Yves Ezanno

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Yves Ezanno
Naissance
Clamart (Seine)
Décès (à 84 ans)
Fréjus (Var)
Origine Drapeau de la France France
Allégeance Drapeau français République française
Drapeau de la France Forces françaises libres
Arme Armée de l'air
Grade Général de Corps Aérien
Années de service 19361967
Commandement Base aérienne 113 Saint-Dizier-Robinson
Conflits Seconde Guerre mondiale
Guerre d'Indochine
Guerre de Corée
Guerre d'Algérie
Distinctions Grand Croix de la Légion d'honneur
Compagnon de la Libération
Croix de Guerre 1939-1945
Croix de Guerre TOE
Croix de la Valeur militaire
Distinguished Flying Cross (GB)
Distinguished Flying Cross (US)

Yves Ezanno (Clamart, - Fréjus, )[1] est un militaire français, Compagnon de la Libération par décret du . Aviateur rejoignant le général de Gaulle dès le mois de , il combat en Afrique et au Moyen-Orient avant de rejoindre le front de l'ouest où il s'illustre au-dessus de la France et des Pays-Bas. Restant dans l'armée après 1945, il participe aux guerres d'Indochine, de Corée et d'Algérie. Parvenu au grade de Général de Corps Aérien, il se retire de l'armée mais conserve des fonctions au sein de l'aéronautique civile avant de s'éteindre en 1996.

Biographie[modifier | modifier le code]

Avant-guerre[modifier | modifier le code]

Né le à Clamart d'un père inspecteur des PTT, Yves Ezanno passe son enfance à Angers, Nantes et Rennes[2]. Après avoir obtenu une licence et un doctorat en droit à la faculté de Rennes, il entre au barreau de Nantes en tant qu'avocat stagiaire. Il intègre ensuite une préparation militaire supérieure à l'issue de laquelle il entre à l'école des officiers de réserve d'Avord le [3]. En , après avoir obtenu un brevet d'observateur et été promu sous-lieutenant, il est affecté à la 21e escadre de bombardement[2]. Breveté pilote en , il est promu lieutenant et muté à l'école de pilotage no 101 de Saint-Cyr-l'École où il exerce la fonction d'officier instructeur de tir[4].

Seconde guerre mondiale[modifier | modifier le code]

En 1940, lors de l'invasion allemande, l'école se replie sur Royan. Entendant le maréchal Pétain annoncer à la radio l'armistice à venir, il décide de poursuivre le combat et s'envole vers l'Angleterre avec plusieurs de ses camarades dont le futur ministre de la défense Jacques Soufflet[2]. Engagé dans les Forces françaises libres dès leur création, il effectue un stage sur Spitfire avant d'être projeté en Afrique où il participe à l'expédition de Dakar[4]. Il débarque en au Cameroun puis, au sein du Groupe Mixte de Combat no 1 du lieutenant-colonel de Marmier dont il commande la 4e escadrille, il opère au-dessus du Gabon[3]. Au début de l'année 1941, il remplace le lieutenant Guigonis à la tête du détachement chargé de la surveillance anti-sous-marine au Gabon et au Moyen-Congo puis il rejoint le Squadron no 39 britannique dans lequel il est affecté à la 2de escadrille française de bombardement[2]. Avec cette unité, il combat au-dessus de la Libye. En , Yves Ezanno est muté dans l'escadrille "Nancy" du Groupe de bombardement Lorraine tout juste créé. Toujours en Libye dans le cadre de la guerre du désert, il réalise 43 missions dans les cieux de Sidi-Rezegh, Benghazi, Agebadia et du col d'Halfaya[3]. En , alors que le groupe Lorraine est placé en repos, il désire ne pas faire de pause dans les combats et se fait muter au Groupe de chasse Alsace dont il prend le commandement de l'escadrille "Strasbourg" après avoir été promu capitaine[2]. À la tête de celle-ci, il continue les missions au-dessus de l'Afrique du nord, participant notamment à la première bataille d'El Alamein[3]. En , le groupe de chasse Alsace est déplacé en Angleterre en vue des entraînements préparatoires aux futures offensives en Europe[2]. En , il est formé sur bombardier Douglas A-20 Havoc, ce qui lui donne l'occasion de retrouver brièvement son ancien groupe de bombardement Lorraine dont il commande pendant trois mois l'escadrille "Metz"[4]. Affecté ensuite dans une Operational Training Unit, il apprend le maniement du Hawker Typhoon puis rejoint les rangs du Fighter Squadron no 198 de la Royal Air Force dont il prend le commandement trois mois plus tard[4]. Le , il parvient à détruire un poste d'état-major allemand puis s'illustre à nouveau le lorsqu'il soutient depuis les airs les troupes du débarquement de Normandie en s'attaquant aux chars et véhicules blindés ennemis[2]. Par la suite, il continue les missions au-dessus de la Normandie à Lisieux, Cherbourg, Caen, Mortain et Falaise[2]. Il suit ensuite la progression des troupes alliées et se trouve au-dessus de Dunkerque puis des Pays-Bas[3]. Le , dans le ciel de Walcheren, son avion est abattu. Malgré ses blessures, il parvient à rejoindre ses lignes mais son état physique le rend indisponible pour le combat jusqu'en [4].

Après-guerre[modifier | modifier le code]

Yves Ezanno prend le commandement de l'école de chasse de Meknès en juin 1945 puis se voit promu lieutenant-colonel en septembre[2]. Désigné inspecteur de l'aviation de chasse entre 1949 et 1952, il est engagé en Indochine et en Corée. De retour en France, passé colonel, il devient le commandant de la Base aérienne 113 Saint-Dizier-Robinson puis rejoint les rangs du SHAPE où il est chef des opérations de la 4th Tactical Air Force[4]. De 1957 à 1959, il prend part à la guerre d'Algérie, commandant notamment le Groupe aérien tactique no 2 dans la région d'Oran[2]. Durant cette période, il est nommé général de brigade aérienne. De retour dans les rangs de l'OTAN en 1960, il y exerce la fonction de sous-chef d'état-major de la section opérations et entraînements puis part à Washington en tant qu'adjoint au chef de la délégation française du groupe permanent du pacte Atlantique après avoir été promu général de division aérienne[3]. À nouveau promu au rang de général de corps aérien en 1962, il occupe le poste de commandant de la défense aérienne française à la base de Taverny à partir de . Il est ainsi successivement en contact à Washington avec Xavier Deniau puis à Taverny travaille sous le commandement de Michel Giraud.

Dans le même temps, il est appelé à siéger au Conseil Supérieur de l'Air[2]. Atteint par la limite d'âge en 1967, il quitte le service actif avec plus de 5 200 heures de vol et 412 missions de guerre[2]. Restant cependant dans le milieu aéronautique, Yves Ezanno devient Président-directeur général de l'Office français d'exportation de matériel aéronautique[2]. Il en devient Président d'honneur en 1979. Membre du conseil de l'Ordre national de la Légion d'Honneur de 1968 à 1979 et du conseil de l'Ordre national de la Libération depuis 1969, Yves Ezanno meurt le à Nice et est inhumé à Aix-en-Provence[4].

Décorations[modifier | modifier le code]

Grand-Croix de la Légion d'Honneur Compagnon de la Libération Croix de Guerre 1939-1945
Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs Croix de la Valeur militaire Croix du combattant volontaire
Croix du combattant volontaire de la Résistance Médaille de l'Aéronautique Croix du combattant
Médaille coloniale
Avec agrafe "Libye"
Médaille commémorative des services volontaires dans la France libre Médaille commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l'ordre
Distinguished Flying Cross
"with Bar"
(Royaume-Uni)
Africa Star
(Royaume-Uni)
Distinguished Flying Cross
(États-Unis)
Croix de Guerre
(Belgique)
Ordre de l'Aigle blanc
(Serbie)
Commandeur de l'Ordre du Ouissam Alaouite
(Maroc)

Hommages[modifier | modifier le code]

Une rue porte son nom à Arromanches-les-Bains (Calvados).

Références[modifier | modifier le code]

  1. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  2. a b c d e f g h i j k l et m « Biographie - Ordre National de la Libération »
  3. a b c d e et f Jean-Christophe Notin, 1061 Compagnons : histoire des Compagnons de la Libération, Paris, Éditions Perrin, , 822 p. (ISBN 2-262-01606-2)
  4. a b c d e f et g Vladimir Trouplin, Dictionnaire des Compagnons de la Libération, Elytis, (ISBN 978-2-35639-033-2 et 2-35639-033-2)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Henry Lafont, Aviateurs de la liberté : Mémorial des Forces Aériennes Françaises Libres, Vincennes, SHAA, , 320 p. (ISBN 2-904521-46-1).
  • Vital Ferry, Croix de Lorraine et Croix du Sud 1940-1942 : Aviateurs belges et de la France libre en Afrique, Paris, Editions du Gerfaut, , 286 p. (ISBN 2-914622-92-9, lire en ligne).
  • Mémorial des Compagnons - 1940-1945 : Compagnons morts entre le 18 juin 1940 et le 8 mai 1945, Paris, Imprimerie nationale, .
  • Jean-Christophe Notin, 1061 compagnons : Histoire des Compagnons de la Libération, Paris, Éditions Perrin, , 822 p. (ISBN 2-262-01606-2).
  • Vladimir Trouplin, Dictionnaire des Compagnons de la Libération, Elytis, , 1230 p. (ISBN 978-2-35639-033-2 et 2-35639-033-2).
  • « Les Forces Aériennes Françaises Libres. Juin 1940 : naissance des FAFL au Moyen-Orient », Icare (revue), no 128,‎ .
  • Yves Morieult, « Les French Flight des escadrilles françaises au sein de la RAF », Aéro Journal, no 33,‎ .
  • Dominique Breffort, « Les Forces Aériennes Françaises Libres et la reconstitution de l'armée de l'air (1940-1945) », Wing Masters, no HS n°3,‎ .

Liens externes[modifier | modifier le code]