Vincent Fontan

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Vincent Fontan
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Naissance
Décès
(à 61 ans)
Lyon 3e
Nom de naissance
Vincent Francis FontanVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Formation
Parentèle
Œuvres principales

Vincent Fontan né le à Bessenay (Rhône) et mort le à Lyon (Rhône), est un sculpteur français[1].

Il est essentiellement connu pour ses œuvres lyonnaises.

Biographie[modifier | modifier le code]

La vie de Vincent Fontan est mal connue[2]. Il naît le à Bessenay (Rhône). En 1858, il entre à l'École de beaux-arts de Lyon[1] grâce au soutien du sculpteur Erard[1]. À partir de 1868, il envoie régulièrement des œuvres au Salon d'automne de Lyon[1] et finit par y obtenir une grande médaille en 1889[1]. Au cours de sa carrière, il s'illustre dans des commandes municipales variées et des ensembles sculptés à destination religieuse. La plupart de ses œuvres sont toujours conservées dans les institutions publiques et les églises lyonnaises. Ses sujets de prédilection semblent avoir été les figures humaines en marbre dont l'expressivité suscitait l'admiration de ses contemporains. Il meurt à Lyon le [3].

La localisation de son ou ses ateliers lyonnais est incertaine : dans une lettre archivée datant de 1902[4], il appert qu'il est établi ruelle de la Vitriolerie ; dans la plupart des concours auxquels il participe, notamment les Salons, il déclare résider au 32, rue Chevreul.

Son œuvre[modifier | modifier le code]

La statuaire religieuse dans l'œuvre de Vincent Fontan[modifier | modifier le code]

L'église Saint-Bonaventure de Lyon[modifier | modifier le code]

Porté par la notoriété liée à sa grande médaille du Salon lyonnais de 1889, Vincent Fontan participe au chantier de restauration de l'église Saint-Bonaventure de Lyon. Ce chantier important, débuté en 1842 et qui dura près de 65 ans, est d'abord supervisé par l'architecte Claude-Anthelme Benoît puis, après son décès survenu en 1876, se poursuit sous la direction de son fils, Louis-Frédéric et de son petit-fils, Louis Benoît[5]. Parmi d'autres sculpteurs participant à cet ambitieux projet, Vincent Fontan réalise divers éléments de décor destinés aux chapelles secondaires. Il respecte ainsi brillamment le souhait de l'architecte Louis Benoît en reprenant un style néo-gothique flamboyant. Ces commandes lui permettent d'illustrer sa capacité à mettre en scène des figures d'une grande expressivité, tout en restant attaché aux éléments essentiels du discours.

Ainsi, il participe à la réalisation du retable en marbre et du nouvel autel de la chapelle Saint-Joseph. L'autel est achevé et consacré en [6]. Le retable sculpté occupe le mur sud de la chapelle et sert de pendant au retable magistral dédié à la Vierge Marie de l'autre côté de la nef[5]. Aux côtés des sculpteurs Jean-André Delorme — à qui l'on doit la statue centrale de saint Joseph tenant l'Enfant — et Gaëtan Visconti, Vincent Fontan sculpte les personnages des scènes présentées dans les niches (Le Mariage de la Vierge, Le Songe de saint Joseph, La Fuite en Égypte et L'Atelier du Saint) et le haut-relief de l'autel (La Mort de saint Joseph)[6]. La scène de la mort du saint, un vieil homme qui écoute son fils adoptif montrer avec confiance le ciel, est traitée « dans un goût à l'antique […] marqué par un sentiment de profonde sérénité et d'humanité[5] ». Cette disposition très calme est à l'opposé d'une autre composition entièrement portée par le mouvement, le Songe de saint Joseph ; cette amplitude entre des registres très différents montre combien Vincent Fontan est habile à traduire le drame dans le marbre.

L'église de la Rédemption de Lyon[modifier | modifier le code]

Vincent Fontan réalise également Notre-Dame de Compassion, une Pietà en marbre pour l'église de la Rédemption de Lyon. L'œuvre représente deux anges en prière entourant le corps du Christ soutenu par la Vierge. Marie retient son fils contre elle en contemplant son visage, la main gauche levée esquissant un mouvement de compassion. La sculpture très expressive et traduisant l'affliction de la Vierge distingue alors nettement Vincent Fontan de ses confrères lyonnais. Elle est reproduite dans l'Histoire des églises et chapelles de Lyon (1909)[7] accompagnée de l'inscription « Voyez s’il est une douleur semblable à la mienne »[8]. L’œuvre est toujours visible dans une chapelle à gauche de l'entrée principale.

Vincent Fontan sculpte également le Sacré-Cœur de l'église de la Rédemption de Lyon, une statue imposante en marbre, au drapé lourd et généreux, insérée dans une niche du retable. Le Christ, pieds nus, bénit de sa main droite les fidèles tout en dévoilant de sa main gauche son cœur enflammé.

La sculpture funéraire[modifier | modifier le code]

Vincent Fontan reçoit également des commandes pour des œuvres funéraires, entre autres pour la tombe Berjon-Garnier au cimetière de Loyasse de Lyon (1897) une figure féminine en déploration, vêtue d'un drapé complexe à l'antique, s'appuie sur une urne en tenant dans la main droite un mince bouquet[9]. La tombe est visible dans l'allée 74 (n°427)[9].

Les commandes municipales et la galerie des Lyonnais dignes de mémoire[modifier | modifier le code]

En 1883, la Ville de Lyon décide de remplacer les sculptures de Jacques Mimerel placées dans la cour de l'hôtel de ville et commande de nouvelles statues à Vincent Fontan et trois autres sculpteurs lyonnais : Charles-François Bailly, Jean Mathelin et Lucien Pascal[10].

Vincent Fontan contribue également à la galerie des Lyonnais dignes de mémoire en réalisant plusieurs bustes en marbre. Ce projet ambitieux est porté par la Ville de Lyon et par le palais des Arts (actuel musée des Beaux-Arts de Lyon) à la fin du XIXe siècle. La galerie a vocation à rassembler les portraits sculptés — souvent imaginaires — des hommes cités dans le catalogue de biographies publié en 1839 par Breghot de Lut et Péricaud (Catalogue des Lyonnais dignes de mémoire[11]). Certains de ces bustes sont commandés par la Ville de Lyon à Vincent Fontan, à l'exemple des bustes de Jean-Baptiste Say (reprise de 1894 d'un premier buste réalisé en 1888), de l'imprimeur et humaniste Étienne Dolet (1901) et enfin de l'écrivain et homme politique Melchior Crestin (1902). Ces œuvres sont payées généreusement par la Ville (3 000 francs pour le buste de Melchior Crestin)[4].

Vincent Fontan participe aussi à la réalisation de monuments publics, comme le Monument fontaine à Jean-Pierre Pléney, dédié à la mémoire d'un bienfaiteur lyonnais. Il dessine le modèle du génie en bronze qui était assis au-dessus de la tête de lion. Ce bronze a été envoyé à la fonte sous le régime de Vichy. Vincent Fontan est également l'auteur du piédestal.

Œuvres[modifier | modifier le code]

Monument fontaine à Jean-Pierre Pléney (1886), Lyon, place Meissonnier. Le piédestal est de Fontan, son Génie en bronze a été détruit en 1942.
  • Localisation inconnue : Jean-Paul Sauzet, 1897, buste en marbre, 87 × 65 cm[13].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f et g Séverine Penlou, Rôles et fonctions de la sculpture religieuse à Lyon de 1850 à 1914 (thèse) : catalogue des sculpteurs, Lyon, Université Lumière Lyon-II, (lire en ligne).
  2. Le Dictionnaire Bénézit le cite probablement sous le nom de « Victor Fontan », indiquant simplement qu’il est « un sculpteur du XIXe siècle de l’école française », et la confusion autour de ce nom semble être restée (cf. Bénézit, Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays par un groupe d'écrivains spécialistes français et étrangers, Vol. 5, , p. 423.)
  3. Archives municipales de Lyon, 3e arrondissement, année 1903, acte de décès no 2247, cote 2E1953
  4. a et b Archives municipales de Lyon, 1400WP4, Lettre au vice-président de la Commission consultative des Musées, 9 mai 1902.
  5. a b et c L'église de Saint-Bonaventure au cœur de la vie lyonnaise, p. 127.
  6. a et b L'église Saint-Bonaventure au cœur de la vie lyonnaise, Lyon, Éditions lyonnaises d'art et d'histoire, , 159 p. (ISBN 978-2-84147-333-5), p. 128.
  7. Jean-Baptiste Martin, Histoire des églises et chapelles de Lyon, Tome 1, Lyon, H. Lardanchet, p. 235 (en ligne sur Gallica).
  8. Isabelle Saint-Martin, "La sculpture religieuse à Lyon au XIXe siècle : le rêve de l’artiste-apôtre", dans C. Barbillon, C. Chevillot, S. Paccoud, L. Virassamynaïken (dir.), Sculptures du XVIIe au XXe siècle du Musée des Beaux-arts de Lyon, Paris/Lyon, Somogy éditions d'art / Musée des beaux-arts de Lyon, 592 p. (ISBN 978-2-7572-1269-1), p. 60.
  9. a b et c Henri Hours, M. Lavigne-Louis, M.-M. Valette d'Osia, Le cimetière de Loyasse - Lyon, Lyon, , p. 386.
  10. Sculptures du XVIIe au XXe siècles : Musée des Beaux-arts de Lyon, p. 49.
  11. « Biographie lyonnaise : catalogue des lyonnais dignes de mémoire », sur gallica (consulté le )
  12. « Les travaux de restauration », Les amis du patrimoine et de l'environnement de Bessenay.
  13. a b c et d Sculptures du XVIIe au XXe siècle : Musée des Beaux-Arts de Lyon, p. 507.
  14. Notice no IA69005996, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Michel Quesnel (dir.), préface du cardinal P. Barbarin, L'église Saint-Bonaventure au cœur de la vie lyonnaise, Éditions lyonnaises d'art et d'histoire, 2016, 168 p. (ISBN 978-2-84147-333-5)
  • Claire Barbillon (dir.), Catherine Chevillot, Stéphane Paccoud et Ludmila Virassamynaïken, préface de Sylvie Ramond, Sculptures du XVIIe au XXe siècle. Musée des beaux-arts de Lyon, Paris, Somogy éditions d'art, 2017, 592 p. (ISBN 978-2-7572-1269-1 et 978-2-7572-1269-1) ; (OCLC 1013587541).

Liens externes[modifier | modifier le code]