Jean Claude Mathias Boutay

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Utilisateur:Doff86/Brouillon)
Mathias Boutay
Mathias Boutay Garde du corps du roi Charles X.
Biographie
Naissance
Décès
(à 40 ans)
Drapeau de la Grèce Achinos (en)
Nationalité
Activité
Autres informations
Grade militaire

Jean Claude Mathias Boutay, né à Sarreguemines le et mort à Achinos (en) (Grèce) le , est un philhellène français, ex-garde du corps du roi Charles X, puis capitaine des grenadiers qui a participé à la guerre d'indépendance grecque.

Origines[modifier | modifier le code]

Mathias Boutay naît le à Sarreguemines. Il est l'un des fils de Jean-Claude Boutay, ancien colonel, et de Madeleine Pierrot, fille d’un négociant en vins. Son père est connu pour avoir été accusé d'escroqueries pendant la Révolution et sous le Premier Empire.[réf. nécessaire]

Carrière militaire[modifier | modifier le code]

Selon son dossier de carrière militaire[1], Mathias Boutay, âgé de 16 ans, entre en service comme enrôlé volontaire dans le 100e régiment d'infanterie de ligne, le . Il fait les Campagnes d'Espagne de 1811, 1812 et 1813 et il obtient les grades de caporal, fourrier, sergent puis adjudant sous-officier le .

Au blocus de Landau le lieutenant Boutay est fait prisonnier[1],[2] du au .

Garde du corps du roi Charles X[modifier | modifier le code]

Gardes du corps du Roi (1820)

Automne 1815, Napoléon est exilé à Sainte-Hélène. La Restauration tente alors de balayer l’héritage de 1789. Symbole de l’Empire, la Grande Armée est dissoute.

Mathias Boutay est licencié du 30e Régiment de ligne le puis incorporé à la Légion du Haut-Rhin le en qualité de sergent, dans laquelle il sera nommé adjudant sous-officier le . Réengagé pour 4 ans le , il passe au 11e régiment de ligne le .

Boutay est nommé Garde du corps du Roi de 3e classe, sous-lieutenant, dans la compagnie de Luxembourg, par ordonnance du Roi du puis par lettre ministérielle du . Il part pour cette destination le [1].

Créée sous la Restauration, la Garde royale se compose d'hommes d'élite, choisis dans les corps de l'armée. D'après l'Annuaire officiel des officiers de l'armée active de 1822[3], l'uniforme de Garde du corps du Roi de Boutay se compose d'un habit bleu-de-roi, de retroussis bleu-de-roi, d'un collet écarlate et de boutons blancs.

Durant cette période, Louis XVIII tente d'assurer la transition d’un Empire napoléonien effondré vers une nation apaisée. À sa mort en 1824, c'est son frère qui lui succède sous le nom de Charles X. Une grande cérémonie est organisée à Reims pour son sacre, à la mode de l’Ancien Régime. Charles X est couronné Roi de France et de Navarre le , en la cathédrale de Reims.

Les Enfants adoptifs de Sparte et d'Athènes[modifier | modifier le code]

Mathias Boutay fait partie des membres fondateurs de la loge maçonnique Les Enfants Adoptifs de Sparte et d’Athènes[4], créée à Marseille le . Lors de la tenue de sa première séance[5], la loge est composée de 18 frères. Parmi ses membres, on trouve Louis Blondel, ex-garde du corps des Bourbons, et Canalle ancien officier ayant servi sous Napoléon. Ces vétérans désirent toujours défendre la liberté des peuples et des nations. Ils vont trouver dans ces loges maçonniques un réseau d'entraide et de sociabilité. Ils embarqueront depuis le port de Marseille puis arriveront en Grèce où une réunion est attestée le [6]. Parmi les nouveaux membres, on compte des officiers proches du colonel français Charles Nicolas Fabvier : Pisa, son aide de camp, Mollière qui appartient à son état major[4].

Guerre d'indépendance grecque[modifier | modifier le code]

Embarquement à bord de la Nouvelle Adeline[modifier | modifier le code]

La Nouvelle Adeline par Ange-Joseph Antoine Roux (Marseille 1765-1835)

Le 21 janvier 1826, âgé de 31 ans, Mathias Boutay embarque pour Smyrne, afin d'y défendre la cause des Grecs, à bord de la Nouvelle Adeline[4] au départ de Marseille[7]. Grâce aux enquêtes de police[8], on connait la composition de l’équipage : Théobald Piscatory est chef de l'expédition, Boutay est présenté comme ex-officier, Xavier Coreil est le capitaine du brick. Justin est maître carrier, Victor Barbier, ancien officier, Rivel, lieutenant en réforme, Georges Mergez, propriétaire, Clément Dumez, ex-militaire, Blondel[N 1] est ex-officier, Schaeck, François Canale et Pierre Roussette, sont trois étudiants en droit, Florence et Cheurlin sont deux tailleurs, Bessan est ex-marchand, Gaillard, militaire congédié, Decoetnempien est négociant et enfin Chauchard est lithographe. Outre le transport de passagers, l'expédition de la Nouvelle Adeline du 21 janvier 1826, dirigée par Piscatory, transporte 568 francs de médicaments, 200 sabres de cavalerie et 100 fusils, du matériel, les soldes des officiers ainsi que 5000 francs destinés au colonel Charles Fabvier.

Siège de l'Acropole[modifier | modifier le code]

Portrait du colonel Fabvier (1782-1855). Musée de la Guerre, Athènes
Siège de l'Acropole par Georg Perlberg (1807-1884)

Mathias Boutay sert au 2e bataillon d'infanterie régulière grecque comme capitaine des grenadiers.[réf. nécessaire] Il fait partie des hommes[9] qui, sous la conduite du colonel Fabvier, forcèrent le blocus pour se jeter dans Athènes assiégée, lors du Siège de l'Acropole en .

À Nauplie, le 23 août 1828, le philhellène et général de l'armée bavaroise Carl Wilhelm von Heideck, adresse une lettre à Jean Claude Boutay lui demandant de prendre le commandement de la Compagnie des Grenadiers du 2e Bataillon[10].[source insuffisante]

À Patras, le 14 janvier 1831, le maréchal allemand Carl Philipp Wrede écrit au général Gérard une lettre particulièrement longue et sur les affaires militaires, dans laquelle il recommande le capitaine Boutay[11] en tant que commandant du « Château de Morée ».[source insuffisante]

Mort[modifier | modifier le code]

Le capitaine d'infanterie Mathias Boutay est tué à Achinos, en [N 2], âgé de 40 ans.

Le philhellène suisse Henry Fornèsy compila en 1860 une liste de ses camarades, restée inédite et conservée à la bibliothèque nationale de Grèce. Sa notice sur Mathias Boutay donne les circonstances de sa mort. Il fut tué d'une balle dans la tête par un klephte nommé Petros Patras qui fut pour cela condamné à mort par une cour martiale à Missolonghi, selon Fornèsy[12],[N 3].

Les articles de presse de la Gazzetta privilegiata di Bologna (reprenant une dépêche de la Gazette d'Augsbourg)[13] et le journal Sundine[14] rapportent qu'un lieutenant-colonel, C. Goesmann, avait été informé de la présence d'un groupe important de brigands albanais à Achinos (en), dans les montagnes. Les brigands étaient dans une position favorable, dans une sorte de champ dégagé, et ils avaient équipé certaines maisons avec de solides meurtrières. Goesmann s'avança avec la cavalerie et se jeta sur les brigands. Les cinq plus audacieux furent aussitôt percés par les lanciers et les autres repartirent en poussant des cris. En entrant dans le village, que les brigands avaient investis, partout les soldats furent exposés à leur feu en sourdine. Trois attaques furent tentées, en vain, et beaucoup de soldats furent perdus, y compris le capitaine Boutay, philhellène, et deux officiers d'un sous-détachement, qui ont été capturés et que les voleurs ont maltraités jusqu'à la mort avec une véritable cruauté.

Le lendemain, des bergers aperçurent la tête de l'infortuné Boutay au sommet d'un poteau[14], à côté du drapeau blanc que les brigands dressaient hardiment au sommet de leur position. La bande, forte de 400 individus, était bien supérieure aux soldats qui durent retourner à Lamia après cette perte douloureuse.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Arche de Touret, Nauplie.

Jean Claude Mathias Boutay est mort avec le grade de capitaine d'infanterie. Il a été nommé Chevalier de l’Ordre du Sauveur[12].

Le nom de Boutay est inscrit aux côtés de ceux des autres philhellènes sur le monument dit « Arche de Touret »[15] édifié en 1840 dans l'église de la Transfiguration du Sauveur à Nauplie à l'initiative d'un autre philhellène natif de Sarreguemines, le colonel Auguste Hilarion Touret (1797-1858).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (fr) Anastasia Tsagkaraki, Les Philhellènes français dans la lutte pour l'indépendance grecque : La contribution des Français à l'organisation de l'armée régulière grecque pendant la période 1821-1831, Athènes, Mémoire de spécialisation de diplôme supérieur, Université nationale et capodistrienne d'Athènes, , 151 p. (lire en ligne)
  • (en) Andreas C. Rizopoulos, « European Freemasons and the Greek War of Independence », Heredom, vol. 13,‎ , p. 223-246

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Extrait de Henri Fornèsy, « Catalogue nominatif des philhellènes morts en Grèce », in Tsagkaraki 2019, p. 83 : « Blondel : Ex-garde-du corps sous les Bourbons. Il était un des quatre chefs de section de la compagnie des philhellènes, à la bataille de Chaïdari, et était au siège de l’Acropoles (sic). Il a servi ensuite sous le généraux Church et Dentzel, puis a été capitaine commandant d’une compagnie d’infanterie régulière. Brave et excellent officier ».
  2. la notice de Fornèsy, «Catalogue nominatif des philhellènes morts en Grèce», in Tsagkaraki 2019, p. 83, indique le 16 février (sans mention du calendrier utilisé) ; l'article de Sundine indique le 16/28 février (les deux dates correspondant aux calendriers julien et grégorien) ; la source utilisée par Barth et Kehrig-Korn (Die Philhellenenzeit p.83) indique le 29 février.
  3. Extrait de Henri Fornèsy, « Catalogue nominatif des philhellènes morts en Grèce », in Tsagkaraki 2019, p. 84 : « Tombé dans une embuscade de brigands, contre lesquels il avait été envoyé, il tomba raide-mort, frappé d’une balle au front par le dénommé Petros Patras. Lorsque Patras fut arrêté, condamné à mort par la cour martiale de Missolonghi et fusillé, il exprima le regret, non de ce qu’il appelait un exploit, mais de la méprise d’avoir atteint un philhellène français, au lieu, selon son intention prétendue, d’un de ces étrangers, nouveaux-venus, qu’il haïssait mortellement ».

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Dossier militaire Jean Claude Mathias Boutay, cote SHD_GR 2YE 520, Archives Historiques de la Défense
  2. Allgemeine Zeitung München: 1814 (lire en ligne).
  3. « Annuaire officiel des officiers de l'armée active de 1822, France. Ministère de la guerre ».
  4. a b et c Rizopoulos 2005, p. 238, 239, 244.
  5. Walter Bruyère-Ostells, La grande armée de la liberté (lire en ligne).
  6. « Fiche “Boutary” dans le fichier Bossu des Francs Maçons ».
  7. L'expédition de la Nouvelle Adeline (commandée par le capitaine Coreil) est la deuxième expédition commanditée par le Comité philhellène de Paris, dirigée par Théobald Piscatory. Pierre Échinard, Grecs et Philhellènes à Marseille : de la Révolution française à l'indépendance de la Grèce, Institut historique de Provence, 1973, p. 207.
  8. « Embarquement pour Smyrne, afin d'y défendre la cause des Grecs, sur la Nouvelle Adeline... », Archives Nationales F/7/6678-F/7/6784 - Dossier 16.
  9. « Revue de France, volume 1, numéro 2, 1921 ».
  10. « Brief von Karl Wilhelm von Heideck an Jean Claude Boutay ».
  11. « The valuable Napoleonic collection of Warren C. Crane... [11/13/1913] (pg. 394) ».
  12. a et b Tsagkaraki 2019, p. 84.
  13. « Gazzetta privilegiata di Bologna », Numero 55,‎ , p. 17 (lire en ligne).
  14. a et b Sundine, Unterhaltungsblatt für Neu-Vorpommern und Rügen, n°88 (31/10/1836), Hauschildt, (lire en ligne).
  15. Wilhelm Barth et Max Kehrig-Korn, Die Philhellenenzeit, Munich, Max Hueber Verlag, 1960, p.83