Utilisateur:Michel Abada/Article en cours de modification/Hérode Antipas

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L'article en cours d'écriture: Hérode Antipas

Hérode Antipas II (21 av. J.-C. - 39 ap. J.-C.), tétrarque de Galilée et de Pérée (région située au nord-est de la Mer Morte, à l'est du Jourdain) de 4 av. J.-C. à 39, fils d'Hérode Ier le Grand et de Malthace la Samaritaine, sa quatrième femme.

Il construisit en l'honneur de l'empereur Tibère, la ville de Tibériade, sur le lac de Galilée.

Hérode Antipas épouse d'abord Phasaélis une nabatéenne, fille d'Arétas IV de Pétra, qu'il répudie pour épouser sa nièce Hérodiade, petite-fille de Hérode Ier, femme de son demi-frère Hérode Philippe Ier et mère de Salomé.

Vaincu par son précédent beau-père Arétas IV lors d'une bataille où il perdit son armée, il fut destitué par l'empereur Caligula en 39. Les Romains, excédés par le pouvoir important d'Hérode Antipas, décidèrent de l'exiler dans le sud de la Gaule à Saint-Bertrand de Comminges[1]. Hérodiade choisit de le suivre.

Éléments de biographie[modifier | modifier le code]

Sommaire de la section

L'héritage d'Hérode le Grand[modifier | modifier le code]

À la mort de son père (4 av. J.-C.), Hérode Antipas reçoit le titre de tétrarque de Galilée et de Pérée. En 6 apr. J.-C., lorsque l'empereur Auguste révoque son frère Hérode Archélaos, Antipas qui espérait récupérer les territoires de son frère est bien déçu[2]. L'exil d'Archéloas à Vienne ne change rien pour lui et son frère, car Auguste préfère transformer les territoires d'Archélaos en une province romaine de Judée. Il obtient toutefois une maigre consolation, après la destitution de son frère c'est lui qui devient l'intendant du Temple de Jérusalem[2]. Il a un droit de regard sur tout ce qui s'y passe, notamment sur les jugements prononcés par le Sanhédrin. De plus, le Préfet romain consule Antipas au sujet de toutes les affaires qui concernent le culte, la religion et les traditions juives[2].

Tirant probablement les conclusions de la destitution de son frère, Antipas ne manquera aucune occasion de manifester sa soumission à Rome[3].

Une succession convoitée[modifier | modifier le code]

À la mort d'Hérode le Grand, le territoire de son royaume a été partagé par Auguste entre trois des fils d'Hérode ainsi qu'une de ses parentes. Hérode Philippe a obtenu pour sa part « la Batanée, avec la Trachonitide et l’Auranitide, une partie de ce qu’on appela le domaine de Zénodore[4] »[5].

Une partie de ces territoires sont frontaliers de la Nabathée. Le territoire de Zénodore ayant été, source de conflit. En effet, les Nabathéens, avaient acheté l'Auranitide, une partie de ce territoire pour cinquante talents, mais les romains en avaient décidé tout autrement, donnant l'ensemble du royaume de Zénodore à Hérode Ier le Grand. Les Nabathéens étant frustrés à la fois du territoire acheté et de leur argent.

En 34, Hérode Philippe meurt, « la trente-septième année de son règne sur la Trachonitide, la Gaulanitide et le peuple de Batanée[6] »[7]. « Comme il était mort sans enfants, Tibère hérita de ses possessions et les annexa à la province de Syrie, mais en ordonnant que les impôts levés dans sa tétrarchie y fussent affectés[6] »[7].

Bien entendu, ce territoire qui n'est « donné » à personne attire les convoitises, parmi lesquelles celles d'Hérode Antipas et probablement aussi celles du roi de Nabatée Arétas IV (roi de Pétra), mais il devait y avoir d'autres prétendants.

La stratégie d'Hérode Antipas[modifier | modifier le code]

Le partage du royaume d'Hérode Ier le Grand:
  • Territoires sous l'autorité d'Hérode Antipas
  • Territoires sous l'autorité d'Hérode Philippe
  • Salomé Ire (villes de Javneh, Azotas, Phaesalis)
  • Territoires sous l'autorité d'Hérode Archélaos, puis à partir de l'an 6, province romaine de Judée
  • Province romaine de Syrie
  • Citées autonomes (Decapolis)
  • Antipas estime probablement pour sa part que ce territoire administré jusque là par son frère[8] lui revient de droit[9]. Depuis 37 ans, il gère correctement les territoires qu'il lui ont été donnés à la mort de son père, le roi Hérode le Grand et Auguste avait même promis la royauté à un autre de ses frères Hérode Archélaus, si celui-ci s'en montrait digne[10]. Celui-ci a été démis et exilé en Gaule à cause de ses erreurs, tandis qu'Antipas estime ne pas avoir démérité. Il espère que le titre royal qui avait été promis à son frère, lui sera remis un jour par l'empereur[9]. « Dans les mois qui suivent la mort de Philippe, Antipas croit que son heure est enfin venue[9]. »

    Il commence par organiser « des obsèques somptueuses[6] » pour son frère qu'il préside probablement, puis se prépare à aller à Rome, pour rencontrer Tibère[9],[11]. Pour être nommé à la tête de la tétrarchie de Philippe par l'empereur, Antipas a imaginé conforter sa position en se mariant avec Hérodiade[11], pourtant mariée à son demi-frère Hérode Boëthos[9]. En cours de voyage, il fait étape chez son demi-frère Hérode, fils de Mariamne II (appelé aussi par les historiens modernes Hérode Philippe Ier ou Hérode Boëthos) qui l'héberge dans sa demeure. Il en profite pour proposer à Hérodiade, la femme de ce dernier de se marier avec lui[9]. Hérodiade et sa fille Salomé ont été rendues célèbres pas les Évangiles. Ils conviennent « qu'elle cohabiterait avec lui dès son retour de Rome et qu'il répudierait la fille d'Arétas »[12]. Hérodiade s'empresse d'accepter ce projet de mariage, mais celui-ci doit rester secret, au moins jusqu'à ce qu'Antipas revienne de Rome[13]. Ce mariage fera scandale, car il a lieu alors qu'Hérode II, fils d'Hérode est encore vivant.

    En tout cas, la manœuvre est habile car Hérodiade est non seulement une descendante des Hasmonéens (la dynastie légitime) et la sœur du futur Hérode Agrippa Ier, adversaire potentiel, qui d'ailleurs gagnera finalement ce combat d'influence. « Il est donc possible qu'Antipas n'ait pas été séduit par son charme, mais plutôt par son rang[9]. » Antipas passe quelques mois à Rome mais ne parvient pas à séduire suffisamment l'empereur Tibère. « Contrairement à Auguste, il n'est pas favorable au maintien des États clients[9]. » Il rentre dans ses territoires, mais rien n'est encore perdu.

    Surtout qu'Hérode Agrippa s'est ruiné dans la vie luxueuse de Rome. Rentré en Palestine, « il se retira dans un fort à Malatha d'Idumée » et pense même au suicide. Toutefois sa femme Cypros va s'entendre avec Hérodiade (la sœur d'Agrippa), pour qu'Antipas lui donne une fonction assez bien rémunérée[[#cite_note-Histoire_des_Juifs.com_-_Henri_Graetz_-_Histoire_des_Juifs_-_Les_H�rodiens_:_Agrippa_Ier_;_H�rode_II-14|[14]]] (probablement après le retour de Rome d'Hérode Antipas, vers 34 - 35).

    « Cypros (femme d'Agrippa) essayait elle-même par tous les moyens de soulager son époux sans avoir autant de ressources qu'Hérode et Hérodiade. [Ceux-ci] firent venir Agrippa, lui assignèrent comme résidence Tibériade avec une somme limitée pour vivre et l'honorèrent des fonctions d'agoranome (inspecteur des marchés) de Tibériade[15]. »

    Désormais Agrippa n'est plus un danger, il est devenu un obligé d'Antipas et il est quasiment assigné en Galilée. Mais cette belle stratégie va quand même être mise en défaut.

    L'honneur de Phasaelis[modifier | modifier le code]

    Antipas reste probablement quelques mois à Rome, pour y faire sa cour auprès de Tibère[16]. Toutefois, pendant son séjour à Rome les informateurs, clients ou ambassadeurs d'Arétas IV ont dû avoir vent du projet de mariage, qui est un véritable camouflet pour lui, mais qui annonce peut-être aussi le viol de certaines dispositions de l'accord passé autrefois avec le père d'Antipas.

    Arétas en informe probablement sa fille, puis il se met en quête de trouver des alliés. Selon Moïse de Khorène, il se rend à Édesse et en Adiabène (probablement à Nisibe), dont les rois Abgar V et Izatès II passent un accord avec lui et s'engagent à lui fournir des troupes. Il faut dire que cela a probablement été facilité par le fait qu'ils sont tous deux probablement d'origine nabatéenne. Il construit aussi patiemment des alliances avec les grandes familles de l'ancienne tétrarchie de Philippe. On va voir que de ce côté aussi, son influence n'était pas mince.

    Lorsque vers 35, Hérode Antipas rentre de Rome, tout est prêt pour l'évasion de Phasaelis:

    « Quand il revint, ayant réglé à Rome les affaires pour lesquelles il s'y était rendu, sa femme, instruite de son accord avec Hérodiade, le pria, avant qu'il eût découvert qu'elle savait tout, de l'envoyer à Machaero - sur les confins du territoire d'Arétas et de celui d'Hérode (Antipas) - sans rien dévoiler de ses intentions. Hérode l'y envoya, supposant que sa femme ne se doutait de rien. Mais elle, qui avait envoyé quelque temps auparavant des émissaires à Machaero, lieu dépendant alors de son père, y trouva préparé par le commandant tout ce qui était nécessaire à son voyage. A peine y fut-elle arrivée qu'elle se hâta de gagner l'Arabie, en se faisant escorter par les commandants de postes successifs ; elle arriva aussi vite que possible chez son père et lui révéla les intentions d'Hérode[17]. »

    Guerre, défaite et perte de Gamala[modifier | modifier le code]

    Ruines de la cité fortifiée de Gamala, enjeu de la guerre entre Arétas IV et Hérode Antipas. (On entrevoit au fond, le lac de Tibériade.)

    C'est là qu'interviendrait un autre personnage rendu célèbre grâce aux évangiles: « Jean surnommé Baptiste » et qui montre que la population de l'ex tétrarchie de Philippe, voyait aussi d'un très mauvais œil, le fait de passer sous le pouvoir d'Antipas. Jean le Baptiste rassemble un grand nombre de gens autour de lui « qui sont très exaltés en l'entendant parler ».

    Comme toujours, cette opposition est assise sur des arguments religieux, particulièrement efficaces pour rassembler les Juifs à cette époque dans cette région. L'Évangile de Marc (6, 18) retient un de ces arguments qui rendaient les gens « très exaltés en l'entendant parler ». Il disait à Hérode Antipas:«  Il ne t'est pas permis d'avoir la femme de ton frère », marquant ainsi son opposition au mariage avec Hérodiade.

    « Hérode (Antipas) craignait qu'une telle faculté de persuader ne suscitât une révolte, la foule semblant prête à suivre en tout les conseils de cet homme. Il aima donc mieux s'emparer de lui avant que quelque trouble se fût produit à son sujet, que d'avoir à se repentir plus tard, si un mouvement avait lieu, de s'être exposé à des périls. À cause de ces soupçons d'Hérode, Jean fut envoyé à Machaero [...], et y fut tué[17]. »

    Il existe une polémique très ancienne sur la datation de ces événements, et notamment la date de la mort de Jean le Baptiste et donc le mariage d'Antipas et d'Hérodiade (puisque celui-ci doit, au moins être annoncé pour que le Baptiste puisse déclarer y être opposé), toutefois les historiens ont peu de doutes sur le fait que le mariage d'Antipas et Hérodiade a eu lieu, après la mort de Philippe en 34[18] et bien-sûr avant la défaite d'Antipas, dont nous allons parler, qui se situe en été 36. (voir plus bas: Point de vue ecclésiastique sur la date du mariage d'Antipas)

    « Arétas chercha un prétexte d'hostilités dans une contestation au sujet des frontières du territoire de Gamala. Tous deux réunirent leur armée en vue de la guerre et y envoyèrent à leur place des généraux. Une bataille eut lieu et toute l'armée d'Hérode fut taillée en pièces à cause de la trahison de transfuges qui, tout en appartenant à la tétrarchie de Philippe, étaient au service d'Hérode (Antipas) »[17].

    Les « transfuges qui, tout en appartenant à la tétrarchie de Philippe, étaient au service d'Hérode » sont probablement les habitants de la Batanée (que Flavius Josèphe appelle des souvent des Babyloniens) et qui fournissent traditionnellement une « aile » de cavalerie aux rois ou tétrarques juifs. Moïse de Khorène nous apprend que le roi d'Adiabène, Izatès II « fournit des auxiliaires » au roi Nabatéen, Arétas IV. Ceux-ci combattent « sous la conduite de Kosran[19] Ardzrouni[20], pour faire la guerre à Hérode (Antipas) »[21].

    Le peuple voit dans la défaite des armées d’Antipas contre Arétas IV un châtiment divin sanctionnant le meurtre du Baptiste[12].

    Intercesseur entre les Romains et le roi Parthe Artaban III[modifier | modifier le code]

    Vers l'automne 36, tous les rois de la région sont conviés à une rencontre qui a lieu sur un pont de l'Euphrate pour signer la paix générale dans la région. Vitellius, Artaban III et Mithridate d'Arménie sont là naturellement, mais tous les autres rois de la région sont probablement aussi présents. Antipas y participe, alors que ses territoires sont pourtant assez éloigné du théâtre d'opération et qu'il n'a pas pris part au conflit. Il est possible qu'un rôle d'intercesseur avait été confié au tétrarque de Galilée[22].

    Pour E. Mary Smallwood, Arétas IV et ses alliés ont justement profité de l'implication d'Antipas dans cette conférence, pour déclencher l'offensive au sujet des frontières dans la région de Gamala, qui avait aussi pour but de venger l'humiliation faite à la fille d'Arétas et le meurtre de « Jean surnommé Baptiste ». L'attaque d'Arétas suivant probablement de peu la conférence sur l'Euphrate[23],[24].

    Cette rencontre scelle la victoire romaine sur le roi des Parthes, Artaban III, qui abandonne ses prétentions sur l'Arménie[23]. Elle marque aussi le réel succès de Lucius Vitellius obtenu en deux années de manœuvres et aussi « deux étés de guerres » (d'après Tacite), menées de mains de maître en minimisant le plus possible l'intervention directe des forces romaines. Lors de cette entrevue, Artaban reconnaît le roi Mithridate d'Arménie qui est le candidat des romains, aussi soutenu par son frère, le roi Pharsman Ier d'Ibérie[25],[26], avec lequel Vittelius vient de le réconcilier. Dans l'esprit de Vitellius, cette alliance arméno-iberne est conçue pour durer et destinée à dominer la Transcaucasie[25]. Artaban accepte aussi d'envoyer certains de ses fils en otages à Rome. il faut dire qu'il est à ce moment là en position très difficile puisque deux de ses fils, pressentis pour être rois d'Arménie, ont été tués dans l'aventure Arménienne et que ses nobles se sont rebellés pour nommer un roi concurrent en Parthie. Cette « guerre civile en Parthie » est d'ailleurs « conçue par Rome » et secrètement soutenue par les romains[23]. Pour E. Mary Smallwwood, le problème Armeno-Parthe, en suspens depuis quinze ans, trouvait ainsi une solution, alors que « le roi parthe avait été suffisamment humilié pour être prêt à accepter la volonté romaine en Arménie en échange de la reconnaissance par les romains de sa souveraineté indépendante[23]. » Ce qui marquait le plein succès de Vitellius.

    Antipas a du connaître un immense moment de fierté, lorsque en tant que simple tétrarque, il a invité le Roi des Rois et tous les autres hauts personnages participants à la conférence, à un grand banquet pour célébrer la signature de l'accord[23]. Le tétrarque de Galilée écrit immédiatement à Tibère pour lui faire part de ce succès diplomatique[23]. Lucius Vitellius fait de même de son côté[23] mais Tibère lui répond qu'il savait déjà tout grâce à la lettre d'Antipas. Flavius Josèphe nous indique alors que Vitellius s'inquiéta du tort que ce courrier et la présentation des faits par Antipas aurait pu lui occasionner. Il conclut toutefois que finalement il s’aperçut que ce courrier ne lui était pas défavorable[27].

    Fort de ce résultat, dans lequel pourtant il n'avait pas joué un rôle décisif et de ses trente sept années d'administration sur la Galilée et la Pérée, Antipas pense que les territoires de l'ex tétrarchie de Philippe vont lui être confiés. Il se voit même déjà roi. C'est sans compter, sur l'imbroglio que sa candidature au règne sur les territoires de Philippe a créé tant auprès du peuple et des féodaux de cette région, dont Jean le Baptiste semble avoir été un des porte-paroles mais aussi auprès de plusieurs rois nabatéens dont Arétas IV bien sûr, mais aussi Izatès II d'Adiabène et Abgar V d'Edesse, qui sont allés jusqu'à fournir des auxiliaires à Arétas IV pour qu'il obtienne sa victoire sur Antipas.

    E. Mary Smallwood estime que cet épisode est « monté à la tête d'Antipas » et que c'est « à ce moment là, ou peu après, qu'il a préparé la voie pour sa propre déposition en présumant de sa position favorable pour obtenir le titre de roi[23]. »

    Déboires et fortune d'Agrippa Ier[modifier | modifier le code]

    Agrippa est bien décidé à se rendre à Rome, « pour accuser le tétrarque » Hérode Antipas auprès de Tibère, afin d'essayer de prendre son domaine[28]. Bien que perclus de dettes, il trouve les soutiens nécessaires, d'abord pour partir de Galilée[29] (printemps 36[30]), puis à Alexandrie pour retourner à Rome et à nouveau partager, la vie de ses puissants amis. Alexandre Lysimaque, un haut fonctionnaire juif d'Alexandrie, frère de Philon d'Alexandrie lui prête l'argent nécessaire[29]. Celui-ci est un grand propriétaire foncier, ami du futur empereur Claude, tout comme Agrippa d'ailleurs. Il prête régulièrement de l'argent aux familiers de l'empereur, qui sont les amis qu'Agrippa veut rejoindre. Il est l’administrateur des biens d'Antonia Minor, fille du triumvir Marc Antoine et de sa première femme, la sœur d’Auguste, qui est une des protectrice d'Agrippa[31].

    Arrivé à Rome au printemps 36, Agrippa recommença le même type d'existence qu'il avait déjà eu dans la ville impériale. Au début, Tibère, retiré à Capri, lui fit bon accueil, mais il tombe une première fois en disgrâce. C'est Antonia Minor, qui par son entremise, lui permet d'être réhabilité. Agrippa devint aussi l’ami intime de Caïus Caligula, un des deux héritiers présomptifs[29]. Mais brutalement il fut jeté dans les fers, parce qu’un jour, voulant flatter Caligula, il lui échappa de dire : « Ah ! si Tibère s’en allait bientôt et laissait la couronne à plus digne que lui ! », ce qu'un de ses esclaves rapporte à Tibère[29]. Pour Gilbert Picard, c'est parce que Agrippa avait été évincé de ses prétentions à obtenir la tétrarchie d'Antipas, qu'il se serait mis à comploter contre Tibère[28]. Agrippa reste en prison jusqu’à la mort de Tibère, survenue six mois après[31] (16 mars 37).

    Pièce de monnaie frappée par Hérode Agrippa Ier.

    L’avènement au trône de son ami Caligula commença la fortune d’Agrippa. Le nouvel empereur, le tira de prison et, en souvenir de sa captivité, dont lui-même avait été la cause indirecte, lui fit don d’une chaîne d’or « du même poids que la chaîne de sa captivité », écrit Flavius Josèphe[32],[31]. Il lui octroya, outre le titre de roi et le diadème qui en était le signe, les territoires de Philippe, mort peu de temps auparavant, tétrarque de « Batanée, avec la Gaulanitide, la Trachonitide et l'Auranitide »[29], quatre territoires situés au nord-est du lac de Tibériade. En même temps, le sénat romain lui décerna le titre de préteur (37).

    Telle était l’affection que lui avait vouée Caligula, qu’il ne le laissa partir pour la Judée qu’un an après, avec la promesse qu’il reviendrait bientôt le voir[31].

    En revenant roi et favori de l’empereur (août 38) dans ce même pays qu’il avait quitté indigent et perclu de dettes, Agrippa excita la jalousie de sa sœur Hérodiade qui, dévorée d’ambition, pressa son mari de se rendre également à Rome et de demander, au jeune et libéral empereur, tout au moins un royaume[[#cite_note-Histoire_des_Juifs.com_-_Henri_Graetz_-_Histoire_des_Juifs_-_Les_H�rodiens_:_Agrippa_Ier_;_H�rode_II-14|[14]]].

    Exil et mort d'Antipas[modifier | modifier le code]

    Agrippa rentre dans ses territoires en été 38, après que la situation a été éclaircie sur place par Lucius Vitellius et Marullus, envoyé par Caligula avec le titre de vice-roi. Il y a probablement eu une négociation et un accord avec les nabatéens de Pétra et tous les rois arabes concernés, mais cela n'est pas relaté par le texte de Flavius Josèphe. Si on en croit, une des lettres de Paul de Tarse considérée comme authentique, Arétas IV règne sur Damas lorsque Paul s'y trouve vers 37 ou peu après[33]. Toutefois, cette datation du passage de Paul à Damas est contestée et donne lieu à une polémique qui n'est pas près de s'éteindre. On constate toutefois que la ville de Damas n'était pas sous l'autorité du roi de Pétra auparavant[34], que la guerre prévue entre les Romains et Arétas n'a clairement pas eu lieu et que pour autant l'ex-tétrarchie de Philippe est bien libre de troupes arabes lorsque Agrippa vient en prendre possession.

    Saint-Bertrand-de-Comminges : les ruines antiques (thermes du forum) et la cathédrale médiévale.

    Hérodiade voit fondre alors toutes ses ambitions et les promesses qu'Antipas lui avait faites avant son mariage. Pour elle, celui qui lui ravit « son » titre royal est son frère ruiné, qui quémandait de l'argent et un emploi et qui était même passé par la prison. Au comble de la jalousie, elle pousse Hérode Antipas à demander à l'empereur Caligula qu'il lui accorde le même statut[32]. Celui-ci finit par céder aux demandes insistantes de sa femme et part pour Rome en 39[32]. Informé de ce voyage, Agrippa dépêche à Rome son plus fidèle affranchi, porteur d'une lettre pour Caligula[32]. Il y accuse Antipas de fomenter un complot avec les Parthes et d'avoir accumulé sans le dire à l'Empereur, des stocks d'armes[32] dans ses arsenaux de Tibériade. La seconde accusation est vraie, mais la première est probablement fausse[32]. Pour autant Caligula déchoit, bannit et exile Hérode Antipas dans le sud des Gaules (39 ap. J.-C.)[32]. Agrippa reçoit les territoires d'Antipas, la Galilée et la Pérée, ainsi que tous les biens confisqués au tétrarque et à son épouse[32].

    Par respect pour son frère, l'empereur offre à Hérodiade la possibilité de retourner en Palestine pour vivre à la cour d'Agrippa[32], en y conservant sa fortune. Mais dans ultime élan de noblesse ou d'orgueil[32], ou peut-être parce qu'elle n'a pas confiance en son frère, elle préfère accompagner Antipas dans son exil[35]. Dans les Antiquités judaïques, Flavius Josèphe indique qu'Antipas fut banni à Lugdunum[36], ce qui bien sûr fait penser à Lyon, mais dans la Guerre des Juifs, il situe ce bannissement en Hispanie[37]. Il est admis généralement qu'il s'agit alors de Lugdunum Convenarum (actuelle Saint-Bertrand de Comminges)[32] située près de la frontière espagnole (en Haute-Garonne) et pas l'actuelle ville de Lyon[38],[39].

    C'est là vraisemblablement qu'Hérode Antipas est mort à une date inconnue.

    Hérode Antipas dans les évangiles[modifier | modifier le code]

    Il apparaît dans les Évangiles, notamment :

    • dans la relation de la décapitation de Jean le Baptiste qui lui reprochait d’avoir épousé Hérodiade (Mc 6,17 ; Mt 14,1) et dont il offre la tête coupée sur un plateau à Salomé
    • dans la relation du procès de Jésus : dans l'Évangile attribué à Luc, Pilate renvoie ce dernier à Hérode parce qu'il était Galiléen (Lc 23,8). Les traditions ecclésiastiques établies à partir du VIe siècle disent que derriére cet Hérode se cache Hérode Antipas.
    • du fragment que nous connaissons de l'Évangile de Pierre, nous pouvons déduire que comme dans l'évangile attribué à Luc, un Hérode participe au procès, mais il est appelé « roi Hérode », ce qui renvoie soit à Hérode Agrippa Ier, soit à Hérode de Chalcis, soit à Hérode Agrippa II. Le Pilate mentionné n'étant pas alors Ponce Pilate, mais un autre gouverneur lui aussi décoré d'un pilum d'or (c'est la signification de Pilatus). Ce gouverneur pouvant alors très bien être un procurateur si nous sommes après 45. En effet le nom Ponce Pilate n'est mentionné qu'une seule fois dans un des évangiles, celui attribué à Luc, mais c'est dans un prologue. Au moment du procès et de la condamnation, tous les évangiles apocryphes ou non disent simplement Pilate.

    Dans les Évangiles ne figure jamais que le seul nom d'Hérode, qualifié par Jésus de « renard » (Lc 13,32). Les traditions ecclésiastiques insistent pour dire que le seul Hérode que Jésus rencontra était Hérode Antipas. Les seuls passages des évangiles où Hérode Antipas est identifiable sont ceux liés à son affrontement avec Jean le Baptiste.

    Références[modifier | modifier le code]

    1. Flavius Josèphe dit, dans l'histoire de la guerre des Juifs et Les antiquités judaïques, que le tétrarque fut envoyé à Lugdunum « proche de l'Espagne », autrement dit Lugdunum Convenarum.
    2. a b et c Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, pp. 202.
    3. Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, pp. 203.
    4. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques, Livre XVII, XI, 4.
    5. Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, pp. 181 et 186.
    6. a b et c Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques, Livre XVIII, IV, 6.
    7. a et b Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 215.
    8. En fait, un demi-frère, ils sont nés de mères différentes.
    9. a b c d e f g et h Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 216.
    10. Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 186.
    11. a et b Nikkos Kokkinos, The Herodian Dynasty: Origins, Role in Society and Eclipse, Journal for the Study of the Pseudepigrapha Supplement Series, 1998, Sheffield Academic Press, Sheffield, pp. 267-268.
    12. a et b Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 217.
    13. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques, Livre XVIII, V, 1.
    14. [[#cite_ref-Histoire_des_Juifs.com_-_Henri_Graetz_-_Histoire_des_Juifs_-_Les_H�rodiens_:_Agrippa_Ier_;_H�rode_II_14-0|a]] et [[#cite_ref-Histoire_des_Juifs.com_-_Henri_Graetz_-_Histoire_des_Juifs_-_Les_H�rodiens_:_Agrippa_Ier_;_H�rode_II_14-1|b]] Heinrich Graetz, Histoire des Juifs, Chapitre XV — Les Hérodiens : Agrippa Ier ; Hérode II — (37-49), sur http://www.histoiredesjuifs.com.
    15. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques, Livre XVIII, VI, 2.
    16. Le voyage prenait 15 jours, lorsque tout allait bien (autant pour le retour). Quand un roi client, se rendait à Rome c'était pour régler un ensemble d'affaires. De plus Tibère est réputé (cf. Tacite) pour faire attendre ses obligés avant de les recevoir.
    17. a b et c Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques, Livre XVIII, V, 1.
    18. Kokkinos, The Herodian Dynasty, pp. 268, 277.
    19. Khosran est peut-être une altération pour Khouran qu’on lit dans Thomas Arçrouni.
    20. Probablement un ancêtre des Arçrouni, qui régneront sur la Sophène puis deviendront une des quatre grandes familles arméniennes (avec les Mamikonian, les Bagratouni et les Siouni).
    21. Moïse de Khorène, « Histoire de l'Arménie », Livre II chapitres 29, sur http://remacle.org
    22. E. Mary Smallwood, The Jews under Roman Rule, p. 187.
    23. a b c d e f g et h E. Mary Smallwood, The Jews under Roman Rule, p. 186.
    24. Le moment de l'expédition de Vitellius (printemps 37) indique que la victoire d'Arétas ne peut pas être intervenue avant la deuxième partie de l'année 36, puisque la plainte d'Antipas à Tibère, est arrivée de façon évidente trop tard pour que la campagne ordonnée par Tibère ait lieu dans la même saison. cf. E. Mary Smallwood, The Jews under Roman Rule, p. 186, note n° 23.
    25. a et b René Grousset, Histoire de l'Arménie des origines à 1071, Paris, Payot, (réimpr. 1984, 1995, 2008) (ISBN 978-2-228-88912-4), p. 105.
    26. Les Ibères selon Tacite et Ibernes selon Flavius Josèphe appartenaient à un royaume correspondant approximativement aux parties méridionale et orientale de l'actuelle Géorgie (pays).
    27. E. Mary Smallwood estime qu'Antipas « rendit furieux Vitellius en envoyant une lettre au sujet des succès de la conférence, avant le propre rapport du Légat de Syrie. », op. cit., p. 186.
    28. a et b Gilbert Picard, « La date de naissance de Jésus du point de vue romain, p. 804.
    29. a b c d et e Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 226.
    30. Nikkos Kokkinos, in Jack Finegan, Chronos, kairos, Christos: nativity and chronological studies, éd. Jerry Vardaman & Edwin M. Yamauchi, 1989, p. 143.
    31. a b c et d Heinrich Graetz, Histoire des Juifs, Chapitre XV — Les Hérodiens : Agrippa Ier ; Hérode II — (37-49).
    32. a b c d e f g h i j et k Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 227.
    33. Pour une raison inconnue, « l'ethnarque du roi Arétas » aurait tenté d’arrêter Saint Paul à Damas, mais celui-ci réussit à s'échapper. cf Nouveau Testament, Deuxième épître aux Corinthiens, XI, 32-33.
    34. « Contrairement à son prédécesseur Tibère, [ Caligula ] n'hésitait pas à donner une certaine autorité aux rois locaux, [...] L'absence de monnaie frappée à Damas sous l'effigie de Caligula et de Claude (37-54) laisse supposer que dès l'an 37, Damas était sous le contrôle d'Arétas. » cf Jean-Marie Guillaume, Jésus-Christ en son temps, éd. Médiasâul, Paris, 1997, p. 78.
    35. Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 228.
    36. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XVIII, 7.
    37. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, II, 9, 6.
    38. Voir, (pl) J. Ciecieląg, Polityczne dziedzictwo Heroda Wielkiego, s. 113.
    39. Notons toutefois qu'Eusèbe de Césarée donne comme lieu d'exil, la ville de Vienne. La même ville qu'il avait donné pour Ponce Pilate. ('cf. Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, liv. Ier, XI) C'est aussi à Vienne que selon Flavius Josèphe aurait été exilé Archélaus.

    Divers[modifier | modifier le code]

    Elucubration, alors que si on lit un peu plus bas un § complet y est consacré sous le titre « Confusion avec le premier mari d'Hérodiade », sourcé avec Nikkos Kokkinos, Christian-Georges Schwentzel, Harold Hoehner (en), E. Mary Smallwood et des extraits de 2 n° du "Cambridge Ancient History"... (sans commentaires)

    Auparavant :Cette page contient trop d'élucubrations personnelles