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Comparaison (rhétorique)

Image illustrant le vers du poète français Paul Éluard : « La Terre est bleue comme une orange », célèbre comparaison surréaliste.
Image illustrant le vers du poète français Paul Éluard : « La Terre est bleue comme une orange », célèbre comparaison surréaliste.

La comparaison, mot provenant du latin comparatio désignant l'« action d'accoupler », est une figure de style consistant en une mise en relation, à l'aide d'un mot de comparaison appelé le « comparatif », de deux réalités appartenant à deux champs sémantiques différents mais partageant des points de similitudes. La comparaison est l'une des plus célèbres figures de style. Elle ne doit pas être confondue avec la comparaison grammaticale.

Ce vers de Charles Baudelaire : « La musique souvent me prend comme une mer ! » (La Musique, Les Fleurs du mal, 1840) constitue une comparaison, dans laquelle la musique et la mer sont dans un rapport d'analogie, au moyen du comparatif « comme ». Les deux réalités sont appelées le « comparant » (dans cet exemple : la mer) et le « comparé » (la musique) et elles partagent en effet au moins un sème : l'ondulation est ici le point commun entre la mer et la musique et toutes deux « bercent » le poète.

La comparaison est une figure très courante en littérature, en poésie ou encore au théâtre. Contrairement à la métaphore, elle exprime directement et explicitement le lien symbolique entre les deux réalités comparées, en utilisant un terme de comparaison, élément qui permet de la distinguer de cette autre figure d'analogie avec laquelle elle est souvent confondue. Ressource privilégiée du langage poétique, très utilisée par dérision ou ironie, elle permet aussi de faire progresser l'argumentation et de donner à voir des réalités difficiles à définir autrement qu'au moyen du langage figuré.

Figure au pouvoir suggestif puissant, la comparaison rhétorique participe d'une reconfiguration possible du monde en faisant apercevoir les correspondances émanant de la subjectivité du locuteur. Proche de la métaphore, elle « permet de défigurer momentanément, par l'entremise du comme, la réalité pour laisser entendre ses possibles au sein d'une petite fiction poétique ». Le mouvement surréaliste l'utilise préférentiellement, pour rompre l'intelligibilité inhérente au langage.

Figure de style

Substitution opérée par la métaphore : « Ils viennent les chevaux de la Mer ! » Huile sur toile par Walter Crane (1893).
Substitution opérée par la métaphore : « Ils viennent les chevaux de la Mer ! » Huile sur toile par Walter Crane (1893).

Une figure de style, du latin figura, est un procédé d’expression qui s’écarte de l’usage ordinaire de la langue et donne une expressivité particulière au propos. On parle également de figure de rhétorique ou de figure du discours. Si certains auteurs établissent des distinctions dans la portée des deux expressions, l’usage courant en fait des synonymes.

Les figures de style, liées à l'origine à la rhétorique, sont l’une des caractéristiques des textes qualifiés de « littéraires ». Elles sont cependant d’un emploi commun dans les interactions quotidiennes, écrites ou orales, du moins pour certaines d’entre elles, comme l’illustrent par exemple les métaphores injurieuses du capitaine Haddock.

De manière générale, les figures de style mettent en jeu : soit le sens des mots (figures de substitution comme la métaphore ou la litote, l’antithèse ou l’oxymore), soit leur sonorité (allitération, paronomase par exemple) soit enfin leur ordre dans la phrase (anaphore, gradation parmi les plus importantes). Elles se caractérisent par des opérations de transformation linguistique complexes, impliquant la volonté stylistique de l'énonciateur, l'effet recherché et produit sur l'interlocuteur, le contexte et l'univers culturel de référence également.

Chaque langue a ainsi ses propres figures de style ; leur traduction pose souvent des problèmes de fidélité par rapport à l'image recherchée. Par conséquent, cet article ne traite que des figures de style en langue française.

Les figures de style constituent un vaste ensemble complexe de procédés variés et à l’étude délicate. Les spécialistes ont identifié, depuis l’Antiquité gréco-romaine (avec Cicéron, Quintilien) des centaines de figures de style et leur ont attribué des noms savants, puis ont tenté de les classer (Fontanier, Dumarsais).

La linguistique moderne a renouvelé l’étude de ces procédés d’écriture en introduisant des critères nouveaux, d'identification et de classement, se fondant tour à tour sur la stylistique, la psycholinguistique ou la pragmatique. Les mécanismes des figures de style sont en effet l'objet de recherches neurolinguistiques et psychanalytiques.

Négation (linguistique)

En linguistique, la négation (du latin negare, nier) est une opération qui consiste à désigner comme fausse une proposition préalablement exprimée ou non ; elle s’oppose à l’affirmation. Si la notion même de négation apparaît comme l’une des plus fondamentales de l’esprit humain, sa définition linguistique fait l’objet d’interprétations diverses. Elle peut notamment être considérée comme :

  • une catégorie à part entière dans le cadre de la dualité affirmation-négation, au même titre que le temps, l'aspect, la voix, etc. ;
  • une modalité parmi d'autres, c’est-à-dire le reflet d’une attitude du locuteur vis-à-vis de l’énoncé (un jugement, ou modus) ;
  • ou encore une partie intégrante de ce qui est asserté (le dictum).

D’une façon générale et quelle que soit la langue, la négation est toujours marquée, c’est-à-dire qu'une assertion non marquée est considérée, par défaut, comme affirmative. Le statut linguistique de la négation n’est donc pas équivalent à celui de l’affirmation.

Par rapport à la négation logique ou mathématique (voire désormais informatique), la négation linguistique apparaît comme beaucoup plus complexe. On peut remarquer :

  • qu'elle ne porte pas obligatoirement sur l'ensemble d'une phrase, ou d’un prédicat, mais peut aussi s'appliquer à un constituant d'énoncé ;
  • qu'elle ne se limite pas à une opposition binaire de type « tout ou rien », ni à la notion de complémentaire ;
  • qu'elle ne concerne pas que les phrases déclaratives, qui ne constituent qu'un sous-ensemble des phrases possibles ;
  • que ses vecteurs grammaticaux sont multiples ;
  • que son usage dépend de la langue, de la culture et de l'époque concernées.

Noam Chomsky

Noam Chomsky en 2004
Noam Chomsky en 2004

Noam Chomsky (né le 7 décembre 1928, à Philadelphie, Pennsylvanie) est professeur honoraire de linguistique au Massachusetts Institute of Technology, connu comme le fondateur de la linguistique générative. Il s'est fait connaître du grand public, à la fois dans son pays et à l'étranger, par son parcours d'intellectuel engagé de sensibilité anarchiste.

Il est considéré comme le créateur de la théorie de la Grammaire générative et transformationnelle, qui se distingue par sa recherche des structures innées du langage naturel, contribution souvent décrite comme la plus importante dans le domaine de la linguistique théorique du XXe siècle. Les deux textes fondateurs de l’école générative sont : Syntactic Structures (traduit par Structures syntaxiques) en 1957 et Aspects of the Theory of Syntax (Aspect de la théorie syntaxique) en 1965 mais le lecteur pourra se faire une idée des questions théoriques dans Language and Mind (Le Langage et la pensée). Ses travaux les plus récents ont pour thème le « programme minimaliste » en sciences cognitives.

En parallèle de sa carrière scientifique, Noam Chomsky mène une intense activité militante depuis le milieu des années 1960 lorsqu'il a pris publiquement position contre l'engagement américain au Viêt Nam. Sympathisant du mouvement anarcho-syndicaliste et membre du syndicat IWW, il a donné une multitude de conférences un peu partout dans le monde et a publié de nombreux livres et articles dans lesquels il fait part de ses analyses historiques, sociales et politiques. Ses critiques portent tout particulièrement sur la politique étrangère des États-Unis et le fonctionnement des mass médias.

Il est considéré comme une figure intellectuelle majeure du monde contemporain, à la fois controversée et admirée.

Nombre grammatical

Le nombre est, en grammaire et linguistique, un trait grammatical caractérisant certains lemmes comme les noms et adjectifs, les pronoms ainsi que les verbes. Dans le système nominal et pronominal, le nombre représente — de manière plus ou moins précise — la quantité d’unités du lemme (une unité : chat, plusieurs unités : chats). Dans le système verbal, il n’est souvent que la représentation du nombre d’un nom ou d’un pronom liés à ce verbe (jouant le plus souvent le rôle de sujet). On dit dans ce cas que le verbe est accordé en nombre avec cet autre mot, qui n’est pas forcément présent dans l’énoncé mais peut être sous-entendu (en latin : amat « (il) aime » ~ amant « ils aiment » : le pronom sujet n’est pas exprimé mais le verbe sous-entend, respectivement, « un seul sujet à la 3e personne » ~ « plusieurs sujets à la 3e personne »).

E caduc

L’e caduc (ou muet, instable voire, dans des ouvrages anciens, féminin ou encore sombre) français est une voyelle virtuelle en ce sens qu'elle peut ou non se manifester dans un mot, selon son environnement (cas de sandhi), selon l'« accent » du locuteur, le registre de langue adopté, entre autres.

Liaison en français

La liaison est un type de sandhi externe (modifications de prononciation que subissent les mots dans un énoncé). En français, elle consiste en l'insertion, entre un mot à finale vocalique et un mot à initiale vocalique, d'une consonne qui n'apparaît pas lorsque ces deux mots sont proférés isolément. Par exemple, entre le déterminant les [le] et le substantif enfants [ɑ̃fɑ̃], tout locuteur natif insérera un [z] dit de liaison. Du point de vue de la phonétique, la liaison est une forme de paragoge, donc un métaplasme.

On considère souvent la liaison (ainsi que l'élision) comme une méthode de résolution euphonique des hiatus, suivant en cela une opinion émise au XVIIe siècle déjà par les théoriciens du vers classique. Mais cette thèse est aujourd'hui très sérieusement contestée par des études s'appuyant sur l'histoire de la langue aussi bien que sur les processus d'apprentissage mis en œuvre par les enfants. Il ne semble pas, en effet, que l'usage spontané du français ait jamais connu une règle générale d'évitement des hiatus. En outre, alors que, sous l'influence de la graphie, on admet souvent que la liaison s'insère à la fin du premier des deux mots qu'elle unit, il ne serait nullement moins raisonnable de la considérer comme une initiale optionnelle du second mot. Le mot enfant se déclinerait alors, selon le contexte, en /ɑ̃fɑ̃/, /nɑ̃fɑ̃/, /zɑ̃fɑ̃/, /tɑ̃fɑ̃/, /ʁɑ̃fɑ̃/.

À la différence des consonnes parfois dites « éphelcystiques » (comme le /t/ dans donne-t-il), la consonne de liaison est conditionnée par l'étymologie, et donc l'histoire de la langue : c'est une consonne finale ancienne qui s'est amuïe mais qui est susceptible de se maintenir devant une voyelle initiale. Ainsi, on peut considérer, sous l'angle synchronique et grammatical, qu'il s'agit d'une modification de certains mots tandis que, sous l'angle diachronique et phonétique, c'est la survivance, dans certains contextes, d'une prononciation plus ancienne.

Diathèse

En linguistique, la diathèse est un trait grammatical décrivant comment s'organisent les rôles sémantiques dévolus aux actants par rapport au procès exprimé par le verbe, en particulier les rôles d'agent et de patient. La diathèse affecte la répartition syntaxique et le marquage morphologique de ces rôles sur le verbe et les différents actants ; en revanche, changer la diathèse d'un verbe (quand l'opération est possible) ne modifie pas profondément le sens de l'énoncé. On parle plus spécifiquement de voix du point de vue de la morphologie verbale, pour décrire la forme que prend le verbe pour signifier une diathèse.

Certains verbes sont intrinsèquement dénués de toute notion de diathèse : ce sont principalement les verbes d'état (comme être, paraître, sembler, demeurer, rester, etc. en français) ; ceux-ci sont en effet extérieurs à la notion d'actance.

La grammaire française distingue traditionnellement trois voix : active (qui est la voix non marquée, employée par défaut), passive et pronominale, laquelle recouvre sous une même forme plusieurs diathèses : moyen, réfléchi, réciproque, décausatif. Mais le français exprime aussi d'autres diathèses comme le causatif et le factitif. D'autres langues en possèdent d'autres encore, comme le statif, l'antipassif ou l'applicatif.

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Évidentialité

En linguistique, l’évidentialité est, d'une façon générale, l'indication de l'existence et/ou de la nature de la preuve, ou du type de témoignage à l'appui d'une assertion donnée. Un marqueur évidentiel est l'élément grammatical particulier (affixe, clitique ou particule) qui indique l'évidentialité.

Toutes les langues possèdent des moyens de spécifier la source ou la fiabilité d'une information. Les langues occidentales (par exemple germaniques ou romanes) indiquent souvent l'évidentialité au travers de verbes modaux (français devoir, néerlandais zouden, danois skulle, allemand sollen) ou par d'autres items lexicaux (adverbes : anglais reportedly) ou encore des propositions complètes (français : il me semble).

Le fait de marquer l'évidentialité a des implications pragmatiques. Par exemple, une personne qui exprime une assertion fausse en la présentant comme une croyance peut être considérée comme s'étant trompée ; si elle présente cette assertion comme un fait observé personnellement, elle sera probablement taxée de mensonge.

Certaines langues possèdent une catégorie grammaticale distincte pour l'évidentialité, laquelle doit alors systématiquement être exprimée. Dans les langues indo-européennes, les éléments indiquant la source de l'information sont optionnels, et leur fonction primaire n'est généralement pas d'indiquer l'évidentialité : ils ne forment donc pas une catégorie grammaticale. Les éléments obligatoires des systèmes d'évidentialité grammaticale peuvent être traduits par exemple en français, selon le cas, par : j'ai entendu dire que, je vois / j'ai vu que, je pense que, à ce que j'ai entendu, à ce que je comprends, on dit que, il paraît que, il me semble que, on dirait que, il apparaît que, il s'avère que, apparemment, manifestement, d'après certaines sources, etc.

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Coup de glotte

Le coup de glotte est la dénomination commune d'une consonne dont la description en phonétique articulatoire est l'occlusive glottale sourde, notée [ʔ] en alphabet phonétique international, ‹ ʾ › dans la transcription traditionnelle des langues sémitiques et ‹ ‘ › (signe nommé ‘okina) dans l'orthographe de l'hawaïen et la plupart des autres langues polynésiennes. C'est parfois une apostrophe ‹ ʼ › que l'on emploie à la place de ces deux derniers signes.

Les organes occlusifs impliqués sont les cordes vocales, la glotte se fermant et se rouvrant brusquement pour interrompre le flux d'air qui y passe (le processus est très proche de ce qu'il se passe avant une quinte de toux). C'est l'occlusive la plus profonde que puisse émettre un gosier humain. Au-dessous, il n'existe plus d'organes occlusifs.

Normalement, tout coup de glotte doit être non voisé : le voisement étant un resserrement des cordes vocales en vue de les faire vibrer, il n'est pas possible, en même temps, de les rapprocher puis de les écarter tout en les faisant vibrer l'une contre l'autre. Il existe pourtant une langue, le gimi (en Papouasie-Nouvelle-Guinée) possédant une forme de coup de glotte voisé, transcrit [ʔ̬]. Le phonéticien Peter Ladefoged signale que plutôt qu'une occlusive, il s'agit en fait d'une spirante. Il faudrait donc la transcrire [ɦ̞] : un mot comme [haʔ̬oʔ] (mieux : [haɦ̞oʔ]), « nombreux », contient les deux variantes.

Cette occlusive est très fréquente, dans de nombreuses langues. Elle est souvent utilisée souvent comme marque paralinguistique, comme allophone d'autres consonnes ou comme addition automatique devant voyelle ; mais de nombreuses langues en font un phonème à part entière.

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Harmonie vocalique

L'harmonie vocalique est une modification phonétique concernant les voyelles d'un même mot ou syntagme ; il s'agit d'un type d'assimilation à distance (ou dilatation) des timbres vocaliques entre eux : les syllabes d'une même unité (comme le mot ou le syntagme) doivent toutes présenter à la suite des voyelles « compatibles », c'est-à-dire appartenant à la même « classe » que celle de la voyelle précédente, laquelle classe varie selon les langues.

Au contraire des dilations sporadiques étudiées dans le cadre de la phonétique historique, l'harmonie vocalique est un phénomène phonologique vivant qui s'applique automatiquement dans les langues concernées, selon des règles déterminées. Si à un radical donné (au sein duquel les voyelles sont toutes de la même classe) l'on ajoute des morphèmes (comme des affixes), les voyelles des morphèmes en question doivent s'adapter ; de sorte, les affixes d'une langue agglutinante à harmonie vocalique n'ont pas de forme canonique, puisqu'en l'absence de radical, il n'est pas toujours possible de préciser le timbre de leurs voyelles. En sorte, les morphèmes grammaticaux d'une langue à harmonie vocalique n'ont que des allomorphes.

Dans la majorité des cas, la classe à laquelle doivent appartenir les voyelles d'un même mot ou d'un même syntagme concerne une opposition d'arrondissement ou de forme du résonateur buccal : dans le premier cas, toutes les voyelles de cette unité doivent être arrondies ou bien non arrondies, par exemple, et dans le deuxième antérieures ou postérieures, les deux mécanismes pouvant se mêler. D'autres types d'oppositions concernent aussi la position avancée ou rétractée la racine de la langue. Dans certaines langues, il existe des mécanismes doubles d'harmonie et de disharmonie (c'est-à-dire une inversion de l'harmonie régulière dans certaines conditions).

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Emprunt lexical

En linguistique, et plus particulièrement en étymologie, lexicologie et linguistique comparée, le terme d' emprunt lexical (ou, plus souvent, emprunt) désigne le processus consistant, pour une langue, à introduire dans son lexique un terme venu d’une autre langue. L’emprunt peut être direct (une langue emprunte directement à une autre langue) ou bien indirect (une langue emprunte à une autre langue via une – ou plusieurs – langue vecteur). L’emprunt fait partie des moyens dont disposent les locuteurs pour accroître leur lexique, au même titre que le néologisme, la catachrèse et la dérivation (voir : lexicalisation pour d’autres détails).

Les langues empruntent surtout des mots appartenant aux classes lexicales « ouvertes », c’est-à-dire justement celles qui contiennent un stock variable de lemmes : ce sont principalement les noms, les verbes et les adjectifs. Les classes « fermées » (pronoms, conjonctions...) ne reçoivent que rarement d’ajouts. Cela peut arriver cependant, notamment quand la langue donneuse est une langue de prestige.

Cependant, les classes en question sont celles d’arrivée : en effet, il n’est pas rare qu’une langue emprunte, par exemple, un pronom à une autre langue mais pour en faire un nom. C’est le cas de quidam, emprunté au latin. C’est, en français, un nom alors qu’en latin c’est un pronom (« quelqu'un »).

Il faut aussi signaler le cas des calques, qui ne sont pas des emprunts de lemmes mais de sens seuls, lesquels sont traduits à la lettre dans la langue d’arrivée. Ainsi, le superman anglais et le surhomme français sont des calques de l’allemand Übermensch. Dans les deux cas, il s’agit d’une traduction littérale, über signifiant « sur » et Mensch « homme ».

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Aspect

En linguistique, l'aspect est un trait grammatical associé au prédicat (le plus souvent au verbe, mais pas exclusivement), indiquant la façon dont le procès ou l'état exprimé par le verbe est envisagé du point de vue de son développement (commencement, déroulement, achèvement, évolution globale ou au contraire moment précis de cette évolution, etc.).

Selon les termes de Paul Imbs, le procès est envisagé sous l'angle de son déroulement interne, au contraire du temps, qui donne une indication sur le procès d'un point de vue extérieur à ce dernier.

Le concept d'aspect a été importé dans les langues occidentales à partir de la grammaire des langues slaves et le mot « aspect » lui-même est une traduction du russe « вид » (vid). Toutefois, l'aspect tel qu'il existe en russe par exemple ne recouvre pas forcément ce qu'on peut entendre par ce terme dans le cadre de l'étude d'autres langues. C'est pourquoi les équivalences du type le perfectif russe correspond à tel ou tel temps ou tel aspect en français sont peu sûres. Ainsi, les aspects sont nommés par des termes parfois trompeurs et il convient d'être prudent, notamment à cause des « faux-amis » dans les traductions.

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Mutation consonantique

La mutation consonantique, en synchronie, est une modification phonétique qui voit la consonne d'un mot changer selon son environnement morphologique ou syntaxique. Elle relève de la morphophonologie.

Ce phénomène se rencontre dans de nombreuses langues sur tous les continents. L'exemple typique est la mutation consonantique de l'initiale dans toutes les langues celtiques modernes. Cette mutation consonantique initiale s'observe également dans le paiute du Sud ainsi que dans plusieurs langues d'Afrique de l'Ouest, comme le peul. Les langues fenniques (ou balto-finnoises) telles que le finnois et l'estonien, ainsi que le same, ont des mutations internes aux mots, appelées alternance consonantique. Le dholuo, une langue nilo-saharienne parlée au Kenya, fait muter les consonnes finales des radicaux, ainsi que l'anglais dans une moindre mesure. La mutation des consonnes initiales, médianes et finales se rencontre également dans l'hébreu moderne. Le japonais fait muter certaines initiales en composition : le phénomène s'appelle rendaku.

Le terme de mutation consonantique est également employé dans un autre sens en phonétique historique, pour décrire des évolutions systématiques dans l'articulation de séries de consonnes, notamment dans les langues germaniques : voir loi de Grimm et seconde mutation consonantique.

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Acte de langage

Un acte de langage est un moyen mis en œuvre par un locuteur pour agir sur son environnement par ses mots : il cherche à informer, inciter, demander, convaincre, promettre, etc. son ou ses interlocuteurs par ce moyen.

Cette théorie, liée à la philosophie du langage ordinaire, a été développée par John L. Austin dans Quand dire c'est faire (1962), puis développée par John Searle. Elle insiste sur le fait qu'outre le contenu sémantique d'une assertion (sa signification logique, indépendante du contexte réel), un individu peut s'adresser à un autre dans l'idée de faire quelque chose, à savoir de transformer les représentations de choses et de buts d'autrui, plutôt que de simplement dire quelque chose: on parle alors d'un énoncé performatif, par contraste avec un énoncé constatif. Contrairement à celui-ci, celui-là n'est ni vrai ni faux.

On peut alors modéliser l'acte de langage comme n'importe quel autre type d'acte : il a un but (aussi appelée intention communicative), un pré-requis, un corps (c'est-à-dire une réalisation) et un effet.

Il existe différents types d'actes de langage, que l'on catégorise généralement selon leur but : citer, informer, conclure, donner un exemple, décréter, déplorer, objecter, réfuter, concéder, conseiller, distinguer, émouvoir, exagérer, ironiser, minimiser, railler, rassurer, rectifier… L'identification de l'acte de langage conditionne largement l'interprétation du message délivré, au-delà de la compréhension de son contenu sémantique. Par exemple, la motivation de l'énoncé « J'ai appris que tu as obtenu ton diplôme » peut être de féliciter son destinataire, de s'excuser d'avoir douté de sa réussite, d'ironiser sur un succès tardif ou simplement de l'informer du fait rapporté.

Quelques traitements plus tôt pourraient peut-être trouvés chez certains Pères de l'Église et philosophes scolastiques (dans le contexte de la théologie sacramentelle), aussi bien que chez Thomas Reid, et Charles Sanders Peirce. Adolf Reinach peut être crédité pour avoir développé un compte assez complet des actes sociaux en tant qu'expressions performatives, bien que son travail n'ait eu que peu d'influence, peut-être en raison de sa mort prématurée. Roman Jakobson avait des idées similaires dans les années 60, sous la forme de ce qu'il appelle la fonction conative du langage.

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Tutoiement et vouvoiement

La distinction entre le tutoiement et le vouvoiement (ou voussoiement, ou en Suisse romande vousoiement) est un concept grammatical familier aux locuteurs de langues indo-européennes (sauf dans le cas de l'anglais moderne, et dans certaines langues nordiques comme l'islandais). Il s'agit d'une opposition entre deux deuxièmes personnes (servant à s'adresser à un interlocuteur), le premier (tutoiement : « tu, te, toi, ton, le tien, la tienne », etc.) utilisé pour les proches, les pairs (notamment dans le travail et les activités politiques et syndicales), les subalternes ou dans un registre de langue familier (voire insultant par sa familiarité) et le second (vouvoiement : « vous, votre, le vôtre, la vôtre », etc.) pour les personnes auxquelles on doit un certain respect, ce qui peut comprendre les inconnus, les supérieurs, les personnes âgées, etc., et dans les contextes où un certain formalisme est de rigueur (réunions officielles, cérémonies, émissions télévisées, sport pour les relations entre joueurs et arbitres).

En linguistique, ce type de distinction de politesse est appelée plus généralement distinction T-V, d'après les initiales des pronoms personnels impliqués dans plusieurs langues romanes ou slaves : en effet, dans ces langues la personne du tutoiement débute par un t, et celle du vouvoiement par un v (tu, tu, tu, ti ~ você, vous, voi, vi en portugais, français, ancien italien et slovène).

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Nous exclusif et inclusif

En linguistique, le nous inclusif est un pronom ou une conjugaison de verbe qui indique l’inclusion du locuteur, des auditeurs, et peut-être encore d’autres personnes, par opposition au nous exclusif qui lui exclut l’auditoire. Diverses langues non-européennes font cette distinction, et c’est tout à fait commun aussi bien dans les langues d’Inde et d'Extrême-Orient que des Amériques, d'Australie et d'Océanie.

La distinction « exclusif-inclusif » est répandue pratiquement dans toutes les langues austronésiennes et les langues aborigènes du nord de l’Australie jusqu’aux langues woiwurrung tout au sud, mais elle est rare dans les langues papoues (le tok pisin, un parler pidgin anglo-mélanésien, a généralement une distinction « exclusif-inclusif », mais son utilisation varie en fonction des origines culturelles du locuteur). Elle est répandue dans les langues dravidiennes, les langues munda et les langues de l’est de la Sibérie comme l’evenki bien qu’elle ait été perdue dans certaines. Cette distinction est répandue dans à peu près la moitié des langues amérindiennes, sans véritable logique de distribution géographique ou généalogique. On la trouve aussi dans quelques langues caucasiennes et des langues d’Afrique sub-saharienne comme l'ancien nubien et le laal, et dans certaines langues indo-aryennes tels le marathi, le rajasthani et le gujarati.

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Causatif

En linguistique, le causatif est une diathèse qui a pour effet d'augmenter d'un actant la valence d'un verbe en faisant intervenir un sujet causateur distinct de l'agent effectif du processus décrit.

Certains linguistes font une distinction entre factitif et causatif strict selon la transitivité du verbe affecté : le factitif s'applique alors à un verbe transitif et indique que le sujet fait effectuer une action par un autre agent que lui-même, tandis que le causatif s'applique à un verbe intransitif et indique que le sujet détermine une transformation affectant le second actant. D'autres traitent ces deux termes comme synonymes.

L'expression du causatif varie fortement selon la langue étudiée, et plusieurs méthodes peuvent coexister : elle peut se faire au niveau de la morphologie ou de la syntaxe. Toutes les langues possèdent par ailleurs des causatifs lexicalisés, où la distinction est directement encodée sous forme de lexèmes distincts, de façon figée et non productive (par exemple en français tuer est un causatif de mourir).

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Ferdinand de Saussure

Ferdinand de Saussure, né à Genève le et mort au château de Vufflens-sur-Morges le , est un linguiste suisse. Reconnu comme fondateur du structuralisme en linguistique, il s'est aussi distingué par ses travaux sur les langues indo-européennes.

On estime (surtout en Europe) qu'il a fondé la linguistique moderne et établi les bases de la sémiologie. Dans son Cours de linguistique générale (1916), publié après sa mort par ses élèves, il définit certains concepts fondamentaux (distinction entre langage, langue et parole, entre synchronie et diachronie, caractère arbitraire du signe linguistique, etc.) qui inspireront non seulement la linguistique ultérieure mais aussi d'autres secteurs des sciences humaines comme l'ethnologie, l'analyse littéraire, la philosophie et la psychanalyse lacanienne.

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Énonciation

En linguistique, l’énonciation est l'acte individuel de production d'un énoncé, adressé à un destinataire, dans certaines circonstances.

Dans toute communication, aussi bien orale qu'écrite, on trouve à la fois un énoncé et une énonciation. L'énoncé est le résultat linguistique, c'est-à-dire, la parole prononcée ou le texte écrit, tandis que l'énonciation est l'acte linguistique par lequel des éléments de langage sont orientés et rendus spécifiquement signifiants par l'énonciateur (et son co-énonciateur, qui n'est pas un simple destinataire) en vue de produire ledit énoncé : on dit généralement que l'énoncé est le « dit », tandis que l'énonciation est le « dire ». Pour résumer, « c'est l'énonciation qui fait l'énoncé ».

L'énoncé est de nature matérielle. En conséquence, il est saisissable par l'un de nos cinq sens (le plus souvent, l'ouïe, dans le cas de l'oral, et la vue, dans celui de l'écrit), et par ailleurs, reproductible, tout d'abord, oralement, ensuite, par l'écrit, enfin, par les moyens techniques modernes, tels que l'enregistrement, analogique ou numérique.

L'énonciation en revanche, est beaucoup moins matérielle, et partant, beaucoup plus difficile à cerner et à transcrire. N'étant pas toujours directement perceptible, elle peut faire l'objet d'une enquête ou d'une déduction, mais elle nous échappe toujours, au moins partiellement : consistant en un acte individuel et unique, « l'énonciation, par nature, ne peut être reproduite ».

D'un point de vue strictement grammatical, on pourrait croire a priori que seuls les énoncés concernent cette discipline, et que par conséquent, l'énonciation est hors sujet. Ce n'est pas exact. En effet, d'abord, l'énonciation sert précisément à circonscrire les limites du champ de la morphosyntaxe, ensuite, son repérage est indispensable à l'étude de certaines catégories, telles que noms, pronoms, adverbes.

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Dévoisement final

Le dévoisement final ou durcissement des finales, également connu sous son nom allemand : Auslautverhärtung, est un type de modification phonétique observé dans certaines langues, qui consiste à prononcer systématiquement les consonnes comme sourdes en fin de mot, alors qu'il existe par ailleurs une opposition régulière entre consonnes sourdes et sonores dans le système phonologique de la langue en question.

Le dévoisement final s'observe par exemple en occitan, en catalan et en français de Belgique, ainsi que jadis en ancien français ; dans plusieurs langues germaniques : allemand, néerlandais, afrikaans et frison ; dans la majorité des langues slaves ; en breton ; partiellement en turc.

Selon les langues concernées, ce phénomène peut ou non se traduire dans l'orthographe.

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Hypothèse Sapir-Whorf

En linguistique et en anthropologie, l’hypothèse Sapir-Whorf (HSW) soutient que les représentations mentales dépendent des catégories linguistiques, autrement dit que la façon dont on perçoit le monde dépend du langage. Cette forme de relativisme culturel appliqué au langage a été développée par l'anthropologue américain Edward Sapir puis défendue de façon radicale par son élève, Benjamin Lee Whorf. Telle que formulée par ces auteurs, il ne s'agit pas à proprement parler d'une hypothèse scientifique mais plutôt d'une vision générale du rôle du langage dans la pensée que Whorf illustra à travers l'exemple de la « langue esquimau » qui disposerait, selon lui, de trois mots pour désigner la neige là où l'anglais n'en aurait qu'un seul (snow) si bien que « pour un esquimau, ce terme générique [snow] serait pratiquement impensable ».

Cette thèse est au cœur d'une importante controverse de l'histoire de l'anthropologie cognitive : au début des années 1960, les psychologues Roger Brown et Eric Lenneberg ont entrepris de véritablement tester l'hypothèse Sapir-Whorf à partir d'observations expérimentales et montrèrent que le lexique des couleurs semblait avoir une influence réelle sur la perception et la mémoire de celles-ci par des locuteurs parlant des langues différentes. Finalement, c'est une étude à large échelle comparant les termes de couleurs dans plusieurs dizaines de langues menée par les anthropologues Brent Berlin et Paul Kay. Montrant l'organisation hiérarchique quasi universelle du lexique des couleurs, ils conclurent à l'inverse que c'était l'organisation des catégories mentales qui déterminait les catégories linguistiques. Bien que rejetée dans sa version radicale, la thèse de Sapir-Whorf a toutefois rencontré un regain d'intérêt à la fin du XXe siècle dans le cadre des travaux expérimentaux montrant que le langage pouvait bel et bien avoir un effet, parfois faible mais néanmoins mesurable, sur la perception et la représentation de l'espace, du temps, des émotions...

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Leonard Bloomfield

Leonard Bloomfield ( - ) est un linguiste américain qui a mené à un grand développement de la linguistique structurale aux États-Unis dans le courant des années 1930 et 1940. Il est considéré comme le père fondateur du distributionalisme. En 1914, Leonard Bloomfield écrit An Introduction to the Study of Language qui sera titré Language à partir de son édition de 1933, destinée à un large public, dans laquelle il présente une description exhaustive de la linguistique structurale américaine. Leonard Bloomfield a également porté d'importantes contributions à l'étude historique des langues indo-européennes ainsi qu'à la description des langues austronésiennes et algonquiennes.

L'approche linguistique initiée par Bloomfield a été caractérisée par une l'affirmation de bases scientifiques claires pour la linguistique. Après avoir été en contact avec les grammaires formelles du sanskrit et le structuralisme européen, Bloomfield adhère en effet au behaviorisme de B.F. Skinner. De ce mariage entre structuralisme et behaviorisme naîtra le distributionnalisme, considérant les faits de langue du point de vue du comportement et mettant en particulier l'accent sur des démarches d'analyse formelle du langage sur des bases inductives. L'influence de la linguistique structurale bloomfieldienne a progressivement décliné dans les années 1950 et 1960, tandis que la théorie de la grammaire générative développée par Noam Chomsky était en plein essor.

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Accent tonique

L'accent tonique met en relief l'émission d'une syllabe dans un mot en augmentant l'intensité de la voix ainsi qu'en élevant, généralement, le ton. La syllabe (ou la more) frappée de l'accent est dite tonique, et les autres atones. On distingue fréquemment les langues à accent tonique des langues à tons et à accent de hauteur, bien que certaines langues, comme le mandarin et le thaï, utilisent les deux systèmes : dans une langue à tons, l'accent tonique ne peut être que secondaire. Enfin, au sein des accents toniques, on distingue deux catégories : l'accent d'intensité et l'accent de hauteur.

L'accent tonique est une notion étudiée principalement en phonétique et en phonologie. La première discipline s'intéresse aux moyens physiques de sa réalisation, la seconde à son rôle dans la langue. L'accent tonique est une unité discrète au même titre que le phonème, mais n'est pas segmentable. C'est donc une unité suprasegmentale : l'unité accentuelle ne peut être perçue sans le support des phonèmes et elle n'existe pas sans eux.

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Signe linguistique

Un signe linguistique désigne une unité d'expression du langage. Il est l'objet d'étude de différentes branches de la linguistique :

C'est Ferdinand de Saussure, professeur de linguistique à Genève et spécialiste du sanscrit, qui parle le premier de « signe linguistique » et qui introduit la distinction entre signifiant et signifié dans son Cours de linguistique générale (1906-1910), rédigé et édité par ses élèves en 1916.

C'est justement en sanscrit que sont écrites les plus anciennes études connues sur le sujet avec par exemple le traité grammatical de Pāṇini datant du Ier millénaire av. J.-C.. Cette distinction du signe en lui-même est probablement mise en évidence par la confrontation du langage parlé en perpétuelle évolution à des écrits anciens, autorisant l'étude de ce signe distinctement de ce qu'il désigne.

Il en découle des questionnements dépassant le cadre des civilisations sur les qualités de ce signe, notamment sur sa nature arbitraire ou naturelle dont Platon par exemple nous rapporte un débat dans le Cratyle.

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Aire linguistique

Une aire linguistique, également dénommée union linguistique, aire de diffusion linguistique, aire de convergence linguistique, ligue linguistique ou par sa désignation allemande Sprachbund (pluriel Sprachbünde), est un groupe de langues parlées sur des espaces géographiquement voisins, partageant un ensemble de caractéristiques distinctives qui ne proviennent pas d'une origine commune, mais qu'elles ont développées par influences mutuelles du fait des contacts de leurs locuteurs.

Une aire linguistique se distingue ainsi d'une famille de langues, laquelle est définie de façon génétique : les traits communs définissant une famille linguistique sont hérités. Au contraire, ceux communs à une aire linguistique résultent d'un développement nouveau - quand bien même les langues participant à l'union peuvent déjà être apparentées au départ. On parle de trait aréal pour souligner l'importance de la proximité géographique dans la diffusion d'une caractéristique linguistique.

Dans certains cas, il peut être difficile de déterminer si les ressemblances constatées dans un groupe de langues sont dus à une origine commune ou à des contacts prolongés - et donc si le groupe est une véritable famille de langues ou une aire linguistique. C'est par exemple le cas des langues altaïques, dont la parenté est sujette à débats.

Les différents membres d'une aire linguistique ne sont pas toujours affectés de manière égale par le processus de convergence : certaines aires comportent un noyau de langues comportant le plus de caractéristiques communes, et des langues plus périphériquement impliquées.

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Schéma de Jakobson

Le schéma de Jakobson est un modèle décrivant les différentes fonctions du langage. Il a été développé à la suite des études de Karl Bühler, dont le modèle se limitait aux fonctions émotive (expressive), conative et référentielle.

D'après Roman Jakobson, « le langage doit être étudié dans toutes ses fonctions ». C'est-à-dire que le linguiste doit s'attacher à comprendre à quoi sert le langage, et s'il sert à plusieurs choses. « Pour donner une idée de ses fonctions, un aperçu sommaire portant sur les facteurs constitutifs de tout procès linguistique, de tout acte de communication verbale, est nécessaire ». Les voici :

  • Le message lui-même ;
  • « Le destinateur envoie un message au destinataire » ;
  • Le destinataire est censé recevoir le message ;
  • « Pour être opérant, le message requiert d'abord un contexte auquel il renvoie (c'est ce qu'on appelle aussi, dans une terminologie quelque peu ambiguë, le référent), contexte saisissable par le destinataire, et qui est soit verbal, soit susceptible d'être verbalisé » ;
  • « le message requiert un code, commun, en tout ou au moins en partie, au destinateur et au destinataire (ou, en d'autres termes, à l'encodeur et au décodeur du message) » ;
  • « le message requiert un contact, un canal physique et une connexion psychologique entre le destinateur et le destinataire, contact qui leur permet d'établir et de maintenir la communication ».

Les six fonctions de la communication telles que les identifie Roman Jakobson sont chacune liées à un de ces éléments :

  • fonction expressive (expression des sentiments du locuteur) ;
  • fonction conative (fonction relative au récepteur) ;
  • fonction phatique (mise en place et maintien de la communication) ;
  • fonction référentielle (le message renvoie au monde extérieur) ;
  • fonction métalinguistique (le code lui-même devient objet du message) ;
  • fonction poétique (la forme du texte devient l'essentiel du message).

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Adposition

En linguistique, une adposition est une catégorie grammaticale de mots-outils immédiatement associés à un élément subordonné appelé complément ou régime et qui en indiquent la relation syntaxique et sémantique avec les autres éléments de la phrase. La préposition est donc un type de subordonnant.

On distingue différents types d'adpositions selon la place qu'elles occupent :

  • les prépositions, situées avant leur complément ;
  • les postpositions, situées après leur complément ;
  • les ambipositions, qui peuvent se situer soit avant soit après leur complément ;
  • les circumpositions, composés de deux éléments situés de part et d'autre de leur complément ;
  • les inpositions, intégrées au sein de leur complément ;
  • les interpositions, situées entre deux éléments redoublés.

Dans la majorité des langues prédominent soit les prépositions (ce qui est le cas du français) soit les postpositions. De ce fait, l'emploi de ces termes spécifiques est plus courant en pratique que celui du terme générique « adposition ».

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Degré de comparaison

En grammaire, les degrés de comparaison ou degrés de signification sont une propriété des adjectifs et des adverbes, décrivant l'intensité de la notion exprimée. On parle aussi de gradation des adjectifs et des adverbes. L'expression des degrés de comparaison peut être synthétique et se faire alors par la flexion, ou analytique et se faire uniquement par la syntaxe. De nombreuses langues emploient un système mixte, dans lequel certains degrés sont exprimés de façon synthétique et d'autres de façon analytique, ou dans lequel plusieurs moyens d'expressions d'un même degré cohabitent au choix du locuteur ou selon le type d'adjectif ou d'adverbe.

On distingue classiquement :

  • le positif, forme de base non marquée : fort
  • le comparatif qui établit une hiérarchie entre deux éléments. Il en existe trois variétés :
    • le comparatif de supériorité : plus fort
    • le comparatif d'égalité : aussi fort
    • le comparatif d'infériorité : moins fort
  • le superlatif qui exprime le plus haut degré d'une qualité, en supériorité ou en infériorité. Selon qu'il fait ou non référence à une classe d'éléments, on distingue :
    • le superlatif relatif : le plus fort (supériorité), le moins fort (infériorité)
    • le superlatif absolu : très fort (supériorité), très peu fort (infériorité).

Un système de gradation peut comporter des syncrétismes, c'est-à-dire que certaines de ses formes couvrent plusieurs degrés, selon le contexte.

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Mot composé

En linguistique, un mot composé est une juxtaposition de deux lexèmes libres permettant d'en former un troisième qui soit un lemme (« mot ») à part entière et dont le sens ne se laisse pas forcément deviner par celui des deux constituants. Ainsi, un garde-fou est, en français, un lemme indépendant de garde et de fou dont le sens de « balustrade de protection sur un pont, près d'un fossé, empêchant de tomber » ne peut être deviné. En mandarin, d'autre part, 東西/东西 dōngxī, « chose », est un mot composé de 東/东 dōng, « est [point cardinal] », et 西 , « ouest », dont le sens n'est pas non plus prévisible.

En sorte, un mot composé étant un lemme à part entière, il est recensé par les dictionnaires, ce qui permet de le distinguer d'un syntagme (petit-lait est un mot composé synonyme de lactosérum, pas petit chat). Dans les langues à accent tonique, les mots composés peuvent subir l'univerbation, ce qui permet aussi de les distinguer.

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Rhétorique

Démosthène s’exerçant à la parole, toile de Jean-Jules-Antoine Lecomte du Nouy (1842-1923).
Démosthène s’exerçant à la parole, toile de Jean-Jules-Antoine Lecomte du Nouy (1842-1923).

La rhétorique ῥητορικὴ τέχνη, « technique, art oratoire », désignant au sens propre « l’art de bien parler », est l’art ou la technique de persuader, généralement au moyen du langage. Elle est née au Ve siècle av. J.-C. en Sicile, selon la légende, puis fut introduite à Athènes par le sophiste Gorgias, où elle se développa dans les milieux judiciaires et politiques. Selon Ruth Amossy : « Telle qu’elle a été élaborée par la culture de la Grèce antique, la rhétorique peut être considérée comme une théorie de la parole efficace liée à une pratique oratoire. » Elle vise donc à persuader un auditoire sur les sujets les plus divers. Elle a progressivement laissé place à un art de bien dire plutôt qu’un art de persuader, se restreignant à un inventaire de figures relevant des ornements du discours.

La rhétorique est à la fois la science (au sens d’étude structurée) et l’art (au sens de pratique reposant sur un savoir éprouvé) qui se rapporte à l’action du discours sur les esprits, « bene dicendi scientia », selon les mots de l’orateur romain Quintilien. À ses débuts, la rhétorique s’occupait du discours politique oral, avant de s’intéresser de manière plus générale aux textes écrits et surtout aux textes littéraires et dramatiques, discipline nommée aujourd’hui la « stylistique ».

La rhétorique se distingue de l’argumentation et de la dialectique par l’usage des effets pathétiques ou éthiques du discours sur le public.

Apostrophe (rhétorique)

Démosthène s’exerçant à la parole, toile de Jean-Jules-Antoine Lecomte du Nouy (1842-1923).
Démosthène s’exerçant à la parole, toile de Jean-Jules-Antoine Lecomte du Nouy (1842-1923).

L’apostrophe (substantif féminin, se prononce a.pɔs.tʁɔf), du grec ἀποστροφή (apostrophein, « action de se détourner » ayant donné le mot apostropha en latin), est un procédé linguistique et stylistique permettant d’interpeller un destinataire dans le cours d’une phrase ou d’un texte.

Il existe deux sortes d’apostrophes. La première consiste en une fonction grammaticale utilisée pour marquer une interpellation dans la langue. Par exemple, dans le vers « Ô malheureux mortels ! Ô terre déplorable ! » (Voltaire, Poème sur le désastre de Lisbonne), l’apostrophe est marquée par le double emploi de l’interjection « ô ». Cette fonction est généralement représentée dans les langues flexionnelles, comme dans le latin, par un vocatif ancien. L’apostrophe est également le nom donné à une figure de style, proche de l’allocution rhétorique, et qui consiste à interrompre un discours ou un récit pour s’adresser subitement à un destinataire, en général absent ou fictif. Proche de la digression ou de l’épiphrase, l’apostrophe est un procédé stylistique important qui engage le narrateur dans son discours.

Digression

« Mais si vous m'interrompez, lecteur, et si je m'interromps moi-même à tout coup, que deviendront les amours de Jacques? Croyez-moi, laissons-là le poète... L'hôte et l'hôtesse s'éloignèrent... — Non, non, l'histoire du poète de Pondichéry. — Le chirurgien s'approcha du lit de Jacques... — L'histoire du poète de Pondichéry, l'histoire du poëte de Pondichéry »
« Mais si vous m'interrompez, lecteur, et si je m'interromps moi-même à tout coup, que deviendront les amours de Jacques? Croyez-moi, laissons-là le poète...
L'hôte et l'hôtesse s'éloignèrent...
— Non, non, l'histoire du poète de Pondichéry.
— Le chirurgien s'approcha du lit de Jacques...
— L'histoire du poète de Pondichéry, l'histoire du poëte de Pondichéry »

Une digression (du latin digressio, du verbe digredi signifiant « action de s’éloigner » ; en grec : « παρεκβάσις ») est une figure de style qui consiste en un changement temporaire de sujet dans le cours d'un récit, et plus généralement d'un discours, pour évoquer une action parallèle ou pour faire intervenir le narrateur ou l'auteur (c'est l'épiphrase pour le roman, ou la parabase pour le genre théâtral).

Considérée comme un ornement inutile par la rhétorique antique, la digression est cependant une technique narrative éprouvée. Elle permet de dilater le récit, de ménager des pauses, de divertir ou d'ironiser, ou, enfin, d'insérer un commentaire de l'auteur. La digression, qui se distingue de la parenthèse, constitue en effet une pause dans la narration, soit à une fin ludique (sans relation au fait principal raconté) soit à une fin explicative lorsque le narrateur veut éclairer un point de l'histoire, soit enfin dans un objectif métadiscursif, c'est-à-dire de réflexion sur le discours lui-même. Si elle peut être rapide et ne constituer qu'un moment sans enjeu, elle est cependant très utilisée pour interroger le lecteur. En ce sens, elle peut être un ressort des stratégies discursives de l'auteur...

Épanadiplose

L’épanadiplose suggère un effet de répétition.
L’épanadiplose suggère un effet de répétition.

L’épanadiplose (du grec épi : « sur », ana : « de nouveau », diploos signifiant « double, duplication », soit redoublement à la suite) est une figure de style consistant en la reprise, à la fin d’une proposition, du même mot que celui situé en début d’une proposition précédente. Elle a pour figure inverse l’anadiplose. Elle permet des jeux mélodiques et rythmiques qui ont pour effet de suggérer l’insistance ou l’humour. L’épanadiplose peut aussi être utilisée pour mettre en valeur un mot, un groupe de mots ou une idée.

L’épanadiplose est également une figure de narration utilisée dans de nombreux genres littéraires ; elle est alors nommée « épanadiplose narrative ». Il s’agit de la reprise d’une scène initiale ou d’un motif initial (dans l’incipit) à la fin (ou clausule) de l’intrigue. Cette figure suggère une fermeture du récit sur lui-même.

Épiphrase

« Non je vous jure, je ne vous dis pas cela pour vous flatter, vous avez là une vraie amie comme on n’en a pas beaucoup. Je vous dirai du reste que si vous ne le savez pas, vous êtes le seul. Mme Verdurin me le disait encore le dernier jour (vous savez les veilles de départ on cause mieux) », Marcel Proust, Du côté de chez Swann.
« Non je vous jure, je ne vous dis pas cela pour vous flatter, vous avez là une vraie amie comme on n’en a pas beaucoup. Je vous dirai du reste que si vous ne le savez pas, vous êtes le seul. Mme Verdurin me le disait encore le dernier jour (vous savez les veilles de départ on cause mieux) », Marcel Proust, Du côté de chez Swann.

Une épiphrase (littéralement « ce qu'on dit en outre », du grec ancien ἐπί/epí, « en plus », et φράσις/phrásis, « phrase ») est une figure de style qui consiste à joindre, à la fin d'une phrase ou d'un groupe syntaxiquement achevé, un ou plusieurs segments de phrase, en guise de conclusion ou pour insister sur un fait.

L'épiphrase peut avoir deux utilisations. La figure peut en effet être employée pour ajouter une parole à un discours déjà terminé ou peut permettre à un auteur d'insérer un commentaire personnel dans son discours. Son identification est parfois problématique car de nombreuses figures en sont proches, comme l'épiphonème, la parenthèse ou l'hyperbate.

Ses ressources stylistiques peuvent être : l'amplification d'une idée ou d'un propos, le soulignement d'un sentiment ou d'une réflexion, l'effet de distance ou au contraire de rapprochement vers le lecteur, avec une intention souvent comique ou humoristique.

Homéotéleute

L'homéotéleute est l'une des figures qui participe du rythme poétique (Paul Raphael Montford, Musique et Poésie).
L'homéotéleute est l'une des figures qui participe du rythme poétique (Paul Raphael Montford, Musique et Poésie).

Un homéotéleute (en grec ancien : ὁμοιοτέλευτος/homoiotéleutos, de ὅμοιος/hómoios : « semblable » et τελευτή/teleutế : « fin, finalité »), parfois écrite « homoïotéleute », ou encore « homoïotéleuton », est une figure de style qui consiste en la répétition d'une ou de plusieurs syllabes finales homophones de mots, de vers ou de phrase.

La prose utilise particulièrement les ressources stylistiques de l'homéotéleute, comme dans cette phrase de Raymond Queneau, dans Exercices de style (chapitre « Homéotéleutes »), qui joue sur la répétition du groupe phonique « -cule » et de ses variables harmoniques « -ulbe » et « -bule » :

ex. : « Un jour de canicule sur un véhicule où je circule, gesticule un funambule au bulbe minuscule ».

L'homéotéleute est une ressource phonique dans la fabrication de jeu de mots, proche d'autres figures sonores comme l'allitération, l'assonance ou le tautogramme. La visée recherchée peut alors être le comique ou l'insistance. Utilisée en poésie, au théâtre, dans le conte, le roman ou dans les slogans publicitaires, l'homéotéleute participe surtout de la création d'un rythme poétique, en faisant résonner l'homophonie des mots mis en reliefs, dans les vers ou les phrases.

Hypotypose

Lawrence Alma-Tadema, La Mort d'Hippolyte, 1860.
Lawrence Alma-Tadema, La Mort d'Hippolyte, 1860.

L'hypotypose (du grec ὑποτύπωσις / hupotupôsis, ébauche, modèle), prononcé [i.pɔ.ti.poz], est une figure de style consistant en une description réaliste, animée et frappante de la scène dont on veut donner une représentation imagée, et comme vécue à l'instant de son expression. Le « songe d'Athalie », de Racine, dans la pièce du même nom ; le portrait de Clodius fait par Cicéron dans son Pro Milone ; ou la description de l'alambic faite par Émile Zola dans son roman L'Assommoir sont des exemples d'hypotyposes.

Elle peut prendre la forme d'une énumération de détails concrets à tel point qu'on peut dire qu'elle franchit les conditions de forme propres à une figure de style. En effet, la figure peut aisément dépasser le cadre de la phrase pour se développer sur plusieurs phrases, voire plusieurs pages.

Pour l'orateur latin Quintilien, le premier à en proposer une définition, l'hypotypose est « l'image des choses, si bien représentée par la parole que l'auditeur croit plutôt la voir que l'entendre ». Elle permet la composition de vastes tableaux poétiques « donnant à voir » une scène, comme si les limites de la phrase n'existaient plus. Figure fondée sur l'image, elle est, depuis les débuts de l'art rhétorique, le procédé privilégié pour animer les descriptions et pour frapper l'imagination de l'interlocuteur. Elle possède plusieurs variantes, selon l'objet décrit. Elle est parfois confondue avec l'ekphrasis, qui est une description réaliste d'un ouvrage d'art.

Traduction

La traduction (dans son acception principale de traduction interlinguale) est le fait de faire passer un texte rédigé dans une langue (« langue source », ou « langue de départ ») à un texte rédigé dans une autre langue (« langue cible », ou « langue d'arrivée »). La discipline qui s'intéresse à la traduction se nomme la traductologie (anglais translation studies).

Une traduction représente toujours un texte original (ou « texte source », ou « texte de départ ») ; en cela, elle comporte un certain degré d'équivalence, bien que le concept d'équivalence stricte entre les langues soit désormais dépassé en traductologie. Le concept de traduction repose depuis longtemps sur des dichotomies telles que « fidélité » versus « liberté », « fidélité à la lettre » versus « fidélité à l'esprit », « traduction sourcière » versus « traduction cibliste », etc.

Jusqu'ici, la traduction est restée une activité essentiellement humaine. Des tentatives ont cependant été faites pour automatiser et informatiser la traduction (traduction automatique), ou pour utiliser les ordinateurs comme support de la traduction humaine (traduction assistée par ordinateur).

La traduction tient compte d'un certain nombre de contraintes (contexte, grammaire, etc.), afin de le rendre compréhensible pour des personnes n'ayant pas de connaissance de la langue source et n'ayant pas la même culture ou le même bagage de connaissances.

Pour être à même de traduire, il ne suffit pas de maîtriser la langue source. Il est également et surtout nécessaire de maîtriser la langue cible, qui est généralement la langue maternelle. Le traducteur possède plus que des compétences linguistiques : il a quelque chose de l'écrivain, du journaliste, etc. Il possède en outre, selon ses spécialisations, des compétences techniques pointues.

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Syllabe

La syllabe (lat. syllaba, du grec συλλαβή : « ensemble, rassemblement ») est une unité ininterrompue du langage oral. Son noyau, autour duquel elle se construit, est généralement une voyelle. Une syllabe peut également avoir des extrémités précédant ou suivant la voyelle, qui, lorsqu'elles existent, sont toujours constituées de consonnes.

En linguistique, la syllabe est considérée comme une unité abstraite de la langue. Elle existe en tant qu'élément du système d'une langue donnée, et est par conséquent étudiée par la phonologie, qui s'intéresse aux sons en tant qu'éléments d'un système linguistique. On constate cependant que cette existence abstraite dans la langue est liée à de nombreux faits concrets et matériels de la parole, tant lorsque la syllabe est articulée que lorsqu'elle est perçue à l'oral. Des faits directement liés à la syllabe peuvent ainsi être mesurés et quantifiés empiriquement : cela conduit la syllabe à être également l'objet d'étude de la phonétique, étudiant les sons de la langue dans leur matérialité.

Deux types de modèles expliquent le fonctionnement interne de la syllabe. Les modèles dits linéaires postulent que l'agencement des sons linguistiques dans la syllabe s'opère directement d'après leurs propriétés respectives. Les modèles dits non-linéaires montrent au contraire qu'il existe un certain nombre de sous-constituants, tels que l'attaque, la coda, le noyau ou encore la rime, qui génèrent des règles au sein de la syllabe et sont perçus par les usagers de la langue.

La syllabe est la première entité non porteuse de sens de l'oral a avoir été transcrite à l'écrit. De fait, l'écriture syllabique a précédé de plusieurs centaines d'années les premières lettres, en naissant vers 2800 av. J.-C. dans la cité sumérienne d'Ur. Ce passage des pictogrammes aux lettres a été qualifié de « plus importante étape dans l'histoire de l'écriture ». Dans les développements récents de l'écriture des langues transcrites dans l'alphabet latin, une syllabe écrite a développé ses propres fonctionnements et joue un rôle en termes de règles orthographiques.

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Wilhelm von Humboldt

Friedrich Wilhelm Christian Karl Ferdinand Freiherr von Humboldt, plus connu sous le nom Wilhelm von Humboldt (en français, Guillaume de Humboldt), né à Potsdam le et mort à Tegel le , est un philosophe prussien, fonctionnaire d'État (en tant que diplomate et ministre de l'éducation). Il est le fondateur de l'Université de Berlin qui porte son nom depuis 1949 (ainsi que celui de son frère, le naturaliste et géographe Alexander von Humboldt).

Sa renommée est forte en tant que linguiste, pour ses importantes contributions à la philosophie du langage mais aussi pour avoir contribué à la théorie et à la pratique de l'éducation. Il est - en particulier - reconnu comme l'architecte principal du système prussien d'éducation qui a fortement inspiré les systèmes d'éducation de pays comme les États-Unis ou le Japon.

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