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Zeus faber

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Saint-pierre, Dorée, Zée, Poule de mer

Zeus faber est une espèce de poissons marins de la famille des Zeidae. Il est communément appelé Saint-pierre (même si ce terme désigne aussi, mais de façon moins courante, deux autres espèces de poissons) ou encore Poule de mer, Dorée ou Zée.

Zeus faber se nourrit de poissons vivant en groupes (sardines, petits harengs) et de céphalopodes[1].

Dénominations

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Nom scientifique

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Le nom de genre Zeus vient du latin zaeus, lui-même du grec ζαίος (zaiós) « saint-pierre », qui serait selon Sven O. Kullander sans relation avec le nom du roi des dieux dans la mythologie grecque[2]. Cependant, selon d'autres auteurs, le nom de genre Zeus ferait référence à ce dieu. Le nom d'espèce faber, qui signifie « ouvrier » ou « artisan » en latin, peut faire référence aux longues nageoires dorsales du poisson qui évoqueraient des outils[3]. Selon Pline l'ancien dans son Histoire Naturelle, « zeus » ou « faber » étaient indifféremment employés pour désigner ce même poisson[4].

Nom vernaculaire

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Le Saint-Pierre ou Saint Pierre, tient son nom vernaculaire d'un miracle biblique. Il est aussi appelé Dorée, ou Jean-Doré. Il possède de nombreuses appellations locales[5]. Il est connu en anglais sous le nom de John Dory.

Légende biblique

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Le texte biblique de l’évangile de Matthieu (Mt 17:24-27) relate le miracle de la pièce dans la bouche d'un poisson. Simon Pierre, apôtre de Jésus et pêcheur de métier, attrape un poisson sur l'ordre du Christ pour retirer de sa bouche un statère, une pièce d'argent de la valeur de quatre drachmes destinée à payer un impôt. La mer de Galilée est l'habitat naturel de Coptodon zillii, une variété de tilapia appelé aussi Poisson de Saint-Pierre. Mais la pêche miraculeuse des évangiles a servi de référence pour attribuer également à Zeus faber son nom de saint-pierre. Une légende voudrait que l'ocelle, la tache noire figurant sur chacun de ses flancs, soit l'empreinte des doigts de l'apôtre. Équipé de piques, le poisson aurait aussi blessé le doigt de Pierre qui l'aurait alors rejeté dans l'eau[6].

Appellations locales

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Le Saint-Pierre porte des noms locaux différents suivant les ports de pêche. À Dunkerque, il est appelé « soleil », à Boulogne-sur-Mer « Jean-Doré » , « poule » à Concarneau ou « iar vôr » en Bretagne. À Arcachon on le nomme « rose », dans le Roussillon « gaill » et « San Pedro » à Nice[7].

Caractéristiques

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Squelette de Zeus faber, Muséum national d'histoire naturelle, Paris.

Zeus faber présente un corps haut, comprimé et marqué d'une ocelle (tache circulaire sombre) sur les flancs. Il mesure de 30 cm à 60 cm et peut peser de 3 kg à 8 kg[8].

La première nageoire dorsale est constituée de rayons épineux allongés. Des bosses épineuses sont présentes à la base des nageoires dorsales et anales[1].

Sa couleur va du gris-vert au jaune-doré. Il porte souvent des marbrures longitudinales[3].

Sa longévité est d'environ 12 ans[7].

Comportement

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Alimentation

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C’est un poisson qui chasse à l’affût et se nourrit de petits poissons, seiches et de crustacés[3]. Il se déplace plutôt lentement en ondulant ses grandes nageoires dorsales et caudales. En hiver, il pénètre en mer du Nord à la recherche de nourriture.

Zeus faber s'approche de sa proie en nageant lentement sur le côté. Dans cette posture, sa morphologie est telle que la proie le voit vertical mais beaucoup plus petit qu'il n'est. Quand il est suffisamment proche, il se jette sur sa victime qu'il a ainsi trompée.

Reproduction

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Il fraye généralement de juin à août dans le golfe de Gascogne, en mer Celtique, mer d’Irlande et au printemps en Méditerranée[3]. La fécondation a lieu de mai à août selon le climat. Les œufs contiennent une goutte d'huile qui les fait flotter. Après l'éclosion, les larves vivent librement dans l'eau[1],[9].

Habitat et répartition

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C'est un poisson de haute mer qui vit principalement dans l'océan Atlantique, de la Norvège à l'Afrique du Sud, en mer Méditerranée et en mer Noire[1]. On le trouve également dans le Pacifique ouest (Japon, Corée, Australie, Nouvelle-Zélande) et dans l'Océan Indien (Mozambique, Madagascar)[3].

Il vit sur les fonds rocheux, sableux et les herbiers entre 30 et 400 m de profondeur, bien qu'il puisse occasionnellement se rencontrer plus proche de la surface[3].

Zeus faber et l'humain

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Saint-pierres dans une poissonnerie.

L'aire de répartition du Saint-Pierre s’étend du sud de la Norvège à l'Afrique du Sud, il est présent en mer Méditerranée, en mer Noire et dans le Pacifique-Est. Le long de la côte atlantique, il est particulièrement abondant au Maroc, au Sénégal et à Madère[10]. En France, il est pêché principalement le long des côtes bretonnes où il est capturé toute l’année au chalut de fond ou à la senne, mais aussi par des pêches à la ligne, à la canne ou au palangre sur des appâts carnés ou au filet droit calé[11]. Ce poisson est présent en trop faibles quantités sur les côtes pour être recherché spécifiquement. C’est une espèce démersale, qui aime les profondeurs. Solitaire, évoluant jusqu’à 500 mètres de profondeur, il est souvent capturé en ciblant d'autres espèces au départ. Les captures mondiales de Saint-Pierre ont augmenté vers la fin des années 1990 pour se stabiliser au début des années 2000 autour de 10 000 tonnes par an. En 2014, 90% des débarquements mondiaux sont réalisés en Europe et Afrique dont 15 à 20% des captures mondiales pour la France, premier producteur européen[10].

Statut de protection

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Aucune mesure de gestion n’est appliquée au Saint-Pierre, ni au niveau européen, ni au niveau local[10]. Le Saint-Pierre est une espèce commune et répandue, et les données de capture entre 1990 et 2010 ne laissant pas suggérer un déclin, son statut de protection est classé en préoccupation mineure selon le Code IUCN[8]. Cependant, l'état des stocks est mal connu pour ce poisson par manque de suivi scientifique, faisant peser des incertitudes sur la durabilité de son exploitation[12].

Tailles minimum de capture

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Il n’y a pas de taille minimale règlementaire de capture pour les pêcheurs amateurs et professionnels[13],[14].

La maille biologique, c'est-à-dire la taille à laquelle 100 % des saint-pierres se sont reproduits, est de 37 cm.

Gastronomie

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Le saint-pierre est l'un des poissons entrant dans la composition de la bouillabaisse traditionnelle de Marseille.

Philatélie

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Systématique

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Le nom valide complet (avec auteur) de ce taxon est Zeus faber Linnaeus, 1758[15].

Zeus faber a pour synonymes[15] :

  • Zeus faber mauritanicus Desbrosses, 1937
  • Zeus australis Richardson, 1845
  • Zeus japonicus Valenciennes, 1835
  • Zeus pungio Cuvier, 1829
  • Zeuss japonicus Valenciennes, 1835

Liens externes

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Notes et références

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  1. a b c et d Le Monde animal en 13 volumes éd. par B. Grzimek, t. V : Poissons 2 Amphibiens, chapitre I par Werner Ladiges, p. 21-22, Éd. Stauffacher, Zurich, 1974 (ISBN 3287002066)
  2. (en) J.S. Nelson, « Family Zeidae - Dories », sur FishBase, (consulté le ).
  3. a b c d e et f REGUIEG Aedwina, COROLLA Jean-Pierre, SITTLER Alain-Pierre, « Zeus faber Linnaeus, 1758 », sur doris.ffessm.fr, .
  4. Pline l'ancien (trad. Émile Littré), Histoire naturelle de Pline avec la traduction en français, Paris, Dubochet, (lire en ligne), p. 370
  5. (en) « Saint Pierre (Zeus faber) », sur image.ifremer.fr (consulté le )
  6. Jacques Forest, Beautés du fond des mers, Larousse, , p. 16.
  7. a et b « Saint-Pierre | Guide des espèces », sur www.guidedesespeces.org (consulté le )
  8. a et b « Saint-Pierre », sur Parc Marin de la Côte Bleue (consulté le )
  9. Revue Produits de la mer, numéro 115
  10. a b et c Angélina Launay, « SAINT-PIERRE (ZEUS FABER) : Pôle halieutique, mer et littoral AGROCAMPUS OUEST » [PDF], sur halieutique.institut-agro.fr,
  11. Poiscaille, « Le Saint-Pierre, poisson apprécié des grands chefs ! », sur Poiscaille, (consulté le )
  12. Papakonstantinou, C., Golani, D., Massuti, E., Palmeri, A., Molinari, A. & Keskin, Ç., « IUCN Red List of Threatened Species: Zeus faber », IUCN Red List of Threatened Species,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  13. « Tailles commerciales et tailles de première maturité | Guide des espèces », sur www.guidedesespeces.org (consulté le )
  14. « Poissons Manche, Mer du Nord, Mer Celtique », sur Pour une pêche durable (consulté le )
  15. a et b World Register of Marine Species, consulté le 15 juin 2025.