Wikipédia:Lumière sur/Accusation de crime rituel contre les Juifs de Rhodes

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La communauté juive de Rhodes dans l’ensemble ottoman.
La communauté juive de Rhodes dans l’ensemble ottoman.

Une accusation de crime rituel contre les Juifs de Rhodes voit le jour, en 1840, dans cette île du Dodécanèse alors sous domination ottomane, suite à la disparition d’un enfant chrétien. La population grecque orthodoxe de Rhodes accuse la communauté juive de pratiquer le crime rituel, une allégation antisémite ancrée dans la tradition chrétienne.

Au début de l’affaire, l’accusation portée contre les Juifs est reconnue par les consuls de plusieurs pays d’Europe, dont le Royaume-Uni, la France, l’Empire d’Autriche, la Suède et la Grèce, même si plus tard, sous la pression de leur diplomatie, certains changent d’avis pour soutenir la communauté. Le gouverneur ottoman de Rhodes rompt avec la longue tradition des gouvernements précédents consistant à rejeter l’existence des meurtres rituels, et confirme l’accusation. Il fait arrêter plusieurs suspects juifs, dont certains sont torturés et produisent de faux aveux. L’affaire entraîne la fermeture de la totalité du quartier juif pendant douze jours.

Les Juifs de Rhodes lancent des appels à l’aide à leurs coreligionnaires d’Istanbul. Ces derniers font part des détails de l’affaire ainsi que de celle de nature similaire impliquant les Juifs de Damas aux communautés européennes. Au Royaume-Uni et en Autriche, les communautés juives relaient avec succès la cause des Juifs de Rhodes auprès de leurs gouvernements. Ces derniers envoient des protestations officielles à leurs ambassadeurs à Constantinople, condamnant de façon très claire l’accusation de crime rituel. Un consensus est obtenu pour déclarer les accusations infondées. Le gouverneur de l’île de Rhodes, se montrant incapable de contrôler certains de ses administrés chrétiens fanatisés, renvoie l’affaire au gouvernement central, qui entame une enquête officielle. En juillet 1840, l’enquête conclut à l’innocence de la communauté juive. Enfin, en novembre de la même année, le sultan Abdülmecit Ier promulgue un firman (décret) dénonçant la nature calomnieuse de l’accusation de crime rituel.