Utilisateur:Michel Abada/Article en cours de modification/Magdala (Israël)

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en:al-Majdal, Tiberias

Village de Al-Majdal vers 1900 (équivalent arabe de Magdala).

Magdala est le nom d´une ancienne ville de Galilée citée dans le Talmud, sous les noms hébreux Migdal Zab'ayya ou Migdal Nunia. La tradition chrétienne associe à cette ville le personnage de Marie la magdaléenne (Μαρία ἡ Μαγδαληνή). Marie la magdaléenne est souvent appelée Marie de Magdala, car dit-on elle serait de cette ville. Toutefois, la nature du lien de Marie avec la ville de Magdala n'est pas claire. Il n'est notamment pas établi que cette ville ait été appelée ainsi avant le IIIe siècle.

La ville est identifiée à un village palestinien du nom d'Al-Majdal détruit en 1948 et remplacée par la localité israélienne Migdal.


Étymologie[modifier | modifier le code]

Magdala vient de Magdal en araméen ou Migdal en hébreu et désigne une construction en forme de tour[1]. Le rapport entre la ville de Magdala et la disciple de Jésus appelée Marie la magdaléenne (Μαρία ἡ Μαγδαληνή) — traditionnellement appelée Marie de Magdala — n'est pas clair. La plus ancienne mention de la ville de Magdala semble se trouver dans le Talmud où elle est appelée Migdal Zab'ayya (Pesachim 4, 30d)[2] ou Migdal Nunia (Pesachim 46a)[3]. La Mishna dont fait partie le traité Pesachim a été promulguée par Rabbi Yehouda ha-Nasi vers 200-220[4]. Migdal Zab'ayya semble située au nord de Tarichae, à moins que ce ne soit une nouvelle désignation pour la ville de Tarichae[5], qui était une ville importante à l'époque de Jésus, comme par la suite[6]. On considère généralement que le village arabe de Al-Majdal, détruit en 1948 sur décision des autorités israéliennes était l'héritier de Migdal Zab'ayya mentionné dans le Talmud dix-sept siècles plus tôt et qu'il donne une indication de la position de la ville appelée traditionnellement Magdala.

Dans le Pentateuque le terme Migdol apparaît 37 fois en tant que substantif[7].

La ville antique[modifier | modifier le code]

Localisation disputée[modifier | modifier le code]

Parmi les évangiles, seul celui de Mathieu donne une indication géographique de la ville. Si la tradition chrétienne a retenu la graphie Magdala, les manuscrits des évangiles les plus anciens donnent Magadan. Tandis que certain érudits identifient les deux villes d'autres les distinguent.

Le Talmud Babylonien connaît deux Magdala, Magdala Gadar dans l'est, et Magdala Nunayya/Nunayah /Nunya/nounaya. Le nom de cette dernière, "Magdala des poissons" ayant été rapproché de celui de Tarichae, "poissons salés", certains chercheurs en ont tiré argument pour faire de Migdal Nunaya et Tarichae une seule et même ville. Le Talmud de Jérusalem connaît Migdal Seb'iya/Sebayah la « tour des teinturiers » que la tradition a identifié à Magdala. Certains chercheurs ont résolu cette difficulté en faisant de Migdal Nunya « tour des poissons » et Migdal Sebayah « tour des teinturiers » une seule et même ville.

Le nom de Tarichae apparaît également dans les œuvres de Strabon, de Pline et de Suétone et surtout de Flavius Josèphe[8]. Les archéologues situent Magdala/Tarichées tantôt au sud de Tibériade à Khirbet Kerak (un des sites du Bronze les plus remarquables de la Palestine), tantôt au nord de Tibériade à Medjdel (prononcé Mjedel par les habitants de la région )[9].

Pline l'Ancien, qui rappelle que la mer de Galilée se nommait aussi " mer de Tarichée " — ce qui atteste de l'importance de cette ville — situe Tarichée au sud du lac de Tibériade. Flavius Josèphe dit avoir établi son quartier général dans la ville de Taricheai /Tarichae/ Tarichée, signifiant en grec "poissons salés". Il y signale la présence d'un hippodrome qu'il faut plutôt envisager comme un champ de course dénué de construction monumentale. Si Josèphe ne donne pas le nom hébreu de cette ville, plusieurs auteurs l'ont identifié à Magdala. Josèphe rapporte la bataille navale qui eut lieu en 67 près de la cité et à laquelle 230 bateaux de Tarichée prirent part. En septembre 67 la ville tombe aux mains des troupes de Vespasien et de Titus.

Situé près de la fourche formée par la route venant de Tibériade qui longe la mer de Galilée et celle descendant des collines de l’O., ce lieu occupait une position stratégique. Les ruines d’une tour relativement récente qu’on y a découvertes indiquent que Medjdel gardait autrefois l’entrée sud de la plaine de Gennésareth. Medjdel et Magdala (forme de l’hébreu mighdal) signifient “ Tour ”. Cet endroit est souvent considéré comme la patrie de Marie la Magdalène.

Magadân pourrait être le même lieu que Magdala, car des manuscrits plus récents mettent en Matthieu 15:39 “ Magdala ” à la place de “ Magadân ”. On ne connaît aujourd’hui aucun endroit appelé Magadân dans les environs de la mer de Galilée. Marc (8:10) appela le même territoire “ Dalmanoutha ”. Peut-être que Dalmanoutha était simplement un autre nom de Magdala, à moins que ce ne fût un endroit proche dont le nom, bien que peu utilisé ou peu connu, a néanmoins été préservé dans l’Évangile de Marc.

Fondée probablement par Alexandre Jannée, la ville, distribuée autour de quatre grandes rues principales, disposait d'un château d'eau pouvant distribuer l'eau aux maisons voisines.

Magdala était réputée pour ses conserveries de poissons. Cette industrie était certainement pratique et rentable parce que la pêche dans cette partie du lac était abondante. Depuis le IIe siècle avant notre ère, les Grecs désignaient la ville du nom de Tarichae (poissons salés).

Archéologie[modifier | modifier le code]

Des fouilles archéologiques ont été réalisées par des franciscains sur le site en 1971 et en 1975. Elles ont mis au jour des bâtiments publics datant de l'époque romaine et byzantine du Ier au IVe siècle. Lors des fouilles ultérieures, on a découvert les restes d'un port antique[10] doté d'une des plus longues digues du lac ainsi qu'une construction qui pourrait avoir été un phare [11]. Un bateau fut aussi découvert en 1986 ; il est aujourd’hui exposé dans le kibboutz Guinossar.

En 2009, des archéologues israéliens mirent au jour les restes d'une synagogue datant de la période du Second Temple. C'est une découverte exceptionnelle : on n'a retrouvé que six autres synagogues de cette époque[12],[13].

Marie-Madeleine et la cité de Magdala[modifier | modifier le code]

Chacun des quatre évangiles fait référence à une disciple de Jésus nommée Marie Madeleine, Marie de Magdala, sans jamais préciser si Magdala est son lieu de naissance ou de résidence. La qualification de Magdala comme lieu de naissance de Marie Madeleine n'est pas attestée avant le VIe siècle. Du VIIIe au Xe siècle, des sources chrétiennes signalent à Magdala une église dédiée à la sainte, qui aurait également été sa maison. Des témoins plus tardifs ne font mention d'aucune église. La Custodie Franciscaine de Terre Sainte fut présente sur les lieux.

La Migdal contemporaine[modifier | modifier le code]

Cette localité se situe au bord du lac de Tibériade, à environ 6 km au nord de la ville de Tibériade.

Source[modifier | modifier le code]

The Macmillan Bible Atlas

Magdala: le rivage
Magdala: le rivage
Magdala: la côte
Magdala: la côte

Le nom de Marie la magdaléenne[modifier | modifier le code]

Magdala vient de Magdal en araméen ou Migdal en hébreu et désigne une construction en forme de tour[1]. De nombreux pères de l'Église et écrivains chrétiens connaissaient cette étymologie, puisqu'ils écrivent des sermons dans lesquels Marie Madeleine est présentée comme une tour symbolisant allégoriquement la foi et l'orthodoxie[14]. Chez saint Jérôme (IVe siècle), Marie Madeleine est « la tour » qui représente la foi[14].

Pour Raban Maur (IXe siècle), Marie Madeleine tire son nom de la ville de Magdala dont elle serait originaire[14]. Toutefois, le nom Magdala n'est pas attesté à l'époque de Jésus et dans les deux premiers siècles de notre ère. Aucune ville portant ce nom aux alentours du Lac de Tibériade n'est mentionnée dans le Tanakh, l'Ancien Testament ou chez Flavius Josèphe. Dans le secteur de Magdala, ce dernier mentionne les villes de Kfar-Nahum et Tarichae, mais pas de ville appelée Magdala. Dans l'évangile attribué à Matthieu, il est mentionné que Jésus a utilisé une barque pour se rendre « dans le territoire de Magadan (Mt 15:39) »[3]. Certains auteurs estiment que ce nom de Magadan est équivalent au nom Magdala[3]. Toutefois des spécialistes de ces langues sont beaucoup plus sceptiques sur le fait que Magadan renverrait au mot « tour » que ce soit en araméen ou en hébreu. De plus, l'évangile attribué à Marc, écrit une dizaine d'années plus tôt que celui attribué à Matthieu et sur lequel ce dernier est fondé, n'appelle pas ce site Magadan, mais Dalmanoutha (Mc 8:11), ce qui n'a clairement aucun rapport avec Magdala ou avec une tour.

Village de Al-Majdal vers 1900 (équivalent arabe de Magdala).

La plus ancienne mention de la ville de Magdala semble se trouver dans le Talmud où elle est appelée Migdal Zab'ayya (Pesachim 4, 30d)[15] ou Migdal Nunia (Pesachim 46a)[3]. La Mishna dont fait partie le traité Pesachim a été promulguée par Rabbi Yehouda ha-Nasi vers 200-220[4]. Cette ville semble située au nord de Tarichae, à moins que ce ne soit une nouvelle désignation pour la ville de Tarichae, qui était une ville importante à l'époque de Jésus, comme par la suite[16]. On considère généralement que le village arabe de Al-Majdal, détruit en 1948 sur décision des autorités israéliennes était l'héritier de Migdal Zab'ayya mentionné dans le Talmud dix-sept siècles plus tôt et qu'il donne une indication de la position de la ville appelée traditionnellement Magdala.

Une traduction plus fidèle de Μαρία ἡ Μαγδαληνή que l'on trouve dans les évangiles est Marie la magdaléenne. Des critiques ont donc émis l'hypothèse que Marie la magdaléenne était appelée ainsi car elle possédait des « tours », des châteaux. Il a aussi été envisagé que l'un d'entre eux ait été situé près de Magdala et que c'est ce dernier qui aurait donné naissance à l'appellation Migdal que l'on voit apparaître dans la mishna. En effet, les historiens spécialistes du judéo-christianime estiment qu'après la défaite de la révolte de 66-70 et surtout après celle de Bar Kokhba et l'expulsion des Juifs d'une grande partie de la Judée (135), des nazôréens ou ébionites sont venus s'installer dans la région[17],[18] et en particulier à Nazareth et à Kokaba, car les noms de ces lieux possédaient des résonances messianiques[19],[20].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Maddalena Scopello, Femme, gnose et manichéisme: de l'espace mythique au territoire du réel, p. 11-12.
  2. Stuart S. Miller, Sages and Commoners in Late Antique ʼEreẓ Israel, p. 153.
  3. a b c et d Maddalena Scopello, Femme, gnose et manichéisme: de l'espace mythique au territoire du réel, p. 12.
  4. a et b Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère, Paris, 2012, éd. PUF, p. 148.
  5. Stuart S. Miller, Sages and Commoners in Late Antique ʼEreẓ Israel, p. 153.
  6. Tsafrir, Di Segni, Green, Tabula in Imperii Romani. Iuadea-Palaestina: Eretz-Israel in the Hellenistic Roman Byzantine Periods: Maps and Gazetteer, p. 173.
  7. Joffrey Seguin, Le Migdol - Du Proche-Orient à l'Égypte, 2007, PU Paris-Sorbonne, collection Les institutions dans l'Égypte, (ISBN 978-2-84050-521-1)
  8. Uzi Leibner, Settlement and History in Hellenistic, Roman and Byzantine Galilee, An Archaeological Survey of the Eastern Galilee, 2009, (ISBN 978-3-16-149871-8)
  9. Emil Schürer et allii, The History of the Jewish People in the Age of Jesus Christ, T.& T.Clark Ltd, édition révisée de 1973, p. 494 et 495
  10. http://www.antiquities.org.il/article_Item_eng.asp?module_id=&sec_id=7&subj_id=104&id=94
  11. http://www.antiquities.org.il/article_Item_eng.asp?module_id=&sec_id=7&subj_id=107&id=98
  12. http://www.antiquities.org.il/article_Item_eng.asp?sec_id=25&subj_id=240&id=1601&module_id=#as
  13. http://fr.ejpress.org/article/nouvelles_hors_d%E2%80%99europe/34111
  14. a b et c Maddalena Scopello, Femme, gnose et manichéisme: de l'espace mythique au territoire du réel, p. 11.
  15. Stuart S. Miller, Sages and Commoners in Late Antique ʼEreẓ Israel, p. 153.
  16. Tsafrir, Di Segni, Green, Tabula in Imperii Romani. Iuadea-Palaestina: Eretz-Israel in the Hellenistic Roman Byzantine Periods: Maps and Gazetteer, p. 173.
  17. François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 122-123.
  18. François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 118.
  19. Richard Bauckham, 1990, p. 62-70
  20. François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 123.

Voir aussi[modifier | modifier le code]