Vishvarupa

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Krishna, sous la forme Vishvarupa, apparaît à Arjuna.

Vishvarupa (sanskrit IAST : viśvarūpa ; de viśva, « tout, universel, omniprésent » et rūpa, « forme, apparence »[1]) est le terme utilisé pour désigner une divinité multiforme dans la mythologie hindoue.

Mythes[modifier | modifier le code]

Son origine remonte au Rig-Véda[2] dans lequel il est l'épithète de Trishiras, le fils à trois têtes de Tvashtri[3].

Il apparaît plus tard dans la Bhagavad-Gita à Arjuna comme une manifestation de Vishnou sous les traits de Krishna[4] : « Je te vois avec des bras, des poitrines, des visages et des yeux sans nombre, avec une forme absolument infinie. Sans fin, sans milieu, sans commencement, ainsi je te vois, Seigneur universel, forme universelle[5] ».

Interprétations[modifier | modifier le code]

Le meurtre du fils de Tvashtri, le monstre Vishvarupa, par Trita Aptya repose sur un mythe indo-iranien commun avec celui du dragon Azi Dahaka par Thraetaona. Les deux monstres, l'iranien et l'indien, partagent les mêmes attributs physiques : ils ont trois têtes et six yeux. Le monstre indien élevait des vaches, qu'Indra a emportées dans Rig-Véda 10.8.9[6]

Ce mythe commun indo-iranien a été comparé, depuis près d'un siècle au moins, à la légende grecque du dixième travail d'Héraclès, le vol du bétail de Géryon[6].

Iconographie[modifier | modifier le code]

Vishnou Visvarupa : Vishnou en créateur cosmique à trois têtes, montrant Vishnu à tête humaine, flanqué de ses avatars (tête de lion pour Narasimha, museau de sanglier pour Varaha), avec une multitude d'êtres sur son auréole, symbole des émanations résultant de sa puissance créatrice. Ve siècle de notre ère, Art de Mathurâ

L'iconographie a considérablement évolué au cours des siècles. C'est à l'époque de l'Empire kouchan, à Mathurâ, qu'on peut trouver les premières compositions qui regroupent en une seule image de multiples manifestations divines[4]. Une représentation populaire aujourd'hui en Inde est celle d'une divinité à multiples têtes et bras[7].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) T. S. Maxwell, Viśvarūpa, Oxford University Press, .
    « C'est la genèse de ce type iconographique qu'étudie T. S. Maxwell dans son ouvrage. Son travail repose sur l'analyse extrêmement poussée et la recherche des motivations théologiques d'une série de sculptures qui, s'échelonnant du Ier au IXe siècle, jalonnent les étapes de cette genèse[4]. »

Références[modifier | modifier le code]

  1. Gérard Huet, Dictionnaire Héritage du Sanscrit, (pdf.version 3.20) p. 787; (version en ligne), lire : [1]. Consulté le .
  2. (en) T. S. Maxwell, Viśvarūpa, Oxford University Press, 1988 [extrait en ligne].
  3. Louis Frédéric, Dictionnaire de la civilisation indienne, Robert Laffont, (ISBN 2-221-01258-5).
  4. a b et c Bruno Dagens, « T.S. Maxwell, Viśvarūpa », Arts asiatiques, Persée, vol. 45, no 1,‎ , p. 153-154 (lire en ligne).
  5. La Bhagavad-Gîtâ, ou le Chant du Bienheureux (trad. Émile-Louis Burnouf), Paris, Libr. de l’Institut, (lire sur Wikisource), « Chap. XI, v. 15-16 ».
  6. a et b (en) Calvert Watkins, How to Kill a Dragon, Oxford University Press, 1995, p.464 et suiv.
  7. Christian Godin, La totalité, vol. 2, Editions Champ Vallon, (lire en ligne).