Wikipédia:Médiation/Benoit Monfort - Michel Louis Lévy

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L'hypothèse midrashique pose que les textes de la Bible, tant juive que chrétienne, se seraient constitués en hébreu, selon les procédés du midrash . Cette hypothèse trouve son fondement dans l'oeuvre de Bernard Dubourg qui, dans L'Invention de Jésus, affirme que le Nouveau Testament résulte à la fois de la lecture savante (midrashique) de la Bible hébraïque et de traductions en grec, plus ou moins bien comprises. La systématisation de cette hypothèse et le déploiement de ses conséquences est en cours.

Exposé

L'ouvrage de Dubourg est surtout consacré à Jésus, ce qui justifie son titre, et à Paul de Tarse. Il analyse divers passages des Evangiles, dont le Prologue de l'évangile selon Jean, et des Actes des Apôtres. Les auteurs des matériaux conduisant au Nouveau Testament auraient entrepris une véritable "fouille" de la Bible hébraïque, selon les procédés du midrash, pour en rechercher les implications eschatologiques. Cette spéculation vise à "accomplir les Ecritures". A noter que ces Ecritures, au temps du Second Temple de Jérusalem, différaient quelque peu de la future Bible massorétique.

Or le midrash n'est pas seulement l'art de lire la Bible, mais est aussi l'art de l'écrire et de la composer. Les règles du midrash font partie de la "Torah orale", censée accompagner la "Torah écrite", comme une sorte de "mode d'emploi". L'hypothèse midrashique étend donc l'investigation, non seulement à l'ensemble du corpus néo-testamentaire, à la littérature apocryphe et gnostique, mais aussi à l'ensemble du Tanakh. Selon l'hypothèse midrachique, tous les personnages de l'Ancien et du Nouveau Testament seraient "midrashiques". Jésus, la Sainte Famille, Jean-Baptiste, les apôtres et les autres personnages du Nouveau Testament auraient le même statut an-historique et intemporel qu'Abraham, Moïse, Salomon, Job ou Jonas, qui ne sont connus que par la Bible hébraïque. Quant aux personnages historiques (Cyrus, César, Hérode, Quirinius, Ponce Pilate ...) et pays ou régions (Galilée, Samarie, Perse, Égypte...) cités par les textes, leurs noms auraient été transformés en personnages et lieux midrashiques. L'hypothèse midrashique remplace ainsi les recherches sur l'"historicité" de la Bible et des Evangiles par des recherches sur l'histoire de la composition et de la réception des textes, puis de leur compréhension et de leur évolution dialectique, de l'hébreu à l'araméen, au grec et au latin.

Antécédents

La langue des plus anciens manuscrits connus du Nouveau Testament étant un grec mâtiné de tournures sémitiques (Koinè), la question s'est toujours posé de savoir si c'en était la langue originale. Claude Tresmontant, dans Le Christ hébreu, écrit parallèlement à l'ouvrage de Dubourg, défend la thèse d'un original hébreu, mais ne met nullement en cause l'historicité de Jésus.

D'autres auteurs, comme Charles Guignebert dans son Jésus, sont partisans d'un original araméen. Mais la majorité pense que le grec est la langue originale. L'hypothèse est si majoritaire que la majorité ignore qu'elle n'est qu'une hypothèse et préfère croire qu'elle est une vérité historique. Dans La Clé traditionnelle des Evangiles, Paul Vulliaud, que Dubourg reconnaît comme un précurseur, relate la dispute séculaire entre les tenants de l'hypothèse de l'original grec et ceux de l'original sémitique.

Par ailleurs, la parenté de nombreux passages des Evangiles avec les textes bibliques, qu'elles citent souvent, ou talmudiques, celle des paraboles évangéliques avec divers midrashim n'est pas une nouveauté. Mais elle conduit généralement les chercheurs à comparer Jésus à Hillel, Shammaï ou aux diverses écoles juives supposées (Pharisiens, Sadducéens, Esséniens...) mais non à en discuter l'historicité.

Réception et développements

Au delà des lecteurs de L'Infini, L'Invention de Jésus a été incompris, au mieux classé dans la catégorie ésotérisme. Les spécialistes de tous bords des études bibliques, indisposés par le ton pamphlétaire de l'auteur ou rebutés par son érudition en grec, hébreu, araméen et guématrie, ont observé un silence assourdissant. Il est vrai que la thèse de Dubourg implique un tel bouleversement du paradigme central de l'Occident chrétien qu'elle semble heurter le sens commun.

Quelques auteurs y adhèrent cependant, sans la considérer du tout comme une "hypothèse". Stéphane Zagdanski, qui mentionnait déjà Dubourg dans De l'antisémitisme (1994), mais seulement en qualité de traducteur du Sefer Yetsirah, exalte dans ses oeuvres l'infinie fécondité du midrash. Dans la préface de la seconde édition de De l'antisémitisme, il cite avec enthousiasme l'auteur de l'Invention de Jésus [1]. Du côté des historiens, le situationniste Raoul Vaneigem fut le premier à citer Dubourg dans La Résistance au Christianisme (1993). Plus récemment Roland Tournaire, dans Genèse de l'Occident chrétien (2001) et L'Intuition existentielle (2004), remet en cause l'historiographie habituelle du christianisme primitif.

Mais le seul auteur qui se pose ouvertement en disciple de Dubourg est Maurice Mergui, fondateur des Éditions des Nouveaux Savoirs, spécialisée dans la traduction en français du Midrash : dans Un étranger sur le toît (2003), puis Comprendre les origines du christianisme (2005), il montre les multiples parentés entre celui-ci et les Evangiles, les textes des Pères de l'Eglise, voire apocryphes et gnostiques. Il applique l'expression d"hypothèse midrashique à l'ensemble du corpus évangélique. En somme, Mergui développe la thèse de L'Invention de Jésus dans une perspective plus mythique qu'historique, tandis que Tournaire la développe dans une perspective plus historique que mythique.

Bibliographie


Lire d'abord

  • Bernard Dubourg : L'Invention de Jésus, Gallimard, tome I, L'Hébreu du Nouveau Testament, 1987 ; tome II, La Fabrication du Nouveau Testament, 1989.

Lire ensuite

  • Roland Tournaire : Génèse de l'Occident chrétien, L'Harmattan, 2002 ; L'Intuition existentielle, Parménide, Isaïe et le midrach protochrétien, 2004.
  • Maurice Mergui : Un étranger sur le toit, les sources midrashiques des Évangiles (2003), Comprendre les Origines du Christianisme (2005) Editions des Nouveaux Savoirs
  • Stéphane Zagdanski : L'Impureté de Dieu, la lettre et le péché dans la pensée juive, Le Félin, 1991 ; De l'Antisémitisme, Julliard, 1994. Seconde édition, Climats, Flammarion, 2006 La peur du vide, Préface .
  • Colloque Autour de Bernard Dubourg

Lire aussi

  • Paul Vulliaud : La Kabbale juive, Paris, Nourry, 1923 ; La Clé traditionnelle des Évangiles, 1936.
  • Maurice Halbwachs : La topographie légendaire des Evangiles
  • Claude Tresmontant Le Christ hébreu François Xavier de Guibert 1983.
    • Voici une précision que Dubourg apporte au sujet de son « confrère provisoire » dans L'Hébreu du Nouveau Testament, le premier tome de L'Invention de Jésus : « Mes propres recherches datent de 1980-1982. Les démonstrations de C. Tresmontant ne doivent rien aux miennes, et vice-versa ; par des voies différentes, à tout le moins indépendantes, nous en sommes arrivés à la même conclusion concernant la langue originelle des Évangiles. »
  • Raoul Vaneigem : La Résistance au Christianisme, Fayard, 1993.

Lecture midrashique du Nouveau Testament

  • Armand Abécassis En vérité, je vous le dis. Une lecture juive des Évangiles. Éditions n°1, 1999.
  • Armand Abécassis Judas et Jésus : une liaison dangereuse Éditions n° 1, 2001.

Sur les sources juives des Évangiles

Les ouvrages suivants ne traitent pas de la généalogie des Évangiles mais des sources de certaines paraboles et du genre littéraire midrash en lui-même. Cette bibliographie, issue d'instituts de recherche jésuites ou dominicains (lesquels sont inter-religieux et comprennent des athées) montre que les sources midrashiques sont bien connues du monde chrétien avant Dubourg ; ce qu'ignore le monde chrétien avant Dubourg, ce ne sont pas ces sources, mais comment le midrash les accomplit.

  • Michel Remaud, Évangile et tradition rabbinique Bruxelles, Lessius, “Le livre et le rouleau”, 2003
  • Dominique de la Maisonneuve, Paraboles rabbiniques, Supplément au Cahiers Évangile n°50, 64 pages, Service Biblique Évangile et Vie/Éd. du Cerf 1984. Cette anthologie de 55 textes trace un chemin au milieu des paraboles rabbiniques.
  • Pierre Grelot, Les Targoums. Textes choisis, Supplément au Cahiers Évangile n°54, 108 pages, SBEV/Éd. du Cerf 1985. Aux premiers siècles de notre ère, les Targoums étaient très connus. L'auteur présente 57 exemples de ces traductions-adaptations araméennes du texte hébreu, faites pour l'enseignement et la synagogue.
  • Pierre Lenhardt et Matthieu Collin, La Torah orale des Pharisiens. Textes de la Tradition d'Israël, Supplément au Cahiers Évangile n°73, 116 pages, SBEV/Éd. du Cerf 1990. Les auteurs ouvrent, en 83 exemples, ces recueils rabbiniques aux noms prestigieux que sont la Mishna et les deux Talmuds.
  • Michel Remaud et Éliane Ketterer, Le Midrash, Supplément au Cahiers Évangile n°82, 100 pages, SBEV/Éd. du Cerf 1992. Introduction simple, en 64 textes, à la complexité et la profondeur de l'exégèse rabbinique pour laquelle l'Écriture a un sens pour toutes les situations et toutes les époques.

Voir aussi