Église Saint-Denys de la Chapelle

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Église Saint-Denys de la Chapelle
Entrée de l'église place de Torcy.
Entrée de l'église place de Torcy.
Présentation
Culte Catholique romain
Type Église paroissiale
Rattachement Archidiocèse de Paris
Début de la construction XIIe siècle
Fin des travaux 1204
Style dominant Gothique primitif
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Île-de-France
Département Paris
Ville Paris
Coordonnées 48° 53′ 29″ nord, 2° 21′ 36″ est
Géolocalisation sur la carte : Île-de-France
(Voir situation sur carte : Île-de-France)
Église Saint-Denys de la Chapelle
Géolocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Église Saint-Denys de la Chapelle
Géolocalisation sur la carte : 18e arrondissement de Paris
(Voir situation sur carte : 18e arrondissement de Paris)
Église Saint-Denys de la Chapelle

L'église Saint-Denys de la Chapelle est une église du 18e arrondissement de Paris.

Ce site est desservi par la station de métro Marx Dormoy.

Localisation[modifier | modifier le code]

L'église est située dans le quartier de la Chapelle, le long de l'une des plus anciennes routes de Paris, l'Estrée, déjà existante à l'époque gallo-romaine et conduisant du centre de Paris à Saint-Denis. De l'autre côté de cette route s'étendit de 1204 au début du XVIIIe siècle, le premier cimetière de La Chapelle[1].

Elle se situe au niveau du col de la Chapelle.

Histoire[modifier | modifier le code]

Intérieur de l'église.

Probablement située sur l'emplacement des ruines d'un temple romain dédié à Bacchus, l'église actuelle a été édifiée par Maurice de Sully, sur les fondations d'une chapelle décidée par sainte Geneviève en 475, la long de la vicus Cattuliacus[2], du nom de Catulla, la noble romaine qui enterra les martyrs[3]. C'était à mi-chemin du tombeau de saint Denis dont la sainte désirait développer le culte. La chapelle se voyait être une étape pour son pèlerinage et le lieu devint le village de La Chapelle.

Le col de la Chapelle, proche du sanctuaire gaulois du Lendit, aurait donc été l'emplacement de la tombe de saint Denis, premier évêque de Paris décapité en 250. Selon certaines recherches, elle serait la senior basilica bâtie sur le lieu du martyre du saint et évoquée par Grégoire de Tours[4]. Il reste difficile pour la recherche actuelle de démêler la vérité historique et les traditions légendaires[5].

La première chapelle construite par sainte Geneviève (après avoir repoussé l'invasion des Huns) vit un afflux de pèlerins et, en particulier, le roi Chilpéric et sa reine Frédégonde y font inhumer leur fils Dagobert mort en bas âge (583). Un village se développe ainsi autour de l'église, qui lui donne son nom. Une communauté monastique s'y installe en 625, avec Dodon pour abbé[réf. souhaitée].

Dans cette première chapelle se trouvaient des reliques de saint Denis jusqu'à ce qu'en 636, selon une tradition peu solide, le roi Dagobert décide du transfert des reliques vers la basilique Saint-Denis quelques kilomètres au nord. Délaissée, la chapelle se dégrada et fut détruite par les Normands, mais reconstruite en 1204 dans un style gothique primitif contenant encore des traces de roman, par Maurice de Sully, évêque de Paris[6].

Le village de La Chapelle devient une dépendance de la seigneurie des abbés de Saint-Denis (1229) en profitant largement du renouveau lié à la prospérité de la foire du Landit, qui s'étendait au-delà et jusqu'à Saint-Denis et jouissait du privilège de la vente des parchemins, très recherchés par l'Université de Paris. Jusqu’à la Révolution, le village de la Chapelle était administré par un bailli, qui comme le curé était nommé par l'abbaye.

Vitrail en rosace de l'église de Saint-Denys de la Chapelle

C'était le passage des cortèges royaux allant ou revenant de Saint-Denis, tant pour y déposer l'oriflamme de France, que pour le couronnement des reines ou l'entrée dans Paris du roi après son couronnement à Reims[7].

Un vitrail en rosace avec deux fleurs de lys de part et d'autre d'une épée surmontée de la couronne royale rappelle ce passage.

Elle fut incendiée en 1358 pendant la Grande Jacquerie[8].

Jeanne d'Arc y passa une nuit de prière devant l'autel de la Sainte-Vierge[9] la veille de l'attaque qu’elle lança contre Paris tenu par les Anglais, le [10], avant de s'engager vers Paris en passant par la rue du Faubourg-Saint-Denis[11].

Au XVIIe siècle, Louise de Marillac (1591-1660), qui demeurait de 1636 à 1641 à La Chapelle[12] avec les Filles de la charité de Saint-Vincent-de-Paul vint aussi y prier, ainsi que saint Jean Eudes[13] (1601-1680).

En 1757, il fallut démolir le clocher-porche qui menaçait de s'effondrer et, pour l'embellir, on édifia la façade actuelle de l'église, de style classique. Un nouveau clocher en forme de tour carrée fut construit en 1770, mais il fallut aussi l'abattre vers 1930 pour éviter sa chute.

En 1814 et 1815, elle est utilisée comme écurie par les armées prussiennes et russes[14]. La municipalité de Paris l'acquiert ensuite, en vertu de la loi d'annexion du [15].

Pour faire face à l'accroissement de la population (40 000 habitants lors de l'annexion de cette commune industrielle à celle de Paris en 1860), le diocèse forme la paroisse Saint-Bernard-de-la-Chapelle et fait agrandir l'église Saint-Denys en doublant la nef (1895). L'aspect initial de la chapelle sera rétabli lors des travaux de restauration de 1960.

Le , Monseigneur Roncalli, Nonce Apostolique de Paris et futur Jean XXIII, vint à St Denys pour la Fête nationale de Jeanne d'Arc et du patriotisme, célébrée au deuxième dimanche de mai[16]. Il y bénit aussi les bâtiments du Lycée Charles de Foucauld, tout proche.

La statue de fonte[17] de Jeanne d'Arc du sculpteur Félix Charpentier, réalisée par la fonderie Denonvilliers à Sermaize-les-Bains[18], et qui se trouvait depuis 1894 à droite du portail de l'église a été déplacée en 2004 sur le parvis de la basilique Sainte-Jeanne-d'Arc, toute proche[19].

Pèlerinages[modifier | modifier le code]

Le chœur.

Il existait un pèlerinage annuel, au mois de mai, allant de Saint-Denys à l'église Notre-Dame-des-Vertus d'Aubervilliers, en passant par la croix de l'Évangile, à l'intersection de la rue de l'Évangile et de la rue d'Aubervilliers (anciennement « chemin des Vertus »)[20].

L'église était le point de départ d'un Chemin de croix allant vers la basilique Saint-Denis, et dont la première station était le rond-point de La Chapelle.

Jusqu'en 1616, les religieux de la basilique Saint-Denis venaient en procession tous les sept ans présenter à l'église les reliques du saint[21].

En 1657, l'archevêque de Paris Jean-François de Gondi[22] accorda à quelques prêtres admirateurs de ce saint et qui avaient établi un pèlerinage de dévotion à cette église l'autorisation d'y « translater » un os de saint Jérôme venant de l'abbaye cistercienne des Prés, Douai, de la Chapelle, ainsi que quarante jours d'indulgence[23].

L'église est la septième station du pèlerinage de Saint-Denis qui part de l'église Notre-Dame-des-Champs.

Architecture[modifier | modifier le code]

Le bâtiment actuel date de 1204, et a été édifié sans voûte de pierres, sur la plate-forme de la chapelle de sainte Geneviève. Elle est soutenue par trois paires de piliers de style gothique primitif. On ajouta au XVIIIe siècle, sous Louis XV, une façade néo-dorique à la place du porche du XIIIe siècle qui retraçait la légende de la sainte[24].

L'église possédait autrefois un clocher[25].

Elle est accolée à la basilique Sainte-Jeanne-d'Arc, construite après 1914. À cet emplacement se trouvait jadis un clocher couvert en bâtière[26].

Alentours[modifier | modifier le code]

Entrée de l'église au 16, rue de la Chapelle jouxtant la basilique Sainte-Jeanne-d'Arc de Paris (à gauche).

Derrière cette église se trouvait la place de Torcy, à l'intersection de la rue de l'Évangile et de la rue de Torcy. Pour remplacer le cimetière initial situé devant l'église et s'étirant vers le nord le long de l'Estrée, on y installa au XVIIIe siècle le second cimetière de la Chapelle. On y éleva en 1763 la Croix-Cottin, monument votif du marguillier Philippe Cottin, décédé le . Cette croix fut déplacée en 1887 sur le parvis de l’église Saint-Pierre de Montmartre. Le cimetière fut remplacé en 1804 par le cimetière Marcadet[1].

Ordinaires[modifier | modifier le code]

Depuis 1995, la paroisse est confiée à la Communauté du Chemin Neuf.

Liste des curés successifs[27],[28]
Début Identité Commentaire
1210* N. Josselin
1528*-1546* Jacques Fournier Bedeau de la faculté de Théologie à Paris
1577 Louis Hesselin Religieux profès de Saint-Denis
1584* Nicolas Hesselin
1600 Nicolas Bellé
Michel Boudet Remplacé par une ordonnance du Châtelet de Paris
1616 Jean Ribet
1620 Claude Grange Vicaire perpétuel
1650 François Virgille
1662 Pierre Le Moyne
1665 Michel Triboulleau
1688* François du Fossé
1699 Pierre Salmon
1738 Jean-Paul Arrault des Bazins
1765 Jean-Philippe Masse
1792 Jean-Louis Boucry Curé constitutionnel ; maire de 1807 à 1815
1795 Jean-Baptiste Bernard Marais Mort en 1805
1805 Jacques-Antoine Olivier Mort en 1814
1814 N. Bruneau Démissionnaire en 1822
1822 N. Sereuil-Mezeray Descendant de François Eudes de Mézeray
1826 Nicolas Marcelot
1851 N. Christophe
1861 N. Taillandier
1862 Plus de curés L'église cesse d'être paroissiale de 1862 à 1869
1869 N. de Cassan-Floyrac
1874 N. Grandel Mort en 1890
1890 N. de Bonniot
1910 H. Polack Jusqu'en 1919
Pepier
Léon Spebach
1952 Joseph Hilaire Jusqu'en 1979
1995 Jean-Hubert Thieffry
2004 Louis-Marc Thomy
2008 Mariusz Tłokinski
2013 Arnaud Goma-Okadina[29]
Les dates marquées de * représentent les années où le titulaire a été constaté à cette fonction.

Organistes[modifier | modifier le code]

Parmi les organistes de l'église figure notamment Philippe Pouly, qui inaugure l'orgue rénové par un concert le [30].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Jacques Hillairet, Les 200 Cimetières du vieux Paris, Paris, Les Éditions de Minuit, , 430 p., p. 365-367.
  2. Julien Havet, Questions mérovingiennes, V : Les Origines de Saint-Denis, Bibliothèque de l'école des chartes, 1890, tome 51, p. 5-62, www.persee.fr.
  3. « Le village de Clignancourt », www.patryst.com.
  4. École pratique des Hautes études, rapport sur les conférences, Michel Fleury, Fortunat et les origines chrétiennes de Paris, 1981-1983, books.google.fr.
  5. Anne Lombard-Jourdan et Jean Rollin, Saint-Denis lieu de mémoire, Fédération des sociétés historiques et archéologiques de Paris et de l'Île-de-France, , p. 193.
  6. « Paris, Saint-Denys de la Chapelle », www.patrimoine-histoire.fr.
  7. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, vol. I, Paris, Éditions de Minuit, , 10e éd. (1re éd. 1963), 1583 p. (ISBN 2-7073-1054-9), p. 308.
  8. Saint-Denys-de-la-Chapelle, www.patrimoine-histoire.fr.
  9. Sainte-Jeanne d'Arc et Notre-Dame de Bermont, A. Michel, 1956, associationmedievale1412.e-monsite.com.
  10. La Chapelle contre la perfide Albion, res.ateliercfd.org.
  11. Émile Eude, « L'itinéraire parisien de Jeanne d'Arc en la journée du 8 septembre 1429 », 1916, www.persee.fr.
  12. À l'emplacement de l'actuel no 2 de la rue Marx-Dormoy.
  13. Angelo Giuseppe Roncalli, Souvenirs d’un Nonce. Cahiers de France (1944-1953), visite à Paris le 8 mai 1952.
  14. Saint-Denys de la Chapelle, Jeanne d'Arc, www.montjoye.net.
  15. Henri Cordier, Le Vieux Paris. La chapelle Saint-Denis [Lucien Lambeau. Histoire des Communes annexées à Paris en 1859, publiée sous les auspices du Conseil général : la Chapelle Saint-Denis, Journal des savants, 23e année, janvier-février 1925, p. 19-22, www.persee.fr.
  16. 1952 - Futur JEAN XXIII à St Denys de la Chapelle - Groupe des clercs st denys de la chapelle
  17. « Monument à Jeanne d’Arc, Paris », e-monumen.net.
  18. Histoire des communes annexées à Paris en 1859. La Chapelle Saint-Denis, p. 197.
  19. « Une statue de Jeanne d'Arc déplacée 110 ans après », notice sur le site www.amis-jeanne-darc.org (consulté le 24 février 2014).
  20. Le martyre de saint Denys et le petit pèlerinage de Notre-Dame des Vertus à Aubervilliers, histoirepopulaire.com.
  21. Histoire de la ville et de tout le diocèse, Abbé Lebeuf, 1754.
  22. Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, volume 3, abbé Jean Lebeuf, 1754.
  23. L. Benoist de Matougues et l'abbé Migne, Dictionnaire de géographie sacrée et ecclésiastique, 1849.
  24. Adolphe N. Didron et Édouard Didron, Annales archéologiques, volume 1, 1844.
  25. Église Saint-Denys de la Chapelle. Façade, 96, rue de la Chapelle, Paris (XVIIIe arr.), photographie d'Édouard Desprez, 1922/192, www.parisenimages.fr.
  26. Le site des clochers de la France, lafrancedesclochers.xooit.com.
  27. Lucien Lambeau, La Chapelle Saint-Denis, Paris, Ernest Leroux, coll. « Histoire des communes annexées à Paris en 1859 », , 605 p., p. 204-208 .
  28. Site de la paroisse.
  29. « Arnaud, premier curé noir de Paris », www.leparisien.fr, 10 février 2013.
  30. « Concert inaugural de l\'orgue », sur Paroisse Saint-Denys de La Chapelle, (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • M. Dumolin et G. Outardel, Les Églises de France. Paris et la Seine, Paris, Letouzey et Ané, 1936, p. 45-47.

Articles liés[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]