Eau ferrugineuse

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L'activité des bactéries ferroxydantes dans les eaux ferrugineuses peut se manifester sous forme d'irisations qui résultent de l'interférence de la lumière incidente avec la surface du film bactérien.
Elle peut se manifester aussi sous forme d'ocre ferreuse qui entoure la végétation immergée.
Source ferrugineuse, Laifour, département des Ardennes.
Source ferrugineuse dans les Vosges.

L'eau ferrugineuse est une variété d'eau minérale riche en ions Fe2+ ou Fe3+.

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

De nombreuses sources en pays volcaniques, comme aux Açores, contiennent du Fe2+ en solution. En arrivant à l'air libre contenant 21 % d'O2, ce Fe2+ est oxydé en Fe3+. Cette oxydation a lieu sous l'action de ferrobactéries quand la température permet la vie bactérienne (c'est-à-dire une température < 115 °C), ce qui est le cas de la totalité des sources à la pression de 1 atmosphère, et le cas dans les fumeurs océaniques là où l'eau a une température < 115 °C. Les bactéries utilisent l'énergie libérée par cette oxydation pour assurer leurs besoins énergétiques et réaliser la transformation de CO2 en matière organique (ce sont des bactéries chimiolithotrophes). Ce Fe3+ précipite sous forme d'hydroxydes ferriques [ Fe(OH)3 ], qui forment alors des concrétions colorées assez similaires aux concrétions karstiques (stalactites, encroûtements…) et aux stromatolithes classiques.

De telles sources existent aussi en Auvergne, où elles donnent lieu à un festival de concrétions et de couleurs bactériennes, aussi spectaculaires et plus faciles d'accès que Lombadas aux Açores (cf. géologie des sources thermo-minérales d'Auvergne et chimiolithotrophie dans les sources thermo-minérales d'Auvergne)[1].

Le carbonate de protoxyde de fer ou de sulfate de fer qu'elle contient donne à l'eau ferrugineuse une saveur atypique[2]. À Spa, au XIXe siècle les curistes prenaient de l'anis, du carvi, de la coriandre ou des écorces d'orange confites pour mieux supporter le goût de l'eau[3].

Vertus médicinales[modifier | modifier le code]

On retrouve dans les thérapies traditionnelles la théorie des signatures et la médecine métaphorique prêtant au fer, métal solide et dur, des vertus médicinales. Il est d'usage jusqu'au XXe siècle de faire des cures d'eaux ferrugineuses (sous forme d'eau de source, de fontaine, d'eau macérée dans laquelle on laisse rouiller de la limaille, des clous, des fers de forgerons ou des boules d'acier[4], eau préparée par les apothicaires à l'état de lactate de fer, de peptonate de fer) censées avoir des vertus tonifiantes, lutter contre l'anémie ou prévenir (voire guérir) de l'alcoolisme[5].

Références culturelles[modifier | modifier le code]

  • Alphonse Allais a suggéré dans un de ses récits (Utilisation de la tour Eiffel pour 1900) qu'il faudrait retourner complètement la tour Eiffel (car, dit-il, elle ne sert plus à rien depuis l'Exposition universelle de 1889), la pointe en bas, l'envelopper de céramique et la remplir totalement ; l'eau qui se trouverait dedans deviendrait alors ferrugineuse, apportant force et vitalité aux habitants de Paris.
  • Le comédien Bourvil a interprété un sketch écrit par Roger Pierre - sur une idée d'André Berthomieu et Paul Vandenberghe quelque onze années plus tôt en 1948[6]- ayant pour thème l'eau ferrugineuse[7]. Il y joue le président d'une association de lutte contre l'alcoolisme qui vient faire un discours avec pour slogan : « L'alcool non... mais l'eau ferrugineuse, oui ! ». Mais ce président arrive justement dans un état particulièrement avancé d'ébriété et parvient tant bien que mal à lancer sa phrase de promotion.
  • Dans le film Les Couloirs du temps : Les Visiteurs 2, Jacques Mathou (Monsieur Lumeau-Péricard, beau-père de Philippine de Montmirail) fait un jeu de mots sur « ferrugineuse ». Sa belle-fille le présente auprès de Jean Reno (Comte Godefroy de Montmirail, dit Godefroy le Hardi), qui joue son père : « Mon futur beau-père est recteur de l'académie de Nancy, agrégé de lettres classiques et féru d'histoire ». Le beau-père réplique « Féru, féru… gineuse ! ».

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Pierre Thomas, « Stalactites, concrétions et encroûtements quasi-stromatolithiques d'hydroxydes ferriques, Lombadas, île de Sao Miguel, Açores », ENS Lyon - Laboratoire des Sciences de la Terre,‎
  2. « Eau ferrugineuse : définition », Aquaportail.com
  3. Léon Marquet et Gaston Bedoret, À l'âge d'or de Spa, le Waux-hall au XVIIIe siècle et du XIXe siècle à nos jours, Verviers, , 119 p., p. 37-38
  4. Ces deux dernières sont appelées respectivement eau de forge et eau de boule.
  5. Paul Mainguy, médecine à la Belle époque, éditions France-Empire, , p. 112
  6. Dans le film Blanc comme neige, Bourvil soliloquait déjà sur ce thème en veilleur de nuit ivre laissant cambrioler involontairement le Central-Hotel qui l'emploie, en présence de Mona Goya, cliente de l'établissement.
  7. « Bourvil interprète un sketch, L'Eau ferrugineuse ou La Causerie du délégué de la ligue anti-alcoolique », diffusé dans La Joie de vivre, 24 novembre 1959, sur le site de l'Ina

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]