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Les Elkasaïtes, Elcésaïtes, Helcésaïtes ou Elcésaïens, étaient une secte judéo-chrétienne baptiste, de tendance gnostique. Ce mouvement religieux est documenté de manière indirecte à partir du IIe siècle et ce jusqu'au Xe siècle. Il s'agit apparemment d'un mouvement de chrétiens d'origine juive qui a émergé au IIe siècle et a disparu après le Xe siècle, à une date indéterminée[1]. Il est attesté aussi bien dans l'empire romain (dès les années 220) que dans l'aire perse où il semble naître au début du IIe siècle. À cette époque, cette région est dominée par les parthes et les arméniens séparés par le royaume d'Adiabène (région appelée Assyrie), puis au cours du IIIe siècle par les perses sassanides[2]

Le mouvement tire son nom de son fondateur, Elkasaï dont le nom connait de multiples graphies, notamment chez les hérésiologues chrétiens écrivant en grec. Le Livre d'Elkasaï (ou Apocalypse d'Elkasaï) a complètement disparu aujourd'hui. Il n'est donc connu qu'indirectement notamment par les écrits de ces hérésiologues chrétiens, qui racontent que pour ses disciples ce livre était descendu du ciel[3]. Certains auteurs détectent aussi des passages de ce livre dans la Vita Mani, livre de référence du manichéisme.

Le mouvement elkasaïte semble issu du mouvement nazaréen ou ébionite[4], c'est à dire des premiers adeptes de Jésus/Îsâ. Epiphane de Salamine affirme que sous Trajan (98-117), Elkasaï se serait affilié au groupe des osséens (c'est à dire des esséniens), formant un nouveau mouvement se désignant sous le nom de sampséens[5],[6]. Le même hérésiologue indique au IVe siècle, que le livre d'Elkasaï a été adopté par les osséens, les nasaréens, les nazôréens et les ébionites[7].

L'elkasaïsme pourrait avoir donné naissance au manichéisme[8]. Mani son fondateur a été élevé à Mésène (près de Ctésiphon) dans une communauté baptiste probablement elkasaïte. Le mouvement Elkasaïte semble aussi avoir influencé l'Islam[9], monde dans lequel quelques groupes de ce mouvement survivaient encore au Xe siècle.

Certains spécialistes estiment que les Mandéens, mouvement baptiste existant encore en Iran et en Irak, pourraient être les derniers héritiers du mouvement Elkasaïte[10],[11]. Ce point de vue ne fait toutefois pas consensus.

L'appelation elkasaïte[modifier | modifier le code]

Cette appelation vient d'Elkasaï, considéré comme le fondateur du mouvement[12] et l'auteur d'un livre connu sous le titre de « Livre d'Elkasaï » ou « Apocalypse d'Elkasaï » (Révélation d'Elkasaï).

Elkasaï a été écrit de différentes façons : 'Hλξαί (Elxaï), 'Hλχασΐ (Elkhasi), 'Ελκεσαΐ (Elkesaï - Elcésaïe)[13], Elchasai, Eldzai[14] dans les textes en grec, ou al-Khasayh (al-Hasayh)[15] dans la littérature musulmane. « Dans la Vita Mani, le nom du fondateur du mouvement est fourni sous la forme Alchasaiois : elle correspond à la forme Elchasai d'Hippolyte de Rome, mieux attestée et plus ancienne que celle d'Epiphane[15]. » Dans les notices du Kitab-al-Fihrist d'Ibn al-Nadim datant de la fin du Xe siècle, « le fondateur de la communauté est appelé al-Khasayh (ou al-Hasayh dans certains manuscrits)[15]. »

Derrière ces différentes transcriptions, l'expression araméenne Chail Kasai (« force cachée » ou « pouvoir caché ») se fait toujours entendre. Epiphane de Salamine indique d'ailleurs dans son Panarion que c'est le sens que veut rendre en grec le nom « Elxaï »[16]. C'est en effet, ce qu'essaye de rendre la translitération grecque El, « force/pouvoir » et Chai ou Dzai, « caché »[15],[17].

Ce nom symbolique, ouvre la voie à la contestation de l'existence de ce personnage par quelques auteurs savants. Toutefois, rien ne s'oppose à considérer que ce nom a été donné par ses disciples à un personnage réel, comme semble l'indiquer toutes les sources en notre possession[18]. La Vita Mani étant la source la plus claire à ce sujet. Mani, cité par ses disciples les plus proches, y parle d'Elkasaï comme d'une personne réelle et d'un fondateur de mouvement religieux[18]. On ignore si son nom était tout autre à l'origine ou si ce nom positif a été créé par ses partisans grâce à la proximité phonétique avec son nom véritable, comme les juifs de l'époque le faisait très souvent sur les noms des personnages (technique midrashique).

Epiphane de Salamine « parle des elkasaïtes à plusieurs reprises, en les désignant non seulement sous ce nom mais aussi sous celui d'« osséens[19] » et sous celui de « sampséens[20] », probablement du mot hébreu shemesh signifiant soleil[21].

L'appellation Elkasaïte a été préférée par les hérésiologues chrétiens, mais il semle que ce mouvement ce soit donné initialement le nom de sampséen.

Origine du mouvement elkasaïte[modifier | modifier le code]

Plusieurs critiques distinguent entre deux formes d'elkasaïsme : la plus ancienne s'étant développée dans l'espace perse dès le début du IIe siècle ; l'autre, dans l'empire romain dès le IIIe siècle. Les deux formes semblent avoir divergée sur le plan des pratiques et des croyances.

Dans la Vita Mani on trouve des renseignements sur la forme existant dans l'espace perse au IIIe siècle. Dans l' Elenchos et le Panarion, on trouve des renseignements sur la forme romaine des IIe – IIIe siècle dans le premier et du IVe siècle dans le second[22].

Le fondateur du mouvement[modifier | modifier le code]

Elkasaï aurait prêché un nouveau baptême de repentance dans la troisième année du règne de Trajan (100). Son origine précise est inconnue, mais clairement située dans l'espace perse. Hippolyte de Rome est toutefois un peu plus précis et parle d'Elkasaï le « Parthe », mais il s'agit peut-être d'une référence à l'endroit où il aurait bénéficié de sa révélation[23]. Selon Simon Claude Mimouni, la documentation en notre possession permet d'avancer l'hypothèse que le mouvement elkasaite a été fondé par Elkasaï, « à partir d'un groupe juif déjà exitant. [Celui-ci] se caractérisant essentiellemnet par des pratiques baptistes, pourrait être celui des Osséens et aurait été établi vers la fin du Ier siècle en Syrie sous domination parthe. [...] Il est fort possible qu'Elkasaï, avant de fonder son propre groupe, ait été un judéo-chrétien ébionite[24]. » Il aurait ainsi créé un nouveau groupe religieux se désignant sous le nom de sampséen. Cette hypothèse est à rapprocher de celle de Jean Daniélou pour qui « l'elkasaïsme est un mouvement judéo-chrétien hétérodoxe, voisin de l'ébionisme, mais se rattachant à la Syrie de l'Est[25] », c'est à dire à l'Osroène et l'Adiabène, régions de langue araméenne située à l'Est de l'Euphrate.

D'après Epiphane de Salamine, Elkasaï était un juif de naissance et de croyance, devenu fondateur d'un nouveau groupe après avoir rejeté le fondement culturel et social du judaïsme, à savoir le sacrifice sanglant instauré par les patriarches et perpétué dans la pratique pascale, au cours de laquelle la victime animale est égorgée puis consumée par le feu sur l'autel. Ainsi, au sang et au feu des sacrifices, Elkasaï oppose l'eau, qui devient ainsi l'instrument thaumaturgique du mouvement[26].

Elkasaï aurait reçu sa révélation vers 114 - 117, c'est à dire en pleine révolte judéo-parthe contre l'invasion de la région par l'empire romain dirigé alors par Trajan. C'est dans ce contexte qu'aurait été rédigé l'Apocalypse d'Elkasaï (Révélation d'Elkasaï).

La genèse du mouvement[modifier | modifier le code]

Hippolyte de Rome témoigne de l'ancrage de la figure phare du mouvement en Parthie, c'est à dire dans le judaïsme babylonien de son temps, d'ailleurs fort mal connu.

Dans l'Elenchos, Hippolyte mentionne une prophétie énoncée à une époque où les Parthes vaincus ont été obligés de se soumettre à Trajan, astucieusement certains auteurs s'appuient sur cette information pour situer la naissance de l'Apocalypse d'Elkasaï en 116[27]. En effet, à ce moment de la guerre (114-117), les Parthes semblaient vaincus, avant que les révoltes, le retrait des forces de Trajan et l'abandon de la guerre par Hadrien son successeur, ne leur permettent de reprendre le pouvoir.

Histoire du mouvement elkasaïte[modifier | modifier le code]

La localisation géographique du mouvement[modifier | modifier le code]

Les sources convergent pour situer le foyer des Elkasaïtes dans des territoires qui au IIe siècle correspondent au nord et au centre de l'empire parthe, à l'Adiabène et au sud du royaume d'Arménie[28],[29].

À une époque qui coïncide avec la chute de l'empire parthe (les années 220), le mouvement elkasaïte semble s'être introduit, par l'intermédiaire de missionaires, dans l'Empire romain en Orient puis en Occident[30].

« Toujours au IIIe siècle, pour l'empire iranien, plusieurs communautés elkasaïtes sont attestées dans la Vita Mani du Codex manichéen de Cologne[30]. »

« Au IVe siècle, Epiphane de Salamine mentionne la présence de communautés Elkasaïtes, sous l'appelation d'osséennes et de sampséennes, en Nabathée, en Iturée, en Moabite, en Auriélitide et en Pérée[31],[32]. »

La littérature du mouvement[modifier | modifier le code]

C'est un sujet sur lequel on est assez mal informé, la fiabilité des témoignages des hérésiologues chrétiens étant parfois sujette à caution[32].

Les Elkasaïtes rejetaient certains passages (ou livres) de l'Ancien Testament, des passages des Evangiles canoniques. Selon Origène, ils repoussaient aussi la totalité des épîtres de Saint Paul (lettres de Paul de Tarse)[33]. Toutefois, les autres auteurs, notamment Hippolyte de Rome et Epiphane de Salamine, ne parlent pas du caractère anti-paulinien du mouvement[32].

Les Elkasaïtes rejetaient certaines péricopes des évangiles en les qualifiant de « fausses ». L'usage de cet argument pour justifier un usage sélectif de certains textes chrétiens, renvoie à ce que l'on appelle la littérature pseudo-clémentine[34],


(A poursuivre)

Le livre d'Elkasaï (ou Apocalypse d'Elkasaï) est connu indirectement par les écrits des hérésiologues chrétiens, qui racontent que pour ses disciples ce livre était descendu du ciel[3].

Destuction des derniers exemplaires du « Livre d'Elkasaï » avec le livre « Mar Yesu » (Seigneur Jésus) sur ordre de l'antipape Benoît XII en 1415, après la "disputation" judéo-chrétienne de Tortosa ayant eu lieu à Rome. Mar Yesu était un livre apocryphe traduit en Latin, qui était « semblable » aux Toledoth Yeshu ou qui aurait pû être le livre que Toledoth Yeshu parodiait. Ces deux livres contenaient un autre nom pour désigner Jésus[35].

Cette destruction est ordonnée, à l'issue de la dispute de Tortosa[36]. Celle-ci dure de février 1413 à novembre 1414 et oppose Benoît XIII lui-même et le Juif converti Geronimo de Santa Fé (alias Joshua Lorki[37]) à plusieurs rabbins sous la direction de Don Vidal Benveniste.

Selon la Jewish Encyclopedia, cette dispute ne fut pas d'un haut niveau intellectuel. Beaucoup de Juifs ne se convertissent pas mais une conséquence en est une bulle de Benoît XIII renforçant les mesures antijuives et interdisant la lecture du Talmud. Malgré la destitution rapide de Benoît XIII, cette bulle fut respectée en Aragon[38].

On estime à 100 000 le nombre de Juifs qui durent se convertir au catholicisme, suite aux événements de 1391 à 1412[39].

Les pratiques et les croyances du mouvement[modifier | modifier le code]

Les pratiques

Selon Hippolyte, l'enseignement d'Alcibiade avait été emprunté à différentes hérésies. Il enseignait que la circoncision était obligatoire, que le Christ était un homme comme les autres, qu'à plusieurs reprises il était né sur la terre d'une vierge, qu'il s'était adonné lui-même à l'astrologie, à la magie et aux incantations. Pour tous les péchés d'impureté, même contre nature, un deuxième baptême était ordonné « au nom de Dieu très grand et très haut et au nom de Son Fils le grand Roi », avec une adjuration aux sept témoins cités dans le livre : le ciel, l'eau, les esprits saints, les Anges de la prière, l'huile, le sel et la terre. Celui qui avait été mordu par un chien enragé devait courir vers l'eau la plus proche et y sauter avec tous ses vêtements, en utilisant la formule précédente et en promettant aux sept témoins qu'il s'abstiendrait du péché. Le même traitement – quarante jours consécutifs de baptême dans l'eau froide – était recommandé pour la consomption et pour les possédés. D'autres Ébionites au temps d'Épiphane pratiquaient un pareil traitement.

Ce saint nous dit qu’une telle mention avait été faite dans le livre du frère d'Elchasai, Iexai, et que l'hérésiarque était un juif du temps de Trajan. Parmi ses descendants, deux sœurs, Marthus et Marthana, ont vécu jusqu'aux jours d'Épiphane. Elles étaient révérées comme des déesses et la poussière de leurs pieds et leur salive étaient utilisées pour guérir des maladies (cf. Marc 7:33, 8:23, Jean 9:1-11). Voilà qui suggère qu'Elchasai n'était pas un personnage fictif. Sans doute s'agissait-il d'un chef primitif d'une communauté ébionite, à qui Alcibiade a attribué son propre livre.

Nous apprenons par ailleurs d'Épiphane que le livre condamnait la virginité et la continence et rendait le mariage obligatoire. Il autorisait qu'on vénérât des idoles pour échapper à la persécution, pourvu que l'acte restât extérieur et que le cœur le désavouât. On devait prier en se tournant non pas en direction de l'Orient mais toujours de Jérusalem. Tout sacrifice était condamné puisque les sacrifices avaient été offerts par les patriarches ou en vertu de la Loi mosaïque. On rejetait les Prophètes aussi bien que les Apôtres et évidemment saint Paul avec tous ses écrits.

Les croyances

Selon Origène, les Elcésaïtes repoussaient la plupart des livres du canon sacré, entre autres les épîtres de Saint Paul, et n'admettaient seulement que quelques passages tirés de l'Ancien Testament et des Évangiles[33]. Ils reconnaissaient un Christ, un Messie, qu'ils appelaient le Grand Roi et lui donnaient une forme humaine mais invisible qui mesurait environ trente huit lieues de haut[3]. Toujours selon Origène, les Elcésaïtes affirmaient que le Christ, né dès le commencement du monde, n'était autre chose qu'une vertu céleste qui s'était déjà manifestée sous divers corps et qui après son union avec le Saint-Esprit, avait paru sous la forme de Jésus[33]. Ils donnèrent au Saint-Esprit le sexe féminin, peut-être à cause du mot hébreu Rouah (Souffle) qui est du genre féminin ; cela pour ne pas donner deux pères à Jésus[3]. Elxaï faisait observer par ses disciples les principales cérémonies de la loi de Moïse, le sabbat, la circoncision mais défendait les sacrifices et faisait du mariage une prescription formelle. Au IVe siècle, sous Valens, deux sœurs de la famille d'Elxaï, qui se nommaient Marthe (« Maîtresse ») et Marlène, ou Marthana (« Notre Maîtresse »)[13], étaient considérées par les Elcésaïtes comme des Saintes[3].

État des sources[modifier | modifier le code]

Sommaire de la section

« La documentation sur le judéo-christianisme elkasaïte est presque uniquement indirecte. Elle provient principalement des traditions chrétienne, manichéenne et islamique, mais aussi dans une bien moindre mesure des traditions judaïque et mazdéenne[9]. »

Il existe une documentation directe, mais transmise de façon indirecte : Il s'agit principalement du livre de l'Apocalypse d'Elkasaï (Révélation d'Elkasaï).

Les témoignages chrétiens[modifier | modifier le code]

La documentation sur l'elkasaïsme relève surtout de la tradition chrétienne, qui lui est bien évidemment hostile étant donné son caractère presque exclusivement hérésiologique[40].

Dans son Elenchos, rédigé à Rome vers 235[40], Hippolyte de Rome raconte que, sous l'évêque de Rome Calixte Ier (217-222), « un fourbe » appelé Alcibiade, originaire d'Apamée en Syrie, arriva à Rome porteur d'un livre dont il disait qu'il lui avait été remis au pays des Parthes par un homme juste appelé Elcesaïe ou Elxaï. Alcibiade fit savoir qu'une nouvelle rémission des péchés avait été proclamée dans la troisième année de Trajan[41] (vers 100) et il décrivit un baptême qui devrait communiquer ce pardon même aux pécheurs les plus corrompus.

Origène, qui a écrit un peu plus tard (vers 246-249), dit que cette hérésie était tout à fait nouvelle ; il semble avoir rencontré Alcibiade, même s'il ne donne pas son nom.

« Epiphane de Salamine, dans son Panarion composé en Palestine de 374 à 376, parle des elkasaïtes à plusieurs reprises, en les désignant non seulement sous ce nom mais aussi sous celui d'« osséens[42] » et sous celui de « sampséens[43] ». Il est également question des elkasaïtes dans deux passages de la notice consacrée aux « Ebionites[44] »[40]. » Il faut compter aussi les sommaires de l' Hypommesticon de Joseph de Tibériade et en aval ceux de l' Anaképhalaiosis d'un auteur inconnu (à moins qu'il faille considérer Epiphane de salamine comme son auteur)[40].

Une autre liste hérésiologique figure aussi dans l' Ancoratus, une autre œuvre d'Epiphane présentant l'avantage d'être antérieure au Panarion[45].

Tous les témoignages chrétiens postérieurs à la fin du IVe siècle dépendent directement ou indirectement d'Epiphane de Salamine.

La doctrine elkasaïte se trouvait dans les Homélies et dans une moindre mesure dans les Recognitions clémentines.

Les témoignages manichéens[modifier | modifier le code]

La documentation sur le judéo-christianisme elkasaïte relève aussi de la tradition manichéenne avec la Vita Mani, retrouvée dans le Codex manichéen de Cologne, et avec queques autres attestations, en copte et en parthe (pour la tradition directe), en syriaque et en arabe (pour la tradition indirecte). La Vita Mani, intitulée « Sur l'origine du corps », relate les premières années de Mani au sein d'une communauté baptiste de Mésène.

Les sources juives[modifier | modifier le code]

Les témoignages islamiques[modifier | modifier le code]

Le Kitab-al-Fihrist (le Catalogue des sciences, appelé aussi Fihrist al-'Ulum) d'Ibn al-Nadim, l'auteur arabe de la fin du Xe siècle, contient une notice hérésiologique sur le manichéisme. Nous y apprenons des informations précieuses sur le milieu d'origine de Mani et de ses parents dans la ville de Mésène (proche de Ctésiphon). Dans, le livre d'Ibn al-Nadim, qui est une véritable encyclopédie sur la culture islamique, on peut lire trois passages sur la communauté de baptistes (désignée par le mot arabe mughtasila) de Mésène[46]. Le mot arabe mughtasila signifie littéralement « ceux qui se lavent », ce qui correspond au mot grec baptistai (baptistes), mais le terme arabe connote la pratique des ablutions et non celle de l'immersion comme c'est le cas pour le terme grec[47],[45]. Plusieurs auteurs, assimilent cette communauté de mughtasila à des elkasaïtes, toutefois il n'y a pas de consensus à ce sujet. Simon Claude Mimouni estime toutefois qu'il « paraît préférable de considérer, du moins dans l'état actuel de la recherche, le caractère elkasaïte de la communauté baptiste dans laquelle Mani a passé ses vingt-quatre premières années, tout en reconnaissant la diversité sans doute extrême et doctrinal du mouvement elkasaïte[48]. »

Les informations rapportées par Ibn al-Nadim sont compatibles et confirment celles de la Vita Mani : la communauté de mughtasila dont il parle correspond à celle des baptistes établie dans les environs de Séleucie-Ctésiphon[46]. Il appelle leur chef al-Khasayh, une forme arabe de Elkasaï.

Les témoignages mazdéens[modifier | modifier le code]

Il y a quelques rares mentions des elkasaïtes dans la tradition mazdéenne. Une mention des « nazôréens » dans une inscription de Kartir et qui remonte au règne de Vahram II (277-293), est en général considérée comme faisant références à eux[22].

Les mandéens, baptistes d’Iran et d’Irak[modifier | modifier le code]

De la communauté qui s'est formée autour de Jean Baptiste, serait née une religion ultraminoritaire qui le reconnaît comme seul prophète et considère Jésus-Christ, puis Mahomet, comme des usurpateurs. Cette religion a pour obligation de vivre auprès des fleuves pour pouvoir baptiser les fidèles. C'est en partie à cause de cette particularité qu'elle est restée confidentielle, et qu'elle ne subsiste que dans quelques régions d'Iran et d'Irak. Selon certains auteurs récents cependant, cette religion gnostique et baptiste n'aurait pas de liens réels avec Jean le Baptiste mais se serait tardivement rattachée à ce personnage pour survivre [réf. nécessaire]. D'autres, comme André Paul et Simon Claude Mimouni estiment au contraire que les Mandéens sont membres du seul courant vraiment baptiste qui a persisté jusqu'à nos jours[11]. Tous deux mentionnent la possibilité que ce courant soit un héritier du mouvement Elkasaïte[49],[11].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 197.
  2. Avec l'aide de l'empire romain, un royaume arménien, revit toutefois sur le territoitre du royaume d'Arménie de 293 à 368. Tiridate IV d'Arménie choisissant d'ailleurs de se convertir au christianisme et d'en faire un royaume chrétien (301).
  3. a b c d et e François André Adrien Pluquet, Dictionnaire des hérésies, des erreurs et des schismes, 1847.
  4. Pour autant que ces deux mouvements soient distincts, sujet sur lequel il n'y a pas de consensus.
  5. Epiphane de Salamine, Panarion, 19, 1, 2 et 2, 2.
  6. Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 215
  7. Epiphane de Salamine, Panarion, 19, 5, 5 et 53, 1, 3.
  8. Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Paris, Albin michel, p. 228.
  9. a et b Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 201.
  10. Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Paris, Albin michel, pp. 228,229.
  11. a b et c André Paul, Les mouvements baptistes
  12. Les auteurs chrétiens Hippolyte de Rome, Épiphane de Salamine, Eusèbe de Césarée et Théodoret de Cyr rapportent tous que « la secte » tirait son nom de son fondateur.
  13. a et b Kaufmann Kohler & Louis Ginzberg, Jewish Encyclopedia, 1901-1906.
  14. Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, pp. 207-208.
  15. a b c et d Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 208.
  16. Epiphane de Salamine, Panarion 19, 2 et 53, 1, 2.
  17. « Les différentes orthographes grecques peuvent aisément s'expliquer par la translitération grecque qui ne rend pas de façon uniforme le ch araméen pour des raisons de phonétique - la forme greque Alchasaios, transmise par la tradition manichéenne, est probablement la plus proche de la forme araméenne originale. » cf. Mimouni p. 208.
  18. a et b Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, pp. 208-209.
  19. Epiphane de Salamine, Panarion, 19.
  20. Epiphane de Salamine, Panarion, 53.
  21. Nicolas-Sylvestre Bergier, Dictionnaire de théologie", 1852.
  22. a et b Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 206
  23. Dans une des version de celle-ci, un ange lui aurait remis le livre qui porte son nom, alors qu'il se trouvait à Serae dans l'empire parthe.
  24. Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 212
  25. Jean Danielou, L'Église des premiers temps: des origines à la fin du IIIe siècle, Ed. du Seuil, Paris, 1985, p. 68, extrait en ligne.
  26. Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, pp. 209-210
  27. Gerard P. Luttikhuizen, The Revelation of Elchasai: Investigations into the Evidence for a Mesopotamian Jewish Apocalypse of the Second Century, Mohr Siebeck, 1985 (ISBN 3-16-144935-5) Aperçu Google Books
  28. cf. Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 217, qui situe ce foyer « dans l'empire iranien ou en Mésopotamie du Nord ».
  29. « Il paraît plutôt originaire de l'aire iranienne, notamment des régions de Babylonie ou d'Assyrie. » Mimouni p. 197.
  30. a et b Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 217.
  31. Epiphane de Salamine, Panarion, 19, 1, 1 et 53, 1, 1.
  32. a b et c Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 218.
  33. a b et c Ange de Saint-Priest, Encyclopédie du XIXe siècle, 1852.
  34. Ce nom dépréciateur, donné au moment où le catholicisme règnait sans partage sur les idées de la société occidentale, est trompeur. A priori les textes de cette littérature ne sont pas plus littéraire que les autres textes chrétiens, ainsi que certains de ceux contenus dans le Nouveau Testament (comme par exemple, les Évangiles, l'Apocalypse, les Actes des apôtres et même certaines des lettres attribuées à saint Paul). De même, il n'est pas prouvé que par exemple les évangiles attribués à Matthieu, Marc, Luc et Jean doivent une contribution plus grande à leurs auteurs officiels que les textes (pseudo-)clémentin n'en doivent à Clément de Rome.
  35. G. R. S. Mead, The Book of Elxai.
  36. (en) Richard Gottheil et Kaufmann Kohler, « JE, Disputation of Tortosa »
  37. (en) Richard Gottheil et Meyer Kayserling, « JE, Ibn Vives al-Lorqui (of Lurca), Joshua ben Joseph »
  38. « HJ, 3, 2, XII »
  39. DEJ, Monde séfarade hispanique, page 1382
  40. a b c et d Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 203.
  41. Adolf von Harnack estime que « la rémission dans la troisième année de Trajan » signifiait que les deux premiers livres du Pasteur d'Hermas avaient été publiés cette année-là.
  42. Epiphane de Salamine, Panarion, 19.
  43. Epiphane de Salamine, Panarion, 53.
  44. Epiphane de Salamine, Panarion, 30, 3, 1-6 et 17, 4-8.
  45. a et b Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 204.
  46. a et b Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 205
  47. Voir G. Flügel, Mani, seine Lehre und seine Schriften, Leipzig, 1862, pp. 328, 340, 341.
  48. Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, pp. 204-205
  49. Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Paris, Albin michel, pp. 228,229.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Texte[modifier | modifier le code]

  • Livre de la révélation d'Elkasaï, trad. Luigi Cirillo, in Écrits apocryphes chrétiens, Gallimard, coll. "La Pléiade", 1997, p. 843-872.
  • George Robert Stow Mead, The Book of Elxai, Kessinger Publishing, 2005, (ISBN 978-1-4179-8873-0)

Études[modifier | modifier le code]

Documents anciens[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]



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