À nos amis

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À nos amis
Traduction anglaise de l'ouvrage.
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Date de parution
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Éditeurs
Semiotext(e) (en) (anglais)
La Fabrique (français)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nombre de pages
240Voir et modifier les données sur Wikidata
ISBN 13
978-1-58435-167-2Voir et modifier les données sur Wikidata
Séquence
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À nos amis est un essai politique, publié aux éditions La Fabrique en 2014, et rédigé par les auteurs de L'Insurrection qui vient (2007) connus sous le nom de Comité invisible

Auteurs et contexte[modifier | modifier le code]

Le collectif Comité invisible, dont les membres sont anonymes, est l’auteur de ce manifeste politique inspiré de la pensée anarchiste et des mouvements de contestations récents. Ils seraient liés à l'affaire de Tarnac débutée en 2008 concernant des sabotages de différentes lignes de TGV déplorés par la SNCF dans l'Oise, l'Yonne et en Seine et Marne[1]. Même si l'action a été revendiquée le lendemain des faits par un groupe allemand, c'est le « Comité invisible » qui a été accusé d'être responsable de ces actes qualifiés de « terroristes » puisqu'ils seraient en lien, d'après les autorités, avec la communauté de Tarnac[2].

Devenu une véritable affaire d'État, le Comité invisible a bénéficié d’un impact médiatique très important pour son premier livre, L'Insurrection qui vient, aux éditions La Fabrique[3]. À nos amis, publié en 2014, prolonge les idées du précédent essai[4].

Résumé et analyse[modifier | modifier le code]

L'ouvrage s'articule autour de neufs chapitres suivis d'une courte lettre adressée aux lecteurs en guise de conclusion. L'essai tout entier vise à montrer ce que pourrait être une utopie radicale aujourd’hui. Chacun des neuf chapitres reprend par son titre des slogans apparus sur les murs de villes européennes lors de contestations récentes et constitue donc une étape du raisonnement suivi par les auteurs[réf. nécessaire].

À nos amis est un pamphlet critique envers la société actuelle, le capitalisme et l'État. Les membres du Comité invisible partent du présupposé que les humains peuvent s'organiser entre eux dans la paix et l'harmonie sans avoir un organe les encadrant (l'État)[5]. L'insurrection antigouvernementale est pour eux déjà en marche face à la crise économique mondiale de 2008 : « rarement on aura vu comme ces dernières années, en un laps de temps si ramassé, tant de sièges du pouvoir officiel pris d'assaut, de la Grèce[6] à l'Islande[7],[8]. »

Le Comité invisible ne voit en l'État qu'un organe manipulateur et mensonger qui cherche à se maintenir en effrayant les masses et en modelant ses désirs[9]. Par exemple il semble clair pour eux, que les gouvernements contrôlent Internet[10] afin de manipuler le peuple comme avec l'« Open Government Initiative »[11] de l’administration Obama. Cette idée est encore reprise à travers l’exemple de Facebook, instrumentalisé à des fins policières[12] ou même Google dont le but est de maintenir l’ordre et la stabilité par une circulation rapide des informations[13].

Le « Comité Invisible » considère que la société n’existe pas puisqu'elle serait le fruit des gouvernements successifs qui auraient réparti le peuple en catégories de production[14]. Le but étant d’ordonner la population afin que l’État puisse mieux la contrôler[15]. L’État a longtemps pensé qu’il pourrait ordonner ses populations, mais le Comité invisible affirme que l’institution étatique a admis à demi-mot que la société n’existait pas compte tenu de la mondialisation où « toutes les métropoles tiss[ent] un monde dans lequel ce qui compte est la mobilité et non plus l’attachement à un lieu »[16]. Les gouvernements alors, afin de maintenir le contrôle, continuent de faire miroiter au peuple que cette société existe toujours[15].

La solution est la révolution[17]. Les membres du collectif pensent qu’elle doit s’assurer le blocus des moyens d’approvisionnements que ce soit l’approvisionnement électrique ou encore vivrier[18]. Mais ils imaginent aussi une suite : des communautés autonomes et interdépendantes, dans la tradition anarchiste[19]. Il s’agirait de rassemblements de personnes qui en ont le désir, tous liés par un serment de solidarité, membres qui vivraient heureux, ensemble, dans l’autogestion et l’échange avec des communautés extérieures[20].

Portée[modifier | modifier le code]

Cette œuvre a été traduite en huit langues sur quatre continents ; volonté de diffusion internationale de la part du Comité invisible. Lors de la sortie de ce manifeste, la presse[21] l'évoque et le présente en tant que suite indéniable de L'Insurrection qui vient. Des sites spécialisés comme Lundi matin[22], O.R.S.E.[23], Période[24] ou 68 mai[25] se font écho des idées développées par Comité invisible.

Portée d'À nos amis à travers divers interviews et événements :

  • Le , Éric Hazan parle du contenu du livre et de sa position très favorable à la pensée du Comité invisible[26].
  • La salle Raymond Aron à l'École Normale Supérieure a été occupée du au à la suite d'un débat organisé entre les étudiants autour de cet ouvrage. Il ne devait durer qu'une journée mais plus de 200 personnes se sont réunies pendant 15 jours pour débattre et échanger sur ce phénomène médiatique[27].
  • Le Comité invisible a fait une interview pour le journal allemand Die Zeit afin de faire la promotion de cette œuvre[28]. Cette interview est chère au cœur de leurs partisans puisque le Comité invisible n'était jamais apparu publiquement[29].

Détournement[modifier | modifier le code]

En 2016, un pamphlet anarchiste anonyme de réponse intitulé À nos clients est publié par Qu'est ce que tu fabriques ? Éditions[30].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Comité invisible, À nos amis, Éditions La Fabrique, Paris, 2014, 250 pages.
    • Traduction allemande : Unsichtbares Komitee, An unsere Freunde, aus dem Französischen von Birgit Althaler, Nautilus Flugschrift, April 2015.
    • Traduction anglaise : The Invisible Committee, To Our Friends, Robert Hurley (Translator), Semiotext(e) Intervention Series, Semiotext(e), South Pasadena, April 2015.
    • Traduction espagnole : Comité invisible, A nuestros amigos, E. Barbarroja, A. Vincente, Barrera, Fiori, (traduction) Pepitas de Calabaza, .

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Sabotage à la SNCF : Coupat maintenu en détention », L'Observateur,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. Mandraud I., « Ce que contient le dossier d’instruction de l’affaire Tarnac », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. « L’Insurrection qui vient sur de bons rails », L'Express,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. Le Figaro.fr, « Le Comité invisible revient », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  5. Comité Invisible, À nos amis, Paris, éditions La Fabrique, , 250 p. (ISBN 978-2-35872-062-5), p.76-77
  6. Elle est la conséquence de la crise financière grecque déjà amorcée en 2008, le problème étant l'endettement public du pays atteignant les 177 % du PIB et le fort déficit budgétaire de 13 %.
  7. Les Islandais ont fait destituer leur gouvernement et refusé le sauvetage des banques privées en 2011 lors du référendum islandais sur le remboursement de la dette.
  8. Comité Invisible, À nos amis, Paris, éditions La Fabrique, , 250 p. (ISBN 978-2-35872-062-5), p.14, p.135
  9. Comité Invisible, À nos amis, Paris, éditions La Fabrique, , 250 p. (ISBN 978-2-35872-062-5), p.66
  10. Comité invisible, À nos amis, Paris, La Fabrique, , 250 p., p. 107

    « Pour le mathématicien Norbert Wiener (1894-1964), il s'agit d'une nouvelle science, la cybernétique, qui permet « une nouvelle définition de l'homme, de son rapport au monde, de son rapport à soi ». »

  11. Dirigé par Beth Simone Noveck, « ce programme part du constat que la fonction gouvernementale consiste désormais dans la mise en relation des citoyens et la mise à disposition des informations retenues au sein de la machine bureaucratique. Le gouvernement, ici, est réduit à un rôle d’animateur ou de facilitateur ».(Comité invisible, À nos amis, Paris, éditions La Fabrique, 2014, 250 p., p. 104)
  12. Comité Invisible, À nos amis, Paris, éditions la Fabrique, , 250 p. (ISBN 978-2-35872-062-5), p.105
  13. Comité Invisible, À nos amis, Paris, éditions la Fabrique, , 250 p. (ISBN 978-2-35872-062-5), p.116
  14. Comité Invisible, À nos amis, Paris, éditions La Fabrique, , 250 p. (ISBN 978-2-35872-062-5), p.174
  15. a et b Comité Invisible, À nos amis, Paris, éditions La Fabrique, , 250 p. (ISBN 978-2-35872-062-5), p.175
  16. Comité Invisible, À nos amis, Paris, éditions La Fabrique, , 250 p. (ISBN 978-2-35872-062-5), p.175-176
  17. Comité Invisible, À nos amis, Paris, éditions La Fabrique, , 250 p. (ISBN 978-2-35872-062-5), p.95
  18. Comité Invisible, À nos amis, Paris, éditions La Fabrique, , 250 p. (ISBN 978-2-35872-062-5), p.96
  19. Comité Invisible, À nos amis, Paris, éditions La Fabrique, , 250 p. (ISBN 978-2-35872-062-5), p.206
  20. Comité Invisible, À nos amis, Paris, éditions La Fabrique, , 250 p. (ISBN 978-2-35872-062-5), p.201, p.221
  21. Des journaux comme Le Monde, Le Figaro, Libération, L'Opinion, et Les Inrockuptibles parlent de cette œuvre, de son impact ainsi que de l'avancée de l’affaire Tarnac.
  22. « COMITÉ INVISIBLE », sur Lundi Matin, (consulté le )
  23. Isabel T., « À nos amis du Comité Invisible – Manuel de l’activiste en temps de crise des idéaux », O.R.S.E. [en ligne],‎ (lire en ligne, consulté le )
  24. Toscano A., « Brûler, habiter, penser ; À propos de À nos amis du Comité Invisible », Période [en ligne],‎ (lire en ligne, consulté le )
  25. Mathieu Dejean, « La première interview du Comité invisible est dans le journal allemand « Die Zeit » », Les Inrockuptibles, (consulté le ).
  26. Dejean M., « Éric Hazan : « L’occultation du passé fait partie des armes du maintien de l’ordre » », Les InRocks [en ligne],‎ (lire en ligne, consulté le ) :

    « Ce qui émerge d'À nos amis, c'est qu'au fond, les insurrections qui ont eu lieu sont pour la plupart restées au stade embryonnaire, ou ont abouti à des révolutions qui ont été muselées. […] Cela pose un problème : par quels cheminements une insurrection peut-elle être menée pour aboutir à une véritable révolution ? »

  27. Dejean M., « À l’ENS, un débat sur le livre du Comité invisible s’est transformé en squat », Les InRocks [en ligne],‎ , « Des débats y ont été organisés — sur la sécurité informatique, le graffiti, l'attentat contre Charlie Hebdo... —, des répétitions musicales et théâtrales aussi. Même la nuit. » (lire en ligne, consulté le )
  28. (de) « Die Wut gewinnt an Boden », sur Zeit Online, (consulté le )
  29. « Comité invisible : interview », sur Lundi matin, 26 avril 2015) (consulté le ) : « Le Comité invisible n'a répondu à aucune autre demande d’interview et ne l'avait jamais fait auparavant parce qu'il savait qu'il n'apparaitrait pas aux médias comme un collectif d'auteurs mais plutôt comme une simple « instance d'énonciation stratégique pour le mouvement révolutionnaire ». ».
  30. « Quelques titres disponibles en ce moment », sur noblogs.org (consulté le ).

Articles connexes[modifier | modifier le code]