Ranunculaceae

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Ranunculaceae, en français les Ranunculacées ou plus traditionnellement les Renonculacées, sont une famille de plantes voisine des Dicotylédones vraies. Celle-ci comprend environ 2 500 espèces réparties en une soixantaine de genres[2].

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le nom de la famille vient du genre Ranunculus (« petite grenouille »), diminutif du latin rana (cf rainette), car plusieurs espèces sont aquatiques et plusieurs autres affectionnent les endroits humides que fréquentent ces amphibiens[3].

Description[modifier | modifier le code]

Diagrammes floraux de Renonculacées.

Les Ranunculaceae sont une famille par enchaînement[4], montrant plusieurs tendances évolutives, ce qui explique la diversité de l'appareil végétatif (grande variabilité morphologique) et reproducteur, ce dernier montrant plusieurs directions évolutives[5].

Appareil végétatif[modifier | modifier le code]

Ce sont des plantes herbacées (quelques ligneuses, arbustes tel que Xanthorhiza, lianes et plantes grimpantes telles que les Clématite), annuelles ou pérennes, rhizomateuses ou tubéreuses, des régions froides à tropicales, avec un maximum dans les régions tempérées de l'hémisphère Nord. Les feuilles généralement sans stipules (exception : Thalictrum) et à pétioles élargis à la base (feuilles engainantes) montrent toutes les tendances évolutives : simples, entières (Caltha) ou souvent très découpées, parfois composées ; alternes, opposées (plus rarement, comme dans le genre Clematis) ou/et en rosettes basales ; l'hétérophyllie est marquée chez les espèces aquatiques. Chez certaines espèces, le pétiole est transformé en vrille (Clematis) ou ce sont les 3 folioles apicales qui sont réduites à des vrilles (Naravelia)[5].

Les renonculacées sont des plantes toxiques de par leur production d'alcaloïdes, d'hétérosides, de lactones telles que la proto-anémonine, principe âcre et irritant qui est une cardiotoxine. Ces composés toxiques constituent une défense chimique contre les herbivores[2].

Appareil reproducteur[modifier | modifier le code]

L'appareil reproducteur montre les directions évolutives suivantes : périanthe non différencié (Helleborus) mais le plus souvent différenciation en sépales et pétales selon deux voies : par sépalisation de l'involucre bractéen (Anemone) ou par pétalisation progressive des nectaires ou des étamines (les pétales chez Ranunculus sont ainsi appelés feuilles nectarifères)[6] ; gamocarpellie (Nigella) ; apparition de la zygomorphie (Aconitum) ; cyclisation par fragmentation de la spirale (Helleborus) ; évolution vers la superovarie ; réduction progressive du nombre d'étamines et de verticilles d'étamines (en lien avec la zygomorphie et des contraintes spatiales) puis polyandrie secondaire (polystémonie interprétée comme un moyen d'offrir une plus grande quantité de pollen aux pollinisateurs)[7].

La fleur est parfois solitaire, comme chez certaines espèces des genres Anemone et Pulsatilla. Mais en général les fleurs sont groupées en inflorescences variées : généralement terminale (rarement axillaire), elle est de type grappe (Aconitum), panicule (Thalictrum) ou cyme (Helleborus). Elle regroupe des fleurs bisexuées spiralo-cycliques dialytépales ou dialypétales, actinomorphes ou zygomorphes (parfois éperonnées), polystémones (souvent avec les stades intermédiaires entre les spirales de nectaires et d'étamines à anthères à déhiscence longitudinale), hypogynes. La pollinisation est entomophile (anémophile chez Thalictrum). Les carpelles généralement libres sont surmontés de stigmates souvent bilobés, à placentation marginale ou axile[5].

Formule florale[5] :

Les fruits sont des akènes (Ranunculus, Clematis), follicule (Helleborus) ou capsule (Nigella), rarement des baies (Actaea) à dispersion ornithochore. Ils contiennent des graines à albumen oléagineux[2].

Classification APG[modifier | modifier le code]

Ranunculus peltatis : une renoncule aquatique hétérophylle au milieu de lentilles d'eau.

Angiosperm Phylogeny Website (23 avr. 2010)[8] détermine 5 sous-familles :

Liste des genres[modifier | modifier le code]

Trollius chinensis, dite 'Golden Queen' (reine d'or), en Hollande.

Les principaux genres sont Ranunculus (400 espèces), Delphinium (250 espèces), Aconitum (245 espèces), Clematis (200 espèces), Anemone (150 espèces), Thalictrum (100 espèces)[9]. La flore française est riche d'une vingtaine de genres et environ 160 espèces, avec Ranunculus (80 espèces), Anemone (11 espèces), Aquilegia (9 espèces d'Ancolies), Thalictrum (9 espèces de Pigamons), Delphinium (8 espèces), Consolida (8 espèces de Pieds-d'Alouette), Pulsatilla (7 espèces), Aconitum (5 espèces), Adonis (5 espèces)[10].

En France, on peut citer les genres :

Dans les jardins des régions tempérées, un grand nombre de variétés ornementales appartiennent à cette famille.

Selon NCBI (23 avr. 2010)[11], la liste complète des genres est :

Selon Angiosperm Phylogeny Website (18 mai 2010)[12] :

Selon DELTA Angio (23 avr. 2010)[13] :

Selon ITIS (23 avr. 2010)[14] :

Record[modifier | modifier le code]

La renoncule des glaciers est une des plantes à fleurs européennes poussant à la plus haute altitude puisqu'elle se rencontre jusqu'à plus de 4 000 mètres (en Suisse)[15]. Avec la brassicacée Solms-laubachia himalayensis (en), Ranunculus lobatus peut être trouvée à 7 756 mètres de hauteur dans l'Himalaya, la plus haute altitude jamais atteinte par une plante à fleur[16].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. K. B. Pigg et M. L. DeVore, « Paleoactaea gen. nov. (Ranunculaceae) fruits from the Paleogene of North Dakota and the London Clay », American Journal of Botany, vol. 92, no 10,‎ , p. 1650–1659 (PMID 21646082, DOI 10.3732/ajb.92.10.1650)
  2. a b et c Philippe Martin, Familles des plantes à fleurs d'Europe. Botanique systématique et utilitaire, Presses universitaires de Namur, (lire en ligne), p. 89.
  3. François Couplan, Les plantes et leurs noms. Histoires insolites, Quae, , p. 84.
  4. Une grande différence existe entre les espèces, mais de nombreux intermédiaires les relient les unes aux autres. Elles ont en effet tenté toute une palette de lignes évolutives, si bien qu'elles possèdent des caractéristiques archaïques différant fortement de celles plus évoluées, mais sont reliées entre elles par de nombreux intermédiaires caractérisés par des transitions graduées et observables.
  5. a b c et d Rodolphe Edouard Spichiger, Vincent V. Savolainen, Murielle Figeat, Daniel Jeanmonod, Botanique systématique des plantes à fleurs : une approche phylogénétique nouvelle des angiospermes des régions tempérées et tropicales, Presses polytechniques et universitaires romandes, , p. 158.
  6. (en) Claudia Erbar, Stephanie Kusma, Peter Leins, « Development and interpretation of nectary organs in Ranunculaceae », Flora, vol. 194, no 3,‎ , p. 317-332 (DOI 10.1016/S0367-2530(17)30920-9).
  7. (en) Uwe Jensen et Joachim W. Kadereit, Systematics and Evolution of the Ranunculiflorae, Springer Science & Business Media, , p. 62.
  8. Stevens, P. F. (2001 onwards). Angiosperm Phylogeny Website. Version 14, July 2017 [and more or less continuously updated since]." will do. http://www.mobot.org/MOBOT/research/APweb/, consulté le 23 avr. 2010
  9. (en) Gurcharan Singh, Plant Systematics : An Integrated Approach, Science Publishers, (lire en ligne), p. 387.
  10. Michel Botineau, Botanique systématique et appliquée des plantes à fleurs, Lavoisier, , p. 280.
  11. NCBI, consulté le 23 avr. 2010
  12. Stevens, P. F. (2001 onwards). Angiosperm Phylogeny Website. Version 14, July 2017 [and more or less continuously updated since]." will do. http://www.mobot.org/MOBOT/research/APweb/, consulté le 18 mai 2010
  13. DELTA Angio, consulté le 23 avr. 2010
  14. Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 23 avr. 2010
  15. L. Persici et B. Charpentier, Fleurs du Mercantour, éd. Dromadaire, Parc National du Mercantour, (ISBN 2-909518-02-7), DL juillet 1992
  16. (en) Maarten J. M. Christenhusz, Michael F. Fay, Mark W. Chase, Plants of the World : An Illustrated Encyclopedia of Vascular Plants, University of Chicago Press, (lire en ligne), p. 222.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Les Renonculacées de France, par A. GONARD édité en 2011 par la [1] (fr)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]