Urs Graf
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Urs Graf (né vers 1485 à Soleure, mort vers 1528-1529) est un dessinateur, graveur et mercenaire suisse de la Renaissance.
Produisant principalement des gravures sur bois, il est l'auteur des plus vieilles eaux-fortes formellement datées et est crédité de la paternité de la technique de taille blanche.
Biographie
Urs Graf est né vers 1485 à Soleure[1].
Son père, Hugo Graf, initie Urs Graf au dessin et à l'orfèvrerie[N 1] ; il fait son compagnonnage à Strasbourg, où il illustre plusieurs livres avec des gravures sur bois destinées à illustrer des livres[1].
Il se rend à Zurich en 1507 pour continuer sa formation auprès d'un orfèvre, Lienhart Triblin[1]. Il commence ainsi à travailler comme orfèvre, et quelques pièces ont survécu.
Graf s'installe à Bâle en 1509 et travaille chez des éditeurs locaux, puis comme assistant d'un peintre-verrier, Hans Heinrich Wolleb[1].
En 1512, il est reconnu maître-orfèvre de la guilde des orfèvres — la corporation bâloise de l'Ours[1]. Mais Urs Graf accumule les déboires avec la justice à cause de son caractère violent et passe plusieurs séjours en prison[1].
Il participe comme mercenaire à plusieurs campagnes en Italie (1510), Dijon (1513), Marignan (1515) et Milan (1521)[1].
En 1518, accusé d'actes graves, Graf fuit Bâle et rentre à Soleure, où il travaille pour son père et entre dans la corporation des Forgerons[1]. Il retourne à Bâle l'année suivante, où il trouve un poste de graveur de coins monétaires grâce auquel il acquiert une certaine prospérité[1]. Il est plusieurs fois élu électeur ou responsable par ses compagnons de guilde et obtient d'avoir une permission de sortie temporaire alors qu'il est en prison grâce à l'intervention de ses compagnons d'armes — Urs Graf semble ainsi avoir été très populaire, malgré ses avatars juridiques[1].
Mais à partir de 1527, on a peu d'informations sur sa vie : il semble avoir disparu de la cité rhénane et avoir été mercenaire lors du sac de Rome[2]. Christiane Andersson commente que « l'année et le lieu de sa mort demeurent inconnus : son épouse s'est remariée en octobre 1528, mais un dessin autographe est daté de 1529[3]. »
Le Dictionnaire historique de la Suisse situe la date de sa mort avant le 13 octobre 1528[1].
Œuvre
Son œuvre, qui s'inscrit dans la continuité du style traditionnel d'Albrecht Dürer et Hans Baldung, mais reste original pour l'époque[1], inclut un large éventail de sujets : ses dessins et ses gravures, souvent violentes (comme Deux prostituées battant un moine), montrent des scènes de la société, de la cruauté de la guerre avec parfois des illustrations érotiques sans toutefois renier une forte part de religiosité[3]. Graf s'est en effet fortement inspiré de ses expériences personnelles en utilisant la dérision, pour aborder la vie des mercenaires, des prostituées et la religion[1]. La vanité et la folie humaine laissent tout de même la place à des motifs mythologiques et religieux[1].
Urs Graf a utilisé plusieurs techniques de gravure[1]. Il n'a produit que deux eaux-fortes, datées de 1513 — mais ce sont les toutes premières eaux-fortes connues et datées de l'histoire. Ses gravures sur bois sont considérées comme de plus grande importance encore, car à travers elles, on lui attribue l'invention de la taille blanche, où les lignes blanches créent une image sur un fond noir[5].
Il a réalisé plusieurs gravures de reproduction d'après Martin Schongauer et Albrecht Dürer[6].
On conserve près de 450 gravures sur bois et deux eaux-fortes ; huit plaques d'argent gravées, des croquis de vitraux et un fragment de verre isolé ainsi que des niellages ; et 180 dessins sont connus[1].
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La Mort dans un arbre, gravure sur bois de 1524.
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Femme violoniste nue avec un vieux fou de Bâle, gravure sur bois, 1523.
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Archange Michael, dessin à la plume, 1516
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Horreurs de la guerre, dessin à la plume, 1521
Notes et références
- Notes
- Sa formation d'orfèvre est évoquée par le fait qu'au-dessus de son monogramme il représente un boîte de borax (le borax est utilisé pour la soudure) par la suite il délaisse cette évocation et place dans les lettres V et G un couteau.
- Références
- « Urs Graf » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
- (en) P. Murray et L. Murray, The Penguin Dictionary of Art & Artists, Harmondsworth, 1959 (1982), p. 198, section G.
- (en) Christiane Andersson, « Graf, Urs », Grove Art Online, Oxford Art Online, Oxford University Press (lire en line).
- Hors texte 26, dans E. S. Lumsden, The Art of Etching, Courier Corporation, 2012, p. 169.
- Michel Wiedemann, « Brève histoire de la gravure sur bois », sur estampeaquitaine.canalblog.com (consulté le ).
- (en) Arthur Mayger Hind, A History of Engraving and Etching, Houghton Mifflin Co., 1923 (1963) (ISBN 0-486-20954-7, lire en ligne).
Annexes
Bibliographie
- La marque d'en haut est la boëte à borax qui servoit aux orfèvres, du nombre desquels étoit Urs Graf, Hendrik Jansen, Essai sur l'origine de la gravure en bois et en taille douce, 1808, p. 266.
- (de) Ulrich Thieme, Felix Becker et Fred. C. Willis, Allgemeines Lexikon der Bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, vol. 14, E. A. Seemann, , 600 p. (lire en ligne), p. 488
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- « Nombreuses estampes et dessins de Graf Urs », sur Galerie du Kunstmuseum de Bâle