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Xe millénaire av. J.-C.

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Liste de chronologies par périodes


Le Xe millénaire av. J.-C. couvre la période allant de 10000 à Ce millénaire voit les prémices de l'agriculture au Proche-Orient, où certaines populations se sédentarisent dans des villages permanents et collectent des céréales sauvages. Dans la plupart des autres régions de l'Ancien Monde, cette période fait partie du Mésolithique, période de chasseurs-cueilleurs qui précède le Néolithique.

Carte du monde montrant les foyers d'origine de l'agriculture et les axes de sa propagation : le Croissant fertile (vers ), les bassins du Yangtsé et du fleuve Jaune en Chine (vers ), les hautes terres de Nouvelle-Guinée (vers ), le Mexique central (vers ), l'Amérique andine (vers ), l'Afrique sahélienne (vers ), et les plaines de l'Amérique du Nord (vers )[1].

Évènements

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  •  : début de l'Holocène, époque géologique qui succède au Tardiglaciaire du Pléistocène supérieur[2]. La fonte des glaciers provoque une élévation spectaculaire du niveau de la mer qui atteint son niveau actuel il y a environ 6 000 ans. Le réchauffement climatique permet à la flore et à la faune d'occuper des territoires jusqu'alors inhospitaliers. Les déserts qui occupaient plus de la moitié des surfaces entre les tropiques reculent, car l'eau libérée par les glaciers alimente des pluies abondantes. Les conditions de vie deviennent plus douces et les ressources végétales sont plus abondantes et plus variées, ce qui favorise des populations plus nombreuses et plus sédentaires. Période humide au Sahara, d'environ 10000 à [3].
  • Vers  : début de la Révolution néolithique. L'agriculture apparait dans diverses régions du globe entre 8500 et [4].
  • Avant  : la céramique apparait à Ounjougou, au Mali, au cours de la première moitié du millénaire. Elle est utilisée par des chasseurs-cueilleurs dans une région où les conditions climatiques de plus en plus humides favorisent la mise en place de savanes tropicales. Une économie de collecte sélective et intensive de graminées sauvages apparait. À partir du VIIIe millénaire av. J.-C. apparaissent, associées à la céramique, des meules et des molettes utilisées pour le broyage des grains[5].

Asie et Pacifique

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  • Vers  : le site de Nanzhuangtou, dans le Hebei, livre des traces de Setaria italica (millet des oiseaux) et de millet commun (Panicum miliaceum)[12]. C'est le plus ancien site connu montrant des céréales sauvages, suivi par ceux de Donghulin (9000-7000), Zhuannian (9300-8300), Lijiagou et Bianbiandong (8500-6900) au nord et Shangshan au sud (9400/8000-6600)[13]. La chasse et la cueillette y dominent toujours, mais la collecte des plantes comestibles, la production de poteries et l’habitat sédentaire s’accroissent. L’outillage lithique est dominé par les microlithes, la pierre polie restant rare (ciseaux à bois). Des meules, très présentes, sont utilisées pour broyer des plantes sauvages (millet, riz, noix, racines, tubercules)[14].
  • Montée des eaux en Australie. Les zones côtières sont inondées. Les hommes doivent coloniser l’arrière-pays aride. L’assèchement des lacs entraine une concentration de leurs établissements le long des principaux fleuves et rivières. Ils y récoltent le millet sauvage dont ils broient les graines avec des meules de pierre.

Proche-Orient

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  • De 10000 à  :
    • Le Khiamien, qui tire son nom du site d'El Khiam en Cisjordanie, occupé entre 10000 et , s'intercale entre le Natoufien et les débuts de l'agriculture au Proche-Orient.
    • Premières figurines féminines dans les tombes de Mureybet, en Syrie. La présence de bucranes et de cornes dans les maisons atteste une vénération particulière envers le taureau. Selon Jacques Cauvin, ce serait une mutation culturelle, « la révolution des symboles », qui préfigureraient l'émergence du culte de la femme et du taureau, attesté aux époques postérieures[15].
    • Tell Qaramel, situé à 25 km au nord d'Alep, en Syrie, occupé depuis , livre cinq tours rondes de pierre, les plus anciens vestiges d'édifice public connus, construites vers [16].
Un des enclos de Göbekli Tepe.
  • De 9500 à  :
    • Les fouilles du site de Jerf el Ahmar, en Syrie, montrent une intensification de l’exploitation des céréales sauvages (restes de céréales carbonisées, utilisation de la balle comme dégraissant dans la terre à bâtir, espaces de stockage et meules). Les céréales (orge, engrain, seigle) ne portent pas de marque de domestication, mais la présence de semences d’adventices indique qu’elles seraient déjà cultivées (agriculture « prédomestique »)[17].
    • Utilisation du plâtre (cuisson entre 100 °C et 200 °C) et de la vaisselle blanche. Technique de la chaux (cuisson entre 750 °C et 850 °C) à Beidha, dans le Néguev. Essai de cuisson de la terre à Mureybet, sans lendemain[18].
    • Début de la construction du site de Göbekli Tepe, près de Şanlıurfa, en Turquie, le plus ancien sanctuaire monumental connu[19]. Il est constitué d'un tell (colline artificielle) haut de 15 mètres et de vastes enclos circulaires délimités par des piliers en pierre dont beaucoup sont gravés de figures d'animaux. Les plus anciens vestiges sont datées de [20].
    • Introduction probable du sanglier à Chypre par les premiers occupants de l’ile[21].
    • Les sites plus tardifs de Jéricho (pollens de blé amidonnier domestique) et de Tell Aswad (amidonnier, lentille et pois) participent aux débuts de l'agriculture. Disparition des sites temporaires et développement des villages, qui atteignent 2 ou 3 hectares[18].
  • 10 500-9 000 av. J.-C. : cultures Hensbacka en Suède (Bohuslän), Fosna (10 000-9 000 av. J.-C.) et Komsa (9 500-8 000 av. J.-C.) en Norvège. Ces premières populations de pêcheurs et de chasseurs utilisent de grossiers instruments de silex et possèdent des barques de peau à armature de bois. Elles semblent être arrivées du sud (Ahrensbourgien)[22].
  • 10 000-9 000 av. J.-C. : début de la transgression néoeuxine. La mer Noire est alors un lac géant d'eau douce qui lentement s’assèche jusqu'à être à 110 m au-dessous du niveau de la Méditerranée. Après la fin de l'ère glaciaire, les glaciers ont commencé à fondre entraînant avec eux une montée des eaux. Entre 10 000 et 9 000 av. J.-C., elles atteignent les Dardanelles (-78 m) et le Bosphore (-40 m) pour se répandre dans la Méditerranée qui elle-même reflue dans la mer Noire. Une hypothèse catastrophiste suppose un débordement de la Méditerranée dans le Pont Euxin vers 6100 av. J.-C., inondant de vastes plaines en quelques années[23]. Cette théorie est aujourd'hui remise en cause[24].
Un os d'aurochs du Maglemosien découvert à Ryemarksgård dans l'ouest de la Zélande, gravé de cinq individus stylisés et de trois lignes en zigzag.
  • 9 800-6 400 av. J.-C. : culture de Maglemose (chasseurs-pêcheurs) sur les rives de la mer du Nord et du lac baltique Ancylus[22]. Microlithes, industrie osseuse (hameçons), burins, apparition de tranchets en silex. Habitations groupées autour des lacs et sur les rives de divers fleuves. Civilisation côtière, se développant d’abord au bord de la mer, avec possibilité de migration vers l’intérieur des terres.
  • 9600-5200 av. J.-C. : période mésolithique en Europe : le retrait des glaciers libère d'immenses zones basses qui s'inondent et où s'épanouissent une flore et une faune nouvelles, faciles à cueillir et à chasser (vers 8300 av. J.-C.). Usage accru de l'outillage microlithique. Invention de l’arc (arc de Holmegaard), des vanneries et de pirogues creusées dans des troncs d’arbres par les derniers chasseurs-cueilleurs du mésolithique (site de Noyen-sur-Seine)[27]. Les cultures mésolithiques européennes ont été regroupées en trois techno-complexes : le techno-complexe septentrional comprend la Grande-Bretagne, la Scandinavie, la Pologne et la Lituanie (Maglemosien, Kongemosien, cultures de Star Carr, de Duvensee (en), d’Ertebølle, de Janislawice...) ; le techno-complexe nord-oriental couvre les Pays-Baltes, le nord-ouest de la Pologne, la Biélorussie, la plaine russe et la Sibérie jusqu'à l'Oural (cultures de Kunda, de Kama et de Yangelka) ; le techno-complexe occidental regroupe la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, le sud de l'Allemagne, une partie de la République tchèque et de l'Autriche, la Suisse, la France, l'Espagne et le Portugal (Sauveterrien, Tardenoisien ou Beuronien et Castelnovien)[28]. La population européenne est alors estimée entre 600 000 et 3,8 millions de personnes, pour une population mondiale estimée entre 5 et 10 millions[29].
  • L’exode du renne à la suite de l’adoucissement climatique entraîne l’adaptation à de nouvelles techniques de chasse. Le renne ne compte plus que pour 3 % dans les espèces chassées par les occupants de la Grotte de la Vache (Pyrénées)[30].

Notes et références

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  1. (en) J. Diamond et P. Bellwood, « Farmers and Their Languages: The First Expansions », Science, vol. 300, no 5619,‎ , p. 597–603 (PMID 12714734, DOI 10.1126/science.1078208, Bibcode 2003Sci...300..597D)
  2. Alain Foucault, Climatologie et paléoclimatologie, Dunod, , 320 p. (ISBN 978-2-10-075664-3, présentation en ligne)
  3. « Voilà 4.900 ans, le Sahara est abruptement passé du vert au jaune », sur Futura
  4. Jean-Paul Demoule, Les dix millénaires oubliés qui ont fait l'Histoire, Fayard, , 320 p. (ISBN 978-2-213-67923-5, présentation en ligne)
  5. Sylvain Ozainne, Un néolithique ouest-africain : cadre chrono-culturel, économique et environnemental de l'Holocène récent en pays dogon (Mali), Francfort-sur-le-Main, Africa Magna Verlag, , 259 p. (ISBN 978-3-937248-33-2, présentation en ligne)
  6. Patrice Lecoq et Eric Taladoire, Les civilisations précolombiennes : « Que sais-je ? » n° 567, Presses universitaires de France, , 128 p. (ISBN 978-2-13-073679-0, présentation en ligne)
  7. Richar LOewis, « The secret of Little Salt Spring », New Scientist, vol. 83, no 1166,‎ (présentation en ligne)
  8. Dictionnaire de la Préhistoire : Les Dictionnaires d'Universalis, Encyclopaedia Universalis, (ISBN 978-2-341-00223-3, présentation en ligne)
  9. Harper Collins atlas of archaeology, Borders Press in association with Harper Collins Publishers, (ISBN 978-0-7230-1005-0, présentation en ligne)
  10. Mark Kurlansky, Salt : A World History, Penguin, , 496 p. (ISBN 978-0-698-13915-2, présentation en ligne)
  11. Sigfried J. de Laet, Joachim Herrmann, History of Humanity : From the seventh century B.C. to the seventh century A.D., UNESCO, , 626 p. (ISBN 978-92-3-102812-0, présentation en ligne)
  12. Graeme Barker et Candice Goucher, The Cambridge World History. A World with Agriculture, 12,000 BCE–500 CE, vol. 2, Cambridge University Press, (ISBN 978-1-316-29778-0, présentation en ligne)
  13. Gina L. Barnes, Archaeology of East Asia : The Rise of Civilization in China, Korea and Japan, Oxbow Books, , 432 p. (ISBN 978-1-78570-073-6, présentation en ligne)
  14. Jean-Paul Demoule, Dominique Garcia, Alain Schnapp, op. cit, p. 201
  15. Corinne Julien, Histoire de l'humanité, vol. 1, UNESCO, , 1658 p. (ISBN 978-92-3-202810-5, présentation en ligne)
  16. Davis K. Thanjan, Pebbles, Bookstand Publishing, , 218 p. (ISBN 978-1-58909-817-6, présentation en ligne)
  17. Jean-Paul Demoule, Dominique Garcia, Alain Schnapp, op. cit, p. 186
  18. a et b Jean-Claude Margueron, Le Proche-Orient et l'Égypte antiques, Hachette Éducation Technique, , 416 p. (ISBN 978-2-01-140096-3, présentation en ligne)
  19. Marion Benz, « Les premiers sanctuaires des chasseurs-cueilleurs », sur Pourlascience.fr, .
  20. Henry de Lumley, Sur le chemin de l'humanité, CNRS Éditions, , 620 p. (ISBN 978-2-271-08778-2, présentation en ligne)
  21. Jean-Denis Vigne, Les débuts de l'élevage, Humensis, , 192 p. (ISBN 978-2-7465-1222-1, présentation en ligne)
  22. a et b Theron Douglas Price, Ancient Scandinavia : An Archaeological History from the First Humans to the Vikings, Oxford University Press, , 560 p. (ISBN 978-0-19-023197-2, présentation en ligne)
  23. Nicolas Cauwe, Pavel Dolukhanov, Pavel Kozlowzki, Paul-Louis Van Berg, Le Néolithique en Europe, Armand Colin, , 384 p. (ISBN 978-2-200-24241-1, présentation en ligne)
  24. Sylvestre Huet, « L’entrée en sel de la mer Noire », Libération,‎ (présentation en ligne)
  25. Marcel Otte, La protohistoire, Bruxelles/Paris, De Boeck Supérieur, , 382 p. (ISBN 978-2-8041-5923-8, présentation en ligne)
  26. Marc Azéma et Laurent Brasier, Le beau livre de la préhistoire : De Toumaï à Lascaux 4, Dunod, , 420 p. (ISBN 978-2-10-075789-3, présentation en ligne)
  27. Jean-Luc Piel-Desruisseaux, Outils préhistoriques - 7e éd. : De l'éclat à la flèche, Dunod, , 344 p. (ISBN 978-2-10-075334-5, présentation en ligne)
  28. André Leroi-Gourhan, José Garanger, La préhistoire dans le monde, Presses universitaires de France, , 848 p. (ISBN 978-2-13-073824-4, présentation en ligne)
  29. Jean-Paul Demoule, Dominique Garcia, Alain Schnapp, Une histoire des civilisations : comment l'archéologie bouleverse nos connaissances, Paris, Éditions La Découverte, , 601 p. (ISBN 978-2-7071-8878-6, présentation en ligne), p. 150
  30. Louis-René Nougier, L'économie préhistorique, Presses universitaires de France, (présentation en ligne)
  31. C.F.C. Hawkes, The Prehistoric Foundations of Europe to the Mycenean Age, Routledge, , 462 p. (ISBN 978-1-317-60268-2, présentation en ligne)