Union des travailleurs communistes libertaires
Union des travailleurs communistes libertaires | ||||||||
Logotype officiel. | ||||||||
Présentation | ||||||||
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Fondation | 1er congrès les 25-27 mars 1978 | |||||||
Scission de | Organisation révolutionnaire anarchiste | |||||||
Disparition | Ve congrès, 16 juin 1991 | |||||||
Fusionné dans | Alternative libertaire | |||||||
Siège | 92 rue d'Aubervilliers Paris 19e |
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Journal | Tout le pouvoir aux travailleurs (1976-1980), puis Lutter! (1980-1991) | |||||||
Objectif | Révolution sociale libertaire et renversement du système étatiste. | |||||||
Méthode | Organisation politique et syndicalisme révolutionnaire. | |||||||
Positionnement | Extrême gauche | |||||||
Idéologie | Communisme libertaire | |||||||
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L'Union des travailleurs communistes libertaires (UTCL) fut créée en 1976, après une exclusion de l'Organisation révolutionnaire anarchiste. Elle fut active jusqu'en 1991, année où elle se fondit dans Alternative libertaire.
Historique
[modifier | modifier le code]Origines
[modifier | modifier le code]À la suite des grandes grèves de 1974 dans les banques, les PTT et le rail, se forma au sein de l'Organisation révolutionnaire anarchiste (ORA) une tendance ouvriériste et syndicaliste révolutionnaire, nommée Union des travailleurs communistes libertaires (UTCL).
Cette tendance UTCL, principalement animée par de jeunes postiers, cheminots et électriciens CFDT, reprochait à l'ORA sa dérive gauchiste et antisyndicaliste qui l'éloignait du militantisme en entreprise. L'UTCL voulait réancrer l'anarchisme dans le mouvement ouvrier et dans le syndicalisme.
À son congrès de Pâques 1976 à Orléans, l'ORA décida d'exclure la tendance UTCL, avant de se rebaptiser Organisation communiste libertaire (OCL).
Le regroupement des débuts
[modifier | modifier le code]Après son exclusion, et jusqu’en mars 1978, la tendance UTCL se mua en « Collectif pour une UTCL » et tâcha de rassembler les groupes locaux et militants individuels susceptibles de se retrouver sur ses positions. Des négociations d’unification eurent également lieu, en 1977, avec une structure ayant un profil similaire, l’Alliance syndicaliste, mais sans aboutir.
C’est en mars 1978 que se tint le Ier congrès de l'UTCL, où elle se constitua en organisation à part entière. Elle s’organisa alors par secteurs professionnels (rail, banques, métallurgie, éducation, etc.).
En 1979, l’UTCL négocia l’entrée en son sein de l'Organisation Combat anarchiste (OCA). La fusion fut actée au IIe congrès de l’UTCL, en novembre 1979. Peu après, l'UTCL reçut l'adhésion de Georges Fontenis (ex-FCL, ex-MCL) et de Daniel Guérin (ex-ORA).
Rôle dans le syndicalisme de lutte
[modifier | modifier le code]Le noyau initiateur de l’UTCL se trouvait au centre de tri de Paris-Brune, surnommé « le Billancourt des PTT », autour de Patrice Spadoni[1] et de Thierry Renard[2], syndicalistes CFDT et animateurs du Postier affranchi, bulletin de secteur de l’ORA, puis de l’UTCL. En 1988, les postiers de l’UTCL seront actifs dans les grèves qui entraîneront l'exclusion de plusieurs syndicats combatifs par la direction de la CFDT, et la naissance de SUD-PTT.
En 1986, les cheminots de l'UTCL, dont Henri Célié, Michel Desmars et Christian Mahieux, syndicalistes à la CFDT-Cheminots, jouèrent un rôle important dans l’animation des grèves de l'hiver à la SNCF, qui virent apparaître pour la première fois des coordinations de grévistes[3]. On devait les retrouver dix ans plus tard dans la fondation du syndicat SUD-Rail.
En 1987, des militants de l'UTCL comme Marco Sazzetti et Clotilde Maillard participèrent au déclenchement de la vaste grève des instituteurs et institutrices contre les « maîtres-directeurs », à la tonalité très anti-hiérarchique[4]. On devait les retrouver neuf ans plus tard à la fondation du syndicat SUD-Éducation.
En 1989, les militants UTCL du secteur aérien étaient présents dans la grève « radicale et ludique » des mécaniciens d'Air France[5],[6].
Globalement, l'UTCL et sa mouvance furent très impliqués dans l’animation de la gauche CFDT, opposée au « recentrage » de la confédération dans les années 1980. Ses militantes et militants participèrent activement à l'émergence du syndicalisme alternatif qui allait se traduire par la création de nouveaux syndicats radicaux (SLT à Usinor-Dunkerque, SNPIT à Air Inter, CRC dans la santé, SUD aux PTT…).
Solidarité avec la dissidence ouvrière à l’Est
[modifier | modifier le code]Au début des années 1980, l’UTCL fut active dans la solidarité avec les dissidences ouvrières dans les pays du bloc soviétique, relayées entre autres par la revue libertaire Iztok.
En 1980, l’UTCL organisa ainsi une tournée de meetings avec Viktor Fainberg et Vladimir Borissov, deux représentants du SMOT (syndicat libre interdit en URSS) réfugiés en France. A la même époque, ses militants participèrent à l’appui logistique à Solidarność, alors en butte à la répression de l’État polonais[7].
Cette activité culmina avec l’organisation du colloque « Cronstadt 1921-Gdansk 1981, soixante ans de résistance au capitalisme d’État », à Paris, associant des historiens (Marc Ferro, Daniel Guérin, Henri Arvon, Jean Barrué, Jacques Baynac, Arthur Lehning, Frank Mintz, Boris Souvarine, David Rousset…), des vétérans révolutionnaires (Marcel Body, Ante Ciliga) et des dissidents de l’Est (le Bulgare Kiril Yanatchkov, le Roumain Mihnea Berindei, le Hongrois Pierre Kende, les Russes Viktor Fainberg et Vladimir Borissov…)[8].
Implication dans les luttes antiracistes et anticolonialistes
[modifier | modifier le code]En 1983, l’UTCL soutint la Marche pour l’égalité mais c’est surtout en 1984 qu’elle s’impliqua dans la seconde marche, dite des « Rouleurs pour l’égalité » (Convergence 84). C’est dans cette dynamique qu’une nouvelle génération rejoignit l’UTCL[9].
Ces jeunes militantes et militants devaient, deux ans plus tard, dans la fièvre des luttes anti-Devaquet, impulser le Collectif jeunes libertaires (CJL), autonome mais associé à l'UTCL.
En 1985-1988, l’UTCL s’impliqua fortement dans le soutien aux indépendantistes kanak, soit en tant que telle, soit via l’Association d’information et de soutien aux droits du peuple kanak (AISDPK)[9]. Selon le témoignage d’une ancienne militante, « quand Jean-Marie Tjibaou, le président du FLNKS, venait en France pour tenir des meetings, l’AISDPK assurait la coordination. Et c’est toujours l’UTCL qui était chargée du SO rapproché de Tjibaou. »[7]
Rapport à l’électoralisme
[modifier | modifier le code]Au moment des législatives de mars 1978, l’UTCL mena une campagne abstentionniste en association avec l’Organisation Combat anarchiste (OCA). Leur plateforme « Pour une alternative révolutionnaire » fut également signée par le groupe Combat communiste (CC)[10].
Pour la présidentielle de 1981 en revanche, l’UTCL fit un pas de côté et préconisa « Pas une voix ouvrière à la droite, pas une illusion pour la gauche ! La solution est ailleurs… elle est dans nos luttes ! »[11]
Lors de la présidentielle de 1988, enfin, l’UTCL, sans appeler à voter pour le candidat de « gauche alternative » Pierre Juquin, participa de façon critique aux « comités d’initiative et de soutien » qui avaient fleuri dans le cadre de cette campagne[7].
Dépassement de l’UTCL dans Alternative libertaire
[modifier | modifier le code]À partir de 1988, l’UTCL fit le pari de s’autodépasser au sein d’un rassemblement des communistes libertaires[12]. En mai 1989 fut rendu public un « Appel pour une alternative libertaire » cosigné par plus de 150 personnes issues de différents horizons du mouvement : UTCL, OCL, TAC, COJRA, revue Noir et Rouge[13]…
Un processus d’unification débuta alors, qui conduisit à la fondation, en mai 1991, d’Alternative libertaire. L’UTCL et le Collectif jeunes libertaires (CJL) décidèrent alors de s’y autodissoudre.
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Le site Archives autonomie a numérisé et mis en ligne la collection complète de
- Tout le pouvoir aux travailleurs (1976-1982)
- Lutter ! (1982-1990)
- Lutter !-Lettre hebdomadaire (1986-1990)
- Les Dix-sept années de l’UTCL, texte de bilan collectif adopté en juin 1991, au terme du Ve et ultime congrès de l’UTCL.
- Grand entretien avec 12 anciennes et anciens : « L'UTCL, un ouvriérisme à visage humain ! », réalisée en 2005.
- L’UTCL : de la tendance au réseau un article sur l'histoire de l'UTCL dans Alternative libertaire de .
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Théo Rival, Syndicalistes et libertaires. Une histoire de l’Union des travailleurs communistes libertaires (1974-1991), Éditions Alternative libertaire, 2013, notice Dissidences.
- Un projet de société communiste libertaire, éd. Alternative libertaire, 2011, (ISBN 978-2914933193). Réédition d'un livre publié en 1986 par l'UTCL à la sortie de son IVe congrès.
- Les archives de l'UTCL sont conservées par le Fonds d'archives communistes libertaires au Musée de l'Histoire vivante à Montreuil.
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Anarchisme en France
- Alternative libertaire, puis l'Union communiste libertaire, organisations héritières de l'UTCL.
- Liste d'organisations anarchistes
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Notice biographique de Patrice Spadoni dans Le Maitron. Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français.
- Notice biographique de Thierry Renard dans Le Maitron. Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français.
- Christian Mahieux, « 1986 : La plus longue grève du rail », Alternative libertaire, décembre 2016.
- Théo Roumier, « Janvier 1987 : pas de maîtres-directeurs dans nos écoles ! », Médiapart, 23 janvier 2017.
- « Grève ludique et radicale : ça gazouille dans l’aérien », Lutter! no 26-27, mai 1989.
- Notice biographique de Pierre Contesenne dans Le Maitron. Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français.
- Table ronde avec 12 anciennes et anciens : « L'UTCL, un ouvriérisme à visage humain ! », in Théo Rival, Syndicalistes et libertaires. Une histoire de l'UTCL, Alternative libertaire, 2013.
- « La lueur de Cronstadt. Un colloque libertaire à Paris », Le Monde, 7 avril 1981.
- Les Dix-sept années de l’UTCL, bilan critique adopté au congrès d’autodissolution de l’UTCL, le 16 juin 1991.
- Tout le pouvoir aux travailleurs no 12, février 1978.
- Tout le pouvoir aux travailleurs no 40, mai 1981.
- « 2011 : Les vingt printemps d’Alternative libertaire », Alternative libertaire, juin 2011.
- « Appel pour une Alternative libertaire », Lutter ! no 26-27, mai 1989