Bashing

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Le bashing est une forme violente de défoulement, comme peut l'être la frappe des balles de golf à l'aide d'un club (« bashing balls »).

Le bashing (mot qui désigne en anglais le fait de frapper violemment, d'infliger une raclée) est le fait de dénigrer collectivement une personne ou un sujet. Lorsque le bashing se déroule sur la place publique, il s'apparente parfois à un « lynchage médiatique ». Le développement d'Internet et des réseaux sociaux a offert au bashing un nouveau champ d'action, en permettant à beaucoup plus de monde de participer dans l'anonymat à cette activité collective. En Belgique, mode privilégié de communication dans les échanges entre intervenants politiques.

Usage du terme en français[modifier | modifier le code]

Bashing à l'école.

Eileen Mafficher et Alice Monchicourt proposent « bastonnage »[1], tandis que Pierre Jullien propose « matraquage » ou « dénigrement » comme équivalent pour cet emprunt lexical à l'anglais, où il signifie « rossée »[2], « raclée »[3]. La Commission d'enrichissement de la langue française recommande la traduction « éreintage » (avec « acharnement » comme synonyme) pour désigner le « dénigrement systématique d'une personne ou d'une catégorie de personnes, d'une organisation, d'un pays », au Journal officiel de la République française du [4]. En français comme en anglais, le terme est souvent précédé d'un mot qui représente le sujet sur lequel on s'acharne. On parle ainsi en 2013 de « France bashing »[5]. Les réseaux sociaux du web sont notamment le lieu où le bashing s'exerce de la façon la plus radicale[6]. En mars 2018, alors que le statut de cheminot est remis en cause et que l'employé des chemins de fer lui-même fait l'objet de sévères critiques, le président de la S.N.C.F. Guillaume Pépy contre-attaque en interpellant les médias pour ce qu'il nomme le cheminot bashing, c'est-à-dire un dénigrement des métiers du rail et même de l'agent ferroviaire[7].

Selon Télérama, le bashing s'exerce en général aux dépens d'une seule personne, et ceci depuis longtemps, avec des cibles telles que Dominique Strauss-Kahn, Gérard Depardieu, et avant eux Raymond Domenech, Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy ou François Hollande[8],[9]. Mais le bashing peut aussi viser des groupes de personnes, tels que l'équipe de France de football en 2010[10].

Questionné au sujet du buzz entourant la phrase prononcée en mars 2013 par Nabilla Benattia lors d'une émission des Anges de la téléréalité, « Allô ? Non mais allô quoi ! T'es une fille, t'as pas de shampooing ? », sur les raisons qui pourraient expliquer « comment un tel vide peut prendre une telle ampleur », le sociologue François Jost répond en y voyant le fait que les propos de Nabilla constituent une cible idéale pour le « bashing » sous toutes ses formes, qui plaît aujourd'hui aux jeunes[11]. Au bout du compte, conclut François Jost, « Nabilla est un excellent bouc émissaire collectif », et l'on tape sur elle au lieu de taper sur son camarade de classe en lui faisant subir les pires moqueries[11].

Dans un domaine tout autre, on a également parlé de « Qatar bashing », pour désigner le dénigrement du Qatar et de ses investissements dans le monde occidental[12],[13].

Dans le monde des jeux vidéo, on parle parfois de « monster bashing », pour désigner la phase de jeu où l'on cherche à éliminer le plus vite possible le plus grand nombre possible de « monstres », généralement pour améliorer ses « points d'expérience »[14].

Usage dans les pays de langue anglaise[modifier | modifier le code]

« Freedom fries » à l'affiche.

Au cours des années 1980, l'hostilité de certains Américains à l'encontre du Japon, dont l'activité économique est alors florissante, est communément désignée par le terme de « Japan bashing »[15],[16].

En Grande-Bretagne, des actions de type « ratonnades » sont parfois conduites, surtout dans les années 1970 et 1980, par des groupes violents d'extrême-droite (skinheads, etc.) à l'encontre des populations immigrées d'origine pakistanaise, indienne ou plus largement originaires de l'Asie : ils emploient le terme très péjoratif de « paki bashing »[17].

Dès la fin des années 1990, le terme de « gay bashing » est utilisé dans les pays de langue anglaise pour parler de l'homophobie[18].

Lors de la seconde guerre du Golfe, les Français — dont le gouvernement et le président de la République (alors Dominique de Villepin, Jacques Chirac...) sont hostiles à la guerre[19] — ont collectivement constitué la cible du « French bashing »[10], à l'occasion duquel certains Américains avaient débaptisé les « French fries », les frites, dites « françaises »[20], pour les renommer « Freedom fries », les frites « de la liberté »[21],[22].

Des personnalités politiques controversées sont d'autre part fréquemment l'objet de « bashing » : George W. Bush[23], Sarah Palin[24],[25], Donald Trump[26],[27] ou encore Boris Johnson[28] ont fait l'objet de « bashings » importants.

Le développement d'Internet a permis de développer récemment de nouvelles formes de bashing telles que le « social bashing »[29], avec des sites incitant à « taper » sur les personnes de son entourage, ses collègues de travail ou encore son patron, car ces sites permettent de se défouler sur ces personnes autant qu'on le souhaite tout en conservant l'anonymat, qui garantit l'absence de représailles[30]. D'autres sujets très présents sur Internet y sont également la cible de bashing, comme c'est le cas de Wikipédia, critiqué parfois violemment au travers du « Wikipedia bashing »[31].

Dans un contexte plus ludique mais qui illustre l'amusement et le défoulement procurés par le bashing, les parcs d'attraction proposent souvent aux enfants des stands de « mole bashing » (« tape-taupe »), où ils peuvent s'adonner au plaisir de taper le plus vite et le plus fort possible sur la tête des petites « taupes » qui sortent de leurs trous[32].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Eileen Mafficher et Alice Monchicourt, « Autour de la guerre en Irak : Les États-Unis et la France, frères ennemis ? », The Journal of Language for International Business, vol. 16, no 2,‎
  2. Pierre Jullien, « Le mot : bashing », Le Monde,‎
  3. Harrap's Unabridged, vol. 1, édition 2007. Bashing : (familier) raclée, peignée.
  4. Vocabulaire des affaires étrangères (liste de termes, expressions et définitions adoptés)
  5. Philippe Askenasy, « Arrêtons le " France bashing " », Le Monde,‎
  6. Sur le Web, le "Hollande bashing" se radicalise, sur lemonde.fr. Consulté le 15 avril 2013.
  7. « SNCF : Guillaume Pépy en a "assez du cheminot bashing" », sur Europe 1 (consulté le ).
  8. « Vives critiques contre le " Hollande bashing " », Le Monde,‎
  9. Thomas Wieder, « " Un style, cela s'imprime au fur et à mesure ": Attentif aux critiques et au " Hollande bashing ", le président cherche une " conception nouvelle " de sa fonction », Le Monde,‎
  10. a et b Bashing : les médias ont-ils le goût du lynchage ?, sur telerama.fr. Consulté le 25 avril 2013.
  11. a et b « Nabila est un excellent bouc émissaire collectif », sur lepoint.fr. Consulté le 15 avril 2013.
  12. Nabil Ennasri, Qatar-bashing : 3 critiques fallacieuses à déconstruire, sur leplus.nouvelobs.com. Consulté le 11 mai 2013.
  13. BFM Business, Les Décodeurs de l'économie : Qatar, nouveau maître du monde ?, mai 2013.
  14. Monster bashing, sur jeuxonline.info (consulté le 8 avril 2014).
  15. Narrelle Morris 2013
  16. Michael J. Blouin, « Japan-Bashing: Anti-Japanism since the 1980s », Journal of American Culture, vol. 34, no 3,‎ (lire en ligne)
  17. Tariq Mehmood, « In the eye of the storm », sur redpepper.org, (consulté le )
  18. Martin Kantor 1998
  19. « Discours du Premier Ministre français à l'ONU contre la guerre en Irak », sur youtube.com, (consulté le )
  20. Des « pommes de terre à la manière française » étaient servies à la table de Thomas Jefferson dès 1802. Au début du XXe siècle, l'anglais américain employait « French fried » pour ce qui était frit et non sauté.
  21. Du « French bashing » en Amérique, sur slate.fr. Consulté le 26 avril 2013.
  22. Sans 'French,' he'll pass on fries, sur The Chicago Tribune. Consulté le 26 avril 2013.
  23. President Barack Obama hopes that George W Bush bashing will save Democrats , sur The Telegraph. Consulté le 26 avril 2013.
  24. Thomas R. Meinders 2011
  25. Limbaugh Slams Golden Globes For Giving Game Change Cast Platform To ‘Bash Sarah Palin’, sur mediaite.com. Consulté le 26 avril 2013.
  26. Tribune - Stop au Trump bashing !, sur lepoint.fr (consulté le 16 mai 2018).
  27. Former San Francisco Mayor Calls for End of Dems' Trump-Bashing: 'Might Need 12-Step Program' , sur insider.foxnews.com (consulté le 16 mai 2018).
  28. Constantly bashing Boris Johnson will just hurt Britain – so let’s stop it right now, sur thesun.co.uk (consulté le 16 mai 2018).
  29. Social Bashing Takes to the Streets, sur websitewaves.com. Consulté le 26 avril 2013.
  30. Unvarnished: A New Web Site For Bashing Your Boss?, sur TIME. Consulté le 26 avril 2013.
  31. Marion Jensen, In Response to Wikipedia Bashing: Just Remember The Good, sur techconsumer.com. Consulté le 26 avril 2013.
  32. Naoki Ikegami, John C. Campbell, Containing health care costs in Japan, University of Michigan Press, 1996, p. 195

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Narrelle Morris, Japan-Bashing : Anti-Japanism since the 1980s, Routledge, (lire en ligne)
  • Thomas R. Meinders, Bashing Sarah Palin, iUniverse, (lire en ligne)
  • Martin Kantor, Homophobia : description, development, and dynamics of gay bashing, Praeger Frederick A, (lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]