Vipère d'Orsini

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Vipera ursinii

Vipera ursinii
Description de cette image, également commentée ci-après
Vipera ursinii macrops
Classification ReptileDB
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Classe Reptilia
Sous-classe Lepidosauria
Ordre Squamata
Sous-ordre Serpentes
Infra-ordre Alethinophidia
Famille Viperidae
Sous-famille Viperinae
Genre Vipera

Espèce

Vipera ursinii
(Bonaparte, 1835)

Synonymes

  • Pelias ursinii Bonaparte, 1835
  • Acridophaga uralensis Reuss, 1925
  • Vipera ursinii wettsteini Knöpfler & Sochurek, 1955
  • Vipera berus rakosiensis Méhely, 1893
  • Vipera macrops Méhely, 1911

Statut de conservation UICN

( VU )
VU B2ab(iii) : Vulnérable

Statut CITES

Sur l'annexe I de la CITES Annexe I , Rév. du 22/10/1987

La Vipère d'Orsini, Vipera ursinii, est une espèce de serpents de la famille des Viperidae. D'une taille n'excédant généralement pas 50 cm à l'âge adulte, il s'agit de la plus petite vipère d'Europe.

On la rencontre en Europe, au Moyen-Orient ainsi qu'en Asie centrale, jusqu'à la Chine. Son aire de répartition est néanmoins très fragmentée. Elle peut fréquenter différents milieux allant des prairies sèches de montagne aux zones humides de plaine. Elle se nourrit principalement d'insectes, mais également de petits vertébrés.

L'espèce compte cinq à six sous-espèces selon les auteurs. Elle appartient à un complexe taxonomique vieux d'environ 10 millions d'années. La systématique de l'espèce est néanmoins encore sujet à débat, trop peu d'études génétiques ayant été réalisées à ce jour.

Bien que venimeuse, cette espèce n'est pas dangereuse pour l'Homme, son venin étant essentiellement insectotoxique. En raison de la disparition progressive de son habitat en Europe, l'espèce est en nette régression et est considérée comme vulnérable par l'Union internationale pour la conservation de la nature. Elle est protégée par des conventions internationales et les législations locales de plusieurs pays de son aire de répartition.

Description[modifier | modifier le code]

Morphologie et couleurs[modifier | modifier le code]

Vipera ursinii rakosiensis.

La taille totale de la Vipère d'Orsini ne dépasse généralement pas 50 cm[1], même si certaines sources rapportent que des spécimens pourraient atteindre 60 cm[2], les adultes mesurant généralement 40 à 45 cm[3]. C'est donc la plus petite vipère d'Europe. Le corps est trapu et la tête étroite, ovale et peu distincte du corps.

La Vipère d’Orsini a une couleur générale grisâtre à marron, voire jaunâtre, beige[4] ou olivâtre[5]. Un motif en zigzag noir orne la face dorsale, ce motif étant généralement continu mais pouvant être scindé en taches. Les flancs sont également sombres. La couleur de la face ventrale peut aller du blanchâtre au noir, en passant par le grisâtre et le rosé. Des cas de mélanisme ont été observés chez cette espèce.

Les écailles sont très apparentes et carénées. Il y a dix-neuf rangées d'écailles dorsales au milieu du corps, et généralement moins de cent-trente plaques ventrales.

Dimorphisme sexuel[modifier | modifier le code]

Les femelles sont généralement plus grandes que les mâles[2],[1]. Il n'y a pas de différence notable de coloration entre les deux sexes[6] même si la face ventrale peut sembler plus sombre chez les mâles que chez les femelles.

Éthologie et biologie[modifier | modifier le code]

Généralités[modifier | modifier le code]

Vipera ursinii macrops peu avant une mue (remarquez la teinte bleutée de son œil).

Elle vit le jour (diurne), elle est calme et peu agressive mais elle se défend lorsqu'elle est inquiétée ou lorsqu'on la touche. La toxicité de son venin varie selon les régions, mais est trois à quatre fois moins élevée que celle de la vipère aspic. Ses morsures répertoriées n'ont jamais nécessité une hospitalisation.

Les juvéniles sont actifs de juillet à septembre, parfois octobre. Les femelles sont actives de mai, parfois avril, à septembre/octobre. Les mâles sont actifs sur la même période, mais parfois à partir de mars.

Alimentation[modifier | modifier le code]

Elle se nourrit quasi exclusivement de sauterelles et de grillons (Gryllidae), régime alimentaire qu'elle complète parfois de lézards et de rongeurs. Cette particularité l'empêche de jeûner comme les autres serpents.

Reproduction[modifier | modifier le code]

Un individu juvénile de vipère d'Orsini.

Cette vipère est ovovivipare (elle ne pond pas d'œufs). Après un accouplement en mai, elle accouche de 3 à 4 vipéreaux entre la fin du mois d'août et le début du mois de septembre.

Prédateurs[modifier | modifier le code]

Le circaète Jean-le-Blanc se nourrit principalement de serpents, et notamment de vipères d'Orsini.

Ses principaux prédateurs sont :

Distribution géographique[modifier | modifier le code]

Répartition[modifier | modifier le code]

Aire de répartition de Vipera ursinii.

Elle se rencontre en Europe de l'Ouest, en centrale, au Moyen-Orient et en Asie centrale. Plus précisément en France, en Italie, en Slovénie, en Croatie, en Bosnie-Herzégovine, en Hongrie, en Serbie, au Monténégro, en Albanie, en Macédoine, en Grèce, en Roumanie, en Bulgarie[7] ainsi qu'en Ukraine, au sud de la Russie[2], en Turquie, en Iran, au Kazakhstan, au Kirghizstan et en Chine.

Néanmoins, bien que l'espèce soit présente dans un nombre important de pays, son aire de répartition est très restreinte (moins de 2 000 km2[8]) et tend à diminuer. Ainsi, des populations autrefois abondamment présentes au sud de l'Autriche ont disparu ; c'est peut-être également le cas des populations bulgares et moldaves[8]. Dans les pays où elle reste présente, Vipera ursinii a une aire de répartition fragmentée. Ainsi, par exemple, elle est présente sur seulement douze à quinze sites en France, deux en Roumanie, quatre en Hongrie, etc.[5]

Habitat[modifier | modifier le code]

La vipère d'Orsini peut évoluer dans des milieux très différents selon les sous-espèces. Ainsi, l'habitat est constitué de landes et prairies dans les zones de montagnes, à des altitudes allant entre 1000 et 2 700 m[2]. Plus précisément, vit dans des pelouses calcaires d'altitude peuplées de genévrier nain, de lavande et de genêts cendrés[1]. Elle s'abrite dans les anfractuosités du calcaire. À l'inverse, vivent en plaine, dans des steppes sèches ou même des zones humides.

Taxinomie et sous-espèces[modifier | modifier le code]

Étymologie[modifier | modifier le code]

L'espèce a été décrite la première fois dans Iconografia della fauna italica (1835) par Charles-Lucien Bonaparte (neveu de Napoléon Ier) à partir d'un spécimen que lui avait donné le naturaliste Antonio Orsini[9].

Sous-espèces[modifier | modifier le code]

Selon Reptarium Reptile Database (9 décembre 2013)[10], l'espèce accepte cinq sous-espèces :

Sous-espèce Particularités Distribution Image
Vipera ursinii graeca Nilson & Andrén, 1988 Les trois ou quatre premières écailles supralabiales sont plus grandes et le motif sombre dorsal peut se limiter à une simple ligne étroite[2]. Grèce[1]
Vipera ursinii macrops Méhely, 1911 Ouest des Balkans[1] Vipera ursinii macrops
Vipera ursinii moldavica Nilson, Andrén & Joger, 1993 Moldavie et Roumanie[1], et Bulgarie[7]
Vipera ursinii rakosiensis Méhely, 1893 Hongrie, Roumanie[1], est de l'Autriche, Slovénie, Serbie, Croatie et Bulgarie[7] Vipera ursinii rakosiensis
Vipera ursinii ursinii (Bonaparte, 1835) France et Italie[1]

La sous-espèce Vipera ursinii anatolica est considérée comme une espèce à part entière : Vipera anatolica[2],[1],[a 1]. Par ailleurs, les anciennes sous-espèces, Vipera ursinii eriwanensis, Vipera ursinii lotievi et Vipera ursinii renardi sont passées au rang d'espèces : Vipera eriwanensis, Vipera lotievi et Vipera renardi et la sous-espèce Vipera ursinii ebneri est devenue une sous-espèce de Vipera eriwanensis

La vipère d'Orsini et l'Homme[modifier | modifier le code]

Menaces[modifier | modifier le code]

Depuis un siècle environ, son habitat originel constitué de landes et pelouses alpines a été fortement reboisé et le pastoralisme a fortement reculé dans ces régions. Ce reboisement a réduit fortement son habitat. Les brûlis sur de grandes surfaces réduisent son habitat (couvert) et la population d'insectes qu'elle est susceptible de capturer.

En tout état de cause, sa discrétion et la faiblesse des populations ne permettent pas encore de protéger efficacement son habitat et l'espèce.

En raison des menaces pesant sur l'espèce, elle a été classée comme étant « vulnérable » par l'Union internationale pour la conservation de la nature[8], les sous-espèces V. u. rakosiensis et V. u.moldavica étant même jugées respectivement « en danger »[11] et « en danger critique d'extinction »[12].

Protection[modifier | modifier le code]

La vipère d'Orsini est classée comme espèce en danger (liste rouge UICN ; annexe I de la Convention de Washington ; en Europe, annexes II et IV de la directive Habitats ; annexe II de la convention de Berne ; en France, classée vulnérable dans l'inventaire de la faune menacée en 1994, et totalement protégée par l'arrêté du ). Elle a fait l'objet d'un programme de conservation européen LIFE Nature (2006-2011), visant à mieux la connaître, évaluer ses capacités de recolonisation en expérimentant un développement de son habitat.

Dans la culture[modifier | modifier le code]

Plusieurs pays ont fait figurer la vipère d'Orsini sur des timbres postaux, notamment la Hongrie, la Bosnie-Herzégovine[13], la Croatie[14], la Roumanie[15], l'Ouzbékistan[16] et la Moldavie.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. p. 10

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Ouvrages récents[modifier | modifier le code]

  • (fr) Nicholas Arnold et Denys Ovenden, Le guide herpéto : 228 amphibiens et reptiles d'Europe, Delachaux & Niestlé, , 287 p. (ISBN 9782603016732) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Jean-Philippe Chippaux, Venins de serpents et envenimations, Paris, France, IRD Éditions, coll. « Didactiques », , 288 p. (ISBN 2-7099-1507-3, lire en ligne)
  • Vincenzo Ferri (trad. de l'italien), Serpents de France et d'Europe, Paris, France, De Vecchi, , 96 p. (ISBN 978-2-7328-9607-6). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Chris Mattison (trad. de l'anglais), Tous les serpents du monde, Paris, France, Delachaux et Niestlé, , 272 p. (ISBN 978-2-603-01536-0)
  • Guy Naulleau, Les Serpents de France, Nancy, France, Revue française d'aquariologie herpétologie, université de Nancy I, , 58 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Jean-Pierre Vacher et Michel Geniez (dir.), Les Reptiles de France, Belgique, Luxembourg et Suisse, Paris, Biotope, Mèze & Muséum national d'Histoire naturelle, , 544 p. (ISBN 978-2-914817-49-3). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Publications originales[modifier | modifier le code]

  • Bonaparte, 1835 : Iconographia della Fauna Italica per le Quattro Classi degli Animali Vertebrati. Tomo II, Roma, Salviucci (texte intégral).
  • Méhely, 1893 : Die Kreuzotter (Vipera berus L.) in Ungarn. Zoologischer Anzeiger, vol. 16, p. 186-192 (texte intégral).
  • Méhely, 1911 : Systematisch-phylogenetische Studien an Viperiden. Annales Historico-naturales Musei Nationalis Hungarici, vol. 9, p. 186-243 (texte intégral).
  • Nilson & Andrén, 1988 : A new subspecies of the subalpine meadow viper, Vipera ursinii (Bonaparte) (Reptilia, Viperidae), from Greece. Zoologica Scripta, vol. 17, no 3, p. 311-314.
  • Nilson, Andrén & Joger, 1993 : A re-evaluation of the taxonomic status of the Moldavian steppe viper based on immunological investigations, with a discussion of the hypothesis of secondary intergradation between Vipera ursinii rakosiensis and Vipera (ursinii) renardi. Amphibia-Reptilia, vol. 14, p. 45-57.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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