Vive Henri IV !
Vive Henri IV ! est une chanson qui a été écrite en l'honneur d'Henri IV et qui a été durablement populaire en France.
Histoire
[modifier | modifier le code]Le thème musical du chant est emprunté à un noël populaire du XVIe siècle figurant dans le recueil de Christophe de Bordeaux (1581)[1],[2], mais dont une partie appartient à une danse plus ancienne également du XVIe siècle « Les Tricotets ». Il est réutilisé dans le « branle coupé Cassandre » de L'Orchésographie de Thoinot Arbeau (1588)[3],[2], datant d'avant l’avènement d'Henri IV (1589). Son premier couplet anonyme est composé du vivant du roi, vers 1600[4], sur le même thème, possiblement adapté pour l'occasion par le maître de la chapelle royale Eustache du Caurroy. Pour Claude Duneton, ce premier couplet ne dit « pas grand-chose qui vaille du monarque, sinon qu'il est un franc buveur, un bon baiseur et un redoutable bagarreur »[4]. L'air sert de timbre à une mazarinade de Barillon puis est cité dans le Ballet de Cassandre de Benserade (1651)[2]. L'air est adapté avec des « vers poissards » en 1717[2], et figure comme le timbre La Cassandre dans la Clé des chansonniers, ouvrage publié en 1725 par Ballard[4].
Vers 1770, pour les besoins de la comédie La Partie de chasse de Henri IV, Charles Collé imagine trois couplets supplémentaires[4]. La représentation ne sera autorisée dans les théâtres publics à Paris que quatre ans plus tard, après la mort de Louis XV en 1774. « La chansonnette de 1774 se répandit à la gloire d'un souverain bonhomme et sans souci, tel qu'on souhaitait trouver le jeune Louis XVI qui accédait alors au trône »[4]. La pièce restera au répertoire de la Comédie-Française jusqu'au début du XXe siècle, elle a depuis cessé d'être représentée. La chanson avec ses quatre couplets continuera à avoir beaucoup de succès.
La mélodie étant très populaire, les royalistes l'utilisent en 1814 pour une chanson célébrant le rétablissement de la monarchie en France : Le Retour des Princes français à Paris. Elle est chantée pour la première fois en public par François Lay le à l'Opéra.
Sous la Restauration, l'air Vive Henri IV ! est fréquemment chanté dans les cérémonies se déroulant hors de la présence du roi et de la famille royale à cause de son couplet « J'aimons les filles et j'aimons le bon vin », on évitait de le chanter devant les personnes royales. Pour accueillir le roi ou des membres de la famille royale, quand ils faisaient leurs entrées dans une cérémonie publique, on utilisait plutôt « Où peut-on être mieux qu’au sein de sa famille ? », air tiré de l'opéra-comique Lucile (Comédie en un acte mêlée d’ariettes, 1769) d'André-Modeste Grétry et dont les paroles sont de Jean-François Marmontel.
Texte
[modifier | modifier le code]Le texte des premiers couplets consiste en[5],[6] :
1
Vive Henri IV !
Vive ce roi vaillant !
Vive Henri IV !
Vive ce roi vaillant !
Ce diable à quatre
A le triple talent
De boire et de battre
Et d'être un vert galant.
2
Au diable guerres,
Rancunes et partis !
Au diable guerres,
Rancunes et partis !
Comme nos pères
Chantons en vrais amis,
Au choc des verres
Les roses et les lys.
3
Chantons l'antienne
Qu'on chantera dans mille ans ;
Que Dieu maintienne
En paix ses descendants
Jusqu'à ce qu'on prenne
La Lune avec les dents.
Jusqu'à ce qu'on prenne
La Lune avec les dents.
4
Vive la France !
Vive le roi Henri !
Qu'à Reims[7] on danse,
En disant comme Paris :
Vive la France !
Vive le roi Henri !
Vive la France !
Vive le roi Henri !
5
Variante des derniers couplets, auteur inconnu[8] :
J'aimons[9] les filles,
Et j'aimons le bon vin
J'aimons les filles,
Et j'aimons le bon vin
De nos bons drilles
Voilà le gai refrain
J'aimons les filles
Et j'aimons le bon vin !
Moins de soudrilles[10]
Eussent troublé le sein
Moins de soudrilles
Eussent troublé le sein
De nos familles
Si l'ligueux[11] plus humain
Eût aimé les filles
Eût aimé le bon vin !
Variante des couplets pour les vœux de la nation:
Vive Louis Seize, ce bon roi citoyen (bis)
Son cœur est aise de faire notre bien
Vive Louis Seize, ce bon roi citoyen
Vivent sans cesse nos dignes députés ! (bis)
Dont la sagesse fait nos félicités
Vivent sans cesse nos dignes députés !
Vive la France, vive la liberté ! (bis)
Paix, abondance, justice, égalité
Vive la France, vive la liberté !
Vive le maire, le vertueux Bailly ! (bis)
Ce tendre père est notre bon ami
Vive le maire, le vertueux Bailly !
De La Fayette célébrons les succès (bis)
Que la trompette sonne pour les hauts faits
De La Fayette, le héros des Français
Réutilisation de l'air dans d'autres œuvres
[modifier | modifier le code]- On le retrouve dans l'air final Viva il diletto de l'opéra de Rossini Le Voyage à Reims (1824), composé à l'occasion du sacre de Charles X.
- Il constitue le thème du final-apothéose clôturant le ballet de Tchaïkovski La Belle au bois dormant (1890)[2], qui, étant dépourvu de paroles, n'est pas un hymne. À ce titre, il est repris dans la scène finale du dessin animé La Belle au bois dormant de Walt Disney.
- Dans l'adaptation cinématographique russe de 1967 du roman Guerre et Paix de Tolstoï, l'hymne est chanté par les prisonniers français. Il est en outre présent dans l'œuvre originale.
- Cet air connu a été repris en Bretagne par le père Julien Maunoir (XVIIe siècle), air qu'il a réharmonisé et auquel il a accolé des paroles religieuses sur la mort. Il en a fait ainsi la Gwerz Ar Maro connu aussi sous le nom Mab den sonjit, repris aisément par les populations (source Gedour ar Mintin).
- Une version arrangée par René Cloërec est chantée dans Vive Henri IV, vive l'amour, un film de Claude Autant-Lara, elle est interprétée par les Quatre Barbus.
- Il est utilisé pour indiquer que la scène se passe dans un camp ou un navire des forces militaires françaises dans Turn.
- Cet air est aussi celui d'une chanson populaire qui a connu un très vif succès et dont les premières paroles sont « Belle Cassandre, trop aimer ne vous puis, »
- Au XXe siècle, Jacques Chailley utilise cet air pour écrire le chant scout : Vive la route et les routiers.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- NOËLZ NOUVEAVX, et devots Cantiques à l'honneur de la nativité de nostre Seigneur Iesus Christ, faicts & composez par Christophle de Bordeaux Parisien, pour l'annee mil cinq cens quatre vingts & vn. A Paris, par Nicolas Bonfons, ruë neuve nostre Dame, a l'enseigne S. Nicolas. — Fin. Christophle de Bordeaux. S. d. [1580], in-8 de 8 f. non chiffr., sign. A-B par 4, mar. r., fil., dos orné, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet.) (lire en ligne)
- Robert 1992, p. 2200.
- Thoinot (1520-1595) Auteur du texte Arbeau, Orchesographie. Et traicte en forme de dialogue, par lequel toutes personnes peuvent facilement apprendre & practiquer l'honneste exercice des dances . Par Thoinot Arbeau demeurant a Lengres, (lire en ligne)
- Duneton 1998, p. 338.
- Duneton 1998, p. 338-339.
- Jean-Pierre Bouyer, « Vive Henri IV », sur mvmm.org (consulté le )
- C'est à Reims qu'avait lieu le sacre des rois de France. Le dernier roi de France sacré à Reims est Charles X.
- Citée par Prosper Tarbé, Vive Henry IV ! : chanson historique en six couplets, Éditeur : imprimerie de L. Jacquet, Reims 1850, page 7.
- Cette forme mixte de la première personne du singulier (j'aime) était courante parmi les patois de la paysannerie française.
- soudrille : terme vieilli, qui n'est aujourd'hui plus utilisé, synonyme de « soudard ».
- Allusion aux membres de la Ligue.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Claude Duneton (avec la collaboration d'Emmanuelle Bigot), Histoire de la chanson française, vol. 1 : Des origines à 1780, Éditions du Seuil, (ISBN 2-02-017285-2).
- Frédéric Robert, « Vive Henri IV », dans Marc Honegger et Paul Prévost (dir.), Dictionnaire des oeuvres de l'art vocal, vol. 3 : P-Z, Paris, Bordas, (ISBN 2-04-018533-X).
Liens externes
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- Ressource relative à la musique :
- Danserie "Vive Henri IV"
- "Branle Couppé nommé Cassandre", dans l'Orchésographie de Thoinot Arbeau (p.74v et 75r)
- Marche d'Henri IV, version militaire de Vive Henri IV sur Musique-militaire.fr
- Le texte et une version au format midi.
- Une autre version du texte page 515
- Le final "Viva il diletto" du Voyage à Reims de Rossini.
- Apothéose du ballet de Tchaikovsky La Belle au bois dormant.
- Vive Henri IV ! Page du site du ministère de la Culture consacré à la célébration du 400e anniversaire de la mort du roi.
- Hymne "Où peut-on être mieux qu'au sein de sa famille" extrait de l'opéra Lucile de Grétry
- Analyse de la chanson faite en 1850 par P. Rémi sur Gallica
- Variations de Dussek sur "Vive Henri IV"
- Harmonisation de Liszt sur "Vive Henri IV"
- Une harmonisation en partition de "Vive Henri IV"