Samuel Huntington

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Samuel Huntington
Samuel Huntington en 2004 au Forum économique mondial de Davos.
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Samuel Phillips Huntington
Nationalité
Formation
Activités
Mère
Dorothy Sanborn Phillips (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Nancy Arkelyan Huntington (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Parti politique
Membre de
Distinctions
Œuvres principales
The Third Wave: Democratization in the Late Twentieth Century (d), Le Choc des civilisations, Qui sommes-nous ? Le Défi à l'identité nationale de l'Amérique (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Samuel Huntington, né le à New York et mort le à Martha's Vineyard dans le Massachusetts, est un professeur américain de science politique, connu pour son livre intitulé Le Choc des civilisations paru en 1996.

Biographie[modifier | modifier le code]

Né en 1927 à New York, Samuel Huntington est un brillant étudiant diplômé de l'université Yale à dix-huit ans. Il commence sa carrière d'enseignant à vingt-trois ans à l'université Harvard, université où il travaille pendant cinquante-huit ans. Il ne cesse ses cours qu'en 2007[1]. Il a aussi été membre du Conseil de sécurité nationale au sein de l’administration Carter. Il est auteur, coauteur ou éditeur de dix-sept ouvrages et de quatre-vingt-dix articles scientifiques traitant de sujets politiques divers : la politique américaine, la démocratisation, la politique militaire, la stratégie ou encore la politique de développement[1]. En 1957, il écrit un livre sur l'armée, The Soldier and the State. Il explique que la profession militaire a pour objet le « management de la violence » ; elle échappe aux motivations économiques aussi bien qu'au patriotisme passager du soldat citoyen. Elle est faite de l'amour du métier et du souci constant de la grandeur de l'État et du bien-être de la société[2].

Ses livres les plus connus dans le monde francophone sont Le Choc des civilisations, traduit par ailleurs en trente-huit autres langues et objet de nombreuses controverses, et Qui sommes-nous ? Identité nationale et Choc des cultures. Des commentateurs ont reproché à Huntington de peindre un Occident assiégé par des civilisations hostiles alors que le monde est de plus en plus interdépendant[1]. Les tenants des théories d'Huntington se sont sentis confortés dans leur crainte par les attentats du 11 septembre 2001. Ce à quoi l'auteur répond : « Les événements donnent une certaine validité à mes théories. Je préférerais qu'il en aille autrement[1]. »

Le Choc des civilisations[modifier | modifier le code]

Le Choc des civilisations est issu d'un article, « The Clash of Civilizations? » publié à l'été 1993 par la revue Foreign Affairs et inspiré de l'ouvrage de Fernand Braudel, Grammaire des civilisations (publié en 1987, texte original de 1963), du concept du même nom utilisé par Bernard Lewis en 1957 et vraisemblablement aussi du chapitre sur la « question juive » de La Bureaucratisation du monde (1939) de Bruno Rizzi. Cet article a permis à Samuel Huntington d'accéder à la notoriété. Il l'a ensuite développé pour en faire un livre, traduit en France en 1997 aux éditions Odile Jacob. Les attentats du ont projeté sa vision géopolitique sur le devant de la scène et déclenché une controverse.

D'après lui, les relations internationales vont désormais s'inscrire dans un nouveau contexte. Dans un premier temps, les guerres avaient lieu entre les princes qui voulaient étendre leur pouvoir, puis elles ont eu lieu entre États-nations constitués, et ce jusqu'à la Première Guerre mondiale. Puis la révolution russe de 1917 a imposé un bouleversement sans précédent, en ce qu'elle a promu une idéologie. Ainsi, dès ce moment, les causes de conflits ont cessé d'être uniquement géopolitiques, liées à la conquête et au pouvoir, pour devenir idéologiques. Cette vision des relations internationales trouve son point d'aboutissement dans la guerre froide, celle-ci ayant institué l'affrontement de deux modèles de société. Cependant, la fin de la guerre froide marque un nouveau tournant dans les relations internationales.

Huntington nous dit qu'il faut désormais penser les conflits en termes non plus idéologiques mais culturels : « Dans ce monde nouveau, la source fondamentale et première de conflit ne sera ni idéologique ni économique. Les grandes divisions au sein de l'humanité et la source principale de conflit sont culturelles. Les États-nations resteront les acteurs les plus puissants sur la scène internationale, mais les conflits centraux de la politique globale opposeront des nations et des groupes relevant de civilisations différentes. Le choc des civilisations dominera la politique à l'échelle planétaire. Les lignes de fracture entre civilisations seront les lignes de front des batailles du futur[1]. »

En effet, les opinions publiques et les dirigeants seraient nettement plus enclins à soutenir ou à coopérer avec un pays, une organisation proche culturellement. Le monde se retrouverait alors bientôt confronté à un choc des civilisations, c’est-à-dire une concurrence plus ou moins pacifique, à des conflits plus ou moins larvés, tels ceux de la guerre froide, entre blocs civilisationnels. Huntington définit les civilisations par rapport à leur religion de référence (le christianisme, l'islam, le bouddhisme[1]…), et leur culture. Il définit huit civilisations et potentiellement une neuvième (la civilisation boudhique, mais dont l'extinction en Inde et sa capacité à se fondre dans des modèles préexistants ne permettent pas d'en faire le socle d'une grande civilisation[3]) : Occidentale (Europe de l'Ouest, Amérique du Nord, Australasieetc.), latino-américaine, islamique, slavo-orthodoxe (autour de la Russie), hindoue, japonaise, confucéenne (sino-vietnamo-coréenne) et africaine.

En décryptant les prémices du choc des civilisations qu'il croit reconnaître dans des conflits locaux comme ceux des Balkans des années 1990, Samuel Huntington donne des lignes de conduite pour éviter les conflits majeurs. Ainsi il recommande aux puissances dominantes de chaque bloc un strict respect des zones d'influence. Ce qui signifie que les puissances majeures s'interdisent d'intervenir à l'extérieur de leur zone civilisationnelle.

Qui sommes-nous ? Le défi à l'identité nationale de l'Amérique[modifier | modifier le code]

Dans son ouvrage Who Are We? The challenge to America's national identity (« Qui sommes-nous ? Le défi à l'identité nationale de l'Amérique » [États-Unis]), Huntington s'est intéressé aux fondements de l'identité, et plus particulièrement de l'identité nationale américaine, confrontée à une nouvelle vague d'immigration. Cet ouvrage a été perçu comme l'expression de l'anxiété des Blancs américains dans le contexte de l'expansion démographique des Hispaniques, en très majorité métis, parlant l'espagnol et de culture latino-américaine, singulièrement différenciables du monde anglophone et occidental.

Publications[modifier | modifier le code]

Traductions françaises[modifier | modifier le code]

Publications originales[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f « Samuel Huntington, auteur du Choc des civilisations, est mort », Le monde.fr, 27 décembre 2008, disponible sur [1]
  2. Pierre Dabezies, Article « Armée (pouvoir et société) », Encyclopaedia Universalis, DVD, 2007
  3. Le Choc des civilisations, p. 56.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jim Cohen, « Samuel Huntington dans l’univers stratégique américain », Mouvements, no 30 2003/5, p. 21 à 30. [lire en ligne] [PDF]
  • Marc Crépon, L'imposture du choc des civilisations, Pleins Feux, 2002. « Huntington ou la culture de l'ennemi », compte-rendu de René-Éric Dagorn pour la revue EspaceTemps.net ().
  • Frédérick Douzet, « Le cauchemar hispanique de Samuel Huntington », Hérodote, no 115 2004/4, p. 31 à 51. [lire en ligne] [PDF]
  • Philippe Raggi, « Huntington et le choc des civilisations en question », une lecture de l'ouvrage de Samuel Huntington [lire en ligne]
  • (en) « Huntington, Samuel Phillips », dans Britannica Book of the Year 2009 (lire en ligne), p. 137

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :