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Hérodote, l'ami des Barbares ?[modifier | modifier le code]

Introduction[modifier | modifier le code]

Bonjour amis de l'histoire antique. Je vais vous parler aujourd'hui d'Hérodote, considéré comme le père de l'histoire européenne. Il fut en tout cas le premier prosateur et historien dont nous avons conservé l'œuvre complète, intitulée les Histoires, terme qui signifie littéralement Enquêtes. Il vécut au Ve siècle avant notre ère et fut contemporain de la guerre du Péloponnèse. Il était un grand voyageur, visitant notamment l'Égypte et l'empire perse. Et nombre de peuples voisins proches ou lointains des Grecs nous sont connus grâce à ces écrits, comme les Égyptiens, les Perses, les Scythes ou les Thraces. Il s'intéressa à leur coutume et à leur mode de vie, sans porter de jugement autrement que pour montrer qu'ils étaient différents de ceux des Grecs. Il était même vu comme l'ami des barbares au grand dam de certains auteurs antiques. Tout cela fait d'Hérodote le précurseur, outre de l'histoire, celui de la géographie, de l'ethnologie et de l'anthropologie. Longtemps occultée par la figure écrasante de Thucydide, son œuvre, qui mêle histoires, anecdotes et légendes, mérite une totale réhabilitation. Je m'intéressai ici plus particulièrement au sujet de la perception chez Hérodote des Barbares en guise de conclusion du cycle consacré aux interactions entre les Grecs et les peuples voisins. Concernant mes sources, je m'appuierai sur diverses pages Wikipédia ainsi que sur des introduction de traduction des Histoires et sur le Dictionnaire de l'Antiquité (liens en descriptions).

1 - Origines et voyages d'Hérodote[modifier | modifier le code]

La vie d'Hérodote reste relativement obscure. Ce que nous savons de lui est essentiellement tiré de ses propres œuvres, même si des notices lui furent consacrées par Denys d'Halicarnasse, Plutarque, Lucien et la Souda. Hérodote est né vers 484 av. J.-C. à Halicarnasse en Carie, l'actuelle Bodrum, au sud-ouest de l'Anatolie. La Carie, qui fut d'abord colonisée par les Phéniciens, fut peuplée par des Doriens autour du début du Ier millénaire. Connue pour abriter le Mausolée d'un satrape perse classé parmi les Merveilles du monde antique, Halicarnasse fut d'abord une colonie de la cité achéenne de Trézène en Argolide. Puis la cité passa sous la domination des Doriens qui fondèrent l'hexapole dorienne, une confédération réunissant six cités de Carie et de Rhodes, expliquant que la région fut aussi appelée la Doride. Halicarnasse avait une position à part dans le monde grec car elle était à la frontière du monde barbare. Du temps de la deuxième guerre guerres médiques, sa fameuse reine Artémise combattit d'ailleurs du côté des Perses à la bataille de Salamine. Hérodote appartenait à une famille dorienne notable. Certains historiens pensent qu'il était le neveu de Panyasis, un éminent poète épique que l'on comparait en son temps à Homère. Il reçut une éducation soigné typiquement grecque et lut probablement la description de l'Asie par Hécatée de Milet, l'histoire de la Lydie par Xanthos et l'histoire de la Perse par Charon de Lampsaque qui inspireront ses travaux. En 469, il fut contraint de suivre sa famille en exil à Samos à la suite d'un conflit avec le tyran Lygdamis. Durant cet période d'exil, il entreprit quinze années de voyages dont il rendit compte dans ses Histoires. Il voyagea peut-être seul, peut-être avec des amis. Il séjourna d'abord en Égypte, puis à Cyrène en Lybie. Il retourna par la Phénicie en passant par Tyr. Il visita aussi Babylone puis alla jusqu'en Colchide, en Géorgie actuelle, et à Olbia, une colonie grecque sur les rives nord de la mer Noire. Il termina son périple par un séjour en Macédoine. À noter qu'il mentionna n'avoir trouvé aucune trace des Hyperboréens présents dans les légendes grecques. Son voyage en Égypte fut le plus important pour ses travaux futurs. Il fut si impressionné par la grandeur et la singularité de ce pays qu'il lui consacra une importante digression dans ses Histoires. Son récit, qui mêle description du présent et du passé de l'Égypte, représente encore de nos jours un moyen indispensable pour comprendre la civilisation égyptienne, malgré quelques erreurs mineures dans la chronologie ou la généalogie des pharaons. De retour à Halicarnasse, Hérodote participa à l'insurrection qui renversa le tyran. Peu de temps après, il fut de nouveau inquiété pour des raisons politiques et dût s'établir à Athènes où il se lia d'amitié avec Sophocle qui écrivit un poème en son honneur dont on a conservé quelques fragments grâce à Plutarque. À cette époque éclata la guerre du Péloponnèse et il jugeait comme tragiques les luttes entre cités grecques. Durant cette période, il visita notamment Delphes et Olympie. Il suivit ensuite les colons qui, à l'initiative de Périclès, partirent fonder Thourioi, dans le sud de l'Italie. C'est là qu'il finit la rédaction de ses Histoires et qu'il mourût vers 420.

2 - Les Histoires d'Hérodote[modifier | modifier le code]

L'Enquête ou les Histoires, du grec ancien Historíai est la seule œuvre connue d'Hérodote. Le titre signifie littéralement « recherches » ou « enquêtes ». C'est le plus ancien texte complet en prose que nous ayons conservé de l'Antiquité, les textes plus anciens connus comme ceux d'Homère, de Parménide ou d'Hésiode étant écrits en hexamètres. Le texte est écrit en ionien, la langue des grands penseurs grecs. Hérodote publia probablement ses Histoires vers 445 sachant que la composition de ce texte s'étala sur plusieurs années. Une tradition veut qu'Hérodote fit une lecture publique de son travail à Athènes, pour lequel il reçut une récompense officielle qui se serait élevée à dix talents, une somme considérable, sachant qu'un talent correspond à l'époque à environ 25 kg d'argent. Son œuvre fut sans doute l'objet de lecture publique avant d'être publiée dans l'ensemble du monde grec à la fin du IVe siècle. Hérodote présente dans le préambule ses intentions : « Hérodote d'Halicarnasse présente ici les résultats de son Enquête afin que le temps n'abolisse pas le souvenir des actions des hommes et que les grands exploits accomplis soit par les Grecs, soit par les Barbares, ne tombent pas dans l'oubli ; il donne aussi la raison du conflit qui mit ces deux peuples aux prises ». Le but principal de ses Histoires était donc de raconter les guerres entre les Grecs et les Perses durant les guerres médiques ; mais son ouvrage était aussi l'occasion de proposer un tableau complet des peuples voisins des Grecs et d'enquêter sur leur mode de vie. Il délaissa le temps des héros pour s'intéresser au temps des hommes et aux causes des événements. Il décrivait ce qu'il avait vu de ses yeux, sous le terme d'autopsie, ou entendu, tout en donnant son avis personnel et en faisant le tri entre les informations. Ses sources directes étaient souvent des interprètes, ce qui explique les nombreuses erreurs commises. D'ailleurs son récit sur les origines des Hellènes liés aux migrations des Achéens, puis des Ioniens et des Doriens, doit être pris avec précaution, alors même qu'il est repris sans recul dans nombre de publications modernes ; même chose pour les Pélasges, les habitants indigènes de l'Hellade, dont l'existence propre n'est pas confirmée par l'archéologie ou pour les origines lydiennes des Étrusques qui ne concernaient qu'une partie de leur aristocratie. En dehors des faits historiques, Hérodote s'intéressait aux merveilles de la nature, aux grands monuments, aux prodiges des dieux et aux oracles. Dans son récit les dieux pouvaient intervenir dans les affaires humaines et abattre par jalousie les rois trop puissants comme Crésus ou Xerxès. Les dieux trompaient aussi les hommes par des oracles ambigus.

3 - Composition des Histoires[modifier | modifier le code]

Les Histoires d'Hérodote se composent de neuf livres, chacun portant le nom d'une muse. Ce découpage ne fut pas le fait de l'auteur ; ce furent probablement des grammairiens d'Alexandrie qui au IIe siècle av. J.-C. organisèrent l'ouvrage de cette façon. La taille de l'ouvrage devait en effet s'adapter au livre de l'époque, c'est à dire un rouleau de papyrus qui, pour ne pas s'enrouler ou se dérouler trop difficilement, ne devait pas être d'une taille excessive. Dans le prologue, il évoque des faits mythologiques liés à des enlèvements survenus entre l'Asie et la Grèce : Io enlevée par les Phéniciens ; Europe et Médée par les Grecs ; Hélène par les Troyens. Il cherche par là à montrer l'opposition séculaire entre Europe et Asie. Les livres I à IV sont consacrés à l'essor de l'Empire perse. Au livre I, il évoque la victoire de Cyrus le Grand sur le royaume de Lydie de Crésus, sa conquête de l'Assyrie et sa dernière campagne contre les Massagètes, un peuple scythique. Au livre II, il offre une description minutieuse de l'Égypte restée dans la postérité. Au livre III, il décrit la conquête de l'Égypte par les Perses, les complots à la cour achéménide et la révolte de Babylone. Au livre IV, il décrit le règne de Darius et son expédition contre les Scythes, évoquant en détail leur culture de cavaliers nomades ; il évoque aussi les campagnes des Perses en Libye et l'histoire de Cyrène. Les livres V et VI sont consacrés à la première guerre médique. Au livre V, il expose les causes de la révolte de l'Ionie et offre des digressions sur l'histoire de Sparte et d'Athènes. Dans le livre VI, il décrit la réaction des Grecs, le débarquement en Grèce des Perses et la victoire des Grecs à Marathon. Les livres VII à IX sont consacrés à la deuxième guerre médique. Au livre VII, il décrit l'invasion de la Grèce par les armées de Xerxès et la bataille des Thermopyles. Au livre VIII, il narre la victoire de la flotte grecque à Salamine et la retraite de Xerxès. Au livre IX, il décrit la victoire finale des Grecs à Platées et leurs dernières campagnes navales en Asie Mineure, concluant ses Histoires par ces événements.

4 - Critique des Histoires[modifier | modifier le code]

Contrairement à Thucydide et à Polybe, ses plus proches continuateurs, il existe encore chez Hérodote une part de fable et de mythologie, même si elle reste assez mince. Il n'est pas l'inventeur de l'histoire politique. Cet honneur revient à Thucydide qui décrivit avec force de détails la guerre entre Athènes et Sparte et les mécanismes qui amène une puissance dominante et une puissante émergente à s'affronter, le si contemporain piège de Thucydide. Le style d'Hérodote est simple à lire et pittoresque. Hérodote peut parfois se montrer poète en hommage à Homère qu'il admire. Thucydide choisit de commencer son histoire de la guerre du Péloponnèse là où Hérodote s'était arrêté, c'est à dire au siège de Sestos par les Grecs en 479, ce qui montre que les textes d'Hérodote étaient vus comme assez exacts pour ne pas avoir à subir de réécriture ou de corrections. Pour autant Thucydide, sans le nommer, critiquait ceux qui cherchaient plutôt le plaisir du lecteur que la vérité des faits. Aristote le qualifiait de mythologue et d'autres auteurs tardifs d'affabulateur. Cicéron fut, au Ier siècle avant notre ère, le premier à le surnommer le Père de l'histoire. Plutarque le critiquait pour ses erreurs et ses affabulations tout en reconnaissant ses qualités. Sa partialité à l'égard d'Athènes fut aussi soulignée par Plutarque. Mais ces accusations, faites cinq siècles plus tard, apparaissent exagérées, même s'il est vrai qu'Hérodote montrait une certaine crédulité face aux anecdotes dont il était friand. Durant la Renaissance, l'œuvre d'Hérodote fut être redécouverte mais sa bienveillance envers les Barbares suscitait la méfiance dans une Europe en pleine redécouverte du passé gréco-romain. Au XVIIIe siècle, l'abbé Barthélemy, auteur du Voyage du jeune Anarchasis en Grèce, un ouvrage très populaire à son époque, écrivit qu'Hérodote « ouvrit aux yeux des Grecs les annales de l'univers connu ». À partir du XIXe siècle, sa œuvre commença à être réhabilitée grâce aux travaux des archéologues qui confirmèrent sa version des faits ou ses descriptions de lieux ou de monuments. La vision moderne dominante est qu'Hérodote réalisa un travail remarquable mais que certains détails spécifiques, en particulier les effectifs des armées et les pertes dans les batailles, sont à considérer avec précaution. Néanmoins, il reste des historiens qui considèrent qu'Hérodote inventa la plupart de ses voyages ainsi que ses sources de références. Hérodote montrait effectivement un gout pour le merveilleux et pour lui la vérité était un concept flou ; on trouve même des passages où il justifiait le mensonge. Mais tout ça ne suffit pas aux yeux de la grande majorité des savants d'aujourd'hui pour faire de lui un affabulateur. Hérodote montrait son sens du tragique, sa capacité à tenir le lecteur en haleine par un récit bien construit mais aussi son habileté à rapporter les contes populaires, le merveilleux et les descriptions ethnographiques. L'essor de l'anthropologie et de l'ethnologie au cours du XXe siècle le réhabilita définitivement, même s'il parait plus comme un conteur que comme un historien politique comme le fut Thucydide.

5 - Hérodote, le premier des anthropologues[modifier | modifier le code]

Hérodote fut un voyageur infatigable empli de curiosité. À travers ses voyages en Afrique et en Asie, il observa les sites, les distances, les productions, les mœurs et les religions des pays traversés. Il décrivit au final plus d'une centaine de peuples différents. Il puisa dans leurs archives et dans leurs inscriptions les faits importants et les généalogies royales. Et partout il se lia avec les hommes les plus instruits. Sa description de l'Égypte représente une source de premier plan pour la connaissance de son histoire et de sa géographie. Son récit, très précis, prouve qu'il voyagea en Égypte, de Memphis à Thèbes, et aussi qu'il s'entretint avec des prêtres. Hérodote écrivit aussi, à tort, que presque tous les noms des dieux grecs étaient venus d'Égypte. Évoquons maintenant sa vision des barbares. Pour le Grec, le barbare, dont le terme dérive d'une onomatopée incompréhensible pour un Grec, désigne d'abord un individu dont le langage lui apparaissait inintelligible. Il s'agissait donc au départ d'un simple critère linguistique. Le terme, qui fut popularisé par Hérodote, ne désignait donc pas des peuples jugés moins civilisés, comme on le croit trop souvent. Il était en effet utilisé pour désigner les Égyptiens, les Babyloniens et les Perses dont les civilisations étaient jugées brillantes par bien des savants grecs. En revanche, les peuples celtes, germaniques, thraces, slaves, scythes ou berbères étaient considérés comme des barbares peu, voire pas du tout, civilisés. Pour le grec, comme l'explicitera plus tard Aristote, le Barbare était d'abord celui qui ne vivait pas en cité, qui n'était pas régi pas le logos et qui était soumis à l'arbitraire d'un despote. Hérodote se montrait donc assez bienveillant envers les Barbares qu'il décrivait sans mépris ni animosité de principe. Il passait même aux yeux de Plutarque, qui rédigea un traité à charge contre lui, pour un philobarbaroi, un ami des barbares, une expression qui se voulait donc dédaigneuse. Plutarque accusait Hérodote de ne pas avoir été suffisamment pro-grec, ce qui finalement prouve qu'Hérodote réalisa un travail remarquable en étudiant sans préjugés les coutumes des Barbares. Il montrait même une fascination certaine pour les cultures d'Égypte et de Mésopotamie. À travers ses récits, Hérodote ne se contentait pas de décrire les peuples non-grecs comme des entités étrangères ou hostiles,. Il cherchait également à comprendre leurs coutumes, leurs croyances, leurs rituels funéraires et leurs motivations. Il adoptait néanmoins une grille de lecture typiquement grec en recherchant par exemple les équivalents grecs aux dieux barbares ou à certains rites. En montrant une approche comparatiste et ethnographique, il soulignait la diversité et la richesse des cultures rencontrées au cours de ses voyages et enquêtes, rejetant toute vision simpliste ou ethnocentrique. Nous lui devons donc beaucoup concernant le mode de vie des Perses, des Égyptiens, des Scythes, des Thraces ou des Lydiens. Son récit permit finalement de renforcer l'idée même d'être Grec, en comparaison des peuples voisins. Mais quand ces mêmes barbares devinrent les ennemis des Grecs, comme ce fut le cas des Perses dont la puissance allait croissante, alors Hérodote se montrait comme un ardent défenseur de l'unité des Grecs face aux hordes barbares et à leur rois despotiques. À l'heure de la bataille de Marathon, il soulignait le fait que les Grecs, si souvent divisés, ne devaient pas trahir leur alliance sous peine d'être envahis et de disparaitre. Dans le prologue des Histoires, les Grecs et les Barbares étaient donc traités de manière équitable mais à mesure que le danger de l'invasion perse s'étendit, le Barbare devient le destructeur de liberté. Il témoignait finalement d'un aspect prégnant de la culture grecque antique : le barbare était l'objet d'intérêt et de respect tant qu'il ne menaçait pas la patrie.

Conclusion[modifier | modifier le code]

Indéniablement, Hérodote joua un rôle crucial dans la préservation et la transmission de la mémoire des cultures non-grecques de son époque. À travers son œuvre monumentale, il offrit au monde antique et aux générations futures une vision profonde et nuancée des interactions entre les Grecs et les peuples voisins. Cependant, malgré cette volonté d'ouverture et de compréhension, l'œuvre d'Hérodote n'est pas exempte de préjugés et de stéréotypes propres à son époque. Son usage du terme Barbares, bien que dénué de connotations péjoratives dans certaines occurrences, reflète une conception hiérarchique du monde où la Grèce occupe une position centrale. De plus, sa vision des conflits entre Grecs et non-Grecs est parfois teintée d'un sentiment de supériorité culturelle, même s'il reconnaît également les mérites et les accomplissements des peuples qu'il qualifie ainsi. Finalement, l'œuvre d'Hérodote représente un jalon essentiel dans l'histoire de la littérature et de la pensée historique occidentale. En dépit de ses limites et de ses préjugés, elle demeure une source précieuse pour la compréhension des relations entre les Grecs et les Barbares dans l'Antiquité et continue d'inspirer les chercheurs et les passionnés d'histoire par sa profondeur et sa richesse. Ainsi se termine cette vidéo, j'espère qu'elle vous a intéressée. Merci pour vos vus, vos likes et vos abonnements et à bientôt pour d'autres découvertes.