Malepère (AOC)

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Malepère
Image illustrative de l’article Malepère (AOC)
Vignoble de Malepère près de Carcassonne

Désignation(s) Malepère
Appellation(s) principale(s) malepère[1]
Type d'appellation(s) AOC-AOP
Reconnue depuis 2007
Pays Drapeau de la France France
Région parente Languedoc-Roussillon
Sous-région(s) coteaux de l'Aude (Razès)
Localisation Aude
Climat tempéré méditerranéen sous influence océanique
Cépages dominants merlot N et cabernet franc N[2]
Vins produits rouges et rosés
Pieds à l'hectare minimum 4 000 pieds par hectare
Rendement moyen à l'hectare maximum 50 à 60 hectolitres par hectare[3]

Le malepère[1] est un vin d'appellation d'origine contrôlée produit dans le massif de la Malepère, situé entre Limoux, Castelnaudary et Carcassonne, dans le département français de l'Aude.

Histoire[modifier | modifier le code]

Montréal-de-l'Aude et son vignoble

Le canal du Midi, inauguré en 1681, relança la production du vin en Languedoc qui pouvait être exporté vers Toulouse, Bordeaux et Marseille. Le canal eut pour effet d'élargir la zone de vente des producteurs locaux et dans les années 1730-1740, ce commerce permit aux exploitations agricoles d'augmenter leur production[4].

À partir de 1855, le vignoble connut une forte progression. Mais la crise de l'oïdium, suivie du phylloxéra, puis la surproduction des vins de qualité inférieure engendrèrent la révolte de 1907[5].

Le mouvement coopératif qui s'ensuivit redonna un essor de la viticulture. Au milieu du XXe siècle, les vignerons décident de choisir la qualité contre la quantité. Ce qui leur permis d'accéder à l'AOC puisque avant 2007, le malepère était connu sous l'appellation VDQS côtes-de-la-malepère.

Situation géographique[modifier | modifier le code]

Situé dans le département de l'Aude, le malepère est l’appellation la plus occidentale du Languedoc-Roussillon.

Orographie[modifier | modifier le code]

Ce terroir viticole est constitué de plaines et de collines dans sa partie méridionale. Il est creusé par les rivières de la Dure, de l'Orbiel et de la Clamoux. Au nord, les terrains sont plus abrupts avec le début de la Montagne Noire. Là dominent la garrigue et le maquis.

Géologie[modifier | modifier le code]

Climat[modifier | modifier le code]

Le climat de ce terroir viticole est de type méditerranéen avec des étés chauds et secs et des hivers doux et peu pluvieux. La neige n'est pas rare, le brouillard occasionnel, mais les jours de vent ne sont pas exceptionnels. Les températures descendent peu en dessous de 0 °C en hiver. Les automnes et les printemps sont doux. La pluviométrie est assez faible toute l'année.

Relevés météorologiques fait à Carcassonne
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 2,7 3,7 4,9 7,4 10,5 13,8 16,3 16,1 13,9 10,7 6,1 3,5 9,1
Température moyenne (°C) 5,9 7,2 9,1 11,7 15,3 19,1 22,1 21,5 19 14,8 9,6 6,7 13,5
Température maximale moyenne (°C) 9,2 10,8 13,3 16,1 20 24,4 27,9 26,9 24,1 19 13 9,8 17,9
Record de froid (°C)
date du record
−12,5
16/01/1985
−18,7
15/02/1956
−7,5
01/03/2005
−1,6
08/04/1956
0,9
04/05/2010
6
01/06/1949
8,4
04/07/1948
8,2
30/08/1986
2,9
27/09/1972
−2
29/10/1949
−6,8
22/11/1998
−12
28/12/1962
−15,2
04/02/1963
Record de chaleur (°C)
date du record
21,1
15/01/1955
23,6
15/02/1998
27,3
21/03/1990
31
13/04/1949
35,2
30/05/2001
39,8
21/06/2003
40,2
06/07/1982
41,9
13/08/2003
36,4
07/09/1988
31
10/10/1967
26,2
13/11/1948
22,4
18/12/1989
41,9
13/08/2003
Nombre de jours avec gel 7,6 5,1 2,7 0,1 0 0 0 0 0 0 2,5 6,5 24,5
Ensoleillement (h) 97 120 173 188 215 240 275 260 213 145 102 92 2 120
Record de vent (km/h)
date du record
133
23/01/2009
130
08/02/1996
104
07/03/1988
112
07/04/1994
94
28/05/1999
86
13/06/1982
108
28/07/1990
119
16/08/1983
97
26/09/1992
97
11/10/2006
101
07/11/1982
140
27/12/1999
140
27/12/1999
Précipitations (mm) 67,3 67,7 64,8 71,5 62,3 43 29,1 43,2 46,1 74 56,7 69,4 695,1
Record de pluie en 24 h (mm)
date du record
77,2
29/01/2006
86,4
12/02/1990
60,6
04/03/1969
81,6
27/04/1993
74,3
18/05/1977
67,6
05/06/1963
90,4
28/07/1990
107,4
26/08/1990
79,9
13/09/1963
151,3
11/10/1970
168,6
12/11/1999
113,6
03/12/2003
168,6
12/11/1999
Nombre de jours avec précipitations 10 9,4 9,6 9,7 8,5 5,9 4,5 5,4 5,6 7,5 8,5 9,3 93,9
dont nombre de jours avec précipitations ≥ 5 mm 4,3 4,5 4,1 4,4 3,9 2,7 1,8 2,4 2,6 3,3 3 4,2 41,2
Humidité relative (%) 82 79 74 74 72 69 64 68 73 80 82 84 75,08
Nombre de jours avec neige 2,1 2,1 0,9 0,3 0 0 0 0 0 0 0,6 1,4 7,4
Nombre de jours d'orage 0,3 0,3 0,8 1,5 2,2 2,9 3,8 3,8 2,1 1,1 0,1 0,2 19,1
Nombre de jours avec brouillard 2,8 1,6 0,9 0,5 0,4 0,2 0,3 0,3 0,9 1,9 2,1 2,2 14,1
Diagramme climatique
JFMAMJJASOND
 
 
 
9,2
2,7
67,3
 
 
 
10,8
3,7
67,7
 
 
 
13,3
4,9
64,8
 
 
 
16,1
7,4
71,5
 
 
 
20
10,5
62,3
 
 
 
24,4
13,8
43
 
 
 
27,9
16,3
29,1
 
 
 
26,9
16,1
43,2
 
 
 
24,1
13,9
46,1
 
 
 
19
10,7
74
 
 
 
13
6,1
56,7
 
 
 
9,8
3,5
69,4
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm

Vignoble[modifier | modifier le code]

Présentation[modifier | modifier le code]

Caveau de dégustation du domaine Le Fort à Montréal-de-l'Aude

Les communes pouvant revendiquer l'AOC sont : Alaigne, Alairac, Arzens, Bellegarde-du-Razès, Belvèze-du-Razès, Brézilhac, Brugairolles, Cailhau, Cailhavel, Cambieure, Carcassonne, Caux-et-Sauzens, Couffoulens, Donazac, Fanjeaux, Fenouillet-du-Razès, Ferran, Gramazie, Hounoux, La Cassaigne, La Courtète, La Force, Lasserre-de-Prouille, Laurac, Lauraguel, Lavalette, Malviès, Mazerolles-du-Razès, Montclar, Montgradail, Montréal-de-l'Aude, Preixan, Rouffiac d'Aude, Roullens, Routier, Saint-Martin-de-Villereglan, Villarzel-du-Razès, Villeneuve-lès-Montréal, Villesèquelande, Villesiscle.

Encépagement[modifier | modifier le code]

Les cépages[6] sont :

Méthodes culturales et réglementaires[modifier | modifier le code]

Vinification et élevage[modifier | modifier le code]

La vinification est une étape essentielle de la viniculture qui succède au pressurage ou au foulage d'après-vendange, ces opérations pouvant se dérouler aussi lors de la vinification. Elle est généralement complétée d'un élevage du vin. S'effectuant dans un chai, la vinification consiste à transformer le moût de raisin en un type précis de vin doté de caractéristiques organoleptiques spécifiques. Sa phase principale est la cuvaison, lors de laquelle le moût subit une fermentation alcoolique produisant du vin.

Vinification en rouge[modifier | modifier le code]

La vinification en rouge consiste à faire un pressurage après que la fermentation a commencé. Pendant toute cette phase, le moût est en contact avec les matières solides de la vendange. Celles-ci sont très riches en tanins, matières colorantes, odorantes, minérales et azotées. Ces substances vont alors se dissoudre plus ou moins dans le moût et se retrouver dans le vin[7].

C'est la cuvaison pendant laquelle les sucres se transforment en alcool (fermentation alcoolique) et le jus se voit enrichi par les composants du moût. Plus la macération est longue, plus la coloration du vin sera intense[7]. Se disolvent également les tanins, leur taux sera aussi fonction du temps de la cuvaison. Plus elle sera longue, plus les vins seront aptes à vieillir. Durant cette phase, se produit une forte élévation de la température. Celle-ci est de plus en plus contrôlée par la technique de maîtrise des températures[8].

Vinification en rosé[modifier | modifier le code]

La vinification en rosé se produit par macération, limitée dans le temps, de cépages à pellicule noire avec possible ajout de cépages blancs. Le vin rosé n'a pas de définition légale. Mais ses techniques de vinification sont très strictes et n'autorisent en rien en Europe le mélange de vin rouge et blanc. Deux principes différents sont utilisés :

  • Le premier consiste à extraire par écoulement une partie du jus dès l'encuvage lors de la vinification en rouge ; c'est la saignée. C'est le jus qui s'égoutte sous le poids de la vendange - au maximum entre 20 et 25 % - et qui va macérer durant 3 à 24 heures. Cette méthode produit des vins rosés à la robe soutenue, et la quantité potentielle produite dépend de la concentration recherchée pour le vin rouge produit.
  • Le second principe est le pressurage direct, qui consiste à extraire le jus en plusieurs fois, au cours de la macération, qui dure quelques heures. Les jus extraits successivement sont progressivement plus chargés en tanins provenant des peaux, et peuvent ensuite être assemblés. Une vendange bien mûre pourra colorer le jus et sa vinification se fait en blanc[9].

La maîtrise des températures est une nécessité, un vin rosé a une robe qui s'apparente à celle d'un vin rouge très clair, plus le fruit et la fraîcheur des vins blancs[10].

Terroir et vins[modifier | modifier le code]

Les vins de Malepère se différencient des autres produits du Languedoc notamment par la présence de cépages atlantiques comme le merlot et de cépages du Sud-Ouest comme le malbec. La rencontre des climats atlantique et méditerranéen à cet endroit est en partie responsable de cette mixité. Les vins produits sur ce terroir sont originaux et très spécifiques à la région. On y retrouve souvent des arômes de fruits noirs confiturés et d'épices avec un fond d'olives noires. On remarque aussi des notes de truffes dans certaines cuvées[11].

Structure des exploitations[modifier | modifier le code]

Regroupant seulement 18 domaines particuliers et 3 caves coopératives, c'est une appellation peu connue du grand public. L'appellation compte aujourd'hui moins de 500 hectares de vignes[11].

Type de vins et gastronomie[modifier | modifier le code]

Banquet-dégustation au château de Pennautier

L'AOC malepère ne comprenant que les vins rouges et les rosés, les vins blancs produits dans la région sont des IGP pays d'Oc. Les cépages blancs les plus utilisés sont le chardonnay, le sauvignon blanc, le viognier et le chenin blanc. Que ce soit en rouge ou en rosé, les vins de l'AOC s'accordent avec de nombreux mets. « Dans notre région, de tradition, le cassoulet de Castelnaudary est un incontournable pour accompagner le vin de Malepère. C'est un couple parfait qui va ravir tous les gourmets. Ainsi l'union d'un Grand Vin de Malepère et du Cassoulet de Castelnaudary est un plaisir pour les papilles ». Le malepère se retrouve parfait sur des mets d'exception comme une volaille aux truffes, un civet de lièvre à la sauge ou encore un salmis de palombes accompagné de champignons sauvages, ainsi que sur les pièces de gibier (côtelettes de sanglier ou civet de biche)[12].

Commercialisation[modifier | modifier le code]

La date de mise en marché des vins rouges à destination du consommateur ne peut se faire qu'à l’issue de la période d’élevage, à partir du 1er mars de l’année qui suit celle de la récolte[11].

L'INAO exige que « Les vins pour lesquels, aux termes du présent décret, est revendiquée l'appellation d'origine contrôlée "Malepère" et qui sont présentés sous ladite appellation ne peuvent être déclarés après la récolte, offerts au public, expédiés, mis en vente ou vendus sans que, dans la déclaration de récolte et de stock, dans les documents d'accompagnement et les documents commerciaux, sur les étiquettes, récipients quelconques et tout support publicitaire, l'appellation d'origine contrôlée susvisée soit inscrite et accompagnée de la mention "Appellation contrôlée", le tout en caractères très apparents »[13].

Sur les 15 000 hl, produits en moyenne chaque année, la vente directe et traditionnelle représente 50 %, la grande distribution 30 % et l'exportation 20 %[14].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine.
  2. Le code international d'écriture des cépages mentionne la couleur du raisin de la manière suivante : B = blanc, N = noir, Rs = rose, G = gris.
  3. Décret du 28 octobre 2009.
  4. Michel Cotte, Canal du Midi, merveille de l'Europe, p. 80-81.
  5. Corbières, Minervois, terres de liens
  6. « Présentation de l'appellation : liste des cépages » (consulté le ) Vins de Malpère
  7. a et b Colette Navarre, op. cit., p. 131.
  8. Colette Navarre, op. cit., p. 132.
  9. Jean-Luc Berger, op. cit., p. 77.
  10. Jean-Luc Berger, op. cit., p. 78.
  11. a b et c Fiches techniques de l'AOC Malepère
  12. Accord mets/vins
  13. Fiches INAO
  14. Commercialisation de l'AOC Malepère

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Luc Berger, Les filières de la vinification, in La vigne et le vin, numéro hors série trimestriel de Science & Vie, no 155, , p. 72-79, (ISSN 0151-0282)
  • Colette Navarre, L'œnologie, Éd. J. H. Baillière, (Technique et Documentation - Lavoisier), Paris, 1988, (ISBN 2852064316)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]