Utilisateur:Bruinek/Après-coup

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Concept central de la métapsychologie en relation avec la conception de Sigmund Freud de la temporalité et de la causalité psychique. Freud emploie ce terme pour marquer le remaniement après coup par le psychisme d'événements passés, ce qui leur confère « un sens et même une efficacité ou un pouvoir pathogène »[1]
. Ce concept fait sortir la vision métapsychologique de Freud d'une conception traumatique linéaire telle qu'elle a été héritée de la neurologie et celle de Charcot en particulier. L'exemple le plus connu est celui d'une patiente de Freud Emma qui est mentionné dans les Etudes sur l'hystérie. Adulte elle souffre d'une "phobie" anxieuse d'entrer dans les magasins. Au cours de la talking-cure, on découvre qu'adolescente elle avait été traumatisée par le rire de deux jeunes hommes dans un magasin, dont l'un lui plaisait (Scène I). En poursuivant l'association d'idées, on tombe sur un deuxième traumatisme: un abus d'un marchand alors qu'elle avait huit ans (Scène II). De toute évidence la connotation sexuelle de la scène I alors et alors seulement apparaît à la jeune femme qui la refoule et forme alors son symptôme hystéro-phobique. Dans la scène II, il y a une excitation non métabolisable psychiquement qui est donc connotée sexuellement dans la scène d'adolescence. L'après-coup repose sur une vision temporelle dynamique - interactive entre le premier traumatisme et le deuxième. Freud sort ainsi de la simple idée d'un trauma originel à retrouver puis à abréagir qui est l'idée qui domine encore la plupart des interventions psychothérapeutiques modernes.

L'après-coup est une traduction dans le texte freudien de l'adjectif-adverbe nachträglich et du substantif féminin Nachträglichkeit : la base verbale du concept dans sa langue de départ en allemand est donc « tragen » qui signifie « porter »; le préfixe verbal « nach » veut dire « après ». Mais l'origine de cet « après » est située « avant », comme l'exprimerait par exemple dans le registre affectif le sentiment de la « rancune » qui se traduit en allemand par le verbe nachtragen.

La traduction française de l'après-coup est introduite par Jacques Lacan.

Par ailleurs, la traduction anglaise deferred (adj.), deferred action pourrait ou devrait être avantageusement remplacée par le couple afterwards - afterwardsness « avec toute la théorie qu'il suppose » [2] (Proposition de Jean Laplanche).

Le concept d' après-coup est lié à la théorie de la séduction et pose le problème du rapport de la réalité psychique à la factualité ou à la perception d'un fait.
Dès lors, l'apport de Jean Laplanche dans le cadre de la théorie de la séduction généralisée et de son corrélat de la théorie de la traduction (à la suite de la fameuse lettre 52/112 de Freud à Wilhelm Fliess dans les débuts de la psychanalyse) s'avère essentiel: La traduction des messages énigmatiques compromis avec l'inconscient de l'autre (adulte: dans la sexualité infantile) élargit considérablement la notion d'après-coup à celle du message adressé par l'autre - alors que « l'après-coup  » lacanien comportait encore un sens interprétatif rétroactif de l'adresse à l'Autre selon une conception de la « vérité » assez influencée à cette époque française de la psychanalyse par la finitude selon Heidegger[3].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jean Laplanche - Jean-Bertrand Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse, Paris, 1967, éd. 2004 PUF-Quadrige, No 249, (ISBN 2130546943), p. 34.
  2. Jean Laplanche,Problématiques VI: L'après-coup , Paris, PUF, 2006, (ISBN 213055519 5)., p. 32.
  3. Cf. Jean Laplanche,Problématiques VI: L'après-coup , Paris, PUF, 2006, (ISBN 213055519 5), p. 16-18.


Bibliographie[modifier | modifier le code]