Vidame

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Représentation héraldique de la couronne de vidame : quatre croix dont trois visibles

Vidame (bas latin vicedominus, composé du latin vice et dominus, « seigneur ») est, au cours de la période féodale, un officier chargé d'exercer les pouvoirs temporels (militaires et de justice) en lieu et place d'un seigneur ecclésiastique (évêque ou abbé). En Savoie et en Suisse, ce terme se trouve sous les formes vidome ou encore vidomne.

Le vidame est à l'origine la personne qui mène l'armée et perçoit les redevances féodales d'une seigneurie ecclésiale dont le titulaire appartient au clergé régulier ou séculier. Il exerce au nom de celui-ci un certain nombre de droits féodaux. À l'époque moderne, le titre de vidame est intégré à la hiérarchie nobiliaire considéré comme équivalent à celui de vicomte. Certains titres de vidames étaient attachés à des fiefs, d'autres étaient héréditaires.

Vidomne[modifier | modifier le code]

Un vidomne (en latin Vice dominus, Vice domnus, Vice dognus), est un titre porté par un officier ou un fonctionnaire représentant un seigneur, qu'il soit ecclésiastique ou laïque, dans la région historique de la Savoie (comté de Savoie, comté de Genève) ou de la Suisse. « Leurs attributions, toujours séculières, variaient suivant la puissance du seigneur qu'ils représentaient ou l'étendue de la circonscription qui leur était confiée. La plupart de ces fonctions devinrent héréditaires au douzième siècle[1]. » Leur rôle est principalement de représenter le comte, l'évêque ou le duc en matière de justice, il était ainsi juge d'instruction et accusateur public[2]. L'historien Félix Bernard indique, en parlant des vidomnes du comté de Genève, qu'ils disposaient de la « police des routes secondaires, des affaires mineures et percevait le tiers des amendes »[3].

France[modifier | modifier le code]

Titres[modifier | modifier le code]

En France on connaît les vidamés de :

On le trouve également comme titre de courtoisie. Ainsi le titre de vidame de Limoges est porté fin XVIIIe par les du Mas, marquis de Payzac [8].

Toponymie[modifier | modifier le code]

Personnages de romans[modifier | modifier le code]

Suisse[modifier | modifier le code]

En Suisse, les principaux vidomnats sont :

Saint-Empire romain germanique[modifier | modifier le code]

Dans l'archevêché de Mayence, le vidame (Vizedome) était à l'origine un employé de l'administration centrale. Comme la souveraineté de l'archevêque s'étendait à des territoires morcelés, il était nécessaire de déconcentrer l'administration : l’archevêque Adalbert Ier de Sarrebruck (1112-1137) nomma par conséquent en 1120 quatre vidames pour les fiefs de Mayence-Rheingau, Aschaffenbourg, Eichsfeld-Hesse et Erfurt. Ils étaient une instance intermédiaire entre le gouvernement et les administrations locales.

Il n'y avait pas de délimitation claire du diocèse géré par un vidame. L'autorité du vidame se définissait selon le degré d’autonomie des villes telle que l'appréciait l'archevêque Siegfried III von Eppstein (1230-1249).

À Erfurt comme dans le cas du Rheingau, les titulaires finirent par racheter l’office de vidame à l'archevêché (1342). Par la suite, l'administration fut exercée par des curateurs épiscopaux ; le titre de vidame n'avait pas disparu, mais avait perdu sa signification initiale pour devenir un titre de courtoisie. Il ne devait reprendre sa signification concrète de représentant territorial qu'en 1664, puis en 1675 on institua un gouverneur.

Les domaines de compétence du vidame embrassaient avant tout les affaires judiciaires et militaires, pour lesquels il y avait des sièges séparés. Le vidame fut par contre très tôt (au XIVe siècle) dessaisi des affaires d'État (le contrôle des marchandises et des impôts) lors de la création du Hofrat.

Venise[modifier | modifier le code]

La république de Venise, au XVe siècle avait un magistrat à Ferrare, avec le titre de vidame (visdomino) pour défendre les intérêts de ses sujets en territoire étranger.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Régeste genevois, 1866, p. 538 (lire en ligne).
  2. Marie-José de Belgique, La Maison de Savoie. Les origines, Albin Michel, Paris, 1956, p. 48.
  3. Félix Bernard, L'Abbaye de Tamié, ses granges (1132-1793), Imprimerie Allier, , « La guerre des deux Bourgogne et l’intervention de Saint Bernard provoquent la fondation de Tamié et la naissance de la ville d’Annecy-le-Neuf », p. 164.
  4. Henri Menu, Notes biographiques, lettre C, Ms 2148, Bibliothèque Carnegie (Reims).
  5. sur la Base Palissy.
  6. Courcelles Histoire généalogique des pairs de France, volume II, page 16
  7. Mon père acheta ce fief [la Ferté-Arnauld] dans Chartres qui est le vidamé, et m'en fit porter le nom, que j'ai fait après porter à mon fils (Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon, 59, 242).
  8. Dumas de Peysac en Limousin porte in hoc signo vinces [...] de cette maison est Joseph François Dumas, chevalier, seigneur, marquis de Peysac, vidame de Limoges, sous-lieutenant au régiment des Gardes, fils de François, brigadier des armées, Waroquier de Combles [Louis, Charles, comte de], Traité des devises héraldiques, (Paris, veuve Duchesne, 1783-1784, 2 parties in-12 : 277 p.), et (la Gazette de France, 1786, p. 290). Ce titre est également porté par son fils Charles-Odet du Mas (1749-1821).
  9. Edmond Ganter, L'Église catholique de Genève : seize siècles d'histoire, Slatkine, , 515 p. (ISBN 978-2-05-100791-7), p. 68
  10. « Gazette de Lausanne - 25.01.1909 - Page 1 », sur www.letempsarchives.ch (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]