Utilisateur:Aliesin/Le capitalisme au XIXe siècle

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La croissance du capitalisme industriel au XIXe siècle[modifier | modifier le code]

La naissance de la grande industrie[modifier | modifier le code]

Les premiers pays industrialisés[modifier | modifier le code]

Les pays d'industrialisation tardives[modifier | modifier le code]

Institution de l'économie de marché[modifier | modifier le code]

Selon Karl Polanyi (La Grande Transformation, Aux origines de notre temps, 1944), l'Occident a connu depuis la fin du XVe siècle, une généralisation des relations de marché. Il note toutefois que la prépondérance de celles-ci sur les relations traditionnelles, basées par exemple sur le don, le servage, le travail collectif … ne devient effective qu'au XIXe siècle. C'est en effet durant cette période que se met en place en Occident une civilisation dont l'économie repose sur le marché autorégulateur, l'État libéral, l'étalon-or comme système monétaire international, et l'équilibre des puissances depuis la fin des guerres napoléoniennes.

Pour décrire cette transformation, K. Polanyi reprend l'exemple de l'avènement du marché du travail en Grande-Bretagne. Le système traditionnel encadrait le travail par d'importantes restrictions juridiques. Les corporations imposaient des règles, davantage basées sur la coutume que sur les lois du marché, concernant aussi bien les rapports entre maîtres, compagnons et apprentis, que les conditions de travail ou les salaires. Ces derniers étaient par exemple annuellement évalués par des fonctionnaires.

Encore en 1795, des juges de Speenhamland, un village de Grande-Bretagne, avaient décidé d'accorder des compléments de salaires, voire un revenu minimum aux indigents. Cette décision inspira la Grande-Bretagne entière et l'instauration d'un marché du travail, basé sur l'idée libérale que seul le travail doit être source de revenu, se heurtait à l'idée charitable que quiconque a un « droit de vivre ». Cet obstacle, critiqué par les classiques de l'économie et certaines philosophes utilitaristes fut finalement levé en 1834 avec la disparition des poor laws (cf. supra).

Le dogme du marché autorégulé s'impose alors à la Grande-Bretagne (et par la suite au Royaume-Uni), et est complété par de nouvelles mesures qui vont former un système cohérent propice à l'expansion du grand capitalisme. Afin de garantir la régulation du marché, on indexe l'émission monétaire sur l'encaisse-or en 1844. Cette discipline monétaire, adopté par la plupart des nations dans la seconde moitié du XIXe permet la stabilisation, ou l'autorégulation, des balances des paiements, suivant le principe des points d'entrée et de sortie d'or. Cette rigueur monétaire induit une déflation continue au XIXe qui nécessite une baisse proportionnelle des salaires nominaux (afin de garantir les profits), que seules les durs lois du marché peuvent imposer aux travailleurs. De même, afin de garantir une stabilité du pouvoir d'achat des travailleurs, malgré la baisse des salaires nominaux, le libre-échange s'impose comme moyen d'alimenter la baisse des prix par l'importation de produits étrangers à moindres coûts, d'où l'abolition des corn laws (lois protectionnistes sur le blé) en 1846 (cf infra).

Vers la domination d'un capitalisme industriel[modifier | modifier le code]

La Guerre de Sécession est souvent interprétée le conflit d'une société tradionnelle et agricole s'opposant à la marche vers le capitalisme industriel (Bataille de Fredericksburg, 13 décembre 1862)

L'opposition entre les grands capitalistes agricoles et d'autres parties de la population ne va malgré la révolution agricole pas tarder à se manifester. Dès 1776, Adam Smith écrit :

« Les propriétaires, comme tous les autres hommes, aiment à recueillir là où ils n'ont pas semé. »

Le capitalisme agricole, qui cherche à alimenter la hausse des prix par le protectionnisme (via les Corn Laws), va alors s'opposer au capitalisme industriel. En 1810, l'économiste et parlementaire David Ricardo (Essai sur l'influence du bas prix du blé) pense que l'ouverture du pays aux importations agricoles permettra, grâce à la faiblesse du prix des subsistances, de réduire les salaires et donc de favoriser l'industrie. De fait, c'est bien un lobby d'industriels du textile (l'Anti Corn Laws League) qui, au terme d'une bataille politique incertaine contre les grands propriétaires fonciers, fera abroger les Corn Laws en 1846. Le capitalisme libéral remporta alors l'un de ses premiers triomphes.

À l'inverse, aux États-Unis, le Sud, qui repose sur une agriculture esclavagiste, est libre-échangiste, tandis que le Nord, qui développe un capitalisme industriel, est protectionniste. Durant les décennies précédant la Guerre de Sécession, des propriétaires du Sud prétextaient d'ailleurs que la condition de l'ouvrier du Nord n'était que rarement enviable à celle de l'esclave du Sud. Ils dénonçaient donc souvent l'appétit que les capitalistes dissimulaient derrière les discours abolitionnistes. L'imposition du capitalisme se traduisit donc par un ancrage profond de l'économie dans le protectionnisme qui a permis un essor rapide de nouveaux secteurs industriels..

Histoire sociale du XIXe[modifier | modifier le code]

La direction des firmes[modifier | modifier le code]

Le capitalisme reste au XIXe siècle essentiellement familial (à l'exception de quelques grandes sociétés déjà évoquées). Les noms des grandes familles industrielles et financières les plus connues de nos jours évoquent toujours cette période : Rothschild, Schneider, Siemens, Agnelli,... C'est dans une optique familiale que se développe le grand capitalisme : on s'accorde pour éviter la dispersion de l'entreprise entre les héritiers, tandis que les « fusions » de l'époque se font par l'entremise d'alliances matrimoniales.

Dans la seconde partie du siècle, une nouvelle bourgeoisie s'impose, non celle des propriétaires mais celle des diplômés. En France par exemple, les Grandes Écoles fournissent l'essentiel des nouveaux entrepreneurs (Armand Peugeot, André Citroën, etc.). Mais l'arrivée de ces diplômés à la tête des grandes entreprises ne brise pourtant pas la tradition familiale :

« Dans un cas de figure repris souvent dans les romans, l'ingénieur brillant pouvait succéder au patron après avoir épousé sa fille. »
(Patrick Verley)

Le développement de la législation sur les sociétés anonymes (libéralisation totale en 1856 au Royaume-Uni, 1867 en France et 1870 en Prusse), permet progressivement à des capitaux anonymes de se joindre à ceux des grandes dynasties industrielles.

La condition ouvrière[modifier | modifier le code]

Une usine de verre de l'Indiana, au XIXe siècle, où travaillent entre autres des enfants

L'opposition entre le « capital » et les travailleur s'illustre dès les débuts de la première révolution industrielle. Les modifications du travail et de son organisation engendrées par l'arrivée de machines entraînent pour les travailleurs une source de chômage, mais surtout de déqualification. Adam Smith (Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776) reconnaît que le développement du machinisme et la division du travail abrutissent les Hommes et amène à les considérer comme de simples machines devant réaliser un même geste simple toute la journée. En 1811, les ouvriers du Nottinghamshire se révoltent, inspirés par la légende du célèbre Robin des Bois, sous la direction d'un mythique Ned Ludd, pour détruire les machines, devenues leurs ennemies. Il en fut de même en 1831, lors de la « révolte des Canuts » (ouvriers de la soie Lyonnais).

De fait, pour les capitalistes, la machine a longtemps primé sur l'Homme. C'est ce dernier qu'on adapte. Lorsqu'un accident le prive d'un bras, on change l'Homme sans s'inquiéter de l'adéquation de la machine. Lorsque la machine et certains de ses composants sont d'accès difficiles, on emploie les enfants, dont la taille permet d'aller dans des endroits peu accessibles. Ce malheur ouvrier n'échappe pas aux premiers économistes classiques qui voient les débuts de l'industrialisation.

« Désespérés, réduits à l'alternative de mourir de faim ou d'arracher à leur maître par la terreur la plus prompte condescendance à leur demande. »
Adam Smith, Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776

Sous la pression du développement du mouvement ouvrier et de la question sociale, le législateur va devoir réagir pour améliorer les conditions de vie des travailleurs. Des lois vont progressivement améliorer le temps de travail, les conditions de travail, le premier âge du travail, l'accès aux soins, à la « retraite », etc. Dès 1833 au Royaume-Uni avec le Factory Act) mais de façon très progressive puisque la loi de 1833 ne fait que limiter à 9 h par jour le travail des enfants de moins de 13 ans. Les problèmes humains ne se résoudront donc que tardivement.

Cette période voit aussi se développer de nouvelles formes de solidarité entre travailleurs qui s'auto-organisent pour faire face à un dur quotidien. Les formes modernes de l'économie sociale se développent en opposition au capitalisme et proposent des services aux salariés. Dans un premier temps, les premières mutuelles servent à financer les enterrements, puis elles étendent leur champ d'action au financement des jours de grèves, puis aux congés maladie et à la retraite.

Certains grands patrons ne seront pas insensibles à la misère du monde ouvrier, et s'illustreront par leur paternalisme, par leur philanthropie et leurs méthodes de travail tout aussi avant-gardistes que compétitives. Robert Owen, commença ainsi à poser les bases du mouvement coopératif dans son usine de New Lanark, en proposant à ses ouvriers aussi bien des cours du soir, que des jardins pour leurs enfants. En France, au Creusot, Schneider offre aussi divers services à ses salariés, sans négliger toutefois de faire implanter une caserne.

La fin du XIXe : première crise du capitalisme[modifier | modifier le code]

Une nouvelle vague d'impérialisme[modifier | modifier le code]

Caricature politique montrant le partage de la Chine entre puissances européennes, fin des années 1890

De fait, le Royaume-Uni impose violemment son commerce au monde au XIXe siècle. Par exemple, celui de l'opium à la Chine (guerre de l'opium, 18381842)

Au début du XXe siècle, des penseurs, marxistes pour la plupart, ont associé le phénomène de la multinationalisation des firmes et du colonialisme au développement du capitalisme, faisant de l'impérialisme son stade suprême.

En 1913, Rosa Luxembourg explique dans l'Accumulation du capital, que la reproduction du système capitaliste nécessite l'ouverture continuelle de nouveaux débouchés et son implantation dans les régions géographiques dont il est encore absent. Illustrant l'importance économique des colonies, où plutôt reflétant l'importance qu'on leur attribuait à l'époque peut-être à tort, Jules Ferry déclara à la Chambre que « la politique coloniale est fille de la politique industrielle ». En effet, au fur et à mesure de son développement et de l'émergence économique de nouveaux pays, l'accès au marché et le partage des débouchés deviennent de plus en plus problématiques. Mais la constitution de marchés coloniaux exclusifs est limitée par la taille finie de la planète. Le temps du monde fini commence (selon l'expression du poète Paul Valéry[1]) et les antagonismes entre les grandes puissances économiques ne peuvent s'en trouver qu'exacerbées. Ainsi selon Rosa Luxembourg, l'impérialisme mène inévitablement à la guerre.

De fait, des crises et des conflits opposent à plusieurs reprises le Royaume-Uni à la France (crise de Fachoda en 1898), les britanniques à des colons néerlandais (Seconde Guerre des Boers de 1899 à 1902), la France à l'Allemagne (au Maroc en 19051906 puis en 1911)... Jean Jaurès, opposant à la première guerre mondiale, déclara que « le capitalisme porte la guerre comme la nuée porte l'orage ».

En 1916, Lénine explique dans l'Impérialisme, stade suprême du capitalisme, que la concentration du capital mène à un stade de l'histoire du capitalisme marqué par les positions de monopoles des grandes firmes industrielles et financières. Confrontées à la baisse tendancielle du taux de profit (théorie marxiste qui prône que les profits du capitalisme baissent naturellement sur le long terme, et que le système est donc condamné) les grandes firmes tentent d'investir sur les marchés étrangers afin de retrouver de forts niveaux de profit. Les grandes firmes nationales s'entendent alors pour se partager le monde. Lénine prend par exemple le cas d'AEG (Allemagne) et de General Electric (États-Unis) dans le domaine de l'électricité.

« Ce qui caractérisait l'ancien capitalisme où régnait la libre concurrence, c'était l'exportation des marchandises. Ce qui caractérise le capitalisme où règnent les monopoles, c'est l'exportation des capitaux. »
(ibid.)

La nature belliqueuse du capitalisme a été beaucoup discutée. Nombre de libéraux ont fait remarquer que l'impérialisme s'était aussi révélé comme une tendance récurrente de l'Union soviétique. Dans les Étapes de la croissance économique (1960), Walt Whitman Rostow, pense que la guerre n'est pas proprement liée au capitalisme, mais plus simplement au développement économique. L'émergence d'une nouvelle puissance économique, qu'elle soit capitaliste, communiste ou autre, signifie l'apparition d'une adéquation entre les équilibres géopolitiques passés et les rapports de forces nouveaux. La remise en question par la nation émergente des traités passés mène naturellement à la guerre.

  1. Regards sur le monde actuel, Paul Valéry, 1945