Femme-renarde

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Femme-renarde de Sūshi Sawaki, tiré des Hyakkai zukan.

La femme-renarde (chinois : 狐狸精 ; pinyin : húlíjīng ; Wade : hu²li²ching¹ ; EFEO : houliking ; cantonais Jyutping : wu⁴lei⁴zing¹) est un personnage chinois récurrent des contes de Pu Songling, intitulés Liáozhāi zhìyì (Contes étranges du studio du bavard[1]). On trouve également un yōkai de ce type dérivé du kitsune dans le folklore japonais appelé yōko (妖狐?).

Il s'agit d'une renarde qui se métamorphose en une charmante et agréable jeune fille pour séduire les héros ; la femme-renarde est décrite comme un esprit tantôt dangereux, tantôt bienfaisant.

Dans la mythologie[modifier | modifier le code]

Le renard à neuf queues dans le Shanhaijing

Dans la mythologie chinoise, on croit que toutes les choses sont capables d'acquérir des formes humaines, des pouvoirs magiques et l'immortalité, à condition que la Lune et le Soleil leur fournissent suffisamment d'énergie, sous certaines formes, comme le souffle ou l'essence de l’homme.

Les esprits des renards que l’on rencontre dans les contes et légendes sont généralement des femmes qui apparaissent comme jeunes et belles. Dans la mythologie chinoise, un des esprits de renard qui avaient la plus mauvaise réputation était Daji (妲己), dépeinte dans le roman Ming L'Investiture des dieux (Fēngshén yǎnyì). Il s’agit de la fille d'un général, fort belle, qui a été mariée de force au cruel tyran Zhou Xin (纣辛). L’esprit d’un renard à neuf queues qui a été au service de la déesse Nüwa, que Zhou Xin avait offensée, prend possession du corps de l’épouse, en expulsant l'âme véritable de Daji. Avec son nouveau mari l'esprit, sous les traits de Daji, imagine toutes les cruautés possibles et invente de nombreuses façons de torturer, par exemple forcer les fonctionnaires intègres à saisir des piliers métalliques portés au rouge[2]. De telles cruautés conduisent à la révolte de nombreuses personnes, y compris d’anciens généraux de Zhou Xin eux-mêmes, révoltés et ont lutté contre la dynastie Shang, celle de Zhou Xin. Finalement, le roi Wen de Zhou, un des vassaux de Shang, fonde une nouvelle dynastie nommée d'après son pays. L'esprit du renard qui se trouvait dans le corps de Daji est chassé par la suite par Jiang Ziya (姜子牙), le premier chef de gouvernement de la dynastie Zhou, et son esprit condamné par Nüwa elle-même pour son excessive cruauté.

De façon générale, les esprits-renards étaient considérés comme dangereux, mais certains récits dans le Liaozhai Zhiyi de Pu Songling nous montrent des histoires d'amour entre un jeune homme et un renard qui a pris les traits d’une jolie fille.

L'esprit-renard a été également utilisé comme un facteur explicatif dans l'incidence des attaques du Koro, une psychose ethnique que l’on trouve dans le sud de la Chine et en Malaisie en particulier[3].

On fait mention de l'esprit-renard dans le bouddhisme chan chinois. Linji Yixuan (d.866) a dit : « Les moines jeunes et insuffisamment mûris, ne comprenant pas cela, croient à ces esprits-renards… » Les « esprits-renards » dans ce cas sont des voix qui parlent de cette manière ou un dharma. Ils sont perçus comme des influences malveillantes qui conduisent les égarés naïfs[4].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Plusieurs traductions du Liáozhāi zhìyì existent actuellement. Ces versions ont chacune une traduction différente, romancée, du titre de l'œuvre originale (mot à mot liáo : bavarder, zhāi : studio, zhì : noter/enregistrer,  : étrange)
  2. Fox-spirit Daji invents the Paoluo torture
  3. Cheng, S. T. « A critical review of Chinese Koro ». Culture, Medicine and Psychiatry 20(1), p. 67-82 (1996).
  4. The Record of Linji, Honolulu, 2008, p. 218.

Annexes[modifier | modifier le code]

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