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Utilisateur:T. Le Berre/Jean-François L'Épine

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T. Le Berre/Jean-François L 'Épine
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Jean-François L'Épine est un facteur d'orgues français né le à Toulouse[1] et mort à Pézenas le (à 85 ans). Il naît et grandit au sein de la Famille Lépine, famille de facteurs renommés dans le languedoc, et dont Jean-François est le plus célèbre.

Enfance et apprentissage

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Jean-François Lépine naît le 19 juillet 1732 à Toulouse de François Picard de L'Espine et de Jeanne Bonnet. Il est leur premier fils (mais leur deuxième enfant). Lui et son frère Adrien sont rapidement initiés à la facture d'orgue, par leur père mais également par ses amis, dont Dom Bédos de Celles, qui deviendra par la suite son mentor. Son apprentissage prend fin après deux chantiers entrepris comme ouvrier auprès de son père : le relevage de l'orgue de la cathédrale Sainte-Cécile d'Albi en 1947 puis celui de la Cathédrale Notre-Dame de Rodez en 1949.

Premiers travaux et voyage de perfectionnement

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Il semble toutefois que le premier travail qu'il accomplit lui-même (assisté toutefois par son père qui travaille pour lui comme ouvrier) est la restauration et l'accordage de l'orgue de l'abbaye Notre-Dame de Bonnecombe en 1749, à l'âge de 17 ans. Il entreprend ensuite une demi-douzaine de chantiers dans le Languedoc. En 1751, alors qu'il démarre le chantier de l'orgue de la Cathédrale Notre-Dame de Clermont-Ferrand, il décide de déléguer son travail à l'un de ses ouvriers, André Guillain Dupont, qu'il avait déjà employé pour de précédents travaux (à Sarlat notamment). Il part ensuite en voyage dans le but de perfectionner son art de facteur et visite ainsi Louis-Alexandre Clicqot, qu'il assiste lors de la construction de l'orgue de l'Église Saint-Roch de Paris. Il sera grandement influencé par ce chantier, puisqu'il construira un jumeau de cet orgue à la collégiale Saint-Jean de Pézenas plusieurs années plus tard. Enfin, il voyage en Allemagne et en Suisse, où il visite l'instrument d'André Silbermann à Bâle. Il envoie par ailleurs une lettre à Jean-André Silbermann dans le but d'apprendre plus de lui à travers une relation épistolaire, mais il n'eut visiblement pas de réponse.

Grands travaux

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À partir de 1752, son père ne travaille plus avec lui suite à une recommandation de Dom Bédos, et il entame ses grands travaux. Il s'installe à Pézenas vers 1754, date à laquelle il débute la construction de son chef-d'oeuvre de maîtrise, l'orgue de la collégiale. Il y rencontre Gabrielle Panier, fille d'un marchand drapier, avec qui il se marie le 11 juin 1759 dans la même collégiale. En 1770, alors qu'il a fini de restaurer l'orgue de la Cathédrale Saint-Just de Narbonne, le facteur Labadie, probablement jaloux que les prêtres aient accepté le devis de L'Épine plutôt que le sien, fait exprès de jouer mal de l'instrument dans le but de faire croire à son public que l'instrument est en mauvais état, et écrit un mémoire dans lequel il accuse L'Épine d'avoir âbimé l'instrument et d'avoir trompé les religieux. Ce dernier demande alors à ce que Dom Bédos conduise une expertise de l'orgue. Après cinq jours d'examen, Dom Bedos rédige un procès-verbal le 4 mai 1771 dans lequel il affirme que l'instrument est dans un parfait état, et il écrit par la suite une lettre élogieuse à Adrien L'Épine dans laquelle il vante le savoir-faire de Jean-François.

« En un mot, tout ce que j'ai vu dans cet orgue, m'a donné la plus grande idée de l'habileté de votre frère, que je regarde comme un des plus savans et des grands facteurs que je connoisse, et dont j'ai entendu parler. C'est un témoignage que je lui dois. »

— Dom Bédos de Celles, Lettre à Adrien L'Épine à propos de son frère

Derniers travaux et autres carrières

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Depuis son mariage, il s'occupe de plus en plus du commerce de son beau-père, dont il prend la suite en 1771. Il est élu prévôt des marchands tailleurs en 1781. Après 1784, il ne construit plus d'instruments mais continue à en entretenir quelques-uns (notamment ceux de Lodève, Agde, Narbonne, Limoux, Montpellier et Bézriers) et donne régulièrement des expertises. À partir de cette période, il entame également une carrière politique dans la municipalité de Pézenas. Il s'occupe de la loterie nationale sous la Révolution, est élu le 3 novembre 1793 président du conseil municipal à l'âge de 73 ans, charge qu'il quittera en 1797. Son successeur artistique est Dominique-Hyacinthe Cavaillé-Coll, fils de Jean-Pierre Cavaillé, à qui incombait désormais l'entretien de certains des orgues de L'Épine, et père d'Aristide Cavaillé-Coll, plus grand facteur d'orgues de son siècle. Jean-François L'Épine meurt le 30 juillet, six mois après sa femme (morte le 20 janvier), après une longue vie de réussite, celle d'un grand artiste, d'un grand marchand, et d'une personne très respectée par ceux qui l'entouraient.

Nous regroupons dans le tableau suivant les travaux qu'a entrepris Jean-François L'Épine au cours de sa carrière de facteur d'orgues. Les compte-rendus techniques et précis de chaque chantier peuvent être trouvés dans les archives de Jean-François L'Épine et dans l'ouvrage de Jean-Louis Bergnes (voir la section Bibliographie).

Légende
Année de début Année de fin Lieu Édifice Nature des travaux Coût des travaux en livres Lien vers le compte-rendu
1747 1747 Albi
1749 1750 Rodez
1749 1749 Bonnecombe
1749 1750 Sarlat-la-Canéda
1750 1750 Le Cayrol
1751 1753 Clermont-Ferrand
1752 1754 Lodève
1753 1755 Marnhagues-et-Latour
1753 1755 L'Esclache
1754

Références

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  1. Jean-Louis Bergnes, Jean-François L'Épine : Facteur d'orgues languedocien (Biographie), Béziers, Société de musicologie du languedoc, , 292 p., partie I, chap. I, p. 16