Usine sidérurgique de Muroran

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Nippon Steel Muroran Works

Usine sidérurgique de Muroran
Installations
Type d'usine
Usine sidérurgique (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Superficie
784,6 haVoir et modifier les données sur Wikidata
Fonctionnement
Effectif
7 834 ()
1 014 ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Production
Produits
Produit long (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Production
1,43 mégatonne d’acier ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation
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Coordonnées
Carte

L'usine sidérurgique de Muroran, actuellement Nippon Steel Muroran Works, est un complexe sidérurgique à Muroran, au sud de l'île d'Hokkaidō, au Japon. Fondée en 1909, elle devient à la fin des années 1950 la deuxième plus grande usine métallurgique du Japon.

En 2019, l'usine est une petite usine intégrée spécialisée dans la fabrication de couronnes et de barres, produisant 1,43 Mt/an d'acier et employant 1 014 salariés[1].

Historique[modifier | modifier le code]

Genèse (1907 - 1937)[modifier | modifier le code]

La construction de l'usine, lancée par la Hokkaido Charcoal Steamship Co., Ltd. (en japonais 北海道炭礦汽船㈱は), commence en . La production est dirigée par Suzou Eto, de l’usine de Yahata (en). En , la construction de l'usine est officiellement achevée et l'entreprise Wanishi Iron Works of Hokkaido Coal Mine & Ship Co. (en japonais 輪西製鐵場) est fondée[2].

L'objectif est d'exploiter les sables ferrugineux locaux, dans le contexte porteur de la victoire du pays lors de la guerre russo-japonaise. Le premier haut fourneau, de capacité 50 t/jour, est chargé de sable le , la première coulée de 8 tonnes de fonte se faisant 3 jours après. Mais « la fusion de ce sable s'avère extrêmement difficile, et le procédé est suspendu peu de temps après les premières fusions ». Des recherches métallurgiques poussées établissent que le sable local est difficilement fusible à cause de sa teneur en dioxyde de titane, un composé notoirement réfractaire[2].

En , l'entreprise devient la Hokkaido Steel Co., Ltd.. En , elle devient la Wanishi Steel Works Ltd. et, en , la Nippon Steel Corporation[2].

L'usine intégrée de Nakamachi (1937 - 1957)[modifier | modifier le code]

En , Nippon Steel Co. commence la construction de l’usine intégrée de Nakamachi, sur un polder de 2,31 million de m2. Le haut fourneau 1 de Nakamachi est mis à feu en , les HF2 et HF3 sont achevés en . En , le premier four Martin-Siemens est mis à feu. Les laminoirs sont opérationnels en [2].

Le , l'usine est fortement endommagée par le bombardement naval de Muroran (ja) et le raid aérien d'Hokkaido (ja). 311 coups au but des navires stoppent la production[2].

En , l'entreprise devient la Fuji Steel Wanishi Steel Works. En , elle devient les Fuji Steel Muroran Works. La production progresse : 8 400 t/j en 1950, 15 200 t/j en 1955[2].

En , le premier train continu de laminage à chaud de bandes est mis en service. Celui-ci, doté de 6 cages dont 4 pour le train finisseur, a coûté la somme — considérable — de 8,5 Md¥, mais est le premier de fabrication japonaise[2].

Modernisations (1957 - 1990)[modifier | modifier le code]

En , la troisième étape de l'agrandissement de l’usine démarre : en , la deuxième aciérie de conversion est mise en service avec 2 convertisseurs de 70 tonnes, les plus gros du Japon[2]. En 1962, le complexe exploite 4 hauts fourneaux (un de 700 t/j, deux de 1 000 t/j et un de 900 t/j), alimentés par une cokerie (1 114 000 t/an) et une usine d'agglomération (1 862 000 t/an). La fonte est affinée par 6 fours Martin-Siemens acides (pour une capacité 720 000 t/an) et les deux convertisseurs LD d'une capacité de 840 000 t/an. Les outils de laminages sont un slabbing et un blooming (de respectivement 1 440 000 et 840 000 Mt/an), qui alimentent un train à petits et moyens fers (150 000 t/an), le train à couronnes et à barres (240 000 t/an) et le train continu à bandes (1 200 000 t/an)[3].

En , c'est la coulée continue, la première du Japon, qui démarre[note 1]. En octobre, c'est l'usine de laminage à froid qui démarre[6]. En , l'usine abandonne le procédé Martin-Siemens. En , la deuxième ligne de laminage de barres et couronnes est mise en service[2].

En , la fusion de Yahata Steel (en) avec Fuji Steel conduit à l'adoption du nom de Nippon Steel Muroran Steel Works[2].

De 1971 à 1975, l'usine développe et industrialise un procédé de bouletage et réduction directe afin de recycler les poussières ferreuses collectées dans les différentes étapes de fabrication. La méthode mise au point, appelée « procédé Koho », ne connait cependant pas de succès en dehors du site[7],[8].

En 1974, le complexe n'exploite plus que 3 hauts fourneaux : le HF1, le plus petit (1 126 m3), n'étant plus exploité (il est condamné en [6]), il reste les HF2 et HF3 (1 249 m3 pour 975 000 t/an chacun) ainsi que le HF4 (1 921 m3 pour 1 767 000 t/an). L’usine d'agglomération consiste en 9 chaînes Dwight-LLoyd (4 chaînes de 118,8 m2 pour un total de 1 314 000 t/an et 5 chaînes 280 m2 pour un total de 3 066 000 t/an). Une nouvelle aciérie composée de 2 convertisseurs LD de 110 t, plus un 3e de 120 t, de capacité 3 370 000 t/an, complète l'aciérie démarrée en 1961. Une partie de l'acier est coulée à la coulée continue : 2 machines à brames et à blooms, d'une capacité de 636 000 t/an, fonctionnent en parallèle des filières à lingots traditionnelles[9].

En , le laminoir à barres est démarré, il est agrandi en [2]. La nouvelle aciérie, fondé sur des convertisseurs LD de 270 t, est démarrée en et, en , la troisième coulée continue est démarrée. En , le HF4 est arrêté : cette année très difficile (les Accords du Plaza, qui entraînent la réévaluation du yen, dont le taux de change passe de 240 à 150 yen/US$, bouleversent l'industrie japonaise[10]) voit l'arrêt temporaire complet de l'usine et la réorganisation autour de la seule nouvelle aciérie. La gestion des produits finis est également modernisée : en , une baie de chargement indépendante de la météo est inaugurée[6].

Spécialisation dans les produits longs (depuis 1990)[modifier | modifier le code]

Le site abandonne les produits plats, avec l'arrêt du train à bande en [6]. En , un stockage automatisé des produits est démarré[2]. Ce glissement vars l'aval de Nippon Steel se traduit en par la vente de l'unique haut fourneau en activité (le HF2, de 2 902 m3 depuis sa rénovation de 2001) à la Hokkai Iron & materials melting Coke Co.,Ltd.[11].

En , un four électrique condamné par Mitsubishi Steel est racheté afin d'être remonté à Muroran[11].

Durée de vie des 4 aciéries de Muroran
Abréviations : FS → Fuji Steel, NS → Nippon Steel

En 2019, le site de Muroran est un petit complexe intégré produisant 1,433 Mt/an de produits longs. Les principaux outils sont[11] :

  • le haut fourneau HF2 de 2 902 m3, exploité par la Hokkai Iron & materials melting Coke Co.,Ltd. ;
  • une aciérie disposant de deux convertisseur à l'oxygène de 270 t ;
  • un four à arc électrique de 100 t ;
  • une coulée continue (CC3);
  • un blooming ;
  • un laminoir à couronnes et un laminoir à barres.

En 2020, le HF2 devrait être reconstruit, avec un volume interne légèrement augmenté à 3 014 m3[11].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Cette revendication est à nuancer : Sumitomo avait construit dès 1947, à Amagasaki, une machine verticale pour couler des ébauches pleines pour tubes sans soudure[4], et la production commerciale d'acier non allié avec la coulée continue au Japon est datée de 1955[5].

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Nippon Steel To Integrate and Reorganize Steelworks » [PDF], Nippon Steel Corporation, (consulté le )
  2. a b c d e f g h i j k et l (ja) « 室蘭製鉄所 創業100周年 » [« 100e anniverssaire de l'usine de Muroran »], Nippon Steel Monthly, Nippon Steel Corporation, no 10,‎ (lire en ligne [PDF], consulté le )
  3. (en) Harry George Cordero, « Iron and Steel Works of the World », Matériaux & Techniques, Quin Press,‎ , p. 381 (lire en ligne)
  4. Jean Saleil et Jean Le Coze, « La coulée continue des aciers. Un exemple de développement technique où l'étroite coopération entre métallurgistes, constructeurs et exploitants ont été d'une grande fécondité », Matériaux & Techniques, EDP Sciences, vol. 106, no 5,‎ , article no 503 (DOI 10.1051/mattech/2018047, lire en ligne [PDF])
  5. (en) Robert A. Whitman, Mineral yearbook, USGS, (lire en ligne [PDF]), p. 652
  6. a b c et d (ja) « 歴史・沿革 », Nippon Steel Corporation (consulté le )
  7. (en) Amit Chatterjee, Sponge Iron Production By Direct Reduction Of Iron Oxide, PHI Learning Private Limited, , 353 p. (ISBN 978-81-203-3644-5, lire en ligne), p. 124-125
  8. (en) Amit Chatterjee, Ramesh Singh et Banshidhar Pandey, Metallics for Steelmaking : Production and Use, Allied Publisher Ltd., (ISBN 81-7764-130-1, lire en ligne), p. 217 ; 219
  9. (en) Harry George Cordero, « Iron and Steel Works of the World », Matériaux & Techniques, Quin Press, vol. 6,‎ , p. 311 (lire en ligne)
  10. (en) Masaaki Naito, Kanji Takeda et Yoshiyuki Matsui, « Ironmaking Technology for the Last 100 Years: Deployment to Advanced Technologies from Introduction of Technological Know-how, and Evolution to Next-generation Process », ISIJ International, vol. 55, no 1,‎ , p. 13 (lire en ligne [PDF])
  11. a b c et d (en) « Basic Facts About Nippon Steel » [PDF], Nippon Steel Corporation,

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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