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Chez les peuples autochtones du Québec, les légendes sont des récits importants puisqu'ils sont une façon de transmettre leur savoir ainsi que leur culture aux générations futures. Chez les Attikameks (peuple établi dans les communautés de Wemotaci, Opitciwan et Manawan dans les régions de la Mauricie et Lanaudière)[1], la légende est une façon agréable d'exprimer les liens qui les unissent aux êtres et aux choses de l'Univers.

Dans leurs nombreuses légendes, un personnage important se révèle être le carcajou. Celui-ci fait partie de la littérature orale depuis les origines. Notamment dans les légendes «Carcajou et la moufette» et «Carcajou et l'apprentissage du feu» publiées en 1982 et racontées par Basile Awashish, un Attikamek originaire.[2]

Encore aujourd'hui, durant les longues soirées d'hiver, les enfants, blottis sous les couvertures écoutent leurs parents raconter les Atisokanak, les légendes d'autrefois.[3] Dans cette section,seulement deux légendes du livre Carcajou, le glouton fripon: légendes amérindiennes Attikamèques seront présentées. Au total, l'ouvrage en contient quatre.


La légende du Carcajou[modifier | modifier le code]

«Carcajou et la moufette»[modifier | modifier le code]

«Cela est arrivé autrefois, quand les humains avaient la forme des animaux et les animaux parlaient comme des humains».

Carcajou, selon son habitude, se promenait dans la forêt. Cette journée-là, il chassait le castor. Pendant son expédition, il aperçut une moufette grosse comme un ours. La moufette voulut l'asperger et Carcajou se mit en colère. Il bondit sur elle et lui ferma l'anus à l'aide de sa gueule, mais celle-ci l'arrosa et Carcajou n'y vit plus rien. Tous les animaux de la forêt accoururent et tuèrent la moufette. Ils la découpèrent en morceaux et les éparpillèrent dans les airs. Désormais, sa taille serait de la grosseur des morceaux. Un loup conseilla à Carcajou d'aller se laver les yeux dans la mer afin de voir à nouveau. Pendant son périple, l'homme se heurta aux arbres qui le guidèrent jusqu'à la mer. Finalement arrivé à destination, Carcajou se lava les yeux. Depuis ce jour, l'eau de la mer est blanche et salée, car Carcajou s'y est baigné après avoir été arrosé par la moufette.[4]


«Carcajou et l'apprentissage du feu»[modifier | modifier le code]

«Un jour d'hiver, Carcajou quitte sa femme et ses enfants pour aller à la chasse».

Après avoir longtemps marché, Carcajou arriva chez le renard et la chouette. Ensemble, ils partirent à la chasse au caribou. Ils en tuèrent un, puis, décidèrent de camper pour la nuit. Ils se bâtirent un campement, firent cuire le caribou et le dégustèrent. Après le repas, Carcajou se rembrunit. Il s'ennuyait de ses enfants. Le lendemain matin, le renard lui demanda combien de temps passerait-il en forêt pour arriver chez lui. Cinq jours et cinq nuit lui dit Carcajou. Le renard, Gardien du feu, montra à Carcajou comment le créer et lui en donna pour cinq utilisations. Sur le chemin du retour, Carcajou se demanda si le renard lui avait vraiment donner du feu. Il essaya d'en faire et cela fonctionna. Puis, il se questionna s'il en possédait vraiment pour cinq fois. Il créa alors quatre autres feux. Impressionné, Carcajou continua sa route. À la nuit tombée, il voulut s'allumer un bon feu, mais cela ne fonctionnait plus. Gelé, il dût rebrousser chemin jusqu'au campement du renard et de la chouette. Surpris de son retour, le renard demanda à Carcajou ce qu'il faisait là. Carcajou lui expliqua qu'il n'avait plus de feu. Le renard lui fit des remontrances et lui en donna une fois de plus, non sans l'avertir de l'utiliser seulement avant de se coucher.[5]


Messages transmis par les légendes[modifier | modifier le code]

Dans «Carcajou et la moufette», la légende sert principalement à expliquer la formation de certaines éléments de l'Univers. On y retrouve une explication de la taille des moufettes telles qu'on les connait aujourd'hui. Elles auraient été découpées par les animaux de la forêt qui souhaitaient venir en aide à Carcajou. Aussi, la cause de l'eau salée dans la mer est expliquée par le fait que, Carcajou, s'y est lavé les yeux après avoir été aspergé. L'urine de la moufette aurait rendu l'eau salée.[6] Une caractéristique qui ressort de cette légende est l'importance de la collectivité. Chez les peuples autochtones, la vie se fait en groupe et chacun est là pour aider l'autre. Cet aspect est apparent dans la légende lorsque les animaux de la forêt viennent en aide à Carcajou tout comme la communauté le ferait pour un de leurs confrères.[7]

Dans «Carcajou et l'apprentissage du feu», le mode de vie est mis de l'avant. Il présente la façon dont vivait les autochtones à l'époque et comment les hommes de la famille quittaient leurs enfants pour aller chasser. En effet, ils partaient pendant plusieurs jours afin de rapporter de la nourriture à leur femme et enfants. On retient aussi de cette légende qu'il faut réfléchir avant d'agir. Le Carcajou est un animal caractérisé par ses maladresses[8] et l'on en a la preuve dans ce récit puisqu'il gaspille le feu que le renard lui a donné et se voit obliger de rebrousser chemin.


L'importance du carcajou[modifier | modifier le code]

Carcajou

Selon Louise Côté, Louis Tardivel et Denis Vaugeois, l'importance du carcajou chez les Attikameks, réside surtout dans la littérature orale et la mythologie autochtone. Les premiers colons français qui ont rencontré cet animal malfaisant l'ont d'abord nommé «enfant du diable». Les autochtones l'appellent aussi sous le nom de quâ-quâ-sut, qui signifie diable-des-bois.[9] Son personnage, est utilisé pour enseigner puisqu'il a commis plusieurs bêtises, mais voulait aussi rendre le monde habitable par les êtres humains. Selon les légendes, ce sont ses maladresses qui ont donné à certaines choses leur caractère distinctif; la taille des moufettes, l'eau salée de la mer et la forme des plantes. Il apprend qu'en voulant profiter des autres, c'est souvent à soi-même que l'on joue des tours. C'est un personnage qui se distingue par le fait qu'il est au centre de tellement d'aventures qu'il faut plusieurs soirées pour les raconter toutes.[10] «Comme le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui, le Fripon n'est ni tout à fait bon, ni tout à fait mauvais».[11]


Conclusion[modifier | modifier le code]

Pour conclure, les légendes sont des récits qui existent depuis les origines et qui ont été transmises de générations en générations. Elles permettent de faire plusieurs apprentissage, mais parfois, il ne faut pas vouloir tout comprendre, seulement se laisser émerveiller par l'histoire.


Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Ministère de l'éducation (1994). Nitaskinan, notre territoire: Les Attikameks du Québec, [s.l.], Les publications Graficor, p.2
  2. Awashish, Basile, Lucien Awashish, Claude Lachapelle et Christine Laniel (1982). Carcajou, le glouton fripon: légendes amérindiennes Attikamèques, Éditions Appartenance, p.14
  3. Awashish, Basile, Lucien Awashish, Claude Lachapelle et Christine Laniel (1982). Carcajou, le glouton fripon: légendes amérindiennes Attikamèques, Éditions Appartenance, p.14
  4. Awashish, Basile, Lucien Awashish, Claude Lachapelle et Christine Laniel (1982). Carcajou, le glouton fripon: légendes amérindiennes Attikamèques, Éditions Appartenance, p.19-24
  5. Awashish, Basile, Lucien Awashish, Claude Lachapelle et Christine Laniel (1982). Carcajou, le glouton fripon: légendes amérindiennes Attikamèques, Éditions Appartenance, p.25-38
  6. Awashish, Basile, Lucien Awashish, Claude Lachapelle et Christine Laniel (1982). Carcajou, le glouton fripon: légendes amérindiennes Attikamèques, Éditions Appartenance, p.17
  7. Awashish, Basile, Lucien Awashish, Claude Lachapelle et Christine Laniel (1982). Carcajou, le glouton fripon: légendes amérindiennes Attikamèques, Éditions Appartenance, p.22
  8. Awashish, Basile, Lucien Awashish, Claude Lachapelle et Christine Laniel (1982). Carcajou, le glouton fripon: légendes amérindiennes Attikamèques, Éditions Appartenance, p.17
  9. Côté Louise, Louis Tardivel et Denis Vaugeois (1992). L'indien généreux: ce que le monde doit aux Amériques, Louiseville, Éditions du Boréal, p.90.
  10. Savard, Rémi (2008). «Trois joyaux de l'imaginaire algonquien», Québec français, no150, p.28
  11. Awashish, Basile, Lucien Awashish, Claude Lachapelle et Christine Laniel (1982). Carcajou, le glouton fripon: légendes amérindiennes Attikamèques, Éditions Appartenance, p.17


Médiagraphie[modifier | modifier le code]

- Awashish, Basile, Lucien Awashish, Claude Lachapelle et Christine Laniel (1982). Carcajou, le glouton fripon: légendes amérindiennes Attikamèques, Éditions Appartenance, 61p.

- Côté Louise, Louis Tardivel et Denis Vaugeois (1992). L'indien généreux: ce que le monde doit aux Amériques, Louiseville, Éditions du Boréal, 287p.

- Ministère de l'éducation (1994). Nitaskinan, notre territoire: Les Attikameks du Québec, [s.l.], Les publications Graficor, 40p.

- Savard, Rémi (2008). «Trois joyaux de l'imaginaire algonquien», Québec français, no150, p.28-31