Utilisateur:Sisebutus/Brouillon/Auguste Sisebut

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Second accord[modifier | modifier le code]

En 23 av. J.-C., il y eut une crise politique dans laquelle fut impliquée Aulus Terentius Varro Murena, collègue d'Auguste au consulat qui avait participé à une conspiration contre Auguste. Les détails précis de la conspiration sont inconnus ; Murena ne termina pas son mandat, et Calpurnius Pison fut élu pour le remplacer[1][2]. Pison était un membre bien connu de la faction républicaine ; pour Auguste, faire de lui son collègue au consulat était une autre manière de montrer sa volonté de faire des concessions et de coopérer avec tous les partis politiques[3]. À la fin du printemps, Auguste tomba malade et, sur son lit de mort (du moins, ce qu'on croyait tel), prit des dispositions qui remirent en cause les soupçons d'anti-républicanisme que nourrissaient contre lui les sénateurs[1][4]. Auguste s'était préparé à remettre son sceau au général Agrippa, qui faisait partie de son entourage proche[1][4]. Toutefois, Auguste remit à Pison, son collègue au consulat, tous ses documents officiels, un bilan (account) des finances publiques et l'autorité sur des troupes qui figuraient sur une liste dans les provinces, tandis que celui dont on croyait qu'il était le neveu préféré d'Auguste, Marcus Claudius Marcellus, se retrouvait les mains vides[1][4]. Cela surprit beaucoup de gens qui pensaient qu'Auguste aurait nommé un héritier à sa place d'empereur sans titre[5]. Auguste n'accorda que des biens et des propriétés à ses héritiers désignés, car un système d'héritage institutionnel impérial aurait suscité la résistance et l'hostilité de Romains républicains traditionnellement opposés à la royauté[6].

Portrait d'Auguste portant un gorgoneion sur un camée en sardonyx à trois couches, 14–20 ap. J.-C.

Peu après l'apaisement de son mal, Auguste abandonna son consulat permanent[4]. Les deux seules autres années où Auguste fut consul sont 5 et 2 av. J.-C.[4][7] En dépit de sa démission, Auguste conserve l'imperium consulaire, ce qui amène à un compromis avec le Sénat, connu sous le nom de « second accord »[8]. Le stratagème d'Auguste était habile : en laissant libre l'une des deux charges de consul, il laissait aux sénateurs une meilleure chance d'assumer cette charge, tout en « exerçant une mainmise plus étendue au sein de la classe sénatoriale[9] ». Auguste n'était plus dans une position officielle qui lui permettait de diriger l'État ; toutefois, sa position dominante sur les provinces romaines demeura inchangée lorsqu'il devient proconsul[4][10]. Comme ancien consul, il avait le pouvoir d'intervenir, quand il le jugeait nécessaire, dans les affaires des proconsuls provicinaiux qui avaient été nommés par le Sénat[11]. Comme proconsul, il refusa que cette autorité qui consistait à avoir la haute main sur les gouverneurs de province lui soit retirée ; c'est pour cette raison qu'un imperium proconsulare maius lui fut accordé par le Sénat[8].

Il reçut aussi la puissance tribunicienne à vie, mais non le titre de tribun[8]. Légalement, cette fonction était interdite aux patriciens, ce qu'Auguste était devenu lorsqu'il avait été adopté par Jules César[9]. Cette puissance lui permettait de convoquer le Sénat et le peuple à volonté et exposer les affaires courantes devant lui, poser un veto aux actions de l'Assemblée ou du Sénat, de présider les élections, et de parler le premier à toute réunion.[7][12] Dans l'autorité tribunicienne d'Auguste étaient également inclus les pouvoirs qui étaient traditionnellement réservés aux censeurs : le droit de régenter la morale publique et d'examiner les lois pour s'assurer qu'elles avaient pour but l'intérêt public, ainsi que la possibilité d'organiser un recensement et de déterminer la composition du Sénat.[13] Avec les pouvoirs d'un censeur, Auguste fit appel aux vertus du patriotisme romain en bannissant tout autre attirail que la toge traditionnelle qu'il portait en entrant dans le Forum.[14] Il n'y avait pas de précédent dans le système romain pour cette combinaison de pouvoir du tribun et du censeur en une seule position, et Auguste ne fut jamais non plus élu à la charge de censeur.[15] Jules César s'était vu attribuer des pouvoirs similaires, en vertu desquels il avait pour tâche de la surveillance de la morale de l'État, mais sa position n'allait pas jusqu'à la possibilité, réservée au censeur, d'organiser un recensement, et de déterminer la composition du Sénat. La charge de tribun de la plèbe commença à perdre de son prestige en raison de l'accumulation entre les mains d'Auguste des pouvoirs du tribun ; ce dernier accrut son importance en faisant de cette charge une étape indispensable sur la voie de la préture.[16]

L'Auguste de la Via Labicana – Auguste en Pontifex Maximus.

Outre la puissance tribunicienne, Auguste se vit attribuer un imperium unique au sein de la cité de Rome elle-même : toutes les forces armées de la ville, qui étaient auparavant sous le contrôle des préfets et consuls, étaient désormais sous la seule autorité d'Auguste.[17] Grâce au maius imperium proconsulare, Auguste était la seule personne susceptible de recevoir un triomphe, dans la mesure où il était ostensiblement le chef de toute armée romaine.[18] En 19 av. J.-C., Lucius Cornelius Balbus, le gouverneur d'Afrique qui battit les Garamantes fut le premier et le dernier homme d'origine provinciale à obtenir cet honneur.[18] On attribua à Auguste la gloire de toutes les victoires romaines ultérieures : les armées de Rome étaient commandées par un légat, qui était le représentant du princeps dans les provinces.[18] Le fils aîné d'Auguste, par son mariage avec Livie, Tibère, fut la seule exception à cette règle, lorsqu'il reçut le triomphe pour ses victoires en Germanie en 7 av. J.-C.[19] Pour s'assurer que son maius imperium proconsulare serait bien renouvelé en 13 av. J.-C., Auguste resta à Rome pendant la procédure de renouvellement, et fit des dons substantiels aux vétérans pour s'assurer leur soutien.[7]

Nombre des subtilités politiques du Second Accord semblent avoir échappé à la classe plébéienne. Lorsqu'Auguste échoua à l'élection au consulat en 22 av. J.-C., des gens craignirent à nouveau qu'Auguste ne soit en train d'être évacué du pouvoir par les aristocrate du Sénat. En 22, 21 et 19, en guise de réponse, il y eut des émeutes, et on n'autorisa l'élection que d'un seul consul pour ces années, laissant ainsi ostensiblement l'autre place pour Auguste.[20] En 22 av. J.-C., il y eut une famine à Rome qui déclencha la panique ; de nombreux plébéiens demandèrent à Auguste de devenir dictateur pour gérer personnellement la crise.[7] Après un refus théâtral au Sénat, Auguste finit par accepter l'autorité sur l'approvisionnement en blé "en vertu de son imperium proconsulaire", et mit fin presque aussitôt à la crise.[7] Une nouvelle crise de ce type, en 8 de notre ère, amena Auguste à mettre en place un praefectus annonae, charge permanente de préfet ayant pour fonction de veiller à l'approvisionnement en blé de Rome.[21] En 19 av. J.-C., le Sénat vota pour permettre à Auguste d'arborer les insignes consulaires en public et devant le Sénat,[17] ainsi que de s'asseoir dans le siège symbolique entre les deux consuls et de porter les faisceaux, emblème de l'autorité consulaire.[22] De la même manière que l'autorité du tribun, l'octroi de pouvoirs consulaires était une manière pour lui d'occuper des charges qu'il n'occupait pas en réalité.[22] Ces gestes semblent avoir apaisé le peuple ; qu'Auguste ait été ou non réellement consul, l'important était qu'il apparaisse comme tel devant le peuple. Le 6 mars 12 av. J.-C., après la mort de Lépide, il devint également pontifex maximus, le haut prêtre du collège des Pontifices, la charge la plus importante dans la religion romaine.[23][24] Le 5 février 2 av. J.-C., Auguste reçut également le titre de pater patriae, père de la patrie.[25][26]

Par la suite, les empereurs romains se cantonnèrent aux pouvoirs et aux titres attribués à l'origine à Auguste, même si, souvent, pour faire assaut d'humilité, des empereurs entrant en charge refusèrent un ou plusieurs titres honorifiques donnés à Auguste. Souvent, au cours de leur règne, les empereurs accaparaient tous ces titres, qu'ils leur aient été ou non attribués par le Sénat. La couronne civique, que les empereurs se mirent à porter réellement[réf. nécessaire], les insignes consulaires et, par la suite, les vêtements de pourpre du général triomphant (la toga picta) devinrent les insignes impériaux à l'époque byzantine.

Guerre et expansion pendant le principat d'Auguste[modifier | modifier le code]

Extension de l'Empire romain sous Auguste ; le jaune représente les dimensions de l'Empire en 31 av. J.-C., les nuances de vert représentent les territoires conquis progressivement sous le règne d'Auguste, et les zones roses représentent les états clients. Cependant, les zones sous contrôle romain connurent des modifications durant le règne d'Auguste, particulièrement en Germanie.

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Imperator Caesar Divi Filius Augustus choisit Imperator, "général victorieux" comme premier nom, pour associer clairement à son nom la notion de victoire.[27] En 13, Auguste se vanta d'avoir été acclamé comme imperator à 21 reprises par ses troupes après une bataille victorieuse.[27] La quasi-totalité du quatrième chapitre de ses mémoires, connus sous le nom de Res Gestae était consacré à ses victoires militaires et aux honneurs qui lui avaient été accordés à ce titre.[27] Auguste flatta les patriotes en promouvant l'idéal d'une civilisation romaine supérieure, avec comme tâche de régner sur le monde (dans les dimensions que les Romains lui connaissaient), qui trouvait son expression dans la formule : tu regere imperio populos, Romane, memento — "Romain, n'oublie pas de dominer par ta puissance les peuples de la terre"[14] Cet idéal convenait à l'élite romaine et, plus largement, à l'opinion publique de l'époque, qui était en faveur de l'expansionnisme, comme en témoigne un vers de Virgile où il est dit que les dieux ont donné à Rome un imperium sine fine (une puissance illimitée).[28] Le peuple manifesta sa déception et sa tristesse lorsqu'Auguste décida qu'il n'irait pas venger Crassus et récupérer les enseignes, parce que les Parthes ne pouvaient pas, selon lui, être vaincus.[29] Cependant, de nombreuses autres terres restaient à conquérir.

Buste de Tibère, général couvert de succès sous Auguste avant de devenir son héritier et successeur

À la fin de son règne, les armées d'Auguste avait conquis le nord de l'Hispanie (Espagne et Portugal actuels),[30] les régions alpines de Rhétie et du Norique (actuelles Suisse, Bavière, Autriche, Slovénie),[30] l'Illyricum et la Pannonie (actuelles Albanie, Croatie, Hongrie, Serbie, etc.),[30] et étendu les frontières de la province d'Afrique au sud et à l'est.[30] Après le règne du roi client Hérode le grand (73-4 av. J.-C.), la Judée fut ajoutée à la province de Syrie lorsqu'Auguste déposa le successeur de ce dernier, Hérode Archélaos.[30] De même que l'Égypte, qui avait été conquise après la défaite d'Antoine en 30 av. J.-C., la Syrie était gouvernée non par un proconsul ou un légat d'Auguste, mais par un haut préfet de rang équestre.[30] Aucun effort militaire ne fut nécessaire en 25 av. J.-C. lorsque la Galatie (actuelle Turquie) devint une province romaine peu après l'assassinat d'Amyntas de Galatie par la veuve d'un prince d'Homonada qu'il avait fait tuer.[30] Lorsque la rébellion des troupes de Cantabrie, dans l'Espagne actuelle, fut finalement étouffée en 19 av. J.-C., le territoire entra dans les provinces d'Hispanie et de Lusitanie.[31] Cette région constitua un avantage matériel considérable pour les campagnes militaires ultérieures d'Auguste : elle était riche en minerais qui pouvaient être investis dans des projets miniers romains, notamment les très riches gisements d'or de Las Médulas.[31]

La conquête des peuples des Alpes en 16 av. J.-C. fut une autre victoire importante pour Rome, dans la mesure où cela permit de constituer un vaste territoire tampon entre les citoyens romains d'Italie, et les ennemis de Rome en Germanie, au nord.[32] Le poète Horace consacra une ode à la victoire, tandis que le Trophée d'Auguste était construit à cette occasion, près de Monaco.[33] La prise de la région alpine fut également utile pour l'offensive suivante, en 12 av. J.-C., quand Tibère lança l'attaque contre les tribus pannoniennes d'Illyricum, et son frère Nero Claudius Drusus, contre les tribus germaniques à l'est de la Rhénanie.[34] Les deux campagnes furent couronnées de succès : les troupes de Drusus atteignirent l'Elbe en 9 av. J.-C., mais il mourut peu après en tombant de cheval.[34] La tradition rapporte que le pieux Tibère marcha en avant du corps de son frère tout le long du chemin de retour à Rome.[35]


Mine d'or de Las Médulas

Pour protéger les zones orientales de l'Empire contre la menace parthe, Auguste s'appuyait sur les états clients de l'est, faisant d'eux des états tampon, et des zones qui pouvaient lever leurs propres troupes pour se défendre.[36] Pour garantir la sécurité de l'est de l'Empire, Auguste stationna une armée romaine en Syrie par précaution, tandis que son fils adoptif Tibère négociait avec les Parthes en tant qu'ambassadeur de Rome.[36] L'une des plus grandes réussites diplomatiques de Tibère fut la négociation de la restitution des enseignes de Crassus, ce qui fut une victoire symbolique.[35][36] Tibère fut aussi à l'origine de la restauration de Tigrane V sur le trône d'Arménie.[35]

En dépit du fait que les Parthes menaçaient Rome à l'est, c'est le long du Rhin et du Danube que se trouvait réellement la ligne de front, pour Rome.[36] Avant la bataille finale contre Antoine, les campagnes d'Octavien contre les tribus dalmates avaient été la première étape de l'expansion romaines en direction du Danube.[37] Les victoires militaires ne garantissaient cependant pas le succès, car les territoires étaient en permanence repris par les ennemis de Rome.[36] Un exemple frappant de défaite romaine fut la bataille de Teutobourg, en 9, au cours de laquelle trois légions entières, menées par Publius Quinctilius Varus, furent anéanties par Arminius, chef des Chérusques.[38] Auguste, en représailles, envoya Tibère et Drusus en Rhénanie pour pacifier la région. Leur expédition eut un certain succès, mais la défaite de Varus marqua la fin de l'expansion romaine en Germanie.[39] Le général romain Germanicus profita d'une guerre civile chez les Chérusques, entre Arminius et Segestes ; ils vainquit Arminius, qui s'enfuit du champ de bataille, mais fut tué par trahison en 19.[40]

Mort et succession[modifier | modifier le code]

La maladie d'Auguste, en 23 av. J.-C. amena la question de la succession sur le devant de la scène politique et publique. Pour garantir la stabilité, Auguste devait désigner un héritier à sa position unique dans la société et le gouvernement romains. Cette désignation devait se faire discrètement et de manière progressive, pour éviter de susciter les craintes de l'aristocratie touchant à la monarchie.[41] La personne qui obtiendrait sa position officieuse devait paraître la devoir à ses mérites publiquement reconnus.[41] Quelques historiens de l'époque augustéenne indiquent que tout semblait désigner le neveu d'Auguste, Marcellus, qui avait été rapidement marié à la sœur d'Auguste, Julie.[42] D'autres opposent à cette thèse le testament d'Auguste, lu au Sénat pendant sa maladie, en 23 av. J.-C.,[43] qui indiquait une préférence pour Agrippa, qui faisait office de second, et qui était sans doute le seul de ses associés qui aurait été capable de contrôler les légions, et maintenir l'unité de l'Empire.[44] Après la mort de Marcellus en 23 av. J.-C., Auguste maria sa fille à Agrippa. De cette union naquirent cinq enfants, trois fils et deux filles : Gaius Cesar, Lucius Cesar, Vipsania Julia, Agrippine l'ancienne et Agrippa Postumus, ainsi nommé parce qu'il est né après la mort d'Agrippa. Peu de temps après le second accord, Agrippa administra la moitié orientale de l'Empire avec l'imperium proconsulaire et la même puissance tribunicienne qu'Auguste (sans pour autant prévaloir sur l'autorité d'Auguste), avec son siège dans l'île de Samos, dans les Cyclades.[44][45] Bien que ce pouvoir semble démontrer la faveur d'Auguste pour Agrippa, c'était également une mesure pour complaire aux membres du parti césarien, en autorisant l'un des leurs à partager un pouvoir considérable avec lui.[45]

La tentative d'Auguste de faire de Gaius et Lucius ses héritiers fut évidente lorsqu'il les adopta et fit d'eux ses fils.[46] Il fut consul en 5 et 2 av. J.-C. pour pouvoir les guider personnellement dans leur carrière politique ;[47] c'est ainsi qu'ils furent élus consuls en 1 et 4 ap. J.-C.[48] Auguste favorisa également ses beaux-fils, fils du premier mariage de Livia, Nero Claudius Drusus Germanicus et Tibère, en leur accordant un commandement militaire et une charge publique. Toutefois, le mariage de Drusus avec Antonia, la nièce d'Auguste, était une relation bien trop insérée au sein de la famille pour perturber les questions de succession.[49] Après la mort d'Agrippa en 12 av. J.-C., le fils de Livie, Tibère, reçut l'ordre de répudier sa femme, Vipsania, et d'épouser la veuve d'Agrippa, Julia, fille d'Auguste, dès la fin de la période de deuil.[49] Alors que le mariage de Drusus et Antonia était considéré comme une relation impossible à rompre, Vipsania était "seulement" la fille du défunt Agrippa, de son premier mariage.[49]

Mausolée d'Auguste

Tibère eut part à la puissance tribunicienne d'Auguste à partir de 6 av. J.-C., mais se retira peu de temps après, refusant, dit-on, tout rôle ultérieur en politique, et s'exila lui-même à Rhodes.[19][50] Bien qu'aucune raison ne nous soit connue, ce départ pourrait avoir été causé par plusieurs raisons, l'une d'elle étant l'échec de son mariage avec Julia.[19][50] Une autre raison possible pourrait être la jalousie, liée au fait qu'il se sentait mis de côté à cause des deux petits-fils d'Auguste, Gaius et Lucius, qui avaient rejoint très tôt le collège des prêtres, étaient présentés sous une lumière plus favorable, et avaient été présentés à l'armée en Gaule.[51][52] Après les morts précoces de Gaius et Lucius, respectivement en 2 et 4 ap. J.-C., Tibère fut rappelé à Rome en juin 4, et il fut adopté par Auguste à la condition qu'il adopte à son tour son neveu Germanicus.[53] La tradition qui consistait à avoir au moins deux générations d'héritiers se poursuivait ainsi.[49] Cette année-là, Tibère reçut les pouvoirs de tribun et proconsul, les émissaires des rois étrangers devaient le saluer lui aussi ; en 13, il obtint son second triomphe, et un niveau d'imperium équivalent à celui d'Auguste.[54] Le seul autre prétendant possible était Agrippa Postumus, qui avait été exilé par Auguste en 7, dont l'exil avait été rendu perpétuel par un décret sénatorial. Auguste le déshérita.[55] C'est sans doute comme héritier qu'il s'attira la défaveur d'Auguste ; l'historien Erich S. Gruen mentionne plusieurs sources de l'époque qui affirement qu'Agrippa Postumus était "un jeune homme vulgaire, brutal et bestial, de caractère dépravé".[55]

Le 19 août 14, Auguste mourut alors qu'il se rendait à l'endroit où son père était mort, à Nole. Tibère, qui était présent à son lit de mort, aux côtés de Livie, fut désigné comme son héritier.[56] Les derniers mots d'Auguste furent : « Avez-vous aimé la représentation ? », faisant allusion à la dimension théâtrale et à l'autorité royale qu'il avait investies comme empereur. Une énorme procession funèbre de pleureuses accompagna le corps d'Auguste sur le trajet de Nole à Rome ; le jour de son enterrement, toutes les affaires privées et publiques cessèrent pour la journée.[56] Tibère et son fils Drusus prononcèrent l'éloge funèbre du haut de deux rostres.[57] Le corps d'Auguste, dans un cercueil, fut brûlé dans un bûcher funéraire près de son mausolée, et il fut proclamé qu'Auguste avait rejoint la compagnie des dieux comme membre du panthéon romain.[57] En 410, au moment du sac de Rome, le mausolée fut dépouillé par les Goths, et les cendres d'Auguste furent dispersées.

L'historien D. C. A. Shotter affirme que la politique d'Auguste consistant à favoriser la gens Iulia par rapport à la gens Claudia aurait été une raison suffisante pour que Tibère fasse preuve d'un mépris affirmé pour Auguste après la mort de ce dernier ; au lieu de cela, Tibère se hâta de réprimander ceux qui critiquaient Auguste.[58] Shotter suggère que la déification d'Auguste, jointe à l'attitude « extrêmement conservatrice » de Tibère en matière religieuse, força Tibère à ravaler tout ressentiment qu'il aurait pu avoir.[59] De même, l'historien R. Shaw-Smith insiste sur des lettres d'Auguste à Tibère qui révèlent une certaine affection pour Tibère et une haute estime pour ses mérites militaires.[60] Shotter affirme que Tibère centra sa colère et ses critiques sur la personne de Gallus (pour avoir épousé Vipsania une fois que Tibère eut divorcé d'avec elle) et des deux jeunes Césars Gaius et Lucius, plutôt que sur Auguste, le véritable responsable de son divorce et de son éloignement du pouvoir impérial.[59]

L'héritage d'Auguste[modifier | modifier le code]

Auguste de Prima Porta

Le règne d'Auguste posa les fondations d'un régime qui dura des centaines d'années, jusqu'à ce que l'on a appelé le déclin de l'Empire romain d'Occident. Aussi bien son cognomen, Caesar, que son titre, Auguste, devinrent les titres permanents des dirigeants de l'Empire romain pendant les quatorze siècles qui ont suivi sa mort, en usage aussi bien dans la Rome antique que dans la Nouvelle Rome, Constantinople. Dans de nombreuses langues, caesar devint le synonyme d'empereur, comme c'est le cas du Kaiser allemand, ainsi que du Tsar bulgare puis russe. Le culte du divin Auguste (divus Augustus) continua jusqu'à ce que la religion d'État ne soit remplacée par le christianisme, en 391, sous l'influence de Théodose I. Par conséquent, il existe de très nombreux statues et bustes d'excellente qualité, représentant Auguste. Il a écrit un compte-rendu de sa réussite, les Res Gestae Divi Augusti, qu'il voulait faire inscrire sur du bronze sur la facade de son mausolée.[61] Des copies de ce texte furent gravées dans tout l'Empire à sa mort.[62] Les inscriptions en latin contenaient des traductions du grec, et furent recopiées sur de nombreux édifices publics, comme le temple d'Ankara connu sous le nom de Monumentum Ancyranum, baptisé « reine des inscriptions » par Theodor Mommsen.[63] Il existe quelques œuvres d'Auguste qui ont survécu : les poèmes La Sicile, Epiphane et Ajax, une autobiographie en treize livres, un traité philosophique, et sa réfutation de l'Éloge de Caton de Brutus.[64] Les historiens analysent également les lettres envoyées par Auguste pour y trouver des faits ou des explications supplémentaires concernant sa vie.[60][65]

De nombreuses personnes considèrent Auguste comme le plus grand empereur de Rome ; sa politique a très certainement accru la durée de vie de l'Empire et a initié la Pax Romana, ou Pax Augusta. Il était intelligent, ferme dans ses décisions, mais n'était sans doute pas aussi charismatique que Jules César ; il fut occasionnellement influencé par sa troisième femme, Livia (parfois de manière dramatique). Néanmoins, son héritage se montra plus durable. La ville de Rome fut considérablement transformé sous le principat d'Auguste, avec la mise en place de la première force de police institutionnelle, ses premiers pompiers, et la pérennisation de la charge de préfet de la ville.[66] Les forces de police étaient divisées en cohortes de 500 hommes, tandis que les unités de pompiers comptaient de 500 à 1000 hommes, sept unités étant réparties sur 14 secteurs de Rome.[66] Un préfet des vigiles était en charge des vigile, brigade de pompiers et de policiers de Rome.[67] La guerre civile touchant à sa fin, Auguste put également mettre en place une armée de métier pour l'Empire romain, dont la taille fut fixée à 28 légions d'environ 170000 soldats.[68] Cette armée était soutenue par de nombreuses troupes auxiliaires, des unités d'environ 500 hommes chacune, qui étaient souvent recrutées dans des zones récemment conquises.[69]

Comme ses finances assuraient la maintenance des routes en Italie, Auguste mit également en place un système de courrier officiel, constitué de stations relais surveillées par un officier connu sous le titre de praefectus vehiculorum.[70] Outre la mise en place d'une communication plus rapide entre les communes italiennes, sa politique extensive de construction de routes dans toute l'Italie a également permis aux armées romaines de se déplacer rapidement, à une rapidité inédite, dans tout le pays.[71] En 6, Auguste établit l'aerarium militare, en faisant une donation de 170 millions de sesterces au nouveau trésor militaire qui servait à la fois pour les soldats en activité et à la retraite.[72] Une des institutions les plus durables d'Auguste est la mise en place de la garde prétorienne en 27 av. J.-C. ; il s'agit à l'origine d'une unité de garde du corps personnels sur le champ de bataille, qui a évolué pour devenir une garde impériale, ainsi qu'une force politique importante à Rome.[73] Elle disposait d'assez de pouvoir pour intimider le Sénat, installer de nouveaux empereurs et déposer ceux qui lui déplaisaient ; cette unité servit les empereurs jusqu'à Maxence, et Constantin mit fin à l'institution au début du IVe siècle, détruisit leurs baraquements, les Castra Praetoria.[74]


Auguste représenté dans un style égyptien ; pierre taillée du temple de Kalabsha en Nubie.

Tout en étant l'individu le plus puissant de l'Empire, Auguste voulait incarner l'esprit des vertus et des normes républicaines. Il voulait également être en relation avec les préoccupations de la plèbe et du peuple. Il y parvint en se montrant excessivement généreux : en 29 av. J.-C., Auguste distribua 400 sesterces par personne à 250 000 citoyens, 1000 sesterces à 120 000 vétérans dans les colonies, et dépensa 700 millions de sesterces dans l'achat de terre pour y installer ses vétérans.[75] Il fit également restaurer 82 temples dans le but de montrer son souci des divinités romaines.[75] En 28 av. J.-C., il fit fondre 80 statues d'argent qui le représentaient, pour sembler modeste.[75]

La longueur du règne d'Auguste et ce qu'il transmet à ses successeurs est un facteur capital de son succès. Comme l'a écrit Tacite, les jeunes générations vivant en 14 n'avaient connu aucune autre forme de gouvernement que le principat.[76] Si Auguste était mort plus tôt (en 23 av. J.-C.), par exemple, la situation aurait pu évoluer différemment. L'usure des guerres civiles sur la vieille oligarchie républicaine et la longévité d'Auguste doivent dès lors être considérés comme des facteurs majeures de la transformation de l'État romain en une monarchie de fait. L'expérience d'Auguste, sa patience, son tact, et son habileté politique ont également joué un rôle important. Il a dirigé le futur de l'Empire le long de nombreux chemins, de l'existence d'une armée de métier stationnée aux frontières ou non loin d'elles, au principe dynastique employé si souvent dans la succession impériale, jusqu'à l'embellissement de la capitale aux frais de l'empereur. Le dernier héritage d'Auguste n'est autre que la paix et la prospérité de l'Empire pendant les deux siècles qui suivent la mise en place de son système. Auguste devint le paradigme du bon empereur. Tous les empereurs de Rome prirent son nom, César Auguste, qui finit par perdre son caractère de nom pour devenir un titre.[57] Les poètes de l'époque augustéenne, Virgile et Horace, louèrent Auguste comme le défenseur de Rome, de la justice morale, et comme un individu qui porta sur ses épaules tout le poids du maintien de l'Empire.[77] Cependant, Auguste fut également critiqué pour ses méthodes de gouvernement, à toutes les époques. Le juriste Marcus Antistius Labeo (mort en 10 ou 11 ap. J.-C.), qui regrettait l'époque de liberté républicaine où il était né, critiqua ouvertement le régime augustéen.[78] Au début de ses Annales, Tacite écrivit qu'Auguste avait habilement subverti la Rome républicaine pour l'asservir.[78] Il dit ensuite qu'avec la mort d'Auguste et le serment de loyauté prêté à Tibère, le peuple de Rome n'avait fait que changer de maître.[78] Tacite transmet toutefois deux visions contradictoires d'Auguste :

Fragment d'une statue équestre de bronze ; Ier siècle
« Les gens éclairés s'entretenaient de sa vie, dont ils faisaient l'éloge ou la censure. Suivant les uns, "la piété filiale et les malheurs de la République livrée à l'anarchie l'avaient seuls entraîné dans les guerres civiles, qu'on ne peut ni entreprendre, ni soutenir par des voies légitimes. Il avait, pour venger son père, accordé beaucoup à Antoine, beaucoup à Lépide. Quand celui-ci se fut perdu par sa lâche indolence, l'autre par ses folles amours, il ne restait de remède aux divisions de la patrie que le gouvernement d'un seul. Toutefois le pacificateur de l'état, content du nom de prince, ne s'était fait ni roi ni dictateur. Il avait donné pour barrières à l'empire l'Océan ou des fleuves lointains, réuni par un lien commun les légions, les flottes, les provinces, respecté les droits des citoyens, ménagé les alliés, embelli Rome elle-même d'une magnificence inconnue. Quelques rigueurs en petit nombre n'avaient fait qu'assurer le repos général.[79]  »

L'autre opinion :

« sa tendresse pour son père et les désordres de la République ne lui avaient servi que de prétextes [...]. La paix sans doute était venue ensuite, mais une paix sanglante.[80]  »

Dans une biographie récente d'Auguste, Anthony Everitt affirme qu'au long des siècles, les jugements portés sur le règne d'Auguste ont oscillé entre ces deux extrêmes ; il ajoute :

« Les contraires ne s'excluent pas forcément, et nous ne sommes pas obligés de choisir l'un ou l'autre. L'histoire de sa carrière montre qu'Auguste était effectivement impitoyable, cruel et ambitieux. Ce n'était une caractéristique personnelle qu'en partie, dans la mesure où l'élite romaine était éduquée dans un esprit de compétition. Cependant, il combina une préoccupation élevée de ses intérêts personnels avec un patriotisme profondément ancré, fondé sur la nostalgie des vertus de la Rome antique. Ses qualités comme princeps, l'égoïsme et l'altruisme coexistaient dans son esprit. Pendant sa lutte pour le pouvoir, il se préoccupa assez peu de la légalité ou des civilités normales de la vie politique. Il était intrigant, pas digne de confiance, et sanguinaire. Cependant, une fois qu'il eut établi son autorité, il gouverna efficacement et avec justice, autorisa en général la liberté de parole et fit la promotion du règne de la loi. Il avait des capacités de travail hors du commun, et tenta, autant que n'importe quel parlementaire démocrate de traiter ses collègues du Sénat avec respect et attention. Il ne souffrait pas de la folie des grandeurs.[81]  »

Tacite pensait que Nerva (qui régna de 96 à 98) avait, avec succès, « associé des choses jadis incompatibles, l'autorité d'un seul et la liberté »[82] L'historien Dion Cassius (IIIe siècle) reconnaissait en Auguste un dirigeant bienveillant et modéré ; toutefois, comme une majorité d'historiens ayant écrit après la mort d'Auguste, Dion le considérait comme un autocrate.[78] Le poète Lucain pensait que la victoire de César sur Pompée et la défaite et la mort de Caton avait marqué la fin de la liberté romaine ; l'historien Chester G. Starr interprète ainsi le fait qu'il n'ait pas critiqué Auguste : « peut-être Auguste était-il une figure trop sacrée pour être accusée directement.[83]

L'écrivain anglo-irlandais Jonathan Swift, dans son Discours sur la contestation et la dissension à Athènes et Rome, critiquait Auguste pour avoir installé la tyrannie à Rome, et comparait ce qui était pour lui la vertueuse monarchie constitutionnelle de Grande-Bretagne avec la République morale de la Rome du IIe siècle av. J.-C.[84] Dans sa critique d'Auguste, l'amiral et historien Thomas Gordon le comparait à Olivier Cromwell.[84] Thomas Gordon et Montesquieu remarquaient tous deux qu'Auguste était lâche au combat.[85] Dans ses Mémoires de la cour d'Auguste, l'érudit écossais Thomas Blackwell considérait Auguste comme un dirigeant machiavélien, un « usurpateur vindicatif et sanguinaire », « mauvais et sans valeur », « un esprit méchant » et un « tyran ».[85]

Réforme des taxes[modifier | modifier le code]

Pièce à l'effigie d'Auguste, trouvée dans le trésor de Pudukottai, provenant du Tamil antique, dans l'empire Pândya, aujourd'hui Tamil Nadu en Inde. British Museum.
Imitation indienne d'une pièce à l'effigie d'Auguste. Ier siècle. British Museum.
Pièce du royaume Himyarite, côte méridionale de la péninsule arabique. C'est également une imitation d'une pièce à l'effigie d'Auguste. Ier siècle

Les réformes menées par Auguste sur la taxation ont eu un grand impact sur l'évolution ultérieure de l'Empire. Auguste augmenta considérablement la quantité de territoire soumis à une taxation directe, au lieu d'exiger des tributs variables et un peu arbitraires de chaque province, comme cela se faisait auparavant.[86] Cette réforme augmenta beaucoup le revenu net de Rome venant de ses conquêtes, stabilisa le flux et régularisa les relations financières entre Rome et les provinces, en évitant les colères soulevées par les levées de tribut.[86] Les procédures de taxation sous le règne d'Auguste furent déterminées par un recensement de la population, qui fixa des quotas pour chaque province.[87] Les citoyens de Rome et d'Italie payèrent des taxes indirectes, tandis que les taxes directes étaient tirées des provinces.[87] Les impôts directs comprenaient un impôt de 4% sur le prix des esclaves, de 1% sur les biens vendus aux enchères et 5% sur l'héritage par des personnes n'étant pas le parent le plus proche de propriétés évaluées à plus de 100000 sesterces.[87]

Une réforme d'égale importance fut l'abolition du fermage privé, qui fut remplacé par des collecteurs d'impôt fonctionnaires salariés. Les contractants qui levaient des impôts constituaient la norme à l'époque républicaine, et certains étaient devenus assez puissants pour influencer les votes à Rome.[86] Ceux qui percevaient ces taxes avaient acquis une réputation détestable pour leurs déprédations, mais aussi une richesse personnelle considérable, en obtenant le droit de taxer des zones locales.[86] Les finances de Rome consistaient en l'accumulation des offres réussies, et les profits des fermiers consistaient dans tous les montants additionnels qu'ils pouvaient extorquer au peuple avec la bénédiction de Rome. L'absence de surveillance effective, combinée au souhait des fermiers de maximiser leurs profits, avait produit un système d'exactions arbitraires souvent d'une cruauté barbare pour ceux qui devaient s'acquitter des impôts, largement (et de manière justifiée) considérés comme injustes, et très dommageables pour l'investissement et l'économie.

L'utilisation des rentes agricoles considérables de l'Égypte pour financer les opérations militaires de l'Empire est la conséquence de la conquête de l'Égypte par Auguste, et le passage à une forme romaine de gouvernement.[88] Comme elle était davantage considérée comme la propriété privée d'Auguste que comme une province de l'Empire, elle fit partie du patrimoine passant d'un empereur à l'autre.[89] Au lieu d'un légat ou d'un proconsul, Auguste installa un préfet de la classe équestre pour administrer l'Égypte et entretenir ses ports lucratifs ; ce poste devint, avec la préfecture du prétoire la plus haute charge accessible à un individu de rang équestre.[90] La terre égyptienne, avec son rendement très important, générait d'énormes revenus qui permirent à Auguste et à ses successeurs de financer les travaux publics et les expéditions militaires,[88] ainsi que le pain et les spectacles pour la population de Rome.

Mois d'août[modifier | modifier le code]

Le mois d'août (en latin: Augustus) porte le nom d'Auguste ; auparavant, il était appelé Sextilis (sixième mois de l'année, dans le calendrier romain). Une tradition veut que le mois d'août ait 31 jours parce qu'Auguste voulait que son mois ait autant de jours que celui de Jules César (juillet) mais cela a sans doute été inventé par Joannes Sacrobosco, au XIIIe siècle. Sextilis avait en fait 31 jours avant de changer de nomn et il ne fut pas choisi pour sa longueur (voir l'article Calendrier julien). D'après un sénatus consulte cité par Macrobe, Sextilis fut renommé en l'honneur d'Auguste parce que plusieurs événements significatifs de son ascension vers le pouvoir, dont le plus important était la chute d'Alexandrie, avaient eu lieu pendant ce mois.[91]

Projets architecturaux[modifier | modifier le code]

Gros plan sur un détail de l'Ara Pacis (Autel de la Paix), 13 à 9 av. J.C.

Sur son lit de mort, Auguste se vanta d'avoir trouvé Rome en briques et de la laisser faite de marbre. Même s'il y a quelque vérité dans le sens littéral de cette affirmation, Dion Cassius pense qu'il s'agissait d'une métaphore de la force de l'Empire.[92] Il y avait du marbre dans les bâtiments de Rome avant Auguste, mais il n'était pas utilisé de manière extensive comme matériau de construction avant le règne d'Auguste.[93] Cela ne vaut bien évidemment pas pour les taudis de Subure, qui aussi étaient branlants et enclins à s'enflammer qu'auparavant ; Auguste laissa néanmoins sa marque sur la topographie monumentale du centre et du Champ de Mars, avec l'Ara Pacis et le cadran solaire monumental dont le gnomon central était une obélisque prise en Égypte.[94] Les sculptures décorant l'Ara Pacis venaient se joindre au mémorial des triomphes d'Auguste qu'étaient les Res Gestae.[95] Les reliefs décrivaient le spectacle impérial des prétoriens, des Vestales, et des citoyens de Rome.[95] Il fit également construire le Temple de César, les bains d'Agrippa et le Forum d'Auguste, avec son temple de Mars Ultor. Il encouragea d'autres projets, comme le théâtre de Balbus, le Panthéon, ou finança le portique d'Octavie et le théâtre de Marcellus. Même son Mausolée fut construit avant sa mort pour accueillir des membres de sa famille.[96] Pour fêter sa victoire à la bataille d'Actium, l'Arc d'Auguste fut bâti en 29 av. J.-C. près de l'entrée du temple de Castor et Pollux, et agrandi en 19 av. J.-C. pour inclure un projet d'arche triple.[93] Beaucoup de bâtiments hors de la ville de Rome portent également le nom d'Auguste ou sont son héritage, comme le théâtre de Mérida, la Maison Carrée de Nîmes, ainsi que le Trophée d'Auguste, à la Turbie, près de Monaco.


Le temple d'Augustus et Livie à Vienne, fin du Ier siècle av. J.-C.

Après la mort d'Agrippa en 12 av. J.-C., il fallait trouver une solution pour entretenir le système d'adduction d'eau à Rome. Le problème se posa à ce moment-là parce que l'approvisionnement en eau avait été gérée par Agrippa lorsqu'il avait été édile, et qu'il l'avait financé par la suite sur ses fonds propres.[66] Cette année-là, Auguste mit en place un système selon lequel le Sénat désignait trois de ses membres et les rendait responsable de l'approvisionnement en eau et de l'entretien des aqueducs.[66] À la fin de la période augustéenne, cette commission, désormais de cinq sénateurs, les curatores locorum publicorum iudicandorum, fut chargée de l'entretien des bâtiments publics et des temples du culte public.[66] Auguste créa le groupe sénatorial des curatores viarum pour l'entretien des routes ; cette commission sénatoriale travaillait avec des fonctionnaires locaux et des entrepreneurs pour organiser des réparations régulières.[70]

L'ordre corinthien était le style architectural dominant à l'époque d'Auguste.[93] Suétone dit un jour que Rome était indigne de son statut de capitale impériale ; Agrippa et Auguste tentèrent de dissiper ce sentiment en modelant l'apparence de Rome sur le modèle grec classique.[93]

Apparence physique[modifier | modifier le code]

Le biographe Suétone décrit Auguste ainsi : « Sa beauté traversa les divers degrés de l'âge en se conservant dans tout son éclat [...] Auguste avait les yeux vifs et brillants ; il voulait même que l'on crût qu'ils tenaient de la puissance divine. [...] Ses dents étaient écartées, petites et inégales, ses cheveux légèrement bouclés et un peu blonds, ses sourcils joints, ses oreilles de moyenne grandeur, son nez aquilin et pointu, son teint entre le brun et le blanc. Il avait la taille courte[97]. »

Famille[modifier | modifier le code]

Descendants[modifier | modifier le code]

1. Julie l'Aînée, 39 av. J.-C. - 14, a eu 5 enfants
A. Gaius Caesar, 20 av. J.-C. - 4, mort sans descendance
B. Julia Vipsania, 19 av. J.-C. - 28, a eu 2 enfants
I. Aemilia Lepida, 4 av. J.-C. - 53, a eu 5 enfants
a. Marcus Junius Silanus, 14 - 54, a eu 1 enfant
i. Lucius Junius Silanus Torquatus le jeune, 50 - 66, mort jeune
b. Junia Calvina, 15 - 79, morte sans descendance
c. Decimus Junius Silanus, mort en 64 mort sans descendance
d. Lucius Junius Silanus, mort en 49 sans descendance
e. Junia Lepida, morte sans descendance ?
f. Junia Silana, morte sans descendance ?
II. Marcus Aemilius Lepidus, 6 - 39, mort sans descendance
C. Lucius Caesar, 17 av. J.-C. - 2, mort sans descendance
D. Agrippine l'Aînée, 14 av. J.-C. - 33, a eu 6 enfants
I. Nero Caesar, 6 - 29, mort sans descendance
II. Drusus Caesar, 7 - 33, mort sans descendance
III. Caligula, 12 - 41, a eu 1 enfant
a. Julia Drusilla, 39 - 41, morte jeune
IV. Agrippine la Jeune, 15 - 59, a eu 1 enfant
a. Néron, 37 - 68, mort sans descendance
V. Julia Drusilla (sœur de Caligula), 16 - 38, morte sans descendance
VI. Julia Livilla, 18 - 42, morte sans descendance
E. Agrippa Postumus, 12 av. J.-C. - 14, mort sans descendance

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d CCAA, Walter Eder, Augustus and the Power of Tradition, 25.
  2. Eck, 55.
  3. Eck, 55–56.
  4. a b c d e et f Eck, 56.
  5. CCAA, Erich S. Gruen, Augustus and the Making of the Principate, 38.
  6. CCAA, Erich S. Gruen, Augustus and the Making of the Principate, 38–39.
  7. a b c d et e CCAA, Walter Eder, Augustus and the Power of Tradition, 26.
  8. a b et c Eck, 57.
  9. a et b CCAA, Erich S. Gruen, Augustus and the Making of the Principate, 36.
  10. CCAA, Erich S. Gruen, Augustus and the Making of the Principate, 37.
  11. Eck, 56–57.
  12. Eck, 57–58.
  13. Eck, 59.
  14. a et b CCAA, Walter Eder, Augustus and the Power of Tradition, 30.
  15. Bunson, 80.
  16. Bunson, 427.
  17. a et b Eck, 60.
  18. a b et c Eck, 61.
  19. a b et c Eck, 117.
  20. Dion Cassius 54.1, 6, 10.
  21. Eck, 78.
  22. a et b CCAA, Erich S. Gruen, Augustus and the Making of the Principate, 43.
  23. Bowersock, p. 380. La date est connue par des calendriers inscrits ; voir également Auguste, Res Gestae 10.2. Dion Cassius 27.2 date cet événement de 13 av. J.-C., probablament l'année de la mort de Lépide (Bowersock, p. 383).
  24. CCAA, Walter Eder, Augustus and the Power of Tradition, 28.
  25. Mackay, 186.
  26. Eck, 129.
  27. a b et c Eck, 93.
  28. Eck, 95.
  29. Eck, 95–96.
  30. a b c d e f et g Eck, 94.
  31. a et b Eck, 97.
  32. Eck, 98.
  33. Eck, 98–99.
  34. a et b Eck, 99.
  35. a b et c Bunson, 416.
  36. a b c d et e Eck, 96.
  37. Rowell, 13.
  38. Eck, 101–102.
  39. Bunson, 417.
  40. Bunson, 31.
  41. a et b CCAA, Erich S. Gruen, Augustus and the Making of the Principate, 50.
  42. Eck, 114–115.
  43. Eck, 115.
  44. a et b CCAA, Erich S. Gruen, Augustus and the Making of the Principate, 44.
  45. a et b Eck, 58.
  46. Syme, 416–417.
  47. Scullard, 217.
  48. Syme, 417.
  49. a b c et d Eck, 116.
  50. a et b CCAA, Erich S. Gruen, Augustus and the Making of the Principate, 46.
  51. Eck, 117–118.
  52. CCAA, Erich S. Gruen, Augustus and the Making of the Principate, 46–47.
  53. Eck, 119.
  54. Eck, 119–120.
  55. a et b CCAA, Erich S. Gruen, Augustus and the Making of the Principate, 49.
  56. a et b Eck, 123.
  57. a b et c Eck, 124.
  58. Shotter, 210–212.
  59. a et b Shotter, 211.
  60. a et b Shaw-Smith, 213.
  61. Suétone, Auguste 101.4.
  62. Eck, 1–2
  63. Eck, 2.
  64. Bunson, 47.
  65. Bourne, 53–66.
  66. a b c d et e Eck, 79.
  67. Bunson, 345.
  68. Eck, 85–87.
  69. Eck, 86.
  70. a et b Eck, 81.
  71. Chisholm, 122.
  72. Bunson, 6.
  73. Bunson, 341.
  74. Bunson, 341–342.
  75. a b et c CCAA, Walter Eder, Augustus and the Power of Tradition, 23.
  76. Tacite, Annales I.3
  77. Kelsall, 120.
  78. a b c et d Starr, 5.
  79. Tacite, Annales, I 9 (trad. Burnouf)
  80. Tacite, Annales, I 10 (trad. Burnouf)
  81. Anthony Everitt, Augustus: The Life of Rome's First Emperor, Random House 2007. Trade paperback, pp.324–325
  82. Starr, 6, citant Tacite, Agricola 3, 1 (trad. fr. Panckoucke)
  83. Starr, 6
  84. a et b Kelsall, 118.
  85. a et b Kelsall, 119.
  86. a b c et d Eck, 83–84.
  87. a b et c Bunson, 404.
  88. a et b Bunson, 144.
  89. Bunson, 144–145.
  90. Bunson, 145.
  91. Macrobe, Saturnales 1.12.35.
  92. Dion 56.30.3
  93. a b c et d Bunson, 34.
  94. Eck, 122.
  95. a et b Bunson, 32.
  96. Eck, 118–121
  97. Suétone, Vie d'Auguste 79, trad. Nisard sur Wikisource.

Références[modifier | modifier le code]

  • Blackburn, Bonnie & Holford-Strevens, Leofranc. The Oxford Companion to the Year. Oxford University Press. 1999, reprinted with corrections 2003.
  • Bleicken, Jochen. Augustus. Eine Biographie. Berlin 1998.
  • Bourne, Ella. "Augustus as a Letter-Writer," Transactions and Proceedings of the American Philological Association (Volume 49, 1918): 53–66.
  • (en) G. W. Bowersock, Between Republic and Empire: Interpretations of Augustus and his Principate, Berkeley, University of California Press, , 380–394 p. (ISBN 0-520-08447-0), « The Pontificate of Augustus »
  • Bunson, Matthew (1994). Encyclopedia of the Roman Empire. New York: Facts on File Inc. (ISBN 0-8160-3182-7)
  • Chisholm, Kitty and John Ferguson. (1981). Rome: The Augustan Age; A Source Book. Oxford: Oxford University Press, in association with the Open University Press. (ISBN 0198721080)
  • Dio Cassius, The Roman History: The Reign of Augustus, London, Penguin Books, 1987, (ISBN 0-14-044448-3).
  • Eck, Werner; translated by Deborah Lucas Schneider; new material by Sarolta A. Takács. (2003) The Age of Augustus. Oxford: Blackwell Publishing (hardcover, (ISBN 0-631-22957-4); paperback, (ISBN 0-631-22958-2)).
  • Eder, Walter. (2005). "Augustus and the Power of Tradition," in The Cambridge Companion to the Age of Augustus (Cambridge Companions to the Ancient World), ed. Karl Galinsky, 13–32. Cambridge, MA; New York: Cambridge University Press (hardcover, (ISBN 0-521-80796-4); paperback, (ISBN 0-521-00393-8)).
  • Everitt, Anthony (2006) Augustus: The Life of Rome's First Emperor. Random House Books. (ISBN 1400061288).
  • (en) Peter Green, Alexander to Actium: The Historical Evolution of the Hellenistic Age, Berkeley, CA; Los Angeles; London, University of California Press, coll. « Hellenistic Culture and Society », (ISBN 0-520-05611-6 et 0-520-08349-0)
  • Gruen, Erich S. (2005). "Augustus and the Making of the Principate," in The Cambridge Companion to the Age of Augustus (Cambridge Companions to the Ancient World), ed. Karl Galinsky, 33–51. Cambridge, MA; New York: Cambridge University Press (hardcover, (ISBN 0-521-80796-4); paperback, (ISBN 0-521-00393-8)).
  • Kelsall, Malcolm. "Augustus and Pope," The Huntington Library Quarterly (Volume 39, Number 2, 1976): 117–131.
  • (en) Christopher S. Mackay, Ancient Rome: A Military and Political History, Cambridge University Press, (ISBN 0521809185)
  • (en) H. H. Scullard, From the Gracchi to Nero: A History of Rome from 133 B.C. to A.D. 68, London; New York, 5th edition, (1re éd. 1959) (ISBN 0415025273)
  • Shaw-Smith, R. "A Letter from Augustus to Tiberius," Greece & Rome (Volume 18, Number 2, 1971): 213–214.
  • Shotter, D.C.A. "Tiberius and the Spirit of Augustus," Greece & Rome (Volume 13, Number 2, 1966): 207–212.
  • Starr, Chester G., Jr. "The Perfect Democracy of the Roman Empire," The American Historical Review (Volume 58, Number 1, 1952): 1–16.
  • (en) Ronald Syme, The Roman Revolution, Oxford, Oxford University Press, (ISBN 0-19-280320-4)
  • Roebuck, C, The World of Ancient Times, New York, Charles Scribner's Sons, 1966
  • Rowell, Henry Thompson. (1962). The Centers of Civilization Series: Volume 5; Rome in the Augustan Age. Norman: University of Oklahoma Press. (ISBN 0-8061-0956-4)

Lectures complémentaires[modifier | modifier le code]

  • Everitt, Anthony. Augustus: The Life of Rome's First Emperor. New York: Random House, 2006 (hardcover, (ISBN 1-4000-6128-8)). As The First Emperor: Caesar Augustus and the Triumph of Rome. London: John Murray, 2006 (hardcover, (ISBN 0719554942)).
  • Galinsky, Karl. Augustan Culture. Princeton, NJ: Princeton University Press, 1998 (paperback, (ISBN 0-691-05890-3)).
  • Lewis, P. R. and G. D. B. Jones, Roman gold-mining in north-west Spain, Journal of Roman Studies 60 (1970): 169–85
  • Jones, R. F. J. and Bird, D. G., Roman gold-mining in north-west Spain, II: Workings on the Rio Duerna, Journal of Roman Studies 62 (1972): 59–74.
  • Jones, A.H.M. "The Imperium of Augustus", The Journal of Roman Studies, Vol. 41, Parts 1 and 2. (1951), pp. 112–119.
  • Jones, A.H.M. Augustus. London: Chatto & Windus, 1970 (paperback, (ISBN 0-7011-1626-9)).
  • Osgood, Josiah. Caesar's Legacy: Civil War and the Emergence of the Roman Empire. New York: Cambridge University Press (USA), 2006 (hardback, (ISBN 0-521-85582-9); paperback, (ISBN 0-521-67177-9)).
  • Raaflaub, Kurt A. & Toher, Mark (eds.). Between Republic and Empire: Interpretations of Augustus and His Principate. Berkeley; Los Angeles: University of California Press, 1993 (paperback, (ISBN 0-520-08447-0)).
  • Reinhold, Meyer. The Golden Age of Augustus (Aspects of Antiquity). Toronto, ON: Univ of Toronto Press, 1978 (hardcover, (ISBN 0-89522-007-5); paperback, (ISBN 0-89522-008-3)).
  • Southern, Pat. Augustus (Roman Imperial Biographies). New York: Routledge, 1998 (hardcover, (ISBN 0-415-16631-4)); 2001 (paperback, (ISBN 0-415-25855-3)).
  • Zanker, Paul. The Power of Images in the Age of Augustus (Thomas Spencer Jerome Lectures). Ann Arbor, MI: University of Michigan Press, 1989 (hardcover, (ISBN 0-472-10101-3)); 1990 (paperback, (ISBN 0-472-08124-1)).
  • Karen Essex, Kleopatra Pharaoh (2001,2002)

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Sources primaires[modifier | modifier le code]

Etudes diverses[modifier | modifier le code]