Mémorial de la France combattante

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Mémorial du Mont-Valérien
Présentation
Type
Architecte
Félix Brunau
Construction
1958-1960
Ouverture
Patrimonialité
Site web
Localisation
Pays
Département
Commune
Coordonnées
Carte

Le mémorial du Mont-Valérien est un monument d'hommage aux Français combattants, résistants et déportés situé à Suresnes (Hauts-de-Seine) sur la pente du mont Valérien, au pied de la forteresse du même nom.

Chaque 18 juin, la chancellerie de l'ordre de la Libération y organise une cérémonie de commémoration de l'appel du général de Gaulle.

Histoire du mémorial[modifier | modifier le code]

La croix de Lorraine au mémorial du mont Valérien.

Durant la Seconde Guerre mondiale et l'occupation allemande, la forteresse du Mont-Valérien fut le lieu de plus 1 009 exécutions de résistants[1],[2], parmi lesquels Honoré d'Estienne d'Orves et les vingt-deux membres du groupe Manouchian. Le nombre de 4 500 fusillés gravé près du site d'exécution n'a pas été corrigé[1]

Dès le , le général de Gaulle rend à cet endroit un hommage aux « massacrés et aux fusillés »[2],[3]. Chaque 18 juin, la chancellerie de l'ordre de la Libération y organise une cérémonie de commémoration de l'appel du général de Gaulle, ce qui est prescrit depuis 2006 par le décret no 2006-313 du instituant le 18 juin de chaque année une journée nationale commémorative de l'appel historique du général de Gaulle à refuser la défaite et à poursuivre le combat contre l'ennemi »[2],[4].

Le , sous la direction d'Henri Frenay, alors ministre des Prisonniers, déportés et réfugiés du Gouvernement provisoire, quinze corps de combattants originaires de France et des colonies, dont deux femmes (Berty Albrecht et Renée Lévy), sont inhumés dans une crypte provisoire.

Frenay s'est inspiré du symbole du Soldat inconnu de la Grande Guerre, et l’a adapté aux spécificités de la Seconde Guerre mondiale. Les différentes catégories de combattants (combattants de 1940, FFL, résistants, déportés, prisonniers, hommes de la France d’Outre-Mer) sont représentées par la dépouille de l’un des leurs.

En 1952, on y place également le corps d'Edmond Grethen, un Français résistant d'Indochine fusillé par les Japonais[6].

En 1958, le général de Gaulle, revenu au pouvoir, charge l'architecte des bâtiments civils et palais nationaux Félix Brunau d'édifier un véritable monument, inauguré le [2].

Le , le monument est vandalisé par des manifestants anti-pass sanitaire. Un texte « Anti-pass » est écrit sur une des faces, avec deux « S » imitant le symbole de la Schutzstaffel (SS). Plusieurs personnalités politiques, dont le président de la République française en exercice, Emmanuel Macron, ont fait part de leur indignation[7].

Description du monument[modifier | modifier le code]

L'esplanade du monument fait plus de 1 000 m2. Un mur de 150 m de long[2], en grès rose des Vosges, est accolé au rempart en meulière de la forteresse. Au milieu de ce mur, une grande croix de Lorraine de 12 m de haut[2] marque l'entrée de la crypte où reposent dix-sept combattants, dont le dernier compagnon de la Libération Hubert Germain, inhumé le [8]. Les 17 caveaux sont disposés en arc de cercle, avec au centre une urne contenant des cendres recueillies dans des camps de concentration, ornée d'une sculpture en métal représentant une flamme[9].

Sur le pied de la croix est gravée l'inscription extraite de l'appel du 18 Juin :

« QUOI QU'IL ARRIVE LA FLAMME DE LA RESISTANCE NE S'ETEINDRA PAS.
18 juin 1940      Charles DE GAULLE »

Devant la croix de Lorraine, une flamme jaillit en permanence d'un brûloir en bronze. Le long du mur, seize sculptures différentes, équivalentes des métopes grecques, en bronze, symbolisent les différentes formes des combats pour la Libération.

Construit à partir de 2008[10], un centre d'information et d'accueil est ouvert depuis 2009 (au fond de l'allée à gauche du monument). Il propose notamment des visites du parcours mémoriel au sein de la forteresse.

Longtemps ouvert uniquement pour les commémorations, le site est visité en 2023 par 33 000 personnes, pour moitié dans le cadre de visites scolaires[1].

Les caveaux de la crypte du mémorial[modifier | modifier le code]

Entrée de la crypte.

La crypte contient dix-sept caveaux accueillant les corps de onze militaires (dont deux tirailleurs d'Afrique du Nord, deux tirailleurs d'Afrique noire et trois membres des Forces françaises libres), ainsi que cinq résistants intérieurs (dont un FFI du Vercors et un de la résistance indochinoise) :

  1. Diasso Kal Boutie (1919-1940), soldat au 16e régiment de tirailleurs sénégalais, tué à l'ennemi le à Fouilloy (Somme) ;
  2. Edmond Grethen (1898-1945), inspecteur en chef de la garde indochinoise, fusillé par les Japonais le à Thakhek, Laos ;
  3. Raymond Anne (1922-1944), sergent FFI, « Filochard » dans la Résistance, tué à l'ennemi le à Vassieux-en-Vercors, Drôme ;
  4. Maboulkede (1921-1944), soldat au 24e bataillon de marche (BM 24) de la 1re division française libre (1re DFL), tué à l'ennemi le à La Garde (Var) ;
  5. Berty Albrecht (1893-1943), résistante, torturée, s'est suicidée à la prison de Fresnes en  ;
  6. Maurice Debout (1914-1944), prisonnier de guerre, fusillé le à Oberornau (Bavière) pour refus d'obéissance ;
  7. Pierre Ulmer (1916-1940), militaire au 4e régiment de dragons portés, tué à l'ennemi le pendant la campagne de France à la ferme de Berthonval (Pas-de-Calais) ;
  8. Georges Brière (1922-1944), matelot au 1er régiment de fusiliers marins, tué à l'ennemi le à Giromagny (Territoire de Belfort) ;
  9. Hubert Germain (1920-2021), dernier compagnon de la Libération, mort le  ;
  10. Alfred Touny (1886-1944), résistant, fusillé en à Arras (Pas-de-Calais) ;
  11. Jean Charrier (1920-1944), soldat au 152e régiment d’infanterie, tué à l'ennemi le à Courtelevant (Territoire-de -elfort) ;
  12. Allal Ould M'Hamed Ben Semers (1920-1944), soldat au 1er régiment de tirailleurs marocains, tué à l'ennemi le à Briançon (Hautes-Alpes) ;
  13. Mohamed Amar Hedhili Ben Salem Ben Hadj (1913-1940), soldat au 4e régiment de tirailleurs tunisiens, tué à l'ennemi le à Aunay-sous-Auneau (Eure-et-Loir) ;
  14. Henri Arnaud (1907-1944), commandant la 4e escadre de chasse, tué à l'ennemi le à Roppe (Territoire de Belfort) ;
  15. Maurice (Marius) Duport (1919-1944), sous-lieutenant au 22e bataillon de marche nord-africain (22e BMNA) (1re DFL), tué à l'ennemi pendant la campagne d’Italie, le à San Clemente, Italie ;
  16. Antonin Mourgues (1919-1942), caporal-chef au bataillon d'infanterie de marine et du Pacifique (BIMP), tué à l'ennemi le à El Mreir (Égypte), au cours de la seconde bataille d'El Alamein ;
  17. Renée Lévy (1906-1943), résistante, décapitée le à la prison de Cologne (Allemagne).

Le quatrième caveau était d'abord destiné à un certain Robert B., dont il fut découvert par un journaliste peu avant l’inauguration officielle le par Charles de Gaulle qu'il avait dénoncé des résistants. L'emplacement est d'abord resté vide avant que le caporal Maboulkede ne soit choisi peu après[11],[12].

Avant son entrée au Panthéon le , le corps de Missak Manouchian repose la veille dans la crypte du Mont-Valérien[1].

Les seize sculptures[modifier | modifier le code]

Les hauts-reliefs, réalisés par seize sculpteurs différents[2], sont disposées en deux groupes de huit de part et d'autre de la croix de Lorraine, soit vues de gauche à droite[13] :

Philatélie[modifier | modifier le code]

Le , la poste française émet un timbre postal représentant le mémorial de la France combattante, avec oblitération « premier jour » le à Suresnes[14].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Cyprien Caddeo, « Au Mont-Valérien, une mémoire encore à découvrir », sur humanite.fr, (consulté le )
  2. a b c d e f et g « Un lieu de mémoire de l'appel du – Le mémorial de la France combattante au mont Valérien », france-libre.net, consulté le .
  3. Site de l'ordre de la Libération.
  4. « Décret n° 2006-313 du 10 mars 2006 instituant le 18 juin de chaque année une Journée nationale commémorative de l'appel historique du général de Gaulle à refuser la défaite et à poursuivre le combat contre l'ennemi », sur legifrance.gouv.fr, (consulté le )
  5. « La cérémonie du 18 Juin », mont-valerien.fr, consulté le 18 juin 2023.
  6. « Rencontre avec la fille du combattant Edmond Grethen, inhumé dans la crypte du Mont-Valérien », mont-valerien.fr, .
  7. AFP, « Le Mont Valérien dégradé par un tag anti pass sanitaire : Macron, Ciotti, Delga... les réactions d'indignation se multiplient », sur ladepeche.fr (consulté le ).
  8. L. N., AFP, « Mort d'Hubert Germain : une cérémonie aux Invalides vendredi puis le 11 novembre à l'Arc de Triomphe avant l'inhumation au Mont Valérien », LCI,‎ (lire en ligne).
  9. « Le mémorial du mont Valérien – Site du mont Valérien ; lieu des martyrs de la Résistance et mémorial de la France combattante », sur le site de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONAC), Service départemental des Yvelines – Mémoires 78, consulté le .
  10. « Annexes budgétaires », performance-publique.gouv.fr, consulté le .
  11. Guillaume Tabard, « Au Mont-Valérien, un hôte qui ne valait rien? », sur lefigaro.fr, (consulté le )
  12. Jessica Louise Nelson, « L’Ombre d'un traître de Nathalie Saint-Cricq », sur pointdevue.fr, (consulté le )
  13. a b c d e f g h i j k l m n o p et q « Les haut-reliefs du Mont-Valérien », cheminsdememoire.gouv.fr, consulté le .
  14. « Timbre : Mémorial de la France combattante Mont Valérien », sur philatimbre.fr (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Henri. Broussel, Le Mont-Valérien. Mémorial de la France combattante, ministère des Anciens combattants et des Victimes de guerre, .
  • Claire Cameron (dir.), Le mont Valérien, résistance, répression et mémoire : Récits 1910-1944, ministère de la Défense, Gourcuff Gradenigo, .

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]