Certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré

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Le certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré (CAPES) est un concours professionnel du ministère français de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Ce concours permet de devenir professeur au sein d'un lycée général, d'un lycée technologique ou d'un collège.

Il est délivré aux candidats qui, après avoir réussi les épreuves d’un concours de recrutement (externe, interne ou troisième concours), ont été admis à l'examen de qualification professionnelle. Le CAPES constitue, avec le concours de l'agrégation, l'inscription sur liste d'aptitude et le détachement, l'une des façons d'enseigner, en qualité de professeur titulaire, dans le second degré. Depuis 2010, les professeurs certifiés doivent valider simultanément les épreuves du CAPES et un diplôme de master. Ils sont ensuite fonctionnaires stagiaires une année (règle générale appliquée à l'ensemble des fonctionnaires).

Le CAPES permet d'enseigner au collège et au lycée d'enseignement général et technologique (y compris en BTS), ainsi que parfois en université (statut des PRCE). Pour les besoins du service, il peut être demandé aux professeurs certifiés d'effectuer une partie de leur service en lycée professionnel. Le certificat d'aptitude aux fonctions d'enseignant du second degré dans les établissements d'enseignement privé sous contrat (CAFEP) est l’équivalent du CAPES pour enseigner dans le privé sous contrat.

Historique[modifier | modifier le code]

Le CAPES a été créé en 1950 pour le recrutement des professeurs des collèges et lycées généraux et techniques publics[1]. Il succède au certificat d'aptitude à l'enseignement dans les collèges (CAEC) créé en 1941[2] (les « collèges » conduisaient alors jusqu'au baccalauréat, en parallèle des lycées d'État).

Il concerne alors les disciplines suivantes :

Le CAPES de documentation a été créé en 1989 par Lionel Jospin, alors ministre de l’Éducation nationale, pour le recrutement des professeurs documentalistes[3].

Le CAPES de coordination pédagogique et ingénierie de la formation a été créé en 2000 par Michel Sapin, ministre de la Fonction publique et de la Réforme de l'État (2000-2002) dans le gouvernement Lionel Jospin.

Le CAPES de numérique et sciences informatiques a été créé en 2019[4].

1991-2009[modifier | modifier le code]

De 1991 à 2009, l’obtention du certificat s'est faite en deux ans après la licence :

  • à l'issue d'une première année d'IUFM, la réussite au concours externe (ouvert aux titulaires d'un diplôme de niveau bac+3).
  • une seconde année d'IUFM, associant formation en IUFM (environ deux jours par semaine) et « stage de responsabilité » face à des classes (de 4 h à 6 h de cours par semaine jusqu'en , puis de 6 h à 8 h de cours par semaine à partir de la rentrée 2006).

Un jury académique (présidé par le recteur) délivrait l'examen de qualification professionnelle, qui validait pleinement le certificat d'aptitude (CAPES) et permettait la titularisation dans le corps des professeurs certifiés.

Depuis 2010[modifier | modifier le code]

Les candidats du concours doivent à présent obtenir un master pour valider leur CAPES. Les deux formations sont simultanées. Après son année de stage, le professeur a donc au minimum, un niveau bac +5[5].

Le CAPES de lettres classiques est supprimé en 2013, et fusionné avec le CAPES de lettres modernes pour donner le CAPES de lettres[6]. Mais en 2018, les CAPES de lettres classiques et de lettres modernes sont rétablis par un arrêté publié au Journal officiel du , même s’il y a peu de modifications dans les épreuves[7].

Le ministère de l'Éducation nationale a annoncé en 2014 la création d'une option informatique au CAPES externe et au CAFEP-CAPES de mathématiques à compter de la session 2017 du concours[8].

À l'occasion de son déplacement au Japon, Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Éducation nationale, annonce en 2016 la création d'un CAPES de japonais[9].

A partir de 2022[modifier | modifier le code]

Le concours se passe l'année du master 2 (être titulaire d'un master 2 à l'annonce des résultats du concours est une condition pour valider la réussite au concours et se voir affecté en stage).

Deux situations sont à distinguer pour l'année de stage qui suit la réussite au concours : les titulaires d'un master MEEF (Métiers de l'enseignement et de la formation) sont affectés à plein temps dans un établissement. Leur formation professionnelle se fait au cours des années de master 1 et 2 par un total de 18 semaines de stage d'observation et de pratique accompagnée, ou par la prise en charge d'une classe en responsabilité l'année de M2 en tant que "contractuel à tiers temps". Les titulaires d'autres masters sont affectés à temps partiel et suivent des journées de formation organisées dans les INSPE (Instituts Supérieurs du Professorat et de l'Education) l'année de leur stage[10].

Sur le plan du concours, tous les candidats passent dorénavant à l'oral une épreuve d'entretien, visant à évaluer leur motivation et leur expérience professionnelle[11]. Le jury pour cette épreuve peut être composé d'enseignants, de personnels des corps d'inspection, de personnels d'encadrement (chefs d'établissement, inspecteurs) ou de professionnels de l'éducation non enseignants (CPE).

Cette nouvelle organisation de la formation initiale des enseignants a été très controversée[12].

Concours[modifier | modifier le code]

On distingue un concours interne, un concours externe, et un troisième concours.

Condition pour passer le concours[modifier | modifier le code]

Pour se présenter au concours externe, il faut justifier, au minimum, d’une inscription en deuxième année de master ou d’une équivalence reconnue[13].

Le concours interne concerne les fonctionnaires, les enseignants non titulaires ou les assistants d’éducation[14] ayant au moins trois années d'ancienneté dans la fonction publique.

Sections[modifier | modifier le code]

Les concours sont organisés en plusieurs sections[15].

Section postes offerts en 2021[16]
au concours externe au concours interne au troisième concours
Arts plastiques 120 37 0
Documentation 130 30 0
Éducation musicale et chant choral 127 25 0
Histoire et géographie 552 72 0
Langue corse 2 0 0
Langue des signes française 2 0 1
Langues régionales :
  • basque
  • breton
  • catalan
  • créole
  • occitan-langue d'oc
  • langues kanak
  • tahitien
  • 2
  • 2
  • 1
  • 5
  • 4
  • 1
  • 0
  • 0
  • 0
  • 0
  • 0
  • 0
  • 2
  • 0
  • 0
  • 0
  • 0
  • 0
  • 0
  • 0
  • 0
Langues vivantes étrangères :
  • 222
  • 797
  • 10
  • 10
  • 320
  • 0
  • 20
  • 2
  • 0
  • 5
  • 6

  • 28
  • 143
  • 0
  • 5
  • 63
  • 0
  • 7
  • 0
  • 0
  • 7
  • 0

  • 25
  • 95
  • 0
  • 0
  • 45
  • 0
  • 0
  • 0
  • 0
  • 0
  • 0
Lettres :
  • 134
  • 810
  • 26
  • 106
  • 10
  • 60
Mathématiques 1167 205 149
Numérique et sciences informatiques 60 0 20
Philosophie 129 45 0
Physique et chimie 415 66 0
Sciences de la vie et de la Terre 424 60 0
Sciences économiques et sociales 126 42 0
Total 5 441 970 405

Épreuves[modifier | modifier le code]

Le concours se décompose en deux parties :

  • les épreuves écrites, d'abord, permettent de sélectionner les candidats « admissibles », c’est-à-dire autorisés à passer les épreuves orales.
  • les épreuves orales, ensuite, retiennent les seuls candidats admis définitivement.

Chaque année le ministre chargé de l'Éducation nationale, après avis conforme du ministre chargé de la Fonction publique fixe, pour chaque discipline, le nombre de postes mis au concours[17]. Ces nombres sont très variables d’une discipline à l’autre et peuvent fluctuer d'une année à l’autre. Les jurys, dans chaque discipline, sont souverains et décident des barres d’admissibilité et d’admission. Les jurys sont composés d’inspecteurs généraux de l'éducation nationale, d’inspecteurs d'académie-inspecteurs pédagogiques régionaux, de membres des corps enseignants de l'enseignement supérieur et de professeurs agrégés et certifiés[18].

Année de formation et titularisation[modifier | modifier le code]

Les candidats reçus au concours sont nommés fonctionnaires stagiaires et affectés pour la durée du stage dans une académie par le ministre chargé de l’Éducation. Le stage dure un an et alterne la mise en situation professionnelle dans un établissement scolaire et des périodes de formation au sein de l’établissement d'enseignement supérieur[14].

À l’issue du stage, la titularisation est prononcée par le recteur de l’académie dans le ressort de laquelle le stage est accompli, sur proposition du jury[19].

Le certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré est délivré aux candidats qui ont subi avec succès les épreuves et ont accompli le stage[20].

Difficultés de recrutement[modifier | modifier le code]

1970-2000 : besoins croissants et augmentation du nombre de postes[modifier | modifier le code]

Le nombre de postes proposés au concours a été multiplié par 8 entre 1970 et 2006. Malgré la croissance des besoins, l'attractivité du métier permet, avec quelques mesures transitoires, de pourvoir tous les postes nécessaires au fonctionnement de l'institution[21].

2000 : Alertes sur la pénurie de candidats[modifier | modifier le code]

Alors qu'on estime qu'il faut environ 4 fois plus de candidats admissibles que de postes proposés pour assurer un recrutement de qualité, ce rapport a diminué pour passer en dessous du seuil minimum dès 2000 dans certaines disciplines.

Alors que la situation se détériorait, et que des mesures incitatives améliorant l'attractivité du métier étaient préconisées dans les rangs même du Ministère de l’Éducation nationale, les choix politiques ont ajouté un peu plus de boulets pesants sur le recrutement.

Le pilotage des recrutements d'enseignants exige une vision au long terme pour coordonner les prévisions de besoins liés à la démographie, aux capacités de formation et de recrutements qui nécessitent 5 puis 6 années d'anticipation (réforme dite de « masterisation » en 2010). Les objectifs affichés de suppression de postes de fonctionnaires lors de la présidentielle 2007, et la diminution du nombre de postes créés annuellement accentuent la désaffection pour le métier et le nombre de candidats poursuit sa chute. Les candidats potentiels rechignent à s'engager dans des études longues, avec des chances de réussir aux concours qui semblent de plus en plus compromises au moment de choisir les filières universitaires adéquates.

2010 : l'accès aux postes de titulaire devient plus difficile[modifier | modifier le code]

Recrutement CAPES, Postes offerts de 2008 à 2017.
Recrutement CAPES, Postes non pourvus de 2008 à 2017. Ces chiffres prennent en compte le CAPES externe, le CAPES interne et le concours réservé (Sources Ministère de l'Éducation Nationale).

Après la masterisation, le nombre de candidats aux postes de fonctionnaires des métiers enseignants a fortement régressé passant de 34 952 en 2009 à 18 000 candidats en 2010. À partir de 2010, la pénurie de candidats s'orientant dans cette voie est flagrante. A cela, s'ajoute le fait que les jurys de concours commencent de façon significative et systématique à sélectionner moins de titulaires que le nombre de postes offerts au CAPES (postes non pourvus et perdus), estimant malgré les besoins criants, que le niveau des candidats éliminés ne permet pas leur titularisation, et ce, malgré la baisse du nombre de postes mis aux concours. Ainsi, à la session de 2014, la moitié des postes du CAPES de mathématiques ne sont pas pourvus (793 admis pour 1592 postes à pourvoir), il en va de même pour le CAPES de lettres classiques (156 admis pour 300 postes ouverts au concours)[22].

A la session de 2015, 17 % des postes ne sont pas pourvus[23] puis on s'approche des 20 % de postes non pourvus et perdus en 2017.

2017 : la crise de recrutement à son paroxysme historique[modifier | modifier le code]

Près de 20 % des postes offerts dans le secondaire n'ont pas été pourvus en juillet 2017 (1606 non pourvus sur 8500). Un record historique, battu quasiment chaque année depuis 2010. 1066 postes pourvus sur 1440 offerts en Mathématiques, 384 postes perdus, plus de 55000 élèves supplémentaires qui ne pourront suivre un cursus de qualité normale pendant la prochaine année scolaire.[réf. nécessaire]

Le seuil empirique qui consistait à estimer qu'il fallait environ 4 fois plus de candidats présents que de postes proposés pour assurer un recrutement de qualité[24], ce rapport a diminué pour passer en dessous du seuil minimum dès 1997 pour les mathématiques (8204 candidats présents pour 1154 postes en 1997, 2251 candidats présents pour 1440 postes en 2016)[25].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Yves Verneuil 2016.
  2. Antoine Prost, « L'évolution de la formation des enseignants de 1960 à 1990 », Recherche & formation, vol. 32, no 1,‎ , p. 9–24 (DOI 10.3406/refor.1999.1590, lire en ligne, consulté le )
  3. « Savoirs CDI: De la professionnalisation des documentalistes vers une discipline d'enseignement ? », sur reseau-canope.fr (consulté le )
  4. « Création d'un Capes “Numérique et sciences informatiques” - Devenir enseignant », sur devenirenseignant.gouv.fr (consulté le )
  5. « Les Inspé pour former les futurs enseignants », sur devenirenseignant.gouv.fr (consulté le )
  6. Arrêté du 19 avril 2013 fixant les modalités d'organisation des concours du certificat d'aptitude au professorat du second degré (lire en ligne)
  7. Arrêté du 15 mars 2018 modifiant l'arrêté du 19 avril 2013 fixant les modalités d'organisation des concours du certificat d'aptitude au professorat du second degré
  8. « Enseigner au collège ou au lycée général : le CAPES »
  9. « Najat Vallaud-Belkacem annonce la création du CAPES externe de japonais à l'occasion de son déplacement au Japon »,
  10. « Réforme de la formation initiale des professeurs et des conseillers principaux d'éducation en Inspé - Devenir enseignant », sur www.devenirenseignant.gouv.fr (consulté le )
  11. « Epreuve d'entretien avec le jury - Devenir enseignant », sur www.devenirenseignant.gouv.fr (consulté le )
  12. « Les enjeux de la réforme du CAPES et de la formation des enseignants », sur France Culture (consulté le )
  13. Article 8 du décret du 4 juillet 1972
  14. a et b Article 9 du décret du 4 juillet 1972
  15. Article 1 de l’arrêté du 19 avril 2013 fixant les modalités d'organisation des concours du certificat d'aptitude au professorat du second degré
  16. « Les postes offerts aux concours du CAPES à la session 2021 », sur www.devenirenseignant.gouv.fr
  17. Article 2 de l’arrêté du 19 avril 2013
  18. Article 4 de l’arrêté du 19 avril 2013
  19. Article 26 du décret du 4 juillet 1972
  20. Article 6 du décret du 4 juillet 1972
  21. « La qualité du recrutement des enseignants est en hausse », vousnousils.fr citant Le Monde de l'éducation et la DEP,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  22. « Capes 2014 : la moitié des postes non pourvus en maths et lettres classiques », RTL.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  23. « L’éducation nationale peine toujours à recruter », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  24. « Les difficultés de recrutement d'enseignants Rapport IGEN / IGAENR - juillet 2013 page 6 taux de sélectivité 4présents/1poste », education.gouv.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  25. « Historique du nombre de postes au CAPES de mathématiques », sur le Forum les-mathematiques.net, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Yves Verneuil, « La création du CAPES : révolution ou innovation contrariée (1950-1952) ? », Carrefours de l'éducation, no 41,‎ , p. 81-98 (DOI 10.3917/cdle.041.0081, lire en ligne)

Textes réglementaires[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]