère|lang=en|conspicuous absence of words referring to physical perception, the world of shape and colour and sensuous response}})<ref>Norman Page, 1972, pp. 54-55.</ref>, ce qui implique qu'ils n'ont pas d'épaisseur physique. [[Janet Todd]], cependant, écrit que Jane Austen crée une illusion de réalisme par l'identification avec les personnages et aussi parce que ces derniers sont ''{{lang|en|rounded}}'', c'est-à-dire « pourvus d'épaisseur »<ref group="N">C'est [[E. M. Forster]] qui a établi, dans son ouvrage ''Aspects of the Novel'', paru en 1927, la distinction entre personnages « rounded » et « flat », qu'on peut traduire par « avec et sans épaisseur ».</ref>, avec une histoire et une mémoire<ref>[[Janet Todd]], ''The Cambridge History of English Literature'', p. 28.</ref>. Cette profondeur des personnages, là encore, ne fait pas l'objet d'un consensus. [[Marilyn Butler]], par exemple, dénie à Jane Austen la qualification de « réaliste », pour la raison qu'elle ne se préoccupe pas de la psychologie de ses héroïnes, préférant les utiliser à des fins de polémique pour critiquer la « sensibilité » (''{{lang|en|sensibility}}''). De plus, comme elle se garde du sensuel, de l'irrationnel, des écarts de l'esprit dont elle ne peut nier l'existence, elle prend le parti de ne pas les dépeindre<ref>Marilyn Butler, ''Jane Austen and the War of Ideas'', Oxford, Oxford University Press, 1975, pp. 294-295.</ref>. Les analyses de William Galperin<ref>William Galperin, Historical Austen, p. 31.</ref>, que rejoint celle de Pierre Goubert<ref>{{harvsp|id=Pierre Goubert|''Le regard de la femme dans les romans de Jane Austen'', p. 77}}.</ref>, tendent à recentrer le réalisme de Jane Austen autour de deux notions : la vraisemblance et l'immédiateté, qui font d'elle l'historienne du quotidien. À ce propos, dans sa conclusion, Pierre Goubert cite [[George Henry Lewes]] qui, bien qu'étant l'un des premiers à comprendre la dimension de Jane Austen, limite son réalisme à la vision, somme toute plutôt étroite, d'une femme de son temps, de sa condition, de son expérience sociale<ref>George Henry Lewes, « The Lady Novelits », ''Westminster Review'', n° 58, juillet 1852, pp. 134-135.</ref>.

==== Symbolisme ====
Un aspect plus subtil de son œuvre est le symbolisme auquel a recours Jane Austen : tout y est symbolique, les événements, la configuration des familles, des relations sociales, et surtout, des lieux. Comme Virginia Woolf l'a observé pour la toute première fois en 1913{{note|L'existence du symbolisme de ''Mansfield Park'' a été signalé par Virginia Woolf dans un article anonyme pour le ''Times Literary Supplement'' du 8 mai 1913, où elle évoque « la curieuse atmosphère de symbolisme qui recouvre [[Mansfield Park#Les extérieurs|la scène [de la clef]]] dans ''Mansfield Park'' » ({{lang|en|''the curious atmosphere of symbolism thrown over the scene [around the key] in ''Mansfield Park}})<ref>{{harvsp|B. C. Southam|1987|p=85}}.</ref>.|group=N}}, cette facette de son art est plus particulièrement présente dans ''Mansfield Park''. L'aventure de la ''[[Mansfield Park#Dangers des theatricals|représentation théâtrale]]'' en l'absence de Sir Thomas Bertram y est en soi une hardiesse ressentie comme coupable, où l'ordonnance des places prises par les divers personnages lors des soirées annonce ou confirme leurs relations encore inconscientes{{note|Voir l'article de Joseph Litvak, ''The Infection of Acting'', dans lequel cet épisode est décrit comme étant central ({{Citation étrangère|langue=en|the crux of the book}}), parce que possédant le pouvoir de contaminer le roman tout entier. En effet, même après la brutale destruction de la scène par Sir Thomas Bertram à son retour, il se fait métaphorique et s'infiltre dans les recoins les plus inattendus du texte ({{Citation étrangère|langue=en|which […] reaches into the most unlikely recesses of the text}})<ref>Joseph Litvak, « The Infection of Acting: Theatricals and Theatricality in ''Mansfield Park'' », ''Caught in the act: theatricality in the nineteenth century English Novel'', University of California Press, Ltd, 1992.</ref>.|group=N}}. De son côté, le domaine de [[Mansfield Park#Sotherton|Sotherton]] comprend plusieurs enceintes déterminant chacune un lieu de possible transgression : la demeure elle-même et l'agencement de ses pièces, les marches, le jardin, le petit bois et, enfin, limite dangereuse, le fameux ''[[ha-ha]]'' au-delà duquel les jeunes gens en mal d'amour et de liberté s'aventurent, franchissant une grille fermée en bravant l'interdit de la clef<ref group=N>Le thème de la clé ouvrant un lieu interdit, qu'on trouve dans [[Barbe-Bleue]], est un symbole sexuel : dans les illustrations du Moyen Âge, le jardin clos symbolise la virginité ; c'est Rushworth (le fiancé officiel) qui a la clé, Maria et Henry sont donc dans la transgression.</ref>, jusqu'à la butte dite ''{{lang|en|oak timber knoll}}'' (« de madriers de chêne »), frontière extrême un demi mille plus loin{{note|Un ''ha-ha'' (« saut-de-loup » en français) est une sorte de fossé profond creusé à la limite d'une partie d'un domaine pour empêcher les moutons de vagabonder et aussi pour les protéger de possibles prédateurs, sans rompre la perspective comme le ferait une clôture<ref>Jane Austen, ''Mansfield Park'', introduction de Mary Lascelles, Londres, Everyman's Library, 1963, pp. viii à xii.</ref>.|group=N}}. Ce premier franchissement des barrières préfigure d'ailleurs l'enlèvement (''{{lang|en|elopement}}'') auquel Maria Bertram consentira plus tard, et par lequel arrivera le scandale<ref>{{harvsp|Deirdre Le Faye|2003|p=240}}</ref>.

=== Thèmes ===
{{Article détaillé|Univers de Jane Austen}}

==== Vie sociale à l'orée du {{s-|XIX|e}} ====
{{Article connexe|Assembly Rooms de Bath|Pump Room de Bath}}
[[Fichier:A modern belle going to the rooms at Bath by James Gillray.jpg|vignette|alt=caricature. Dame transportée en chaise à porteurs, la coiffure emplumée démesurée sortant du toit|Élégante se rendant aux ''[[Assembly Rooms de Bath|Assembly Rooms]]'' de [[Bath]], décrites dans ''[[Northanger Abbey]]'' et dans ''[[Persuasion (roman)|Persuasion]]'' (caricature de [[James Gillray]]).]]
À la fin du {{s-|XVIII|e}}, les distractions d'un foyer aisé disposant de loisirs sont rares et tributaires des relations entretenues avec le voisinage. Pour les héros de Jane Austen comme pour les membres de sa propre famille, ces activités de loisir ont lieu dans les limites de distance qu'une [[Traction hippomobile|voiture attelée]] peut parcourir dans la journée<ref name="Cecil 41">David Cecil, ''Un portrait de Jane Austen'', 2009, p. 41</ref>. C'est donc la distance séparant les lieux d'habitation qui réduit la diversité des fréquentations, surtout à la campagne.
Ainsi, les Austen sont liés à une douzaine de familles proches, comme les Digweed de Steventon{{note|« Les trois Digweed », de ''Steventon Manor'', comme les appelle Jane Austen dans ses lettres à Cassandra<ref>{{harvsp|Jane Austen|Penelope Hugues-Hallen|1994|p=}}.</ref>|group=N}}, les Bigg de Manydown ou les Lefroy d'Ashe. Ensemble, on organise des dîners, des bals, des jeux de cartes, ou des parties de [[chasse à courre]]<ref name="Cecil 41"/>. On se réunit aussi pour de simples soirées, une demoiselle faisant montre de ses talents de pianiste ou lançant un bal improvisé.

Les temps de loisirs sont aussi adaptés en fonction de l'éloignement des villes. Dans ''Sense and Sensibility'', on met trois jours pour aller de Barton dans le [[Devon (comté)|Devonshire]] à [[Londres]]<ref>Jane Austen, ''Sense and Sensibility'', chapitre 26</ref>. Il n'est donc pas question d'y passer seulement quelques jours : on y reste des semaines, voire des mois. Les voyages à [[Bath]]<ref>{{lien web|url=https://books.google.fr/books?id=b1lUqr55GU4C&pg=PA31&dq=bath+jane-austen+%22assembly+rooms%22&lr=&as_drrb_is=q&as_minm_is=0&as_miny_is=&as_maxm_is=0&as_maxy_is=&as_brr=0#PPA31,M1|auteur=Lydia Martin|titre=''Les adaptations à l'écran des romans de Jane Austen''|année=2007}}, p. 30-31</ref>, une [[station thermale|ville d'eau]] prisée, plutôt mondaine et un peu « snob »<ref>Henri Plard, postface de ''Persuasion'', 10/18, 2008, p. 301</ref>{{,}}<ref group="N">« snob » : mot à l'étymologie douteuse, peut-être dérivé du [[latin]] « ''{{lang|la|sine nobilitate}}'' », que Thackeray sera le premier à exploiter dans ''[[Le Livre des snobs|The Book of Snobs]]'')</ref>, ou à Londres, la grande ville où tout est possible, deviennent des expéditions de longue durée dont le retour dépendra des circonstances.

Quand on rend visite à un parent résidant dans une autre région, on s'attarde une quinzaine, un mois, plusieurs mois, à charge de réciprocité. C'est en ces occasions de visites familiales que Jane et sa sœur [[Cassandra Austen|Cassandra]] seront le plus souvent amenées à se séparer, donc à s'écrire. Telles sont la manière de vivre et les distractions constituant la toile de fond des romans de Jane Austen.

==== Mariage et condition féminine ====
{{Article détaillé|Mariage dans les romans de Jane Austen}}
[[Fichier:PrideandPrejudiceCH31.jpg|vignette|alt=Illustration en couleur : Elizabeth, assise, le colonel tournant les pages de la partition, fait face à Darcy|Elizabeth Bennet au [[piano-forte|piano]] lors d'une soirée à Rosings Park (''Pride and Prejudice'', chap. 31, [[C. E. Brock]], 1895).]]
Le [[mariage]] — avec en arrière-plan permanent la [[condition féminine]] en Angleterre à la fin du {{s-|XVIII|e}} et au tout début du {{s-|XIX|e}} — est le thème dominant<ref>[https://books.google.fr/books?id=AH-fDkzVH1cC&printsec=frontcover Steven H. Gale, ''Encyclopedia of British Humorists'', 1996, p. 62]</ref> et omniprésent des romans de Jane Austen, l'aboutissement, le but vers lequel tendent toutes les rencontres entre jeunes gens.

Le [[common law|droit anglais]] ne reconnaissant pas la [[femme]] comme sujet indépendant, elle est rattachée par la loi à son époux lorsqu'elle est mariée ; elle est alors, en effet, {{Citation étrangère|lang=en|covered}} (« couverte ») par les droits économiques et politiques reconnus à celui-ci. D'autre part, lorsqu'elle n'est pas mariée, le père ou la famille gèrent ses intérêts, comme il est d'usage selon le [[Common law|droit coutumier]]<ref>{{harvsp|Eileen Gillooly|1999|p=9, « Positioning the Feminine »}}</ref>.

Au début du {{s-|XIX|e}}, une femme est estimée à l'[[aune]] de sa « mariabilité » (''{{lang|en|Marriageability is the primary criterion of female value}}''<ref name="Gillooly 10">{{harvsp|Eileen Gillooly|1999|p=10, « Positioning the Feminine »}}</ref>). On accorde la plus grande attention à sa beauté, mais aussi à ses ''[[Pensionnats pour jeunes filles à l'époque victorienne|accomplishments]]'', talents d'agrément destinés à faire honneur au futur mari, le [[piano-forte|piano]], le chant, le dessin et l'[[aquarelle]], la maîtrise du français et, parfois, un peu de géographie. La liste des indispensables talents d'agrément fait d'ailleurs l'objet d'une [[Orgueil et Préjugés#Éducation et « talents d'agrément »|discussion à Netherfield]] dans ''Orgueil et Préjugés''<ref>{{harvsp|Jane Austen|1853|p=31-34}}</ref>.

La femme est tellement assujettie au mariage que ce n'est qu'en 1918 qu'elle obtiendra de [[Droit de vote des femmes|voter]] aux élections législatives, et encore propose-t-on d'exclure les [[vieille fille|vieilles filles]], en raison de « leur échec à attirer ou plaire à un compagnon » (''{{lang|en|they had failed « to please or attract » mates}}'')<ref name="Gillooly 10"/>.

L'âge mûr survenant alors précocement dans la vie d'une femme, celle-ci est vite qualifiée de « vieille fille ». [[Anne Elliot]], l'héroïne de ''Persuasion'', est une beauté « fanée » à vingt-sept ans (''{{lang|en|her bloom had vanished early}}''), et semble vouée au célibat<ref>Henri Plard, postface de ''Persuasion'', 10/18, 2008, p. 307</ref>.
[[Fichier:1805-Gillray-Harmony-before-Matrimony.jpg|vignette|gauche|upright=1.0|alt=L'amoureux courtise sa belle, qui joue avec passion de la harpe, en chantant avec elle|''L’Harmonie avant le mariage'' (caricature de 1805 de [[James Gillray]]).]]
À trente-huit ans, Jane Austen sait qu'elle a atteint l'âge d'une dame respectable et s'en accommode sur le mode humoristique : {{citation étrangère|lang=en|(…) as I leave off being young, I find many Douceurs in being a sort of Chaperon for I am put on the Sofa near the Fire & can drink as much wine as I like}}<ref name="Gillooly"/> ({{citation|(…) maintenant que la jeunesse m'abandonne, je trouve bien des agréments à être une sorte de [[wikt:chaperon|chaperon]], car on m'installe sur le sofa près du feu, et je peux boire autant de vin qu'il me plaît}}). Si Jane Austen reçoit l'aide de ses frères et, dans une moindre mesure, jouit des revenus de ses romans, nombre de « vieilles filles » sont moins privilégiées et peinent à subvenir à leurs besoins car peu de professions leur sont accessibles.

De plus, les femmes peuvent se voir désavantagées par la transmission du patrimoine parental. Bien souvent, des clauses [[testament (droit)|testamentaires]] prévoient que la fortune de la famille ira à un héritier mâle, peut-être un lointain cousin. Les filles de la famille se trouvent alors déshéritées, voire chassées de leur logis à la mort de leur père. De telles dispositions sont implicites dans plusieurs romans de Jane Austen comme ''[[Orgueil et Préjugés|Pride and Prejudice]]'', où la pratique de l'''[[entail]]'' est expliquée au chapitre XIII, ''[[Persuasion (roman)|Persuasion]]'' et ''[[Sense and Sensibility]]''.

Il n'est guère étonnant dans de telles conditions que [[Famille Bennet#Mrs Bennet|Mrs Bennet]], dans ''Pride and Prejudice'', ait pour premier souci, quasi obsessionnel, de « bien marier » ses cinq filles.

==== Critique sociale et féminisme ====
[[Fichier:Age-of-Iron Man-as-he-Expects-to-Be 1869.jpg|vignette|upright=1.2|alt=À droite, 3 hommes attelés aux tâches féminines, à gauche, les femmes sortent, l'une conduit l'attelage|Caricature anti-féministe du {{s-|XIX|e}}, faisant craindre le pire en cas d'émancipation de la femme.]]
La [[Condition féminine|condition de la femme]] et ses difficultés sociales expliquent la focalisation de l'attention des critiques sur le versant « [[Féminisme|féministe]] » de l'œuvre de Jane Austen<ref name="Looser Intro">[https://books.google.fr/books?id=d05_hawiX_4C&printsec=frontcover Devoney Looser, ''Jane Austen and discourses of feminism'', 1995, p. 1-16]</ref>.

C'est ainsi que ''Northanger Abbey'', en plus de ses aspects parodiques, offre au lecteur une autre dimension, celle d'une revendication explicite. On en découvre les signes dans la violente attaque contre ''[[The Spectator (1711)|The Spectator]]'', à la fin du chapitre V, qui stigmatise le dédain dans lequel le magazine tient les romans écrits par des femmes, ou dans la description de la façon intéressée et malséante dont l'héroïne, Catherine Morland, est traitée par le général Tilney<ref>{{harvsp|B. C. Southam|1987|p=295}}, réédition de 1996</ref>. Toutefois, les lecteurs de Jane Austen recherchent avant tout le plaisir que procure son style vif et alerte ; la manière dont ses héroïnes aspirent au mariage est à leurs yeux plus conservatrice que féministe<ref name="Looser Intro"/>.

Certains critiques, comme Misty G. Anderson, vont jusqu'à penser discerner en ''[[Mansfield Park]]'' un précurseur du roman [[Lesbianisme|lesbien]], au vu de « la façon remarquable dont Mary et Fanny sont attirées l'une vers l'autre »<ref>cité par Devoney Looser, ''Jane Austen and discourses of feminism'', 1995, p. 13</ref>. Mais si les femmes sont bien les personnages centraux des romans de Jane Austen, il est sans doute vain d'y chercher un concept qui n'est entré dans le vocabulaire qu'en 1851, avec l'introduction du mot ''{{lang|en|feminism}}'' dans l'''[[Oxford English Dictionary]]'', et plus tard encore dans le langage courant, où le mot ''feminist'' n'apparaît qu'au cours des [[années 1880]]-[[Années 1890|1890]]<ref>cité par Devoney Looser, ''Jane Austen and discourses of feminism'', 1995, p. 4-5</ref>.

En revanche, ce sont bien ces héroïnes qui donnent vie aux romans en y exposant leurs préoccupations, leurs idées, leurs révoltes ou leurs sentiments d'injustice. Elles sont souvent brillantes, analysent finement le monde qui les entoure et savent se montrer fortes. Des personnages comme Elizabeth Bennet (''Pride and Prejudice'') ou Emma Woodhouse (''Emma'') militent pour le féminisme par leur seule présence<ref>cité par Devoney Looser, ''Jane Austen and discourses of feminism'', 1995, {{p.|6}}</ref>, si bien qu'une véritable « culture féminine » a pu émerger de ces livres, par l'identification des lectrices à ces personnalités marquantes.

==== Morale ====
On retrouve dans tous les romans de Jane Austen un [[code moral]] qui prescrit de ne pas dépenser plus que son revenu (''{{lang|en|not to live beyond one's income}}''), de savoir être aimable avec ses inférieurs, de ne pas être hautain et méprisant et d'avoir un comportement honorable. Ces qualités éminemment recommandables sont bien mises en avant dans ''Pride and Prejudice'', ou encore dans ''Mansfield Park''.

George Austen en recommande l'exercice à son fils Francis, alors qu'il s'embarque sur la [[Frégate (navire)|frégate]] ''HMS Perseverance'' le {{date-|23 décembre 1788}} comme engagé (''{{lang|en|Volunteer}}'') à quatorze ans<ref name="Cecil 44">{{harvsp|David Cecil|2009|p=44-47}}</ref>{{,}}<ref>Deirdre Le Faye, William Austen-Leigh, ''Jane Austen, a family record'', 2004, p. 65</ref> :
{{citation bloc|(…) Vous partez si loin que vous ne pourrez plus me consulter (…). Par conséquent, je pense qu'il est nécessaire, avant votre départ, de vous livrer mes sentiments sur des sujets généraux, que j'estime de la plus grande importance pour vous<ref name="Cecil 44"/>.}}
{{citation bloc|(…) Vous pouvez soit, par une attitude méprisante, odieuse et égoïste, susciter le dégoût et l'aversion, soit, par votre affabilité, votre bonne humeur et une attitude accommodante, devenir un objet d'estime et d'affection pour autrui. (…) il vous appartiendra (…) de vous concilier la bienveillance par tous les moyens honorables à votre disposition<ref name="Cecil 44"/>.}}
{{citation bloc|(…) Tenez une comptabilité exacte de tout ce que vous recevez ou dépensez, (…) et ne vous laissez en aucun cas persuader de risquer votre argent au jeu<ref name="Cecil 44"/>.}}

On voit par là que George Austen s'est préoccupé attentivement de l'éducation morale de ses enfants : la leçon a été bien retenue par Jane.

==== Thèmes « gothiques » ====
{{Article connexe|Roman gothique|Northanger Abbey#Roman gothique{{!}}Les sept « romans abominables » de ''Northanger Abbey''}}
[[Fichier:NACatherinereading.jpg|vignette|alt=Chambre sombre. Jeune fille dans un grand fauteuil, l'air inquiet, livre en main.|« Catherine Morland, cherchant à se faire peur en lisant ''[[Les Mystères d'Udolphe]]''<ref>{{lien brisé|url=http://www.kent.ac.uk/cfl/files/ccs_pdf/northanger_abbey.pdf |titre=''Northanger Abbey'', University of Kent }} sur kent.ac.uk (consulté le 8 juin 2009)</ref> » à la faible lueur d'une chandelle (''Northanger Abbey'', frontispice, 1833).]]
Au début du {{XIXe siècle}}, les romans gothiques sont très prisés du public. [[Ann Radcliffe]], avec ses ''[[Les Mystères d'Udolphe|Mystères d'Udolphe]]'' (1794), a mis à la mode ces sombres intrigues mettant en scène de jeunes femmes confrontées à de mystérieux personnages. L'histoire se déroule souvent dans des châteaux de [[Architecture gothique|style gothique]] (comme dans ''[[The Midnight Bell]]'', de Francis Lathom) ou des abbayes {{Citation|tortueuses}} (''{{lang|en|labyrinthine}}''), comme celle de ''[[La Forêt ou l'Abbaye de Saint-Clair]]'' (1791), d'Ann Radcliffe<ref>Claire Lamont, « Domestic architecture », {{harvsp|Janet M. Todd|2005|p=226}}</ref>.

Cette approche dramatisée, aussi peu réaliste que possible, est fort éloignée du style naturel de Jane Austen, qui n'y fait qu'une incursion, sur le mode parodique, dans ''[[Northanger Abbey]]'' : l'ancienne abbaye qu'habite la famille Tilney prend en effet aux yeux de la jeune [[Catherine Morland]] des allures de sombre demeure. Son ami Henry Tilney moque ses craintes mêlées d'une certaine excitation : {{citation étrangère|lang=en|Will not your mind misgive you when you find yourself in this gloomy chamber — too lofty and extensive for you, with only the feeble rays of a single lamp to take in its size (…) ?}} ({{citation|Votre esprit ne concevra-t-il pas quelque appréhension lorsque vous vous retrouverez dans cette chambre lugubre : trop haute et trop vaste pour vous, avec les faibles rayons d'une unique lampe pour vous en révéler l'étendue (…) ?}})<ref name="Auerbach 88">Emily Auerbach, ''Searching for Jane Austen'', 2004, p. 88-92</ref>.

Jane Austen fait là une magistrale démonstration qu'elle aurait pu écrire un roman gothique tout aussi terrifiant que ceux d'Ann Radcliffe, de [[Matthew Gregory Lewis|Matthew « Monk » Lewis]] ou de [[Francis Lathom]], mais son but est de souligner à quel point la jeune Catherine Morland aime à se faire peur : lorsqu'un mystérieux manuscrit se révèle n'être qu'une simple note de blanchisserie oubliée, elle continue, contre toute vraisemblance, à traquer les drames que l'abbaye n'a pu manquer d'abriter<ref name="Auerbach 88"/>.

==== Autres thèmes ====
===== Le roman et les romancières aux environs de 1800 =====
En plusieurs occasions, les héros de Jane Austen prennent la défense des [[Roman (littérature)|romans]]. Tel est le cas dans ''Northanger Abbey'', par la voix de Catherine Morland et de Henry Tilney. Dans le long développement, souvent commenté, de la fin du chapitre V, Jane Austen se livre à une apologie du roman en des termes comparables à ceux qu'emploiera plus tard [[Margaret Oliphant]].

Les romans connaissent alors une grande vogue, en particulier auprès des femmes dont l'éducation a considérablement progressé au cours du {{s-|XVIII|e}}<ref name="Barker-Benfield 161">[https://books.google.fr/books?id=Lk4oBin8XWEC&pg=PA163&dq=%22boarding+schools+for+young+ladies%22+founded+OR+charity+OR+trustee+OR+education+OR+accomplishments&lr=&as_drrb_is=q&as_minm_is=1&as_miny_is=2009&as_maxm_is=12&as_maxy_is=2009&as_brr=0&as_pt=ALLTYPES G. J. Barker-Benfield, ''The Culture of Sensibility'', University of Chicago Press, 1996, pages 161 à 173]</ref> et qui contribuent elles-mêmes à ce succès. On estime en effet qu'entre 1692 et la fin du {{s-|XVIII|e}}, la majorité des romans est écrite par des [[Femme de lettres|auteurs féminins]]<ref>G. J. Barker-Benfield, ''The Culture of Sensibility'', University of Chicago Press, 1996, page 169</ref>. En militant pour le roman, Jane Austen prend aussi la défense des romancières, d'autant plus nécessaire que certaines d'entre elles n'hésitent pas à déprécier ce genre littéraire : ainsi [[Maria Edgeworth]], lorsqu'elle présente son roman ''[[Belinda (roman)|Belinda]]'', se refuse à le qualifier de « roman » (''{{lang|en|novel}}''), pour l'appeler « conte moral » (''{{lang|en|moral tale}}''), en déclarant : {{citation bilingue bloc|lang=en
|But so much folly, error and vice are disseminated in books classed under this denomination, that it is hoped the wish to assume another title will be attributed to feelings that are laudable and not fastidious<ref>{{harvsp|Frank W. Bradbrook|1967|p=112}}</ref>
|Mais tant de sottises, d'erreur et de vice parsèment des livres catalogués sous cette appellation que j'espère que le souhait de prendre un autre intitulé sera attribué à des sentiments louables plutôt qu'au goût du pinaillage.}}

[[Fichier:Margaret Oliphant Wilson Oliphant.jpg|vignette|alt=Tête de femme aux cheveux blancs en chignon, petite coiffe en dentelle|[[Margaret Oliphant]] qui, après Jane Austen, prend en 1882 la défense du roman féminin face à la « noble poésie » des hommes.<br /> Par [[Anthony Frederick Augustus Sandys|Frederick Augustus Sandys]] (1881).]]

Car le roman, à son époque, n'a pas l'aura de la [[poésie]], genre noble par excellence. Ainsi, l'essayiste et historienne [[Margaret Oliphant]] remarque en 1882 que si la culture britannique célèbre les hommes pour être à l'origine du {{citation|flot de noble poésie au tournant du {{s-|XVIII|e}} et du {{s-|XIX|e}}, [.…] elle néglige l'émergence soudaine, à la même époque, d'une forme purement féminine du génie littéraire}} (''{{lang|en|negligent of the sudden development of purely feminine genius at the same great era}}'')<ref>{{harvsp|Eileen Gillooly|1999|p=1 : Citation de Margaret Oliphant, ''The Literary History of England in the End of the Eighteenth and Beginning of the Nineteenth Century'', 1895, p. 171}}</ref>.

La culture masculine, représentée à la fin du {{s-|XVII|e}} par des écrivains tels que [[Jonathan Swift|Swift]] ou [[Alexander Pope|Pope]], voit cependant d'un mauvais œil l'intrusion de ''{{lang|en|female wits}}'' (« femmes d'esprit ») dans la littérature. Un facile jeu de mots permet, dans certains milieux conservateurs, de salir ces auteurs en assimilant les « femmes publiées » aux « femmes publiques », c'est-à-dire aux [[Prostitution|prostituées]] (''{{lang|en|female publication}}'' = ''{{lang|en|public woman}}'')<ref>{{harvsp|Eileen Gillooly|1999|p=1-12, « Positioning the Feminine »}}</ref>.

===== Les paysages =====
[[Fichier:Lambton Castle Durham Morris edited.jpg|vignette|alt=Gravure colorisée de 1880 : château de pierres blanches dominant des prairies arborées|gauche|upright=1.2|Château dans la campagne anglaise (Lambton Castle, Durham, au {{s-|XIX|e}}).]]
Jane Austen se fait souvent le chantre des [[paysage]]s anglais et de leur beauté. Outre sa sensibilité propre, on peut sans doute y voir le souvenir de [[William Cowper]], dont les œuvres figurent dans la bibliothèque familiale.

Ainsi, le chapitre 9 de ''[[Sense and Sensibility]]'' décrit abondamment les beautés du [[Devon (comté)|Devon]], autour de Barton Cottage, qui incitent à la promenade :''{{lang|en|The whole country about them abounded in beautiful walks}}'' (« Tout le pays qui les environnait abondait en belles promenades à pied »)<ref>[https://books.google.fr/books?id=oEgJAAAAQAAJ&printsec=toc#PPA39,M1 Jane Austen, ''Sense and Sensibility'', 1833, p. 33-38]</ref>.

Le charme de la campagne anglaise est également évoqué lors de la longue promenade automnale vers Winthrop que font Anne Elliot et sa famille dans ''[[Persuasion (roman)|Persuasion]]'' : '{{citation étrangère|lang=en|(…) Her ''pleasure'' in the walk must arise (…) from the view of the last smiles of the year upon the tawny leaves and withered hedges}} ({{citation|Pour elle, le ''plaisir'' de la promenade devait venir de la contemplation des derniers sourires de l'année sur les feuilles rousses et les haies fanées}})<ref>Jane Austen, ''Persuasion'', chapitre 10.</ref>.

''[[Orgueil et Préjugés|Pride and Prejudice]]'', enfin, met longuement en valeur le somptueux château et l'immense parc de [[Pemberley]]<ref>[https://books.google.fr/books?id=kQ0mAAAAMAAJ&printsec=titlepage Jane Austen, ''Pride and Prejudice'', 1853, p. 211-224]</ref>, parc qui retient tout l'intérêt de Mrs Gardiner à la fin de sa longue lettre à Elizabeth Bennet<ref>[https://books.google.fr/books?id=kQ0mAAAAMAAJ&printsec=titlepage Jane Austen, ''Pride and Prejudice'', 1853, p. 279-283]</ref>.

===== La Révolution française et les guerres napoléoniennes =====
[[Fichier:Aboukir.jpg|vignette|alt=Marine. Sur des barques ou des espars flottants, les marins fuient un navire en feu|Incendie du navire amiral français à la [[Bataille d'Aboukir (1798)|bataille d'Aboukir]], au cours de laquelle la flotte anglaise s'empare d'un vaisseau qui deviendra le ''HMS Canopus'', sous le commandement de [[Francis Austen]].]]
Même si cet aspect apparaît peu dans ses romans, Jane Austen vit une époque déchirée par la [[Révolution française]] et les [[guerres napoléoniennes]]. Les conséquences s'en font sentir au sein même de sa famille, puisque le premier mari de sa cousine [[Eliza de Feuillide|Eliza Hancock]], [[Jean-François Capot de Feuillide|Jean-François de Feuillide]], est [[Guillotine|guillotiné]] en {{date-|février 1794}}<ref>[https://books.google.fr/books?id=n0LmV_Rcb3QC&pg=PA31&dq=%22Jane+Austen%22+Burke+OR+burkean&lr=&as_drrb_is=q&as_minm_is=0&as_miny_is=&as_maxm_is=0&as_maxy_is=&as_brr=0#PPA30,M1 Robert P. Irvine, ''Jane Austen'', 2005, p. 29-34].</ref>.

Ses deux frères [[Francis Austen|Francis]] et [[Charles Austen|Charles]] servent dans la ''[[Royal Navy]]'' pendant les guerres contre la France. Ils deviendront tous deux [[Amiral|amiraux]]. La guerre permet aux officiers, au péril de leur vie, de monter rapidement en grade et aussi d'amasser une fortune grâce à leurs [[parts de prise]] (''{{lang|en|prize money}}''). On retrouve l'écho de ces préoccupations dans les accents patriotiques, lancés à la gloire de la ''Royal Navy'', qui concluent ''[[Persuasion (roman)|Persuasion]]'' : {{Citation bilingue bloc|lang=en
|She gloried in being a sailor's wife, but she must pay the tax of quick alarm for belonging to the profession which is, if possible, more distinguished in its domestic virtues as in its national importance.
|Elle était fière d'être la femme d'un marin, mais, en revanche, elle devait plus d'une fois trembler de le voir appartenir à un corps qui se distingue autant, s'il est possible, par ses vertus domestiques que par son importance nationale<ref>traduction de André Belamich, ''Persuasion'', Christian Bourgois, 1980, p. 235</ref>.}}

Comme l'atteste son ''[[The History of England|Histoire de l'Angleterre]]'', Jane Austen est de mentalité conservatrice. Depuis son adolescence ses sympathies vont au parti ''[[Parti conservateur (Royaume-Uni)|tory]]'', elle est donc loin d'adhérer à l'idéal révolutionnaire. Mais elle est aussi convaincue que de profonds changements sont nécessaires et le proclame dans certains passages de ''[[Mansfield Park]]'' où l'on voit Fanny Price prendre la mesure des réformes de l'[[Mouvement des enclosures|organisation des grandes propriétés]]. Certains critiques, tels Alistair Duckworth ou Marilyn Butler, ont relevé dans son œuvre des accents rappelant [[Edmund Burke|Burke]], avec à la fois une opposition à la [[Révolution française]] et un souci de réformer la propriété terrienne et les institutions sociales de façon radicale. Pour Jane Austen, ces réformes concernent plus le bien collectif que l'intérêt individuel<ref>Robert P. Irvine, ''Jane Austen'', 2005, p. 116-119.</ref>.

== Accueil de la critique et postérité ==
=== Accueil de la critique ===
==== Réactions des contemporains ====
[[Fichier:New-Monthly-Magazine-1816-25-p66-novels-inc-Austen-Emma-detail.jpg|alt=Détail d'une page de magazine|vignette|Le {{1er}} février 1816, la rédaction de ''The New Monthly Magazine'' note la parution de ''Emma'', mais choisit de ne pas en faire la critique, contrairement au roman de Sarah Harriet Burney (''The Shipwreck''), cité au dessus.]]

Parues sous l'anonymat, les œuvres de Jane Austen ne lui valent guère la célébrité. Très vite à la mode parmi l'élite, par exemple auprès de la [[Charlotte Augusta de Galles|princesse Charlotte Augusta]], fille du [[George IV|Prince Régent]], le futur George IV, elles ne reçoivent cependant que de rares critiques favorables<ref name="Honan_289s"/>, et encore, pour la plupart, courtes et superficielles<ref>{{harvsp|Park Honan|1987|p=287-289, 316-317, 372-373}}</ref>{{,}}<ref>Jan Fergus, ''Jane Austen: A Literary Life'', 1991, p. 18–19 ; B. C. Southam, "Introduction", Vol. 1, 1.</ref>. Prudentes, ces critiques se contentent de mettre l'accent sur l'aspect moral des romans de Jane Austen<ref>Mary Waldron, p. 83–91.</ref>. Certaines réactions sont plus perspicaces : ainsi, la feuille du romancier Sir [[Walter Scott]], rédigée sous couvert d'anonymat, défend la cause du roman en tant que genre et loue le réalisme de Jane Austen<ref>B. C. Southam, "Scott in the ''Quarterly Review''", Vol. 1, 58 ; Mary Waldron, "Critical Responses, Early", ''Jane Austen in Context'', 86 ; Duffy, "Criticism, 1814-1870", ''The Jane Austen Companion'', 94-96.</ref>. De même, Richard Whately, en 1821, compare Jane Austen à [[Homère]] et [[Shakespeare]], soulignant les qualités dramatiques de son style narratif. Walter Scott et Whately donnent ainsi le ton de la critique austenienne jusqu'à la fin du {{s-|XIX|e}}<ref>Mary Waldron, "Critical Responses, Early", ''Jane Austen in Context'', p. 89-90 ; Duffy, "Criticism, 1814-1870", ''The Jane Austen Companion'', 97 ; {{harvsp|Watt|1963|p=4-5}}.</ref>.

==== Au {{s-|XIX|e}} ====
Toutefois, les romans de Jane Austen ne correspondant pas aux critères britanniques de la littérature [[Romantisme|romantique]] (représentée plutôt par [[Charlotte Brontë|Charlotte]] et [[Emily Brontë]]), et de l'[[époque victorienne]], selon lesquelles {{citation|une puissante émotion doit être authentifiée par une manifestation insigne de couleur et de son dans l'écriture}}<ref>MacDonagh, p. 146 ; {{harvsp|Watt|1963|p=3-4}}.</ref> <!--which critic said this? (Awadewit) Not Duffy, and I don't have Watt or MacDonagh handy right now to check. Let's note for later (Simmaren.) Bref, à vérifier et à re-sourcer éventuellement (Blufrog) : Je masque donc Duffy, "Criticism, 1814-1870", ''The Jane Austen Companion'', p. 98-99 ; mais après recherche dans Googlebook, cette phrase et ces sources restent des énigmes. Question posée à Awadewit le 22 novembre 2009.-->, les critiques britanniques du {{s-|XIX|e}} préfèrent en général les œuvres de [[Charles Dickens]], de [[William Makepeace Thackeray]] et de [[George Eliot]]<ref>{{harvsp|B. C. Southam|1968|p=2, ''Introduction''}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|B. C. Southam|1987|p=1, ''Introduction''}}</ref>. Bien que Jane Austen soit rééditée en Grande-Bretagne à partir des [[années 1830]] et continue à se vendre, elle ne fait pas partie des auteurs favoris du public<ref>{{harvsp|Johnson|1988|p=211}} ; Gilson, "Later publishing history, with illustrations," {{p.|127}}.</ref>.

[[Fichier:GHLewes1876.jpg|vignette|alt=Gravure sur bois d'après une photo de 1858 : tête à longs favoris et moustache fournie|George Henry Lewes (1817-1878), critique littéraire et mari de [[George Eliot]].]]

Mais elle reste appréciée par l'élite littéraire qui voit dans cet intérêt une preuve de son propre bon goût. [[George Henry Lewes]], lui-même auteur et critique influent, exprime son admiration dans une série d'articles enthousiastes publiés dans les [[années 1840]] et [[Années 1850|1850]]<ref>{{harvsp|B. C. Southam|1968|p=152, ''Introduction''}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|B. C. Southam|1987|p=20-21, ''Introduction''}}</ref>. Il la considère comme {{citation|la plus grande artiste ayant jamais écrit}}<ref>{{harvsp|B. C. Southam|1987|p=140}}.</ref>, un « Shakespeare en prose ». Cette idée perdure dans la seconde moitié du {{s-|XIX|e}} avec le romancier [[Henry James]], qui se réfère plusieurs fois à Jane Austen, allant même une fois jusqu'à la comparer à [[Miguel de Cervantes|Cervantes]] et [[Henry Fielding]] pour ce qu'il appelle leur « remarquable peinture de la vie » (« ''{{lang|en|fine painters of life}}'' »)<ref>{{harvsp|B. C. Southam|1987|p=70}}</ref>.

Des voix dissidentes se font aussi entendre, telles celle de [[Charlotte Brontë]]<ref name="Drabble_53">Margaret Drabble, ''The Oxford Companion to English Literature'', Oxford University Press, 1985, pp. 1155, p. 53.</ref>, qui la trouve trop limitée, ou celle de la poétesse [[Elizabeth Barrett Browning]] aussi<ref name="Drabble_53"/>, qui, alors qu'elle entreprend son ''Aurora Leigh'', écrit de Jane :
{{citation bilingue bloc|lang=en
|She is perfect in what she attempts… but her excellence lies, I do hold, rather in the execution than the aspiration. It is a narrow, earthly, & essentially unpoetical view of life […] Her human characters never look up; and when they look within, it is not deeply… Conventional Life is not the Inward Life. […] God, Nature, the Soul … what does she say, or suggest of these<ref>Elizabeth Barrett Browning, ''Letters of Elizabeth Barrett Browning to Mary Russell Mitford'', 1836-1854, ed. Elvan Kintner, 2 vols., Cambridge, Mass., 1969, ii, page 238.</ref>?
|Elle atteint la perfection dans ce qu'elle entreprend… mais son excellence, me semble-t-il, repose plus dans l'exécution que dans l'aspiration. Sa vision de la vie est étroite, terre à terre et essentiellement non-poétique […] Ses personnages ne lèvent jamais le regard, et quand ils le tournent vers eux-mêmes, ils ne touchent pas au tréfonds […] La Vie Conventionnelle n'est pas la Vie Intérieure […] Dieu, la Nature, l'Âme, qu'est-ce qu'elle en dit, ou même suggère à leur propos ?}}

Ces deux femmes, passionnées, ne sauraient, en effet, se contenter d'« un petit bout d'ivoire » ciselé.

En 1869, la publication de ''[[A Memoir of Jane Austen]]'' (''Souvenir de Jane Austen'') par le neveu de la romancière, [[James Edward Austen-Leigh]], offre à un public élargi le portrait d'une « chère tante Jane », vieille fille de grande respectabilité. Cette parution engendre un regain d'intérêt pour l'œuvre, dont les premières éditions populaires sont disponibles en 1883 et sont bientôt suivies par des versions illustrées et des collections<ref>{{harvsp|B. C. Southam|1987|p=58-62}}</ref>. [[Leslie Stephen]], le père de [[Virginia Woolf]], écrivain et critique, qualifie l'engouement qui s'empare du public dans les [[années 1880]] d'« Austenolâtrie »<ref>{{harvsp|B. C. Southam|1987|p=47, ''Introduction''}}</ref>. Au tout début des [[années 1900]], certains membres de l'élite littéraire qui se définissent eux-mêmes comme les ''[[Janeite]]s'', réagissent contre cette ferveur : selon eux le peuple ne peut comprendre le sens profond de l'œuvre auquel eux seuls ont accès<ref>{{harvsp|B. C. Southam|1987|p=46}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Johnson|1988|p=213}}.</ref>. Ainsi, [[Henry James]] parle d'« une fascination amoureuse » (''{{lang|en|a beguiled infatuation}}'') dépassant la portée et l'intérêt intrinsèques de son objet<ref>{{harvsp|B. C. Southam|1987|p=230}}</ref>.

Quoi qu'il en soit, durant le dernier quart du {{s-|XIX|e}} la critique britannique fait la part belle à Jane Austen. Après la publication des « Souvenirs » du neveu, son œuvre attire plus d'attention en deux ans que pendant les cinquante années précédentes<ref>{{harvsp|B. C. Southam|1968|p=1, ''Introduction''}}.</ref>.

La célébrité de la romancière dans le [[Francophonie|monde francophone]] est plus tardive. Le premier critique français à lui prêter attention est [[Philarète Chasles]] (1837-1873) qui la déprécie complètement en tant qu'écrivaine, ne lui consacrant que deux phrases dans un essai de 1842 sur l'influence de Sir [[Walter Scott]], la qualifiant d'écrivaine ennuyeuse et d'imitatrice n'ayant rien écrit de substantiel<ref name="auto">{{Article|langue=en|auteur=Noel King|titre=Jane Austen in France|périodique=Nineteenth-Century Fiction|volume=8|numéro=1|date=juin 1953|pages=23}}</ref>. En dehors de Chasles, Jane Austen est presque totalement ignorée en France jusqu'en 1878<ref name="auto"/>, lorsque le critique français Léon Boucher publie son essai ''Le Roman classique en Angleterre'', dans lequel il qualifie Jane Austen de génie : c'est la première fois que cette épithète est utilisé en France pour décrire Jane Austen<ref name="auto1">{{Article|langue=en|auteur=Noel King|titre=Jane Austen in France|périodique=Nineteenth-Century Fiction|volume=8|numéro=1|date=juin 1953|pages=24}}</ref>.

==== Au {{s-|XX|e}} ====
[[Fichier:ChapmanAustenTitlePage.jpg|vignette|alt=Page de titre du volume 1, annonçant notes, index et illustrations d'époque|Page de titre de l'édition complète des romans de Jane Austen établie par R. W. Chapman en 1923.]]
Deux séries d'ouvrages ont pavé la route menant l'œuvre de Jane Austen à la reconnaissance académique. Le premier jalon est un essai de 1911, écrit par un spécialiste de Shakespeare, [[Andrew Cecil Bradley]], de l'[[Université d'Oxford]], et {{citation|généralement considéré comme le point de départ d'une recherche universitaire sérieuse}}<ref name="BS-79">{{harvsp|B. C. Southam|1987|p=79}}</ref>{{,}}<ref>B. C. Southam, cité dans Trott, "Critical Responses, 1830-1970", {{p.|92}}</ref>. Bradley catégorise les romans de Jane Austen en « précoces » et « tardifs », méthodologie encore utilisée aujourd'hui<ref name="BS-79"/>. Parallèlement, en France, le premier ouvrage universitaire consacré à la romancière est ''Jane Austen'' de Paul et Kate Rague paru en 1914, avec la caution d'[[Émile Legouis]] et d'[[André Koszul]], professeurs à la [[Faculté des lettres de Paris]], dans lequel les auteurs s'efforcent de démontrer que Jane Austen mérite d'être prise au sérieux par la critique et le lectorat français<ref name="auto1"/>. La même année, Léonie Villard soutient à l'[[université de Lyon]] sa thèse de [[doctorat ès lettres]], qui sera ensuite publiée sous le titre : ''Jane Austen, Sa Vie et Ses Œuvres''. Ces deux travaux simultanés marquent le début des études académiques françaises consacrées à la romancière<ref name="auto1"/>.

Deuxième jalon, l'édition complète établie par R. W. Chapman en 1923, la première édition savante, et aussi la première du genre qui soit consacrée à un romancier anglais, si bien que Chapman sert de référence pour toutes les éditions ultérieures<ref>{{harvsp|B. C. Southam|1987|p=99-100}}</ref>{{,}}<ref name="YW-10"/>{{,}}<ref>Gilson, "Later Publishing History, with Illustrations", p. 149-50 ; {{harvsp|Johnson|1988|p=218}}.</ref>. Après cela, vient en 1939 le ''Jane Austen and Her Art'' (''Jane Austen et son art''), de Mary Lascelles, qui donne à la recherche austenienne ses lettres de noblesse<ref>{{harvsp|B. C. Southam|1987|p=107-109, 124}}</ref>. Cette étude novatrice comprend une analyse des lectures de la romancière, de l'impact qu'elles ont pu exercer sur son œuvre, ainsi qu'un examen approfondi de son style et de son « art narratif » (''narrative art'').

Les [[années 1940]] voient une réévaluation de son œuvre, qui est abordée par les chercheurs sous des angles nouveaux, par exemple celui de la subversion. [[Denys W. Harding|D. W Harding]], dans un essai ayant ouvert une nouvelle piste de réflexion, la présente en satiriste {{citation|plus acerbe que délicate}} ({{citation étrangère|langue=en|more astringent than delicate}}), une critique sociale en quête {{citation|d'une discrète survie spirituelle}} ({{citation étrangère|langue=en|unobtrusive spiritual survival}}) au travers de ses œuvres<ref>[[Denys W. Harding|D. W. Harding]], "Regulated Hatred: An aspect of the Work of Jane Austen", in ''Scrutiny'', 1940, cité par Margaret Drabble, 1995, p. 53.</ref>. Enfin, les jugements de valeur portés par [[F. R. Leavis]] et [[Ian Watt]], qui placent Jane Austen parmi les plus grands auteurs de fiction de langue anglaise, assurent définitivement la prééminence de la romancière auprès des universitaires<ref>{{harvsp|Johnson|1988|p=219}}</ref>{{,}}<ref name="Todd200620">{{harvsp|Todd|2006|p=20}}</ref>. Tous s'accordent à penser qu'« elle combine les qualités d'intériorité et d'ironie, de réalisme et de satire de [[Henry Fielding]] et de [[Samuel Richardson]], et s'avère supérieure à l'un comme à l'autre »<ref name="Todd200620"/>. Après la [[Seconde Guerre mondiale]], d'autres études sont menées, faisant appel à diverses approches critiques, par exemple le [[féminisme]], ou, de façon peut-être plus discutable<ref>Wendy Martin,Danielle Hinrichs,Sharon Becker, [https://books.google.fr/books?id=1o_WAAAAMAAJ&q=Jane+Austen+controversial+%22post+colonial%22&dq=Jane+Austen+controversial+%22post+colonial%22&lr=&as_drrb_is=q&as_minm_is=0&as_miny_is=&as_maxm_is=0&as_maxy_is=&as_brr=0 ''The art of the short story: stories and authors in historical context ''], Houghton Mifflin, 2005, p. 1395</ref>, le [[post-colonialisme]].

Cette lecture post-coloniale a porté pour l'essentiel sur ''Mansfield Park'', à la suite de l'analyse d'[[Edward Saïd]] dans son essai de 1994, ''Jane Austen and Empire'', qui s'attache au rôle joué par les propriétés de Sir Thomas dans les [[Antilles britanniques|Indes occidentales]]. À ce compte, on voit en lui un planteur vivant de l'esclavage (encore que, selon d'autres critiques, Mansfield Park et ses terres suffisent à lui assurer l'essentiel de ses revenus). Dès lors, les silences de Jane Austen à ce propos témoigneraient d'une prise de conscience du caractère honteux de cette exploitation. C'est là une hypothèse que peut corroborer un très court échange entre Fanny et Edmund : {{Citation bloc|- ''Did you not hear me ask him [Sir Bertram] about the slave trade last night?'' (« Ne m'as-tu pas entendu le questionner [Sir Bertram] à propos de l'esclavage hier soir ? »)<br />
- ''I did — and was in hopes the question would be followed up by others. It would have pleased your uncle to be inquired of further'' (« Oui, mais j'espérais que d'autres questions auraient suivi. Cela aurait plu à ton oncle qu'on lui en demande plus sur le sujet. »)<ref>Voir à ce sujet [https://books.google.fr/books?id=TdqXqnmDnk8C&pg=PA179&dq=%22post+colonial%22+%22mansfield+park%22&lr=&as_drrb_is=q&as_minm_is=0&as_miny_is=&as_maxm_is=0&as_maxy_is=&as_brr=0#v=onepage&q=%22post%20colonial%22%20%22mansfield%20park%22&f=false John Gibson,Wolfgang Huemer, ''The literary Wittgenstein'', Routledge, 2004, p. 179], ou encore [https://books.google.fr/books?id=uCm7_w6bKUkC&pg=PA193&dq=%22post+colonial%22+%22mansfield+park%22&lr=&as_drrb_is=q&as_minm_is=0&as_miny_is=&as_maxm_is=0&as_maxy_is=&as_brr=0#v=onepage&q=%22post%20colonial%22%20%22mansfield%20park%22&f=false Bill Ashcroft,Gareth Griffiths,Helen Tiffin, ''The empire writes back'', Routledge, 1989, p. 193], [https://books.google.fr/books?id=hiRDc5N27YkC&pg=PA24&dq=Jane+Austen+controversial+%22post+colonial%22&lr=&as_drrb_is=q&as_minm_is=0&as_miny_is=&as_maxm_is=0&as_maxy_is=&as_brr=0#v=onepage&q=&f=false John McLeod, ''Beginning postcolonialism'', Manchester University Press, 2000, p. 24] ou surtout l'analyse de Clara Tuite dans You-Me Park, [[Rajeswari Sunder Rajan]], [https://books.google.fr/books?id=ZDbHLXRoWWQC&pg=PA93&dq=%22post+colonial%22+%22mansfield+park%22&lr=&as_drrb_is=q&as_minm_is=0&as_miny_is=&as_maxm_is=0&as_maxy_is=&as_brr=0#v=onepage&q=%22post%20colonial%22%20%22mansfield%20park%22&f=false ''The Postcolonial Jane Austen'', Routledge, 2004, p. 93 et suivantes]</ref>.}}
Quoi qu'il en soit, l'écart continue à se creuser entre l'engouement populaire, en particulier chez les [[Janeite]]s (les admirateurs inconditionnels de Jane Austen), fondé sur le charme immédiat que dégage l'œuvre, et les austères analyses universitaires qui ne cessent d'explorer de nouvelles pistes avec des fortunes diverses<ref>{{harvsp|Edward Copeland|Juliet McMaster|1997|p=219-223}}, {{harvsp|B. C. Southam|1987|p=108, 127}}, {{harvsp|Janet Todd|2006|p=20}}</ref>{{,}}<ref name="YW-10">{{harvsp|Watt|1963|p=10-11, "Introduction"}}</ref>.

=== Postérité de l'œuvre ===
Très vite des [[Roman (littérature)|romanciers]], contemporains de Jane Austen mais ayant vécu plus longtemps, se sont inspirés de son œuvre. Susan Ferrier (1782-1854), romancière [[Écosse|écossaise]], explore des thèmes comiques, dépourvus toutefois de l'{{Citation|urbanité économe et intelligente}} de Jane<ref>{{harvsp|Sanders|1996|p=371}}.</ref>. Il en va de même de John Craft (1779-1839), lui aussi écossais, dont la forme d'écriture rappelle celle de Jane Austen car se voulant {{citation|de nécessité limitée aux événements d'une localité bien circonscrite}} ({{citation étrangère|lang=en|theoretical histories limited […] necessarily to the events of a circumscribed locality}}<ref>{{harvsp|Sanders|1996|p=371-372}}.</ref>.

Mais c'est à partir du {{s|XX|e}} que l'on voit fleurir les œuvres inspirées par Jane Austen, d'abord les [[Romance historique|romans]] de [[Georgette Heyer]] puis, à l'apparition du [[cinéma]] et surtout de la [[télévision]], toute une [[Fanfictions de Jane Austen|industrie paralittéraire de réécritures, de suites, voire de transpositions proximisantes]] de qualités très variables<ref>{{lien web|url=http://janeausten.hautetfort.com/archive/2010/09/13/jane-austen-sequels-prequels-et-variations.html|titre=Liste d'œuvres inspirée par Jane Austen|date=14 septembre 2010|site=Janeausten.hautefort.com}}</ref>, dont certaines progressivement traduites en français<ref>{{Lien web|url=http://janeausten.hautetfort.com/archive/2011/01/19/jane-austen-et-les-traductions-francaises.html|titre=Jane Austen et les traductions françaises|date=20 janvier 2011|site=Janeausten.hautefort.com}}</ref>.

==== Adaptations cinématographiques et télévisuelles ====
[[Fichier:Keira Knightley 2005.jpg|vignette|alt=Photo de l'artiste|upright=0.8|[[Keira Knightley]] au Festival du Film de Toronto, en 2005, lors de la sortie d'''[[Orgueil et Préjugés (film, 2005)|Orgueil et Préjugés]]'', où elle tient le rôle d'Elizabeth Bennet.]]
[[Fichier:Sally Hawkins (2007).jpg|vignette|upright=0.8|alt=Photo de l'artiste pendant une pose|[[Sally Hawkins]] lors du tournage de ''[[Persuasion (téléfilm, 2007)|Persuasion]]'', où elle interprète le rôle de Anne Elliot.]]

===== ''[[Orgueil et Préjugés]]'' =====
* [[1940 au cinéma|1940]] : ''[[Orgueil et Préjugés (film, 1940)|Orgueil et Préjugés]]'' (''Pride and Prejudice'') réalisé par [[Robert Z. Leonard]].
* [[1980 à la télévision|1980]] : ''[[Orgueil et Préjugés (mini-série, 1980)|Orgueil et Préjugés]]'', téléfilm de [[Cyril Coke]], avec [[David Rintoul]] et [[Elizabeth Garvie]].
* [[1995 à la télévision|1995]] : ''[[Orgueil et Préjugés (mini-série, 1995)|Orgueil et Préjugés]]'', [[mini-série]] télévisée de [[Simon Langton]], avec [[Colin Firth]] et [[Jennifer Ehle]].
* [[2005 au cinéma|2005]] : ''[[Orgueil et Préjugés (film, 2005)|Orgueil et Préjugés]]'' (''Pride & Prejudice'') de [[Joe Wright]], avec [[Keira Knightley]].
* 2012-2013 : ''[[The Lizzie Bennet Diaries]]'', [[web-série]] dramatique [[Transmedia storytelling|interactive]] en 100 épisodes de Bernie Su et Hank Green, ou ''Orgueil et Préjugés'' à l'époque d'[[Internet]]<ref>{{lien web|langue=en|url=http://newsfeed.time.com/2012/04/24/pride-and-prejudice-the-web-diary-edition/|titre=''Pride and Prejudice'', the Web Diary Edition|date=24 avril 2012|consulté le=11 juin 2013|site=[[Time (magazine)|Time]]|auteur=Heba Hasan}}</ref>.

===== ''[[Emma (roman)|Emma]]'' =====
* [[1972 à la télévision|1972]] : ''[[Emma (série télévisée, 1972)|Emma]]'', série produite par la [[British Broadcasting Corporation|BBC]], avec Doran Godwin.
* [[1996 à la télévision|1996]] : ''[[Emma (téléfilm, 1996)|Emma]]'', téléfilm réalisé par Diarmuid Lawrence, avec [[Kate Beckinsale]].
* [[1997 au cinéma|1997]] : ''[[Emma, l'entremetteuse]]'' (''Emma'') réalisé par [[Douglas McGrath]], avec [[Gwyneth Paltrow]].
* [[2009 à la télévision|2009]] : ''[[Emma (mini-série, 2009)|Emma]]'', série télévisée en quatre parties de la BBC, avec [[Romola Garai]] et [[Jonny Lee Miller]].
* [[2013]] : ''Emma Approved'', [[web-série]] par Pemberley Digital, avec Joanna Sotomura.
* [[2020 au cinéma|2020]] : ''[[Emma (film, 2020)|Emma]]'', film britannique par [[Autumn de Wilde]] avec [[Anya Taylor-Joy]] et [[Johnny Flynn]].

===== ''[[Raison et Sentiments]]'' =====
* [[1971 à la télévision|1971]] : ''Sense and Sensibility'', mini-série de [[David Giles (réalisateur)|David Giles]] pour la [[British Broadcasting Corporation|BBC]], avec [[Joanna David]] dans le rôle d'Elinor et Ciaran Madden dans celui de Marianne.
* [[1981 à la télévision|1981]] : ''Sense and Sensibility'', mini-série de Rodney Bennett pour la [[British Broadcasting Corporation|BBC]], avec Irene Richard et [[Tracey Childs]].
* [[1995 au cinéma|1995]] : ''[[Raison et sentiments (film, 1995)|Raison et sentiments]]'' ; (''Sense and sensibility'') de [[Ang Lee]] avec [[Emma Thompson]], [[Kate Winslet]], [[Hugh Grant]] et [[Alan Rickman]].
* [[2000 au cinéma|2000]] : ''[[Kandukondain Kandukondain]]'', un film indien tiré du roman, avec [[Tabu]] et [[Aishwarya Rai]].
* [[2008 à la télévision|2008]] : ''[[Raison et Sentiments (mini-série)|Raison et Sentiments]]'', mini-série de John Alexander pour la [[British Broadcasting Corporation|BBC]], avec [[Hattie Morahan]] et [[Charity Wakefield]].

===== ''[[Mansfield Park]]'' =====
* [[1983 à la télévision|1983]] : ''[[Mansfield Park (mini-série)|Mansfield Park]]'', mini-série de [[David Giles (réalisateur)|David Giles]], avec [[Sylvestra Le Touzel]] et [[Nicholas Farrell]].
* [[1999 au cinéma|1999]] : ''[[Mansfield Park (film)|Mansfield Park]]'', film britannique de [[Patricia Rozema]], avec [[Frances O'Connor]] et [[Embeth Davidtz]].
* [[2007 au cinéma|2007]] : ''[[Mansfield Park (téléfilm, 2007)|Mansfield Park]]'' avec [[Billie Piper]].

===== ''[[Northanger Abbey]]'' =====
* [[1986 à la télévision|1986]] : ''Northanger Abbey'', téléfilm de [[Giles Foster]], avec [[Katharine Schlesinger]].
* [[2007 au cinéma|2007]] : ''[[Northanger Abbey (téléfilm)|Northanger Abbey]]'', téléfilm de [[Jon Jones (réalisateur)|Jon Jones]], avec [[Felicity Jones]] et [[JJ Feild]].

===== ''[[Persuasion (roman)|Persuasion]]'' =====
* [[1995 au cinéma|1995]] : ''[[Persuasion (film)|Persuasion]]'', film britannique de [[Roger Michell]], avec [[Amanda Root]] et [[Ciaran Hinds]].
* [[2007 à la télévision|2007]] : ''[[Persuasion (téléfilm, 2007)|Persuasion]]'', téléfilm de [[Adrian Shergold]], avec [[Sally Hawkins]], [[Rupert Penry-Jones]], [[Anthony Stewart Head|Anthony Head]] et [[Julia Davis]].
* [[2022]] : Persuasion, film de Carrie Cracknell, avec [[Dakota Johnson]].

===== Autres =====
* [[2016]] : [[Love and Friendship (film)|''Love and Friendship'']], film irlando-franco-néerlandais de [[Whit Stillman]], avec [[Kate Beckinsale]].

==== Œuvres inspirées par Jane Austen ====
[[Fichier:Anne Hathaway (actress).jpg|vignette|upright=0.8|alt=Photo de l'artiste en noir et blanc|[[Anne Hathaway (actrice)|Anne Hathaway]], qui interprète le rôle de Jane Austen dans le film ''[[Jane (film, 2007)|Jane]]'' de 2007.]]

===== Cinéma =====
* [[1995 au cinéma|1995]] : ''[[Clueless (film)|Clueless]]'', de [[Amy Heckerling]] (adaptation moderne de ''[[Emma (roman)|Emma]]'').
* [[2004 au cinéma|2004]] : ''[[Coup de foudre à Bollywood]]'' (''Bride and Prejudice''<ref group="N">Littéralement : « Mariée et préjugés ». Le jeu de mots entre ''Pride'' (orgueil) et ''Bride'' (mariée) est intraduisible en français.</ref>) de [[Gurinder Chadha]], film américano-britannique avec [[Aishwarya Rai]] et [[Martin Henderson]] (transposition dans l'Inde contemporaine).
* [[2007 au cinéma|2007]] : ''[[The Jane Austen Book Club]]'' (fiction fondée sur les œuvres majeures de l'écrivaine).
* [[2007 au cinéma|2007]] : ''[[Jane (film, 2007)|Jane]]'' (''Becoming Jane''), biographie romancée de Jane Austen réalisée par [[Julian Jarrold]], avec [[Anne Hathaway (actrice)|Anne Hathaway]] dans le rôle-titre, et [[James McAvoy]] dans celui de [[Thomas Langlois Lefroy|Tom Lefroy]].
* [[2013 au cinéma|2013]] : ''[[Austenland]]'' réalisée par [[Jerusha Hess]], avec [[Keri Russell]] dans le rôle de Jane Hayes qui visite un [[parc à thème]] consacré à Jane Austen dans l'espoir d'y rencontrer son [[Fitzwilliam Darcy|Mr Darcy]].

===== Littérature =====
* [[1820 en littérature|1820]] : ''Précaution'', le premier roman de [[James Fenimore Cooper]], imitation des romans de Jane Austen<ref>{{lien web|url=http://www.kirjasto.sci.fi/jfcooper.htm|titre=''James Fenimore Cooper (1789-1851)''|site=kirjasto.sci.fi|consulté le=2 février 2013}}</ref>, dont il ne possède ni l'humour, ni la profondeur dans la description des personnages.
* [[1919 en littérature|1919]] : ''[[Nuit et Jour (roman)|Nuit et Jour]]'', le deuxième roman de [[Virginia Woolf]], dans toute sa facture, style, personnages, trame de l'histoire, est largement inspiré par les romans de Jane Austen que Virginia Woolf admire profondément et dont elle parle régulièrement dans son journal<ref>[https://books.google.fr/books?id=whFmzjy31FQC&pg=PA87&dq=Austen+Woolfe+%22Night+and+Day%22&lr=&as_drrb_is=q&as_minm_is=0&as_miny_is=&as_maxm_is=0&as_maxy_is=&as_brr=3#v=onepage&q=&f=false Flóris Delattre, ''Le Roman psychologique de Virginia Woolf'', Vrin, 1967, p. 87]</ref>.
* [[1996 en littérature|1996]] : ''[[Le Journal de Bridget Jones (roman)|Le Journal de Bridget Jones]]'' (''Bridget Jones's Diary'') de [[Helen Fielding]], hommage multiple à ''Orgueil et Préjugés''. Ce roman a été adapté au [[Le Journal de Bridget Jones (film)|cinéma]] en 2001<ref>[https://books.google.fr/books?id=8cp-Z_G42g4C&pg=PR18&dq=%22Jane+Austen%22+%22Bridget+Jones%27s+Diary%22&lr=&as_drrb_is=q&as_minm_is=0&as_miny_is=&as_maxm_is=0&as_maxy_is=&as_brr=3#v=onepage&q=%22Jane%20Austen%22%20%22Bridget%20Jones's%20Diary%22&f=false Jane Austen,James Kinsley,Fiona Stafford, Introduction de ''Pride and Prejudice'', Oxford University Press, 2004, p. xviii]</ref>.
* [[2005 en littérature|2005]] : [[Allan Bloom]], ''Love and Friendship'' (''L'amour et l'amitié'', Livre de Poche. Biblio-Essais, 2003). Cet ouvrage, qui contient des commentaires suivis des œuvres de [[Jean-Jacques Rousseau]], [[Platon]] et [[Shakespeare]], contient aussi un chapitre suggestif sur l'œuvre de Jane Austen<ref>Robert Morrison, [https://books.google.fr/books?id=CT7s40ftQYkC&pg=PA90&dq=%22Jane+Austen%22+allan++bloom+%22Love+and+Friendship%22&lr=&as_drrb_is=q&as_minm_is=0&as_miny_is=&as_maxm_is=0&as_maxy_is=&as_brr=0#v=onepage&q=&f=false ''Jane Austen's Pride and Prejudice: a sourcebook''], Routledge, 2005, p. 90-91</ref>.
* [[2009 en littérature|2009]] : ''[[Orgueil et préjugés et zombies]]'' (''Pride and Prejudice and Zombies''), une parodie d'''Orgueil et Préjugés'' de [[Seth Grahame-Smith]] et sa suite ''Sense and Sensibility and Sea Monsters'' de Ben H. Winters, une parodie de ''Raison et Sentiments''.
* Jane Austen est le personnage principal d'une série de romans policiers historiques de [[Stephanie Barron]].
* [[2011 en littérature|2011]] : ''[[La mort s'invite à Pemberley]]'' (''{{lang|en|Death Comes to Pemberley}}'') roman policier de [[P. D. James]], dont l'action se situe en 1803, six années après le mariage de Darcy et Elizabeth, dans lequel les personnages se trouvent impliqués dans une intrigue policière.
* 2015 : ''Une saison à Longbourn''<ref>{{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|titre=Une saison à Longbourn|sous-titre=roman|lieu=Paris|éditeur=[[Hachette Livre|Librairie générale française]]|date=2021-09-19|pages totales=453|isbn=978-2-253-06850-1|lire en ligne=https://www.livredepoche.com/livre/une-saison-longbourn-9782253068501|consulté le=2022-08-07}}</ref> (''Longbourn''), un roman de l'auteur féminin britannique [[Jo Baker]] qui propose une réécriture d{{'}}''[[Orgueil et Préjugés]]'' du point de vue des domestiques de la famille Bennet.
* [[2015]] : ''Lady Rose & Miss Darcy, deux cœurs à prendre…'', le premier roman de [[Lhattie-Haniel]], romancière française, est inspiré de l'univers d’''[[Orgueil et Préjugés]]''.
* [[2017]] : ''Le Mystérieux Secret de Jane Austen''<ref>{{lien web|url=https://www.babelio.com/livres/Haniel-Le-mysterieux-secret-de-Jane-Austen/760351|titre=Le Mystérieux Secret de Jane Austen|site=babelio.com|consulté le=5 janvier 2020}}</ref>, cinquième roman de Lhattie Haniel, est une biographie romancée écrite à la première personne du singulier et découpée en trois parties. La première partie permet de découvrir Jane Austen dès sa naissance ; la seconde partie entraîne le lecteur dans une fiction. Lhattie Haniel a souhaité donner son roman à la dame de lettres anglaise ; la troisième partie qui clôt cette écriture particulière et fictive permet d'émettre une réponse hypothétique : Pourquoi Jane Austen a-t-elle rendu sa demande à [[#Bath et Southampton|Harris Bigg-Wither]] ?
* [[2018]] : ''Victoria Hall'', de Lhattie Haniel, est une sorte de [[fanfiction]] d’''Orgueil et Préjugés'', puisque l'on y trouve les descendants des Darcy.
* [[2019]] : ''Lord Bettany'', de Lhattie Haniel, est le [[Crossover (fiction)|crossover]] de ''Lady Rose & Miss Darcy, deux cœurs à prendre...'' On y retrouve [[Fitzwilliam Darcy]] d’''Orgueil et Préjugés'', qui est le rival de Lord Bettany.

===== Télévision =====
* [[1987 à la télévision|1987]] : Dans la série à succès de la BBC, [[La Vipère noire (série télévisée)|''Blackadder'']], la troisième saison, ''Blackadder the Third'', se déroule à l'époque de la [[Représentation de l'Angleterre georgienne chez Jane Austen|Régence]]. Le personnage principal est maître d'hôtel d'un [[George IV|Prince Régent]] quelque peu demeuré. Les titres des épisodes font tous référence à Jane Austen, sur le modèle de ''[[Sense and Sensibility]]'' : ''Dish and Dishonesty'', ''Ink and Incapability'', ''Nob and Nobility'', ''Sense and Senility'', ''Amy and Amiability'' et ''Duel and Duality''.
* [[2007 à la télévision|2007]] : [[Le Choix de Jane|''Miss Austen Regrets'' (''Le Choix de Jane'')]], téléfilm de la [[British Broadcasting Corporation|BBC]] relatant la fin de la vie de Jane Austen, alors qu'elle conseille sa nièce [[Fanny Knight]] dans le choix d'un mari, en se remémorant sa propre expérience.
* [[2008 à la télévision|2008]] : ''[[Orgueil et Quiproquos]]'' (''Lost in Austen''), mini-série parodique en quatre épisodes de ITV : Amanda Price, une jeune femme à l’existence ordinaire, aime se plonger dans les romans de Jane Austen, et surtout ''Orgueil et Préjugés''. Un jour, Elizabeth Bennet apparaît dans sa salle de bains et lui montre un passage entre leurs deux mondes. Alors, Amanda se retrouve au sein de la famille Bennet, sans possibilité de retour, Lizzie ayant refermé la porte derrière elle...

===== Musique =====
* [[1998 en musique|1998]] : ''Jane Austen's Door'' (morceau du guitariste [[Steve Hackett]], du groupe anglais [[Genesis (groupe)|Genesis]]).

===== Jeu de société =====
* Un jeu de société intitulé ''A Game of Marriage, based upon the World of Jane Austen'' a été publié aux éditions Past Times.
* ''Marrying Mr. Darcy'' est une adaptation en jeu de cartes de ''Pride and Prejudice'' par Erika Svanoe, illustré par Erik Evensen.

===== Jeu vidéo =====
Jane Austen est la narratrice du jeu vidéo ''[[Saints Row IV]]''. Elle fait aussi une brève apparition à la fin du jeu vidéo. Le protagoniste et l'antagoniste de l'histoire semblent tous les deux lui vouer une certaine admiration.

===== Monnaie britannique =====
Depuis la mise en circulation d'un nouveau billet le {{date-|14 septembre 2017}}, un portrait de Jane Austen figure sur les coupures de 10 [[Livre sterling|livres]] à la place de celui de [[Charles Darwin]]. La romancière est, hormis la [[Élisabeth II|reine]], la seule femme à figurer sur une coupure britannique. Une citation extraite d'''Orgueil et Préjugés'' accompagne son portrait : {{Citation étrangère|langue=en|I declare after all there is no enjoyment like reading!}} (« Je déclare qu'après tout il n'y a pas de plaisir qui vaille la lecture ! »). La citation retenue suscite quelques critiques, dans la mesure où la phrase est placée dans la bouche de [[Orgueil et Préjugés#Caroline Bingley|Caroline Bingley]], personnage hypocrite qui ne pense manifestement pas ce qu'elle dit<ref>{{Article|langue=fr|titre=Le billet à l'effigie de Jane Austen crée une polémique littéraire et monétaire|périodique=FIGARO|date=2017-12-27|lire en ligne=http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2017/12/27/20002-20171227ARTFIG00042-le-billet-a-l-effigie-de-jane-austen-cree-une-polemique-litteraire-et-monetaire.php|consulté le=2018-01-10}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=en|titre=Why that Jane Austen quotation on the new £10 note is a major blunder|périodique=The Guardian|date=25 juillet 2013|lire en ligne=https://www.theguardian.com/business/shortcuts/2013/jul/25/jane-austen-quotation-10-note|consulté le=10 janvier 2018}}</ref>.

== Chronologie de la vie et de l'œuvre de Jane Austen ==
Événements clés touchant à la vie et l'œuvre de Jane Austen (y compris certains événements majeurs de l'histoire anglaise d'alors)<ref>Deirdre Le Faye, [https://books.google.fr/books?id=hQlx8cMfWGQC&printsec=frontcover#PPA1,M1 ''A chronology of Jane Austen and her family''], 2006</ref>{{,}}<ref>Kathryn Sutherland, Janet M. Todd, [https://books.google.fr/books?id=TVcNgW5uH5oC&pg=PP1&dq=janet+M.+Todd++%22jane+austen%22&lr=&as_brr=0#PPR7,M1 ''Jane Austen in context''], 2005, « Chronology of composition and publication », p. 12-22</ref>{{,}}<ref>Jane Austen, James Kinsley, Fiona J. Stafford, « A Chronology of Jane Austen », [https://books.google.fr/books?id=8cp-Z_G42g4C&pg=PR41&dq=chronology+%22Jane+austen%22&lr=&as_drrb_is=q&as_minm_is=0&as_miny_is=&as_maxm_is=0&as_maxy_is=&as_brr=0 ''Pride and Prejudice''], 2004, p. xli-xlvi</ref>{{,}}<ref>Jane Austen, Pat Rogers, « Chronology » de Deirdre Le Fay, [https://books.google.fr/books?id=yxIHAemJKM4C&pg=RA1-PR17&dq=austen+James+wife+1795+%22jane+austen%22+dies+OR+dead+OR+death&lr=&as_drrb_is=q&as_minm_is=0&as_miny_is=&as_maxm_is=0&as_maxy_is=&as_brr=0 ''Pride and Prejudice''], 2006, p. xv-xxi</ref> :

=== Enfance et adolescence ===
* 1775 : {{date-|16 décembre}}. Naissance de Jane Austen à Steventon, seconde fille, après [[Cassandra Austen|Cassandra Elizabeth]], d'une famille comprenant deux filles et six garçons.
* 1779 : naissance de [[Charles Austen]], le plus jeune fils.
* 1781 : la cousine de Jane, [[Eliza de Feuillide|Eliza Hancock]], épouse en France [[Jean-François Capot de Feuillide]].
* 1782 : les Austen montent leurs premières pièces de théâtre amateur.
* 1783 : avec leur cousine Jane Cooper, Jane et Cassandra étudient sous la direction de Mrs Cawley, à Oxford d'abord, puis à Southampton, où elles contractent le typhus.
* 1785 : études à Abbey House School, à Reading, avec Cassandra.
* 1786 : leur frère [[Francis Austen|Francis]] entre à la ''Royal Naval Academy'', à Portsmouth. Jane et Cassandra quittent définitivement l'école.
* 1787 : Jane commence à écrire ses ''Juvenilia''. Sa cousine Eliza de Feuillide leur rend visite à Steventon.
* 1788 : leur frère Henry va au ''Saint John's College'' d'Oxford. Francis part aux Indes orientales sur le ''HMS Perseverance''.
* 1789 : James et Henry, à Oxford, commence la publication de leur périodique ''The Loiterer'' (jusqu'en {{date-|mars 1790}}). <br />Le {{date-|14 juillet}}, la [[Révolution française]] éclate.
* 1790 : Jane termine ''[[Amour et Amitié|Love and Freindship]]'' au mois de juin.
* 1791 : Charles, le plus jeune frère, rentre à son tour à la ''Royal Naval Academy'' à Portsmouth. Edward épouse Elizabeth Bridges.
* 1792 : Jane commence ''Catharine, or the Bower''. Cassandra et Tom Fowle se fiancent.
* 1793 : {{date-|3 juin}}. Jane termine ses ''Juvenilia''.
* 1794 : Jane travaille sans doute à ''[[Lady Susan]]''. En février, le mari d'Eliza de Feuillide est guillotiné en France.

=== Les grands romans ===
* 1795 : Jane écrit ''Elinor and Marianne'', première version du futur ''[[Sense and Sensibility]]''. Le {{date-|3 mai}}, Anne, la première femme de James, meurt et leur fille Anna est envoyée vivre à Steventon. Flirt de Jane avec [[Thomas Langlois Lefroy|Tom Lefroy]].
* 1796 : Jane commence ''First Impressions'', le futur ''[[Orgueil et Préjugés|Pride and Prejudice]]''.
* 1797 : James épouse Mary Lloyd. En août, Jane termine ''First Impressions''. Le fiancé de Cassandra, Tom Fowle, meurt d'une mauvaise fièvre au large de Saint-Domingue. Henry épouse sa cousine Eliza de Feuillide, veuve de son mari français.
* 1798 : Jane commence peut-être alors l'écriture de ''Susan'', qui deviendra plus tard ''[[Northanger Abbey]]''. <br />Victoire de Nelson sur la flotte française à [[Bataille d'Aboukir (1798)|Aboukir]].
* 1799 : Jane termine probablement ''Susan'' cette année-là.
* 1800 : George Austen décide de prendre sa retraite et déménage avec sa famille à [[Bath]].
* 1801 : Jane vit peut-être une brève aventure sentimentale avec un homme rencontré lors de vacances à [[Sidmouth]] ; mais il décède peu après. <br />Naissance du [[Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande]], par l'union, le {{1er}} janvier, de la [[Grande-Bretagne]] et de l'[[Royaume d'Irlande|Irlande]].
* 1802 : {{date-|2 décembre}}. Harris Bigg-Wither demande Jane en mariage. Elle accepte tout d'abord, mais reprend son consentement le lendemain.
* 1803 : Jane vend ''Susan'' (''Northanger Abbey'') à l'éditeur Crosby, de Londres ; mais celui-ci ne publie pas le roman.
* 1804 : Jane commence ''[[The Watsons]]''.
* 1805 : George Austen, le père de Jane, meurt subitement en janvier. Jane arrête la rédaction de ''The Watsons''. Il se peut que Jane soit courtisée par Edward Bridges. <br />Victoire de [[Horatio Nelson|Nelson]] à [[Bataille de Trafalgar|Trafalgar]] le {{date-|21 octobre}}.
* 1807 : Jane et sa famille déménagent à [[Southampton]], pour s'installer chez Frank et sa femme. Charles épouse Fanny Palmer aux Bermudes. <br />La Grande-Bretagne abolit le commerce des esclaves, par le ''[[Slave Trade Act 1807|Slave Trade Act]]'', voté le {{date-|25 mars}}.
* 1808 : Elizabeth, la femme d'Edward, meurt en couches en donnant naissance à leur onzième enfant.
* 1809 : en avril, Jane s'efforce {{incise|sans succès}} d'obtenir de Crosby qu'il publie ''Susan''. En juillet, Jane, Cassandra, Mrs Austen et Martha déménagent pour aller s'installer à Chawton, dans le [[Hampshire (comté)|Hampshire]], dans un ''cottage'' appartenant à Edward.
* 1810 : l'éditeur Egerton accepte ''[[Sense and Sensibility]]''.
* 1811 : en octobre, ''Sense and Sensibility'' est publié aux risques de l'auteur (''on commission''). Jane commence ''[[Mansfield Park]]'' et retravaille ''First Impressions'' pour en faire ''[[Orgueil et Préjugés|Pride and Prejudice]]''.
* 1812 : Jane vend les droits de ''Pride and Prejudice'' pour 110 livres sterling (£110). La famille d'Edward prend le nom de Knight à la mort de Catherine Knight.
* 1813 : en janvier, ''Pride and Prejudice'' est publié et remporte un vif succès. Jane termine ''Mansfield Park''. Réédition de ''Sense and Sensibility'' et de ''Pride and Prejudice''. La cousine et belle-sœur de Jane, Eliza, meurt.
* 1814 : le {{date-|21 janvier}}, Jane commence ''[[Emma (roman)|Emma]]''. Egerton publie ''Mansfield Park'' aux risques de l'auteur ; cette première édition est épuisée en six mois. Fanny, la femme de Charles, meurt en couches. La nièce de Jane, Anna Austen, épouse Ben Lefroy.
* 1815 : Jane termine ''Emma'' le {{date-|29 mars}} et commence [[Persuasion (roman)|''Persuasion'']]. On l'invite à dédicacer ''[[Emma (roman)|Emma]]'' au Prince Régent, qu'elle n'aime guère, mais il est difficile de refuser. ''Emma'' est publié par Murray en décembre. <br />Victoire de l'armée alliée sur l'armée française à [[Bataille de Waterloo|Waterloo]] le {{date-|18 juin}}.

=== La maladie et la mort ===
{{article détaillé|Causes de la mort de Jane Austen}}
* 1816 : faillite de la banque d'[[Henry Austen|Henry]]. Jane termine ''[[Persuasion (roman)|Persuasion]]'' au mois d'août. Sa santé commence à décliner.
* 1817 : Jane travaille sur ''[[Sanditon]]'' de janvier à mars. Elle déménage avec Cassandra à [[Winchester (Angleterre)|Winchester]] afin de bénéficier d'un meilleur accès aux soins médicaux. <br />Au terme d'une maladie restée indéterminée et ayant duré environ une année, Jane Austen meurt le {{date-|18 juillet}}, à {{nobr|4 h 30}} du matin. Elle est enterrée dans la [[cathédrale de Winchester]]. Les causes de cette maladie ont été discutées de manière [[Diagnostic rétrospectif|rétrospective]] par des [[médecin]]s dont les conclusions ont été ensuite reprises et analysées par les [[biographe]]s de Jane Austen<ref name="ref_auto_1" />. Les deux hypothèses principales sont celle de la [[maladie d'Addison]], avancée en 1964 par le [[chirurgie]]n [[Angleterre|anglais]] [[Zachary Cope|Zachary Cope (1881-1974)]]<ref name="Cope">{{article|langue=en|prénom1=Zachary|nom1=Cope|lien auteur1=Zachary Cope|titre=Jane Austen's Last Illness|périodique=British Medical Journal|lien périodique=British Medical Journal|volume=2 (5402)|jour=18|mois=juillet|année=1964|pages=182-183|url texte=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1816080/pdf/brmedj02559-0078.pdf|consulté le=20.04.2011}}</ref> et celle de la [[Lymphome de Hodgkin|maladie de Hodgkin]], d'abord évoquée la même année, mais de façon concise, par le {{Dr}} F. A. Bevan<ref group="N">Le {{Dr}} Frank Arthur Bevan (1902-1974) était un [[Médecine générale|médecin généraliste]] établi à [[Woodstock (Angleterre)|Woodstock]], connu de son vivant pour son activité débordante et dont les centres d'intérêt dépassaient largement la médecine pour s'étendre à de nombreux domaines de la culture, selon sa notice nécrologique publiée par le BMJ ({{article|langue=en|prénom1=nom1=E.P.|titre=F.A. Bevan, TD, MB, BS, FRCGP|périodique=British Medical Journal|lien périodique=British Medical Journal|volume=4 (5944)|jour=7|mois=décembre|année=1974|pages=600|url texte=http://www.bmj.com/content/4/5944/598.full.pdf|consulté le=21.04.2011}})</ref>{{,}}<ref name ="Bevan">{{article|langue=en|prénom1=F.A.|nom1=Bevan|titre=Jane Austen's Last Illness|périodique=British Medical Journal|lien périodique=British Medical Journal|volume=2 (5405)|jour=8|mois=août|année=1964|pages=384|url texte=http://www.pubmedcentral.nih.gov/picrender.fcgi?artid=1816385&blobtype=pdf|consulté le=17.03.2011}}
</ref>, puis développée et argumentée en 2005 par l'[[Australie]]nne Annette Upfal, professeur de [[Littérature anglaise|lettres britanniques]] à l'[[université du Queensland]]<ref name="Upfal">{{article|langue=en|prénom1=A.|nom1=Upfal|titre=Jane Austen's lifelong health problems and final illness: New evidence points to a fatal Hodgkin's disease and excludes the widely accepted Addison's|périodique=Medical Humanities|volume=31|année=2005|pages=3-11|url texte=http://mh.bmj.com/content/31/1/3.full.pdf+html|consulté le=17.03.2011}}</ref>.<br>En décembre, ''Persuasion'' et ''[[Northanger Abbey]]'' sont publiés ensemble, datés de 1818, accompagnés d'une « notice biographique » rédigée par Henry.

== Annexes ==
{{Traduction/Référence|en|Jane Austen|280589240}}

=== Notes ===
{{Références nombreuses|taille=24|groupe=N}}

=== Références ===
{{Références nombreuses|taille=22}}

=== Bibliographie ===
==== Romans de Jane Austen ====
* {{Ouvrage | langue=en | auteur1=Jane Austen | titre=[[Sense and Sensibility]] | éditeur=Plain Label Books | année=1948 | année première édition=1811 | isbn=978-1-60303-728-0 | lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=Em75jKwE09IC&printsec=frontcover}}
* {{Ouvrage | langue=en | auteur1=Jane Austen | titre=Pride and Prejudice | éditeur=R. Bentley | année=1853 | année première édition=1813 | pages totales=340 | lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=kQ0mAAAAMAAJ&printsec=frontcover}}
* {{Ouvrage | langue=en | auteur1=Jane Austen | titre=[[Mansfield Park]] | éditeur=Forgotten Books | année=2008 | année première édition=1814 | isbn=978-1-60620-818-2 | lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=qgrfog35Z0sC&printsec=frontcover}}
* {{Ouvrage | langue=en | auteur1=Jane Austen | titre=Emma | éditeur=Plain Label Books | année=1961 | année première édition=1815 | pages totales=427 | isbn=978-1-60303-727-3 | lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=13HzFFd0FT0C&printsec=frontcover}}
* {{Ouvrage | langue=en | auteur1=Jane Austen | titre=[[Northanger Abbey]] | éditeur=R. Bentley | année=1856 | année première édition=1818 | lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=xgsmAAAAMAAJ&printsec=frontcover}}
* {{Ouvrage | langue=en | auteur1=Jane Austen | titre=Persuasion | éditeur=Forgotten Books | année=2008 | année première édition=1818 | isbn=978-1-60620-820-5 | lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=TVoLbKFUb2wC&printsec=frontcover}}
* {{Ouvrage | langue=en | auteur1=Jane Austen | titre=Lady Susan, The Watsons and Sanditon | éditeur=Penguins Classics | année=2003 | isbn=9780140431025}}

==== Histoires de la littérature anglaise ====
* {{Ouvrage |langue=en |auteur1=Andrew Sanders |titre=The Short Oxford History of English Literature (Revised Edition) |titre original=The Short Oxford History of English Literature |lieu=Oxford |éditeur=[[Oxford University Press]] |année=1996 |pages totales=718 |isbn=0-19-871157-3}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Margaret Drabble|titre=The Oxford Companion to English Literature (New Edition)|titre original=The Oxford Companion to English Literature|lieu=Oxford|éditeur=Guild Publishing London by arrangement with Oxford University Press|année=1985|pages totales=1155|isbn=}}

==== Biographies ====
* {{Ouvrage|prénom1=Kate|nom1=Rague|prénom2=Paul|nom2=Rague|titre=Jane Austen|lieu=Paris|éditeur=Bloud et Gay|collection=Les grands écrivains étrangers|année=1914|pages totales=207|issn=1950-5949|wikisource=Jane Austen (Rague)}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Léonie|nom1=Villard|titre=Jane Austen|sous-titre=sa vie et son œuvre 1775-1817|lieu=Lyon|éditeur=Annales de l'Université de Lyon|année=1915|wikisource=Jane Austen, sa vie et son œuvre}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Isabelle|nom1=Ballester|champ libre=avec la collaboration de [[John Kessel]] et [[André-François Ruaud]]|titre=Les Nombreux mondes de Jane Austen|lieu=Lyon|éditeur=les Moutons électriques|collection=La bibliothèque rouge|numéro dans collection=16|année=2009|pages totales=339|isbn=978-2-915793-80-2}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=David Cecil |traducteur=Virginie Buhl |titre=Un portrait de Jane Austen |titre original=A portrait of Jane Austen |lieu=Paris |éditeur=[[Payot (éditions)|Payot]] |année=2009 |pages totales=287 |isbn=9782228903783}}
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|prénom1=John|nom1=Halperin|traducteur=Josie Salesse-Lavergne|titre=Jane Austen|lieu=Paris|éditeur=[[Plon]]|collection=Collection biographique|année=1992|pages totales=641|isbn=2-259-02292-8}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Carol Shields|titre=Jane Austen|lieu=Canada|éditeur=Les Editions Fides|année=2002|pages totales=234|isbn=9782762123722|présentation en ligne=https://books.google.fr/books?id=qurv7JKgmLsC&printsec=frontcover}}
* Fiona Stafford (trad. Olivier Lebleu), ''Jane Austen, une passion anglaise'', Ed. Tallandier, 2019, 190 p. Le Livre de Poche n°36473 {{ISBN|978-2-253-10149-9}}
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=Claire Tomalin |traducteur=Christiane Bernard et Jacqueline Gouirand-Rousselon |titre=Jane Austen, passions discrètes |titre original=Jane Austen: A Life |lieu=Paris |éditeur=[[Autrement]] |collection=Littératures |année=2000 |pages totales=411 |isbn=2-7467-0011-5}}
* {{Ouvrage | langue=en | auteur1=Irene Collins | titre=Jane Austen and the Clergy | lieu=Londres | éditeur=The Hambledon Press | année=1994 | pages totales=242 | isbn=1-85285-114-7 | lire en ligne=https://books.google.com/books?id=vkrYJ7tnjWcC&printsec=frontcover}}
* {{Ouvrage | langue=en | auteur1=Deirdre Le Faye | titre=Ed. Jane Austen's Letters | lieu=Oxford | éditeur=[[Oxford University Press]] | année=1995 | isbn=0-19-283297-2}}
* {{Ouvrage | langue=en | auteur1=Deirdre Le Faye | titre=Jane Austen | sous-titre=A Family Record. Second Edition | lieu=Cambridge | éditeur=[[Cambridge University Press]] | année=2003 | pages totales=377 | isbn=0-521-53417-8}}
* {{Ouvrage | langue=en | auteur1=Jan Fergus | titre=Jane Austen | sous-titre=A Literary Life | lieu=Londres | éditeur=[[Macmillan Publishers|Macmillan]] | année=1991 | pages totales=224 | isbn=0-333-44701-8}}
* {{Ouvrage | langue=en | auteur1=Claire Tomalin | titre=Jane Austen | sous-titre=A Life | lieu=New York | éditeur=[[Alfred A. Knopf]] | année=1997 | pages totales=392 | isbn=0-679-44628-1}}
* {{Ouvrage | langue=en | auteur1=Park Honan | titre=Jane Austen | sous-titre=A Life | lieu=New York | éditeur=St. Martin's Press | année=1987 | pages totales=452 | isbn=0-312-01451-1}}
* {{Ouvrage | langue=en | auteur1=Paul Poplawski | titre=A Jane Austen Encyclopedia | éditeur=[[Greenwood Publishing Group]] | année=1998 | pages totales=411 | isbn=9780313300172 | présentation en ligne=https://books.google.fr/books?id=hW-OXDSc3rAC&pg=PA155&dq=Austen+Eliza+feuillide+OR+hancock}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[David Nokes]]|titre=Jane Austen|sous-titre=A Life|éditeur=[[University of California Press]]|année=1998|pages totales=600|isbn=9780520216068|présentation en ligne=https://books.google.fr/books?id=9WB87lmrvdYC&pg=PA35&dq=%22george+austen%22}}

==== Critique littéraire — collection d'essais ====
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Christine Alexander|auteur2=Juliet McMaster|titre=The Child Writer from Austen to Woolf|lieu=Cambridge|éditeur=[[Cambridge University Press]]|année=2005|pages totales=312|isbn=0-521-81293-3|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=odBIxjAhjbsC&printsec=frontcover}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Edward Copeland|auteur2=Juliet McMaster|titre=The Cambridge Companion to Jane Austen|lieu=Cambridge|éditeur=[[Cambridge University Press]]|année=1997|pages totales=278|isbn=0-521-49867-8|présentation en ligne=https://books.google.fr/books?id=9vxqRs9L9MoC&pg=PA215&dq=Janeite+academics+Austen}}
* {{en}} J. David Grey, ed. ''The Jane Austen Companion'', New York, Macmillan, 1986 {{ISBN|0-02-545540-0}}
* {{en}} Deirdre Lynch, ed. ''Janeites: Austen's Disciples and Devotees'', Princeton, Princeton University Press, 2000. {{ISBN|0-691-05005-8}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=B. C. Southam|titre=Ed. Jane Austen : The Critical Heritage, 1812-1870. Vol. 1|lieu=Londres|éditeur=Routledge and Paul Kegan|année=1968|pages totales=328|isbn=0-7100-2942-X}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=B. C. Southam|titre=Ed. Jane Austen : The Critical Heritage, 1870-1940. Vol. 2|lieu=Londres|éditeur=Routledge and Paul Kegan|année=1987|pages totales=328|isbn=0-7102-0189-3}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Janet M. Todd|titre=Jane Austen In Context|lieu=Cambridge|éditeur=[[Cambridge University Press]]|année=2005|pages totales=467|isbn=0-521-82644-6}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Ian Watt|titre=Jane Austen|sous-titre=A Collection of Critical Essays|lieu=Englewood Cliffs, NJ|éditeur=[[Prentice Hall]]|année=1963|isbn=978-0130537515}}

==== Critique littéraire — monographies et articles ====
* {{en}} Nancy Armstrong, ''Desire and Domestic Fiction'', Londres, Oxford University Press, 1987 {{ISBN|0-19-506160-8}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Frank W. Bradbrook|titre=Jane Austen and her Predecessors|lieu=Cambridge|éditeur=[[Cambridge University Press]]|année=1967}}
* {{en}} Marilyn Butler, ''Jane Austen and the War of Ideas'', Oxford, Oxford University Press, 1975 {{ISBN|0-19-812968-8}}
* {{en}} D. D. Devlin, ''Jane Austen and Education'', Londres, Macmillan, 1975 {{ISBN|978-0-333-14431-2}}
* {{en}} Alistair M. Duckworth, ''The Improvement of the Estate: A Study of Jane Austen's Novels''. Baltimore: Johns Hopkins University Press, 1971 {{ISBN|0-8018-1269-0}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Jan Fergus|titre=Jane Austen and the Didactic Novel|lieu=Totowa|éditeur=Barnes & Noble|année=1983|pages totales=184|isbn=0-389-20228-2}}
* {{en}} Moira Ferguson, "''Mansfield Park'', Slavery, Colonialism, and Gender", ''Oxford Literary Review'' 13, 1991, p.&nbsp;118-139.
* {{en}} William Galperin, ''The Historical Austen'', Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2003 {{ISBN|0-812-23687-4}}
* {{en}} Penny Gay, ''Jane Austen and the Theatre'', Cambridge, Cambridge University Press, 2002 {{ISBN|0-521-65213-8}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Susan Gubar|auteur2=Sandra Gilbert|titre=The Madwoman in the Attic: The Woman Writer and the Nineteenth Century Literary Imagination<!--|année=1979-->|lieu=New Haven|éditeur= Yale University Press|année= 1984|isbn=0-300-02596-3}}
* {{en}} D. W. Harding, "Regulated Hatred: An Aspect of the Work of Jane Austen", ''Jane Austen: A Collection of Critical Essays''. Ed. Ian Watt. Englewood Cliffs, NJ: Prentice-Hall, 1963
* {{Ouvrage|langue=en|langue originale=en|auteur1=Jane Austen|auteur2=Penelope Hugues-Hallen|titre=Lettres illustrées|titre original=Jane Austen, My Dear Cassandra (1990)|lieu=Paris|éditeur=Herscher|année=1994|pages totales=159|isbn=2-7335-0225-5}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Richard Jenkyns|titre=A Fine Brush on Ivory|sous-titre=An Appreciation of Jane Austen|lieu=Oxford|éditeur=[[Oxford University Press]]|année=2004|pages totales=230|isbn=978-0199210992|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=cMMWL0klcS8C&printsec=frontcover}}
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=Claudia L. | nom1=Johnson | titre=Jane Austen | sous-titre=Women, Politics and the Novel | éditeur=Chicago, University of Chicago Press | année=1988 | pages totales=212 | isbn=0-226-40139-1 | lire en ligne=https://books.google.com/books?id=EzSjx5LYyX4C&printsec=frontcover}}
* {{en}} Margaret Kirkham, ''Jane Austen, Feminism and Fiction'', Brighton, Harvester, 1983 {{ISBN|0-710-80468-7}}
* {{en}} Gene Koppel, ''The Religious Dimension in Jane Austen's Novels'', Ann Arbor, MI: UMI Research Press, 1988
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Maggie Lane|titre=Jane Austen and Food|lieu=Londres|éditeur=The Hambledon Press|année=1995|pages totales=184|isbn=1-85285-124-4}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Mary Lascelles|titre=Jane Austen and Her Art|lieu=Londres|éditeur=[[Oxford University Press]]|année=1966|oclc=5231659}}
* {{en}} Leavis, F. R. ''The Great Tradition: George Eliot, Henry James, Joseph Conrad'', Londres, Chatto & Windus, 1960
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Deirdre Le Faye]]|titre=Jane Austen|sous-titre=The World of Her Novels|lieu=Londres|éditeur=Frances Lincoln|année=2003|isbn=9780711222786|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=EFooE6ILe28C&pg=PA7&dq=Georgian+society+%22Jane+Austen%22}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=A. Walton|nom1=Litz|titre=Jane Austen|sous-titre=A Study of Her Development|lieu=New York|éditeur=[[Oxford University Press]]|année=1965}}
* {{en}} Deirdre Lynch, ''The Economy of Character'', Chicago, University of Chicago Press, 1998 {{ISBN|0-226-49820-4}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Oliver MacDonagh|titre=Jane Austen|sous-titre=Real and Imagined Worlds|lieu=New Haven|éditeur=[[Yale University Press]]|année=1991|pages totales=186|isbn=0-300-05084-4}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Lydia|nom1=Martin|titre=Les Adaptations à l'écran des romans de Jane Austen|sous-titre=esthétique et idéologie|lieu=Paris|éditeur=l'Harmattan|collection=Champs visuels|année=2007|pages totales=270|isbn=978-2-296-03901-8|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=b1lUqr55GU4C&printsec=frontcover}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Marie-Laure|nom1=Massei-Chamayou|titre=La Représentation de l'argent dans les romans de Jane Austen|sous-titre=L'être et l'avoir|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions L'Harmattan|L'Harmattan]]|collection=Des idées et des femmes|année=2012|pages totales=410|isbn=978-2-296-99341-9|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=hXm0gNdeXGAC&printsec=frontcover}}
* {{en}} Miller, D. A. ''Jane Austen, or The Secret of Style'', Princeton, Princeton University Press, 2003 {{ISBN|0-691-12387-X}}
* {{en}} Marvin Mudrick, ''Jane Austen: Irony as Defense and Discovery'', Berkeley, University of California Press, 1952
* {{en}} Norman Page, ''The Language of Jane Austen'', Oxford, Blackwell, 1972 {{ISBN| 0-631-08280-8}}
* {{en}} Mary Poovey, ''The Proper Lady and the Woman Writer: Ideology as Style in the Works of Mary Wollstonecraft, Mary Shelley, and Jane Austen'', Chicago, University of Chicago Press, 1984 {{ISBN|0-226-67528-9}}
* {{en}} James Raven, ''The Business of Books: Booksellers and the English Book Trade'', New Haven, Yale University Press, 2007 {{ISBN|0-300-12261-6}}
* {{en}} Peter L. De Rose, '' Jane Austen and Samuel Johnson'', University Press of America, 1980 {{ISBN|0-819-11073-6}}
* {{Ouvrage|titre=Pourquoi Jane Austen est la meilleure|lieu=Paris|éditeur=Revue des deux mondes|collection=Revue des deux mondes|numéro dans collection=5|année=2013|pages totales=192|isbn=978-2-35650-062-5}}.
* {{en}} Edward Said, ''Culture and Imperialism'', New York, Vintage Books, 1993 {{ISBN|0-679-75054-1}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Janet Todd|titre=The Cambridge Introduction to Jane Austen|lieu=Cambridge|éditeur=[[Cambridge University Press]]|année=2006|pages totales=166|isbn=978-0-521-67469-0}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Lucile|nom1=Trunel|titre=Les Éditions françaises de Jane Austen, 1815-2007|sous-titre=l'apport de l'histoire éditoriale à la compréhension de la réception de l'auteur en France|lieu=Paris|éditeur=H. Champion|collection=Bibliothèque de littérature générale et comparée|numéro dans collection=88|année=2010|pages totales=573|isbn=978-2-7453-2080-3}}.
* {{en}} Mary Waldron, ''Jane Austen and the Fiction of Her Time'', Cambridge, Cambridge University Press, 1999 {{ISBN|0-521-00388-1}}
* {{en}} John Wiltshire, ''Recreating Jane Austen'', Cambridge, Cambridge University Press, 2001 {{ISBN|0-521-00282-6}}
* {{en}} John Wiltshire, ''Jane Austen and the Body: The Picture of Health'', Cambridge, Cambridge University Press, 1992 {{ISBN|0-521-41476-8}}
* {{fr}} Catherine Rihoit, ''Jane Austen, un cœur rebelle'', Écriture 2018
* {{fr}} Gwen Giret, Claire Saim, ''Jane Austen - L'Encyclopédie visuelle'', Hachette Heroes, 2023, {{ISBN|978-2-017-21463-2}}

==== Divers ====
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Eileen Gillooly|titre=Smile of discontent|sous-titre=humor, gender, and nineteenth-century British fiction|lieu=Chicago, Ill.|éditeur=[[University of Chicago Press]]|année=1999|pages totales=289|isbn=9780226294025|présentation en ligne=https://books.google.fr/books?id=5JyIMiwUrHUC&printsec=frontcover}}

==== Correspondance ====

* {{fr}} Jane Austen, ''Pas de femmes parfaites, s’il vous plaît. Lettres de profonde superficialité'', lettres choisies et présentées par Eusebio Trabucchi, Paris, Éditions L'orma, 2020

=== Articles connexes ===
==== Contexte de l'époque ====
* [[Représentation de l'Angleterre georgienne chez Jane Austen]], essai sur l'époque de l'écrivaine, au travers de mentions de ses romans.
* [[George III (roi du Royaume-Uni)|George III du Royaume-Uni]], souverain sous le règne duquel s'est déroulée toute la vie de Jane Austen.
* ''[[Entail]]'', disposition juridique qui permettait de priver les filles de l'héritage de leur père, au profit d'un lointain parent mâle.

==== Famille Austen ====
[[Fichier:Jane Austen nephews and nieces.svg|vignette|upright=2.5|Les enfants des frères de Jane Austen, James, Edward, Francis et Charles (elle en a connu 24).]]
* [[George Austen]], père de Jane Austen
* [[Cassandra Austen (née Leigh)|Cassandra Austen, née Leigh]], mère de Jane Austen
* [[James Austen]]
* [[Edward Austen]]
* [[Cassandra Austen]], sœur aînée et meilleure amie de Jane
* [[Henry Austen]]
* [[Francis Austen]]
* [[Charles Austen]]
* [[Eliza de Feuillide|Eliza, comtesse de Feuillide]], cousine
* [[Fanny Knight]], l'une des nièces préférées de Jane Austen
* [[Anna Austen]], l'autre nièce préférée
* [[Catherine Hubback]], fille de [[Francis Austen]], et auteur de ''The Younger Sister'' (roman qui reprend ''[[The Watsons]]'' en le terminant)

==== Littérature ====
* [[Roman gothique]]
* [[Discours indirect libre]]
* [[Fanny Burney]]
* [[Samuel Richardson]]
* [[Henry Fielding]]
* [[Charlotte Lennox]]

=== Liens externes ===
* {{Lien web|langue=fr|auteur1=Émilie Ricard|url=http://bordographe.com/2017/12/04/lettres-inedites-jane-austen/|titre=Du fond de mon cœur : lettres inédites de Jane Austen|jour=04|mois=12|année=2017|site=Bordographe : Blog culturel sur Bordeaux|consulté le=4 décembre 2017}}.
* {{gutenberg author| id=Austen | name=Jane Austen}}
* {{Lien web|langue=en|url=http://www.pemberley.com/|titre=''The Republic of Pemberley''|consulté le=3 juin 2009}} (site consacré à Jane Austen)
* {{Lien web|langue=en|url=http://www.janeausten.ac.uk/index.html|titre=''Jane Austen’s Fiction Manuscripts Digital Edition''|consulté le=24 octobre 2010}}
* {{Lien web|langue=en|url=http://www.jasna.org/|titre=''JASNA, Jane Austen Society of North America''|consulté le=7 décembre 2009}}
* {{Lien web|langue=en|url=http://livresaudio.e-monsite.com/rubrique,austen-jane,284477.html|titre=L'œuvre de Jane Austen en version audio}} [[Fichier:Speaker Icon.svg|20px]]
* {{Lien web|langue=en|url=https://books.google.fr/books?id=kQ0mAAAAMAAJ&printsec=titlepage|titre=''Pride and Prejudice''|auteur=Jane Austen|date=1853 (numérisé le 11 janvier 2007)|éditeur=Copie de l'exemplaire de la ''[[New York Public Library]]''|consulté le=3 juin 2009}}
* {{Lien web|langue=en|url=https://books.google.fr/books?id=oEgJAAAAQAAJ&printsec=toc|titre=''Sense and Sensibility''|auteur=Jane Austen|date=1833 (numérisé le 2 août 2007)|éditeur=Copie de l'exemplaire de l'[[Université d'Oxford]]|consulté le=3 juin 2009}}
* {{Lien web|langue=en|url=https://books.google.fr/books?id=TVoLbKFUb2wC&printsec=frontcover|titre=''Persuasion''|auteur=Jane Austen|date=1818 (réédité en 2008)|éditeur=Forgotten Books|consulté le=3 juin 2009}}
* {{Lien web|langue=en|url=https://books.google.fr/books?id=IBYCAAAAYAAJ&printsec=titlepage|titre=''Northanger Abbey''|auteur=Jane Austen|date=1833 (numérisé le 10 mai 2007)|éditeur=Copie de l'exemplaire de l'[[université Harvard]]|consulté le=3 juin 2009}}
* {{Lien web|langue=en|url=https://books.google.fr/books?id=Im4JAAAAQAAJ&printsec=titlepage|titre=''Emma''|auteur=Jane Austen|date=1882 (numérisé le 15 août 2007)|éditeur=Copie de l'exemplaire de l'[[Université d'Oxford]]|consulté le=3 juin 2009}}
* {{Lien web|langue=en|url=https://books.google.fr/books?id=TJYMUGRIUTMC&printsec=titlepage|titre=''Mansfield Park''|auteur=Jane Austen|année=1867|éditeur=B. Tauchnitz|consulté le=3 juin 2009}}
* {{Lien web|langue=en|url=http://whyjaneausten.com/writers.html|titre=Portraits de 33 écrivains austeniens|site=whyjaneausten.com|consulté le=17 décembre 2009}}
* {{Lien web|auteur=Pierre Goubert|id=Pierre Goubert|titre=''Le Regard de la femme dans les romans de Jane Austen''|site=Cercles.com|consulté le=20-02-2012|url=http://www.cercles.com/n1/goubert.pdf}}, 8 p. ({{p.|71}} à 78)
* {{Lien web|url=http://www.lookingforjaneausten.fr.over-blog.com/|titre=Sur les traces de Jane Austen en Angleterre}} (blog sur les lieux jadis fréquentés par Jane Austen, voyage photographique)

==== Bases de données et dictionnaires ====
{{Liens}}

{{Palette|Jane Austen}}
{{Portail|littérature britannique|femmes|XIXe siècle|Jane Austen}}
{{Article de qualité|oldid=47516676|date=7 décembre 2009}}
{{Wikipédia:Thèmes de qualité/Propositions/Jane Austen : les six grands romans}}

{{DEFAULTSORT:Austen, Jane}}
[[Catégorie:Jane Austen| ]]
[[Catégorie:Naissance en décembre 1775]]
[[Catégorie:Naissance dans le Hampshire]]
[[Catégorie:Pionnière en littérature]]
[[Catégorie:Romancier britannique du XIXe siècle]]
[[Catégorie:Romancière anglaise]]
[[Catégorie:Écrivain protestant]]
[[Catégorie:Auteur publié dans la Bibliothèque de la Pléiade]]
[[Catégorie:Époque georgienne]]
[[Catégorie:Personne honorée dans l'abbaye de Westminster]]
[[Catégorie:Mort de la tuberculose]]
[[Catégorie:Décès en juillet 1817]]
[[Catégorie:Décès à Winchester (Royaume-Uni)]]
[[Catégorie:Décès à 41 ans]]