Cucurbitaceae

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Les Cucurbitaceae (Cucurbitacées) sont une famille de plantes à fleurs dicotylédones de l'ordre des Cucurbitales, originaires pour la plupart des régions tropicales et subtropicales, qui comprend environ 800 espèces réparties en 180 genres.

Ce sont généralement des plantes herbacées, annuelles ou vivaces, à port rampant ou grimpant, aux tiges munies de vrilles, et plus rarement des arbustes. Ces plantes sont sensibles au gel. Les fleurs sont unisexuées, portées parfois par les mêmes plantes (monoïques), parfois par des plantes différentes (dioïques). Les fruits sont le plus souvent des baies modifiées appelées péponides, plus rarement des fruits secs (capsules, samares).

De nombreuses espèces sont cultivées pour leur fruits comestibles (courges, courgettes, concombres, cornichons, doubeurres, melons, pastèques, chayotes, etc.) et parfois pour leurs graines (courge à huile, pistache africaine). Leur domestication est très ancienne et remonte à plusieurs milliers d'années, tant dans le Nouveau Monde (Cucurbita, Sechium) que dans l'Ancien (Citrullus, Cucumis, Lagenaria, Luffa, Albanus Quénetus).

Désignations[modifier | modifier le code]

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le nom vient du genre type Cucurbita qui est le nom latin de ces plantes[1].

Noms vernaculaires[modifier | modifier le code]

Les cultivars de Cucurbita revêtent un très grand nombre de noms vernaculaires[2]. Sans être exhaustif on peut citer :

  • « coloquinte griffes du diable », « courge spaghetti », « Jack-Be-Little », « patisson », « pomme d'or », « white acorn »... : Cucurbita pepo,
  • « bonnet turc », « diu », « giraumon », « potimarron », « potiron »... : Cucurbita maxima,
  • « courge butternut ou doubeurre », « sucrine du Berry », « courge musquée »... : Cucurbita moschata.

Caractères généraux[modifier | modifier le code]

Appareil végétatif[modifier | modifier le code]

Ce sont des plantes herbacées, parfois sous-ligneuses à la base ou plus rarement ligneuses (Acanthosicyos est un genre suffrutescent et Dendrosicyos socotrana est la seule espèce à forme arbustive), annuelles ou vivaces. Elles sont plus ou moins rampantes ou grimpantes (voire décombantes) grâce à des vrilles caulinaires spiralées (à la base du pétioles placées à l'équerre du plan tige-feuille). Selon les botanistes, la vrille des cucurbitacées provient de la modification d'une bractéole (hypothèse d'August Wilhelm Eichler), d'une stipule (Adolf Engler), d'une feuille (Müller) ou de la transformation d'un rameau[3].

La plupart des espèces ont une racine pivotante qui se ramifie en de nombreuses racines secondaires et tertiaires superficielles, et chez certaines, les parties souterraines peuvent être tubérisées, permettant à la plante d'être vivace (exemple Echinocystis) ou de constituer des melons sauvages xérophytes, comme l'espèce Acanthosicyos horridus.

Leurs tiges sont aériennes, généralement assez grêles, ramifiées, hérissées de quelques poils épars. Elles sont souvent cannelées, sillonnées et anguleuses (pentagonales) par la présence de collenchyme, peuvent dépasser dix mètres de long. Elles sont caractérisées par des faisceaux conducteurs généralement bicollatéraux, souvent en deux anneaux concentriques. On note la présence d'alcaloïdes et de saponines amères triterpénoïdes tétra- et pentacycliques[4].

La cuticule, notamment celle de la face inférieure des feuilles, est hérissée de poils simples, à parois cellulaires calcifiées et pourvus d'un cystolithe à leur base.

Les feuilles sont alternes, à pétiole plus ou moins allongé mais sans stipules. Elles portent parfois des glandes au sommet des pétioles (genre Lagenaria), à la base des limbes (Cayaponia) ou des bractées (Telfairia). Leur forme peut varier d'un individu à un autre au sein d'une même espèce. Elles ont des formes très variables : limbe simple, entier ou plus ou moins lobé. Elles peuvent être également composées-palmées, digitées ou subcordées pour le melon, ou grandes, pentagonales et trilobées pour le concombre. Leur nervation est généralement palmée ou réticulée. La marge dentée des feuilles est caractérisée par des dents cucurbitoïdes (rassemblant plusieurs veinules qui se terminent par un apex élargi). Les vrilles sont simples ou le plus souvent ramifiées (multifides), prenant naissance plus ou moins latéralement aux nœuds. Elles sont spiralées au-dessus de la ramification, plus rarement au-dessous, parfois réduite à une épine ou absente[5].

Appareil reproducteur[modifier | modifier le code]

Diagramme floral d’Ecballium
A/Fleur mâle B/Fleur femelle.

Les grandes fleurs sont généralement unisexuées (très rarement hermaphrodites, comme le genre Schizopepon (es)), souvent sur le même pied (espèces monoïques diclines), parfois sur des pieds séparés (espèces dioïques comme la Bryone dioïque). Souvent éphémères, elles sont cycliques, dichlamydées et hétérochlamydes, pentamères, gamopétales, actinomorphes, épigynes, à androcée isostémone. L'inflorescence des fleurs femelles est solitaire, celle des mâles est axillaire (de type grappe, corymbe, panicule ou pseudo-ombelle)[6].

Le calice est composé généralement de 5 sépales connés (fleur gamosépale), souvent réduits, à préfloraison valvaire ou imbriquée. Il est adné à l'ovaire et a une forme rotacée, campanulée ou cupuliforme. Le calice demeure concrescent avec la corolle après que celle-ci s'est séparée du pistil. La corolle de forme campanulée (tube étroit et lobes étalés) est composée généralement de cinq pétales le plus souvent soudés (corolle gamopétale), à préfloraison valvaire ou involutée. Elle est généralement de couleur orange, rouge, jaune, jaunâtre ou blanchâtre.

Chez les fleurs mâles, le pistil est non fonctionnel (un pistillode, pistil vestigial, au centre montre que les Cucurbitaceae ont pour ancêtre des fleurs hermaphrodites). Les étamines, de 3 à 5, sont libres ou diversement soudées et adnées à l'hypanthium. Elles présentent de nombreuses complications (avortements, soudures). Les anthères sont à déhiscence extrorse . Chez les fleurs femelles qui possèdent parfois des staminodes, le gynécée est composé de trois carpelles (et trois stigmates bilobés, résultant d'une soudure incomplète : gynécée gamocarpellé) et d'un ovaire infère ou plus rarement semi-infère à placentation pariétale, contenant des ovules anatropes, bitegumentés et crassinucellés, souvent immergés dans la pulpe.

Leur fruit est en général une baie, qui peut être protégée par une écorce dure (exocarpe coriace ou induré), on l'appelle alors péponide. C'est, plus rarement, une capsule sèche ou charnue à déhiscence variable : par opercule (Luffa), valves (Momordica charantia), fente circulaire (pyxide des Corallocarpus). Les graines sont grandes et aplaties, à spermoderme multiassisial[à définir]. La propagation se fait surtout par autochorie, zoochorie ou, plus rarement, anémochorie[7].

Pollinisation et hybridations des plantes[modifier | modifier le code]

On croit souvent, à tort, que les différentes espèces de cucurbitacées peuvent facilement s'hybrider. On lit par exemple parfois qu'en cultivant un melon près d'un concombre on obtiendrait un melon au goût de concombre. C'est une rumeur sans fondement car les croisements interspécifiques n'existent pas chez les cucurbitacées (à l'exception de Cucurbita argyrosperma). Ainsi la pastèque (Citrullus lanatus), le melon (Cucumis melo) et le concombre (Cucumis sativus) n'ont aucune chance de s'hybrider car ils appartiennent à des espèces distinctes. En revanche, le concombre et le cornichon qui sont deux variétés de l'espèce Cucumis sativus peuvent s'hybrider. Idem pour la courgette et le pâtisson qui appartiennent tous deux à l'espèce Cucurbita pepo ou pour la courge musquée de Provence et la doubeurre qui appartiennent toutes deux à l'espèce Cucurbita moschata.

Distribution et habitat[modifier | modifier le code]

Les cucurbitacées sont largement distribuées dans les régions tropicales et subtropicales. Elles sont présentes dans tous les continents et spécialement en Afrique et en Amérique latine, même s'il en existe des représentants sauvages en Europe (bryone dioïque par exemple)[8]. Quelques espèces sont cultivées dans les pays tempérés, mais ne s'y sont pas naturalisées.

Importance économique[modifier | modifier le code]

Potimarron et butternut.

On peut citer les genres suivants, dont plusieurs ont une grande importance économique :

Systématique[modifier | modifier le code]

La classification phylogénétique place cette famille dans l'ordre des Cucurbitales.

Sous-familles et tribus[modifier | modifier le code]

Sous-famille des Cucurbitoideae[modifier | modifier le code]

Tribu des Benincaseae[modifier | modifier le code]

Acanthosicyos, Bambekea, Benincasa, Borneosicyos, Cephalopentandra, Citrullus, Coccinia, Cogniauxia, Ctenolepis, Dactyliandra, Diplocyclos, Eureiandra, Papuasicyos, Peponium, Praecitrullus, Lagenaria, Lemurosicyos, Nothoalsomitra, Raphidiocystis, Ruthalicia, Solena, Trochomeria, Zombitsia

Tribu des Bryonieae[modifier | modifier le code]

Bryonia, Ecballium

Tribu des Cucurbiteae[modifier | modifier le code]

Cucurbita, les courges

Tribu des Melothrieae[modifier | modifier le code]

Cucumis, Melothria

Tribu des Sicyoeae[modifier | modifier le code]

Luffa (la courge éponge), Sechium (la chayotte)

Sous-famille des Zanonioideae[modifier | modifier le code]

Tribu des Zanonieae[modifier | modifier le code]

Actinostemma, Alsomitra, Bayabussa, Bolbostemma, Chalema, Cyclantheropsis, Fevillea, Gerrardanthus, Gomphogyne, Gynostemma, Hemsleya , Neoalsomitra, Pseudosicydium, Pteropepon, Sicydium, Siolmatra, Xerosicyos, Zanonia, Zygosicyos

Liste complète des genres[modifier | modifier le code]

Selon Angiosperm Phylogeny Website (27 mai 2010)[9] :

Selon DELTA Angio (27 mai 2010)[10] :

Selon ITIS (1er octobre 2021)[11] :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. P. Fournier, Les quatre flores de France, Paris, Lechevalier, 1990, p. 906
  2. Cucurbitophile
  3. (en) A. V. S. S. Sambamurty, Taxonomy of Angiosperms, I. K. International Pvt Ltd, , p. 385
  4. Walter S. Judd, Christopher S. Campbell, Elizabeth A. Kellogg, Peter Stevens, Botanique systématique : une perspective phylogénétique, De Boeck Supérieur, , p. 306
  5. (en) A. V. S. S. Sambamurty, Taxonomy of Angiosperms, I. K. International Pvt Ltd, , p. 387
  6. (en) S.M. Reddy, University Botany- 3, New Age International, , p. 77
  7. L. Emberger, Traité de Botanique Systématique, vol. 2, Masson & Cie, , p. 1280-97
  8. Rodolphe Spichiger, Vincent V. Savolainen, Murielle Figeat, Botanique systématique des plantes à fleurs, Presses polytechniques et universitaires romandes, , p. 208
  9. Stevens, P. F. (2001 onwards). Angiosperm Phylogeny Website. Version 14, July 2017 [and more or less continuously updated since]." will do. http://www.mobot.org/MOBOT/research/APweb/, consulté le 27 mai 2010
  10. DELTA Angio, consulté le 27 mai 2010
  11. Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 1er octobre 2021

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]