Utilisateur:Rob1bureau/Programme Phoenix

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Le programme Phoenix fut une opération montée par la CIA et les services secrets sud-vietnamiens pendant la guerre du Viêt Nam et destiné à détruire l'infrastructure du FNL (Front national pour la libération du Viêt Nam, alias Viêt-Cong) au Sud-Viêt-nam. Utilisant des méthodes de guerre contre-insurrectionnelle parmi les plus critiquables (emprisonnement et assassinat de civils sans procès, utilisation de la torture et de la terreur contre les populations civiles, etc.), et ayant causé la mort d'un grand nombre d'innocents, le programme Phoenix figure parmi les opérations de la CIA les plus controversées.

Programme Phoenix ou opération Phoenix ?[modifier | modifier le code]

Le nom donné par les services américains était Phoenix program et K? Ho?ch Phung Hoàng par les services vietnamiens. Le terme d'« opération Phoenix » est aussi fréquement utilisé, mais ne se retrouve pas dans les documents officiels. Dans les documents en français, le terme de « programme Phénix » ou « opération Phénix » est parfois utilisé, phénix étant traduction littérale de phoenix.

Déroulement du programme Phoenix[modifier | modifier le code]

Mise au point[modifier | modifier le code]

Mis au point par Robert Komer

Robert Komer agent de la CIA travaillant sur les PROVN (Programs for Vietnam) Phoenix largement inspiré par la doctrine de la guerre antisubversive française mise au point par les militaires français durant la guerre d'Indochine et utilisé surtout durant la guerre d'Algérie, notamment le livre La Guerre moderne du colonel Trinquier dont un résumé lui fut adressé par le colonel américain Carl Bernard et son instructeur, le général français Paul Aussaresses. Le colonel Carl Bernard (1) dira même « C'est à partir de ce texte que Komer a conçu l'opération Phoenix, qui est en fait une copie de la bataille d'Alger appliquée à tout le Sud-Viêt Nam. » Komer : sera nommé chef des "opérations civiles et du développement révolutionnaire" (CORDS ?), ne dépend que du général William Westmoreland et de l'ambassadeur Ellsworth Bunker ; en relation directe avec Walt Rostow, membre du NSC

deviendra assesseur au NSC puis conseiller du président Johnson pour la « pacification » du Viêt Nam.

objectifs[modifier | modifier le code]

dates : fin de 67 - 71 ?

VCI (Vietcong Infrastructure)

  • détruire l'infrastructure du FLN / Viêt-Cong (Vietcong infrastructure ou VCI), notamment son commandement et les éléments assurant sa logistique.
  • principales cibles : cadres influents membres du Viêt-Cong comme les chefs de village, les médecins et les enseignants des villages isolés dans la jungle.

Ces cibles, du fait des principes de guérilla, sont pour la plupart des civils, ce qui amènera le programme à effreindre gravement les lois internationales de la guerre.

Direction du programme[modifier | modifier le code]

  • débat si la direction était US ou sud-vietnammienne
  • dirigé par le MACV-CORDS ? ; William E. Colby, COS de Saïgon et directeur du programme ? (Colby (OSS, Jedburgh ami de Paul Aussaresses) : dirige Phoenix 1968-1971, DCI de 1973 à janvier 1976)

o MACV-CORDS : Military Assistance Command, Vietnam, for Civil Operations and Revolutionnary Development Staff ou Military Assistance Command, Vietnam, for Civil Operations and Rural Development Support ?

  • exécuté par le MACV-SOG, l'ARVN, la police et les services secrets sud-vietnamiens...

sources[modifier | modifier le code]

  • officiers de l’armée sud-vietnamienne, chefs de villages, interrogatoires de VC capturés/retournés (programme Chieu Hoï), infiltrations du VC.
  • + ou - incontrôlables ?
  • utilisation de l'informatique pour corréler les infos ?

Modes opératoires[modifier | modifier le code]

  • arrestations/enlèvements sur dénonciations ; torture sur les prisonniers, certains, trop "abimés", balancés d'hélicoptères.
  • assassinat par des escadrons de la mort -> utilisation de la terreur contre les civils pour les dissuader de devenir membres ou complices du Viêt-Cong : un as de pique dans la bouche des victimes des escadrons de la mort.
  • lien avec le massacre de My Lai ?

équipes hunter-killers, terme utilisé pour décrire les tactiques d'aviation SAM et hélicos de combat : un appareil spécialisé repérage, un autre attaque.

équipe de « chasseurs » de quatre hommes, galt. tous Américains, plus parfois un ou deux CT (counter-terrorist), terme donné aux Vietnamiens (VC/NVA? retournés ou criminels SVN) et mercenaires chinois travaillant dans l'opérations Phoenix. chargée de localiser la cible

équipe des tueurs : vingt à vingt-cinq SVN dirigés par des officiers américains issus des SF.

cibles : enlevées, torturées, emprisonnés deux ans sans procès, executés, sur dénonciaition utilisation de la terreur sur la population civile : assassinats, parfois avec famille et/ou voisins, de nuit ; attribués à l'ennemi ralliés :

Campagnes[modifier | modifier le code]

2 techniques :

  • surprise : débarquement de quatre hélicoptères, enlèvement (?) immédiat.
  • préparée : appes au ralliement, largage de tracts, assaut du village par 25 membres des PRU (provincial reconnaissance units), fouille et

Massacre de My Lai, 17 mars 1968, env. 500 personnes tuées sous la direction de Robert Ramsdell, coordinateur local de Phoenix.

Saïgon[modifier | modifier le code]

dirigé par Evan Parker, bras droit de Komer (ex Jedburgh, OSS, CIA) organise le family census program, le recensement détaillé de la population, fiches de toutes les familles avec photos de ses membres. rafles nocturnes, arrestations de familles entières, dirigées dans centres d'interrogatoire.

nombreux centres d'interrogatoires construits dans ce but. La CIA ira même à signer un contrat avec un promoteur immobilier pour construire les cellules de détention. torture systématique, avec gégène, sous-marin ou chevalet. execution des torturés trop « abimés », certains étant parfois jetés en mer par hélicoptère. ralliés, dirigés dans le programme Chieu Hoi

à "l'apogée", imposition de quotas de 1800 neutralisations/mois

Résultats[modifier | modifier le code]

  • numérique
    • Selon Colby, en 1971, 60 000 VC ont été neutralisés (dont 20 000 ralliés). nombreux tunnels découverts.
    • chiffres donnés par Colby au Sénat des États-Unis (comparaison des chiffres de Jacques Baud et de Seymour Hersh) :
      • 20 587 / 20 887 tués
      • 28 978 prisonniers
      • 17 712 / 17 584 ralliés grâce au programme Chieu Hoï (soit environ 18 % du total des ralliés du Chieu Hoi)
    • Chiffres contestés : d'après les autorités sud-vietnamiennes, 40 994 « tués ou disparus » (période de 1968 à 1972)
    • le colonel Viêt-Cong Bui Tin estime que Phoenix causé la perte de « milliers de cadres ».
  • qualitatif
    • destruction effective assez efficace de la VCI ;
    • Dans l’ensemble, de 1967 à 1971, l’infrastructure du Viêt-Cong au Sud-Vietnam passa de 80 ou 100 000 personnes à moins de 2 0002, et même à un millier selon certaines sources. / note : cette diminution n'est sans doute pas uniquement dûe à Phoenix.
      • + exemple du commando F100 du Viêt-Cong, chargé des attentats à Saïgon. Source : Nguyen Vna Nung, secrétaire du parti communiste du village d'An Tinh (secteur de Cu Chi) permet de découvrir le tunnel qui sert de cache au commando F100. 50 personnes sont arrêtées, démantèlement du réseau logistique, ce qui met fin aux attentats à Saïgon.
    • résultat général : A la fin des années 1970, sous les effets des divers moyens mis en oeuvre (programme Phoenix, tactiques anti-guérilla sur le terrain, destruction des tunnels de Cu Chi...), le Viêt-Cong disparaît. Part de Phoenix ? Les affrontements militaires continuent cependant car la NVA prend le relais. En 1970, celle-ci assure la plupart des attaques contre les forces Américaines, et la totalité de celles de l'offensive du printemps 1972.

Ce programme fut une réussite dans le delta du Mékong. Dans l’ensemble, de 1967 à 1971, l’infrastructure du Viêt-Cong au Sud-Vietnam passa de 80 à personnes à moins de 2 000, et même à un millier selon certaines sources.


  • autres conséquences
    • innocents ??
      • + executions faites sur des renseignements insuffisants, des membres de l'ARVN et services secrets sud-vietnammiens auraient donné de fausses informations pour assouvir des vengeances personelles.
      • + quota monté à 1 800 executions/mois, ce qui entraîne des executions d'innocents pour atteindre le chiffre.
    • Augmentation importante de la population carcérale au Sud-Viêt Nam, qui entraîne une dégradation des conditions de vie des prisonniers, qui sera une partie des motivations des mouvements pacifistes américains.
    • Bill Colby :
      • Tête mise à prix par le Viêt-Cong ?
      • Il a souvent été remarqué (notamment par les personnes opposées à la CIA en général, et des mouvements anti-américains) que William Colby devint directeur des opérations de la CIA en 1973, puis DCI en septembre de la même année (il le restera jusqu'en 1976, remplacé par George Bush père).

Refus[modifier | modifier le code]

Refus de certains officiers américains de collaborer avec les executants de Phoenix. Par exemple, le général Bruce Palmer commandant la 9e division d'infanterie en 1968. Celui-ci dira à D. Valentine (2) : « Mon opposition au programme venait de l'affectation de non-volontaires de l'armée américaine dans le programme. Je ne crois pas que des gens en uniforme qui ont prêté serment d'obéir aux conventions de Genève puissent être mis dans la situation d'avoir à violer les lois de la guerre. » A noter que des refus viennent aussi des forces spéciales, censées collaborer directement avec la CIA sur le terrain. Par exemple le colonel des Special Forces Carl Bernard (voir les citations).

Enquêtes[modifier | modifier le code]

L'enquête de la commission des Affaires étrangères du Sénat[modifier | modifier le code]

Enquête sur Phoenix à partir de 1970.

Interrogé, Colby dira : « Il s'agissait d'un programme sécurité intérieure », destiné à « protéger la popultaion contre le terrorisme communiste. » En février 1970, Colby reconnaît 20 000 tués. Prétend que cela relevait de « nécessités militaires », et dit que 87% des tués l'avaient été lors d'« opérations militaires ». Colby aurait donné un premier chiffre de 8000 morts ?

la commission Church[modifier | modifier le code]

interroge Colby, après l'avoir entendu sur le coup d'état au Chili.

  • Colby a affirmé qu'il s'agissait d'un « programme à cent pour-cent vietnamien ».
  • emballement de l'opé. reconnu par Colby devant le Congrès.

Documentaires privés[modifier | modifier le code]

Diverses tentatives. La plus complète étude du programme est sans doute l'enquête menée par Douglas Valentine, qui a entendu une centaine de personnes ayant travaillé au programme Phoenix qui acceptèrent de lui parler.

Témoignages, citations[modifier | modifier le code]

« Bill Colby m'avait juré que l'opération avaité été relativement propre et sans bavure. » James R. Schlesinger, DCI par interim en 1973, qui William Colby succédera. « On a assassiné n'importe qui sans discernement. Je suis sûr que les accidents de la route ont tué plus de combattants du Viêt-cong que ce programme contre-insurrectionnel, dont la grande majorité des victimes n'avait rien à voir avec le Viêt-cong... Je me souviens, un jour, je suis arrivé dans un village où il y avait cent quatre-vingt-seize cadavres de civils. Ils n'avaient trouvé qu'une seule arme... J'étais tellement écœuré que j'ai fini par interdire aux commandos de Phoenix d'opérer dans mon secteur. Et puis, surtout, j'ai ordonné à mes bérets verts de ne pas collaborer avec eux, alors que théoriquement les forces spéciales étaient les partenaires naturels de ces opérations dites non conventionnelles... » Colonel Carl Bernard (1) SF, dirigeait un régiment des SF au SVN

Héritage[modifier | modifier le code]

La mémoire du programme Phoenix a été évoqué par comparaison avec les méthodes récemment utilisées ou envisagées par les Américains dans la guerre contre « Al-Quaida » et la guérilla en Irak :

  • les assassinats ciblés faits par les USA dans la guerre globale contre le terrorisme, notamment avec ses drones Predator armés.
  • la mise au point de l'unité Task Force 121 pour mener les opérations de guérilla en Irak.

Fiction[modifier | modifier le code]

Thème abordé dans le commando des tigres noirs et Spy game, qui passent sous silence les aspects les plus controversé du programme Phoenix.

  • le commando des tigres noirs évoque succintement le programme Phoenix dont sont chargés un groupe de commandos dirigés par Chuck Norris ; toutefois la mission qui leur est confiée dans le film est atypique car il s'agit de libérer des Américains prisonniers en territoire adverse.
  • Spy game évoque l'élimination par le sniper Tom Bishop d'un général VC, une opération peu représentative de Phoenix (adversaires = militaires en uniforme, opération plutot de forces spéciales qu'une opération clandestine des services secrets...)
  • film Timebomb ?


Liens internes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

(1) Carl Bernard, colonel de l'US Army, ancien SF au Laos pendant la guerre du Viêt Nam, interviewé par Marie-Monique Robin le 27 avril 2003. (2) Douglas Valentine, The Phoenix Program, William Morrow and Company, New York, 1985

Bibliographie[modifier | modifier le code]