Zanobi Machiavelli

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Zanobi Machiavelli
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Zanobi Machiavelli ou Zanobi Macchiavelli ou Zanobi di Jacopo Machiavelli, né le à Florence, mort le à Pise, est un peintre et enlumineur et miniaturiste italien du Quattrocento, spécialisé dans les sujets religieux.

Les historiens de l’art le considèrent comme un peintre mineur. Aucune biographie détaillée ne lui ayant été consacrée, sa vie personnelle et les circonstances de sa mort ne sont pas connues.

Ses œuvres, essentiellement peintes sur panneaux de bois, sont exposées dans les plus prestigieux musées internationaux et nationaux, ou ne sont pas visibles, car elles appartiennent à des collectionneurs privés.

Son style appartient au courant «pittura di luce» (peinture de la lumière), également représenté par Fra Angelico entre autres. Son originalité réside dans le fait qu’il a inclut dans les scènes peintes, au moins à trois reprises, des citations de poètes italiens comme Pétrarque et Dante.

Biographie[modifier | modifier le code]

Zanobi Machiavelli ou Zanobi Macchiavelli ou Zanobi di Jacopo Machiavelli [1], né le à Florence, mort le à Pise est un peintre de la période du Quattrocento. Il est également enlumineur et miniaturiste, mais est surtout connu pour ses peintures sur bois, principalement destinées à orner les autels. Bien que considéré par la postérité comme étant un «peintre mineur», il a participé à la réalisation de plusieurs commandes importantes[2].

Giorgio Vasari dans Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes ne lui a pas consacré de biographie. Son nom n’est mentionné que dans celle de Benozzo Gozzoli dont il aurait été le disciple[3],[4], ce que les journalistes critiques d’art italiens Federico Giannini (1986 - …) et Ilaria Baratta (1987 - …) considèrent comme peu probable, car Benozzo était un peu plus jeune que Zanobi (entre deux et six ans de différence d’âge[5]), bien que celui-ci, à un stade avancé de sa carrière, montre qu’il est influencé par celui-là[6].

En 1950, Bernard Berenson écrit, dans un article consacré à Zanobi Macchiavelli:

« En dehors du plaisir de la chasse, il n'y a guère de raison de perdre du temps avec des peintres et des sculpteurs mineurs. La seule excuse valable, est qu'ils se sont attachés aux grands maîtres qu'ils ont imités et servis, et que jusqu'à présent ils ont été identifiés à eux. Et tandis que l’on s'efforce de voir à travers des lunettes déformantes, afin de restaurer les contours purs d'une personnalité artistique, nous pouvons entrevoir l'atelier des grands artistes. C'est pourquoi j'ose parler d'un personnage aussi modeste que Zanobi Macchiavelli.
Il n'est pas question ici de raconter l'histoire de sa carrière, qui semble s'être déroulée comme celle d'autres maîtres mineurs, aidant ou imitant les grands lorsque ceux-ci avaient besoin d'aide, comme ce fut par ailleurs, probablement le cas des maîtres anonymes , comme par exemple le Maître de San Miniato ou le Maître de la Nativité du Castello (château)[7],[8]. »

Aucune biographie détaillée ne lui ayant été consacrée, les informations font défaut en ce qui concerne sa vie privée et les circonstances de sa mort.

Zanobi Machiavelli.
Madonna in adorazione del bambino (Madone andorant l’Enfant), 1460-1470, Museo di Fucecchio (it), Fucecchio,Italie. L'auréole qui entoure le visage de la Vierge porte l'inscription «Ave Maria gratia plena» (Je vous salue Marie pleine de grâce). Sur le rebord de la robe, figure une citation tirée du Canzoniere, l'incipit du Chant 366, de Pétrarque.

Style[modifier | modifier le code]

Le style de Zanobi Machiavelli appartient au courant de la peinture florentine du XVe siècle désigné par l'appellation «pittura di luce » (peinture de la lumière), qui met en valeur les couleurs claires, les jeux d’ombre et de lumière[9],[10], introduit par Fra Angelico et Domenico Veneziano[11],[6].

Une de ses œuvres, intitulée «Madonna in adorazione del Bambino» (Madone adorant l'Enfant), peinte entre 1460 et 1470 (Bellosi propose 1463), actuellement conservée au Museo di Fucecchio (it) en constitue un exemple:

« Les personnages sont dessinés selon une approche graphique rigoureuse: le dessin établit des contours clairs et précis et donne vie à des formes qui vivent ensuite dans les couleurs légères et douces typiques des peintres de la lumière[6],[12](voir illustration ci-contre) »

L'auréole qui entoure le visage de la Vierge porte l’inscription «Ave Maria gratia plena» (Je vous salue Marie pleine de grâce), conformément à l’iconographie chrétienne. Mais il y a une particularité que l’on rencontre rarement sur des œuvres peintes de cette époque, à savoir une citation littéraire, en l’occurrence l’incipit du poème final du Canzoniere (Chant 366) de Pétrarque, entièrement dédié à la Vierge:

« Vergine bella, che di Sol vestita,
(Vierge unique beauté, d’étoiles couronnée)
Coronata di stelle, al sommo sole
(Et de soleil vêtue,ô toi qui tant ornée)
Piacesti sì, che'n te sua luce ascose;
(Plus tellement à Dieu qu’en ton sein il prit prit jour,)
Amor mi spinge a dir di te parole:
(À parler de ton nom me presse mon amour;)
Ma non so 'ncominciar senza tu’ aita, ...
(Mais sans toi je ne peux et sans ton assistance, ...)[13]. »

Les vers ne sont que partiellement lisibles, les parties manquantes étant cachées dans les plis du manteau. Ceux-ci figurent également sur la bordure du vêtement d’une autre Madone peinte par Zanobi. Il s’agit du panneau intitulé Madonna con Bambino e angeli (Madone à l’Enfant avec des anges), conservé à Rome, dans la collection privée du palais Pallavicini Rospigliosi. L’on ignore si la présence de cette citation, reproduite sur deux œuvres, est une idée de l’artiste (qui était peut-être un admirateur du poète), ou s’il s’agissait d’une commande[6].

Mais Pétrarque n’est pas le seul poète à être cité par Zanobi. Une autre de ses Madone, celle qui est conservée à la Yale University Art Gallery à New Haven aux États-Unis, reproduit une citation de Dante. Il s'agit d'un extrait de la Divine Comédie, tiré du Paradis, chant XXXIII[14], oraison adressée à la Vierge Marie. Cette double référence poétique sur des œuvres peintes n'est pas fréquente. Elle montre que Zanobi Machivelli était un artiste cultivé, un peintre littéraire pourrait-on dire[6].

Toujours est-il, que dans sa Madonna in adorazione del bambino (Madone andorant l’Enfant), conservée au musée de Fucecchio, il exprime une grande délicatesse, non dépourvue d’une certaine préciosité. Même s’il compte parmi les maîtres dits «mineurs», son art a su plaire au-delà de Florence et rayonner dans toute la Toscane. Aujourd’hui, ces œuvres sont admirées dans les plus prestigieux musées internationaux[6].

Œuvres[modifier | modifier le code]

L’inventaire complet des œuvres de Zanobi Machiavelli est difficile a établir, car certaines lui ont été successivement attribuées puis désatribuées, les experts ne parvenant pas toujours aux mêmes conclusions[6]. Spécialisé dans les sujets religieux, il a peint de nombreuses représentations de la Vierge et de l’Enfant Jésus, des Saints, etc.

Plusieurs d’entre elles sont exposées dans les grands musées internationaux ou les musées nationaux, comme:

- la National Gallery, Londres:
Jean le Baptiste et Jean l’Évangéliste, 1468-1472 (inventaire no NG587);
Saint Marc et Saint Augustin, 1468-1472 (inventaire no NG588);
- le Rijksmuseum d'Amsterdam, Pays-Bas:Saint Nicolas de Tolentino sauvant un pendu, 1470 (inventaire: no SK-A-3442);
- le Musée du Petit Palais, Avignon, Vaucluse: Vierge à l’Enfant, 1474;
- le Musée des Beaux-Arts de Dijon: Couronnement de la Vierge, 1474 (inventaire: CA31);
- le palais Pallavicini Rospigliosi, Rome: Vierge à l'Enfant et deux anges, 1460-1470;
- le Musée des Beaux-Arts (Boston), États-Unis: Vierge à l'Enfant sur un trône, entourés des Saints: Sébastien, André, Bernard, Paul, Augustin, Laurent, 1460;
- la Dunedin Public Art Gallery (en) Dunedin, Nouvelle-Zélande: Madone à l'Enfant., 1453.

Et aussi: au musée national San Matteo de Pise, dans les musées d'État de Berlin (Staatliche Museen zu Berlin, SMB), à la Yale University Art Gallery à New Haven, États-Unis ... , liste loin d’être exhaustive.

Galerie[modifier | modifier le code]

Zanobi di Jacopo Machiavelli (attribué à ).
Saint Nicolas de Tolentino sauvant un pendu.
Tempera sur panneau de bois, 1470, 22 x 48 cm. Conservé au Rijksmuseum d'Amsterdam, Pays-Bas.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Les différents noms mentionnés sont ceux figurant sur les diverses sources consultées (référencées dans la suite de l’article), dont Bernard Berenson , lequel orthographie le patronyme du peintre avec deux « c » (Macchiavelli). Voir article cité, p. 345.
  2. Bernard Berenson 1950, p. 344-349.
  3. Giorgio Vasari, Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes, 2e partie de l’édition de 1568, biographie «Benozzo , peintre florentin».
  4. Giorgio Vasari (trad. L. Leclanché), 1841, tome 3, p.92.
  5. Différence d'âge entre deux et six ans: l'année de naissance de Benozzo Gozzoli est incertaine (1420 ou 1424) alors que celle de Zanobi (1418) semble établie avec plus de certitude.
  6. a b c d e f et g Federico Giannini et Ilaria Baratta 2017.
  7. Bernard Berenson 1950, p. 346, note1.
  8. Voici le texte en anglais de Bernard Berenson, traduit ici en français dans le cadre de cet article: «Apart from the fun of the chase, there is little reason for wasting time over minor painters and sculptors. The only valid excuse that they have clung soclose to the great masters whom they imitated and served, that hitherto they have been identified with them. While trying to scrape away the disfiguring barnacles and to restore the pure outline of an artistic personality, we even may catch glimpses into the workshop of the great artists. That is why I venture to speak of so small figure as Zanobi Macchiavelli.
    It is not intended here to recount the story of his career. That seems to have passed like a career of other minor masters, in aiding or imitating the great ones when these needed help, as probably was the lot of the San Miniato Master, the castello Nativity Master.
    »
  9. Federico Giannini, Ilaria Baratta 2017.
  10. Neville Rowley, « Pittura di luce. La manière claire dans la peinture du Quattrocento », sur centrechastel.paris-sorbonne.fr, (consulté le ).
  11. L'appellation «pittura di luce » est due à l’historien de l’art italien Luciano Bellosi, qui l'a proposée lors d'une l’exposition qu’il a organisée à Milan en 1990 (voir Pittura di luce, Giovanni di Francesco e l'arte fiorentina di metà Quattrocento.
  12. Texte en italien traduit en français dans le cadre de cet article: «Le figure sono tracciate secondo una rigorosa impostazione grafica: il disegno stabilisce contorni netti e precisi e dà vita a forme che vivono poi dei colori chiari e morbidi tipici dei pittori di luce.» (source: Federico Giannini, Ilaria Baratta, 2017, voir section "Bibliographie").
  13. Traduction de l’italien vers le français par Joseph Poulenc, 1865, lire en ligne: « Rimes de Pétrarque. Canzionere, livre 3, Canzone VIII, p.256 », sur archive.org Consulté le .
  14. La Divine Comédie. Le Paradis, Chant 33e , traduction par Félicité de La Mennais, 1863, lire en ligne sur wikisource: [1].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles

En anglais

  • (en) Bernard Berenson, « Zanobi Macchiavelli », The Burlington Magazine, vol. 92, no 573,‎ , p. 344-349 (6 pages) (lire en ligne, consulté le ). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) James Shaw, « Zanobi Machiavelli, Battista Strozzi and the high altar of the Badia Fiesolana », The Burlington Magazine, vol. 153, no 1035,‎ , p. 794-796 (3 pages) (lire en ligne, consulté le ). Document utilisé pour la rédaction de l’article

En italien

  • (it) Federico Giannini et Ilaria Baratta, « Una delicatissima Madonna “petrarchesca”, quella di Zanobi Machiavelli a Fucecchio »(Une très délicate Madone « pétrarquéenne», celle de Zanobi Machiavelli à Fucecchio) », Finestre sull'Arte (Fenêtre sur l’Art),‎ (lire en ligne, consulté le ). Document utilisé pour la rédaction de l’article

Ouvrages En français

En anglais

  • (en) Bernard Berenson, Italian Pictures of the Renaissance : A List of the Principal Artists and Their Works, with an Index of Places; Florentine School (7 volumes), Éditions Phaidon, 1932, 1957, 1963.

En italien

  • (it) A. Padoa Rizzo, «Zanobi Machiavelli miniatore?», in Scritti di storia dell'arte in onore di Roberto Salvini, Firenze 1984, pp. 319-324

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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