Aller au contenu

Varron (écrivain)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Varron
Portrait imaginaire
Gravure tirée des Vrais Pourtraicts d'André Thevet (1584)
Fonctions
Questeur
Préteur
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Marcus Terentius Varro
Époque
Activités
Famille
Père
InconnuVoir et modifier les données sur Wikidata
Mère
InconnueVoir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Fundania (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Gens
Statut
Autres informations
Maîtres
Œuvres principales
De lingua Latina (d), L'Économie rurale (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Varron (Marcus Terentius Varro) est un écrivain, savant et magistrat romain de condition équestre, né à Reate (auj. Rieti), en Sabine, en et mort en Ses écrits, dont l'essentiel ne nous est pas parvenu, apportent quelques éclairages sur l'étymologie des mots latins et l'organisation des connaissances à Rome à la fin de la République.

Marcus Terentius Varro naît en [1],[N 1] à Réate[1],[N 2] en Sabine[1]. Il est membre de l'ordre équestre[N 3].

Il fut l'élève d'Accius et des grammairiens Aelius Stilo et Tyrannion. Leur influence apparaît dans les œuvres philologiques de Varron[9].

Avant , Varron est un des tresviri capitales[10],[11],[12]. Vers , il est questeur[10]. En et , il est légat en Illyrie[10].

De 76 à , il participe comme légat et proquesteur à la campagne menée en Espagne par Pompée contre Sertorius. Il en profite pour faire des observations sur les pratiques d'agriculture et d'élevage, dont on retrouve la trace dans le De re rustica. En 70, il est tribun de la plèbe[13],[12],[14]. En 67, il est de nouveau aux côtés de Pompée dans la guerre contre les pirates[15], menée en vertu de la lex Gabinia ; il se voit confier la surveillance d'un secteur allant de la Sicile vers Délos. En , il est un des vigintiviri chargés de la distribution de l'ager Campanus, en application de la loi agraire de César[10]. Il parvint au rang de préteur[16],[17].

En , pendant les guerres civiles romaines, il est légat de Pompée en Hispanie ultérieure, contre Jules César. Cette province et ses légions se ralliant à César, Varron capitule et se rend à ce dernier[18]. En 47, Marc Antoine s'installe dans sa villa de campagne à Casinum dans le Latium et, selon Cicéron, y mène les pires orgies[19].

Ayant obtenu le pardon de César, il se rallie à lui. En , César le charge de l'organisation des premières bibliothèques publiques de Rome[10],[20],[21],[22].

Après l'assassinat de César aux ides de mars , la guerre civile reprend. En , les triumvirs — Marc Antoine, Octavien et Lépide — proscrivent environ 300 sénateurs ou chevalier, dont Varron[23]. Au cours de sa proscription, ses bibliothèques sont pillées[23]. Quintus Fufius Calenus le cache dans une propriété de campagne[23]. Sa proscription prend fin au plus tard en , date de la mort de Fufius Calenus[23].

Varron abandonne alors totalement la carrière politique pour se consacrer au savoir et à l'écriture. Il meurt en [1],[N 4]. D'après Pline l'Ancien, son corps est enveloppé de feuilles de myrte, d'olivier et de peuplier noir puis placé dans un sarcophage de terre cuite[24],[25].

Varron est l'époux d'une Fundania, fille de C. Fundanius, tribun de la plèbe en [26],[27],[28]. Ses deux oncles maternels sont L. Corfidius, chevalier mort avant , et un Corfidius dont le prænomen n'est pas connu[26],[29],[30].

Il était de la famille de Gaius Terentius Varro, consul en -216, Marcus Terentius Varro Lucullus et Aulus Terentius Varrus Murena, consul en -23, assassiné.

Propriétés

[modifier | modifier le code]

Varron est un « grand propriétaire »[31]. Il devient propriétaire à Cumae[31] et à Tusculum[31] ainsi qu'à Casinum[31] où il pratique un « luxueux et lucratif élevage d'oiseaux »[31]. Il parcourt souvent ses propriétés[32] qui produisent notamment des figues[32] et du miel[32]. Il possède également des troupeaux de moutons[32].

Pour Quintilien, Varron est « le plus savant des Romains »[33],[34] ; pour Plutarque, « le plus savant des Romains dans l'histoire »[33],[35] ; pour Columelle, un « écrivain remarquable »[33],[36] ; et, pour Symmaque, « le père de l'érudition latine »[33].

Il est l'auteur de près de 600 volumes, mais seule une cinquantaine nous est parvenue en plusieurs fragments, alors que la seule œuvre complète est le De re rustica[37]. Cette œuvre est considérée comme une importante contribution au développement des encyclopédies, en raison de l'idée très claire que Varron se faisait de l'organisation du savoir. Ainsi, les Disciplinarum consacraient chaque livre à un sujet distinct, en l'occurrence les sept arts libéraux.

  • Son Antiquitates rerum consacrait les 25 premiers livres aux affaires humaines et les 16 suivants aux divinités[38]. Cet érudit est réputé avoir fixé le premier de façon intangible la date de la création de Rome à l'an , référence employée officiellement par l'administration romaine après lui.
  • Le De re rustica libri III : Économie rurale[39] est un traité d'agriculture en trois volumes, dont nous avons conservé la totalité ; ce sont trois livres adressés à sa femme Fundania[40] : l'art du cultivateur, les troupeaux, l'économie rurale ;
  • De lingua latina en 25 livres : De la langue latine fut longtemps une référence pour les grammairiens latins et nous en avons conservé le quart ;
  • les Satires Ménippées : poèmes satiriques, dont seuls quelques fragments nous sont parvenus ;
  • Les Epistulae (« Lettres ») et les Epistolicae quaestiones (« Questions épistolaires ») [éd. Bipont, éd. Wolff] ne sont connues que fragmentairement.

Ouvrages perdus dont il ne reste que des fragments :

  • Saturarum Menippearum libri CL, satires imitées du philosophe cynique Ménippe de Sinope, en 150 livres, dont 90 nous sont disponibles, et quelque 600 fragments[37] ;
  • Antiquitates rerum humanarum et divinarum (it) (ou encore Antiquitates rerum humanarum et divinarum libri XLI, « Des choses humaines et divines antiques », en 41 livres) : ouvrage de nature encyclopédique dont certaines parties servirent de référence aux pères de l'Église chrétienne en matière de religion romaine païenne ;
  • Logistoricon libri LXXVI ;
  • Hebdomades vel de imaginibus ;
  • Disciplinarum libri IX : ouvrage consacré aux sept arts libéraux.

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Selon Jérôme de Stridon[2],[3] d'après Eusèbe de Césarée[2],[4].
  2. Symmaque est le premier à l'appeler Reatinus[5],[6]. Le même appellation se retrouve chez Sidoine Apollinaire[5],[7].
  3. Pour Nicolet, cela se déduit des indices suivants : la modestie et la lenteur relative de sa carrière ; ses liens de parenté avec le chevalier L. Corfidius (mari de sa tante maternelle) ; l'appartenance de son beau-père C. Fundanius à l'ordre équestre ; une allusion dans une ménippée à la redditio du cheval public, démarche obligatoire pour les chevaliers qui voulant aborder le cursus honorum et obtenir une place au Sénat[8].
  4. Selon Jérôme de Stridon[2],[3] d'après Eusèbe de Césarée[2],[4].

Références

[modifier | modifier le code]
  1. a b c et d Arnaud-Lindet 2001, p. 126.
  2. a b c et d Teuffel 1883, no 164, p. 261, n. 1.
  3. a et b Jérôme de Stridon.
  4. a et b Eusèbe de Césarée.
  5. a et b Deschamps 1986, p. 123, n. 2.
  6. Symmaque, 1, 2, 2.
  7. Sidoine Apollinaire, 4, 3, 1.
  8. Nicolet 1974, p. 1031-1033.
  9. Della Corte, op. cit., chap. II : « Alla scuola di Accio e di Stilone ».
  10. a b c d et e Broughton 1952, index des carrières, s.v. M. Terentius Varro, p. 625, col. 2.
  11. Broughton 1952, annexe II, s.v. triumviri, s.v. M. Terentius Varro Reatinus, p. 484, col. 1.
  12. a et b Aulu-Gelle, 13, 12, 6.
  13. Broughton 1952, annexe II, s.v. tribunes of the pleb, s.v. M. Terentius Varro, p. 473, col. 2.
  14. La plupart des faits connus sur la carrière de Varron nous sont connus par le Nuits attiques d'Aulu-Gelle. Cf. en outre G. Boissier, La vie et les ouvrages de Varron, Paris, Hachette & Cie, , PDF (lire en ligne), ainsi que (de) K. L. Roth, Über das Leben des M. Terentius Varro, Bâle, .
  15. Pline l'Ancien, Histoires naturelles, III, 101 ; VII, 115.
  16. D'après (en) Thomas Spencer Baynes, The Encyclopaedia Britannica : A Dictionary of Arts, Sciences, and General Literature, C. Scribner's sons, (lire en ligne), « Marcus Terentius Varro »
  17. D'après (en) Erich S. Gruen, The Last Generation of the Roman Republic, Berkeley (Calif.), University of California Press, (réimpr. 1995), 596 p. (ISBN 0-520-20153-1, lire en ligne), « The Senate », p. 165.
  18. Jules César, Commentaires sur les guerres civiles, I, 38 ; II, 17 ; II, 20
  19. Cicéron, Philippiques, II, 103-105.
  20. Broughton 1952, s.v. special commission, s.v. M. Terentius Varro, p. 314, col. 1.
  21. Isidore de Séville, 6, 5.
  22. Suétone, 44, 2.
  23. a b c et d Hinard 1985, p. 527.
  24. Arnaud-Lindet 2001, p. 127.
  25. Pline l'Ancien, 35, 160.
  26. a et b DPRR, s.v. M. Terentius Varro Reatinus.
  27. DPRR, s.v. Fundania.
  28. DPRR, s.v. C. Fundanius.
  29. DPRR, s.v. L. Corfidius.
  30. DPRR, s.v. Corfidius.
  31. a b c d et e Bonjour 1975, p. 130.
  32. a b c et d Bonjour 1975, p. 131.
  33. a b c et d Le Doze 2020, p. 107, n. 100.
  34. Quintilien, 10, 1, 95.
  35. Plutarque, 12, 3.
  36. Columelle, 8, 8, 9.
  37. a et b « Varro, Marcus Terentius », in Encyclopædia Britannica 2007 Ultimate Reference Suite (2008).
  38. Robert Collison, Encyclopaedias: their history throughout the ages, New York, Hafner, 1964, p. 23.
  39. On peut en situer le début de la rédaction en 37 ou 36, puisque Varron déclare au début du premier livre (I, I.1): « ma quatre-vingtième année m'invite à rassembler mes bagages avant de quitter la vie ».
  40. Varron dédie cependant le livre II (Introd. 6) à son ami Turranius Niger, et le livre III (I.1 et 9-10) à un autre ami, Pinnius, alors qu'il "avait promis les trois livres à sa femme", comme le remarque le traducteur William Davis Hooper.

Œuvres traduites en français

[modifier | modifier le code]
  • Économie rurale, trad. J. Heurgon et Ch. Guiraud, Paris, Les Belles Lettres, coll. des Universités de France, 3 t. (LXXXV-277 p., 1978 ; XVII-172 p., 1985 ; XXXIII-176 p., 1997), 2° éd. 2003
  • La Langue latine, trad. P. Flobert, Paris, Les Belles Lettres, coll. des Universités de France. T. II : livre VI, XLI-228 p., 1985, 2e éd. 2004
  • Satires Ménippées, éd., trad. et commentaire par Jean-Pierre Cèbe (Collection de l'École française de Rome, 9/1 à 13), Rome, École française de Rome ; Paris, diffusion De Boccard, 13 vol., 1972-1999. Volumes en accès libre sur Persée.

Commentaires

[modifier | modifier le code]
  • Gaston Boissier, Étude sur la vie et les ouvrages de M. T. Varron, Paris, Hachette, 1861.
  • Jean Collart, Varron, grammairien latin (« Publications de la faculté des lettres de l'université de Strasbourg », 121), Paris, 1954, 377 p.
  • (it) Francesco Della Corte (it), Varrone, il terzo gran lume romano, Gênes, 1954 ; 2e éd., Florence, 1970.
  • Jean Pépin, « La « théologie tripartite » de Varron. Essai de reconstitution et recherche des sources », dans Mémorial Gustave Bardy [Revue des Études augustiniennes 2, 1956], t. II, p. 265‑294.
  • (en) Daniel J. Taylor, Declinatio: A Study of the Linguistic Theory of Marcus Terentius Varro (coll. « Studies in the History of the Language Sciences », 2), Amsterdam, John Benjamins, 1974, XV-131 p. (réimpr. 1988). (ISBN 90-272-0893-X)
  • Lucienne Deschamps, Étude sur la langue de Varron dans les Satires Ménippées, 2 vol., Lille-Paris, 1976.
  • [Deschamps 1986] Lucienne Deschamps, « Le paysage sabin dans l'œuvre de Varron », Humanitas, nos 37-38,‎ , p. 123-137 (OCLC 490216986, lire en ligne Accès libre [PDF]).
  • (it) F. Cavazza, Studio su Varrone etimologo e grammatico, Florence, 1981, 202 p.
  • Yves Lehmann, Varron théologien et philosophe romain, Bruxelles, Latomus, 1997, consultable sur Persée.
  • Aude Lehmann, Varron critique littéraire. Regards sur les poètes latins archaïques, Bruxelles, Latomus, 2002.

Sources antiques

[modifier | modifier le code]

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]