UPCP-Métive

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L'UPCP-Métive, anciennement Union pour la culture populaire en Poitou-Charentes-Vendée est une association loi de 1901 à but culturel, poitevine et charentaise, créée en 1969 et établie à Parthenay dans la Maison des cultures de pays.

Description[modifier | modifier le code]

Cette association a pour but la promotion et la défense des cultures du Poitou et de la Saintonge, notamment par l’étude et la défense de la langue régionale (poitevin-saintongeais[1],[2],[3],[4],[5],[6] dans ses variantes le poitevin et le saintongeais), la culture (musique, danse, arts de la parole), l’histoire, la gastronomie, etc.

L’UPCP-Métive rassemble 40 associations : 13 implantées en Deux-Sèvres, 10 en Vendée, six en Charente-Maritime, six dans la Vienne, une en Charente et quatre à vocation régionale.

Elle est actionnaire majoritaire de la maison d’édition, Geste Éditions, qu'elle a créée en 1992. Elle est pôle associé de partage documentaire de la BNF, au sein de la FAMDT (Fédération des associations de musiques et danses traditionnelles).

Aujourd'hui, l'UPCP-Métive développe quatre secteurs d'activités :

  • Mise en réseau des acteurs des cultures populaires,
  • Documentation (avec son outil le CERDO) : traitement des fonds inédits, fonds propres ou déposés par leurs auteurs (numérisation, catalogage) et actions de valorisation (expositions, éditions thématiques, consultation en ligne),
  • la formation, en partenariat avec les Conservatoires, Universités, écoles, collectivités et organismes de formation,
  • la création-diffusion :
    • Festival de Bouche à Oreille, rencontres et journées thématiques (Métive fait son foin, Journée des langues régionales, Langues en fête, Rencontre des ateliers de musique et danse...)
    • accompagnement d'amateurs et de professionnels.

Historique[modifier | modifier le code]

L’UPCP est une union d’associations créée en 1969 par André Pacher, président du groupe « Les Pibolous de la Mothe-Saint-Héray » (Deux-Sèvres) et Michel Valière, responsable de « La Marchoise de Gençay » (Vienne).

Elles avaient toutes pour vocation la valorisation des cultures populaires (habitat, musique, danse, langue, gastronomie, etc.) de l'ex-région Poitou-Charentes (Poitou, Saintonge, Aunis, Angoumois, Charente limousine et périgourdine) et de la Vendée (Bas Poitou). À cette époque, dans différentes régions de France naît un mouvement de lutte contre une uniformisation de la culture et qui milite pour le droit à la diversité culturelle. D’emblée, l’union se donne une vocation régionale puisque sa première dénomination est, dès sa création, « Union Poitou-Charentes pour la Culture populaire »[7].

Dès son origine, l’UPCP s’inscrit dans le mouvement de l’Éducation populaire. Les associations fondatrices étaient d’ailleurs membres de la Ligue de l’Enseignement (LFEEP).

Les associations adhérentes sont d’abord, principalement, des groupes d’arts et traditions populaires qui se produisent sur scène en costumes traditionnels pour donner à voir et à entendre chants, danses, musique instrumentale, contes du répertoire régional. Mais elles ont également d’autre centres d’intérêt, moins « scéniques » : artisanat, habitat, modes de vie, récits et témoignages oraux, langue régionale, mémoire des conflits mondiaux, lutherie[7]...

En 1971, l'UPCP lance l'Opération Sauvetage des Traditions Orales Paysannes (OSTOP) : des centaines de jeunes vont parcourir les campagnes de la région pour visiter les anciens et notamment ceux de la génération ayant vécu leur jeunesse avant la dramatique rupture de la Première Guerre mondiale.

Son activité a culminé autour de l'année 1976 (décrétée Année romane par le ministère de la Culture et l'UNESCO) où elle rassemblait une bonne cinquantaine d'associations représentant environ 2000 membres.

Entre 1970 et la fin des années 1980, des stages organisés par les associations du réseau réunissaient une à deux fois par an des dizaines de collecteurs en différents terroirs : Cognaçais, Aunis, pays de Matha , de Saintes, Mellois, Thouarsais, Gâtine, bocages bressuirais et vendéen, Mirebalais, Sud-Vienne, Marais poitevin, île de Noirmoutier. Des équipes sillonnaient les villages « armées » de magnétophones à bande ou à cassette, d’appareils-photos et de caméras, voire de simples cahiers, à la rencontre des anciens, pour collecter leurs savoirs transmis oralement de génération en génération. Ainsi fut constitué un fonds considérable d’archives sonores (8000 heures) et audio-visuelles (800 heures). La faiblesse de l’opération résidait dans l’inexpérience et le manque de formation à l’enquête de terrain des jeunes collecteur d’alors (lycéens, étudiants, enseignants, jeunes salariés, sa force dans l’accumulation d’archives. Peu à peu rassemblées, numérisées et décrites ces archives témoignent aujourd'hui de ce précieux patrimoine culturel immatériel[7].

Au fil du temps, l’UPCP connaîtra plusieurs évolutions. Ainsi à la fin des années 1970, les moyens d’expression se diversifient. Si certaines associations peaufinent et actualisent le spectacle en costumes traditionnels pour en faire de véritables ballets populaires (les Ajhassons de Matha, les Pibolous avec « Le Bal Déterviré » …), d’autres optent pour le cinéma, le théâtre, la photographie, les marionnettes, la littérature, les groupes vocaux, les grands spectacles de plein air à Verruyes (Deux-Sèvres) ou Genouillé (Charente-Maritime) (et plus tard à Cherves et Charroux (Vienne), Montravers, Vitré, Saint-Rémy et Saint-Gelais (Deux-Sèvres), Rouillac, Marcillac-Lanville et Saint-Cybardeaux (Charente)).

Dans les années 1980, certaines associations s’implantent dans leurs propres locaux et deviennent de véritables centres culturels, y développant, en partenariat avec les collectivités locales, la diffusion de spectacles vivants, des ateliers de pratique, des festivals. Dans le même temps l’UPCP s’installe à la Maison des Ruralies (aire de Poitou-Charentes sur l’A10) en partenariat avec les ASF (Autoroutes du Sud de la France), se dote d’une équipe salariée pour animer la maison et le réseau et développe son secteur éditorial : publications sonores et écrites.

Entre 1982 et 1989, elle concourt à l'élaboration d'une graphie normalisée du poitevin-saintongeais[8] ou parlanjhe.

Ils restituent ces savoirs sous la forme de :

  • Spectacles de plein air :
    • Les paysans (1970)
    • La Geste paysanne (1974, plan d'eau de Verruyes)
    • Les créations de l'ARCUP (Cerizay, Deux-Sèvres), les Gens de Cherves (Vienne), les Pibolous (La Mothe Saint-Héray, Deux-Sèvres), la Marchoise (Gençay, Vienne), Saut'Palisse (Juillac-le-Coq, Charente)...
  • Les Ballets populaires poitevins[9], rassemblant des musiciens, danseurs et chanteurs de différents groupes pour des spectacles vivants d'une grande ambition,
  • Une discographie abondante.

De ce vivier, émergeront des créateurs tels que Yannick Jaulin, Jany Rouger, Maurice Pacher[10] et bien d'autres restés dans l'anonymat.

À partir de la fin des années 1980, l’UPCP-Métive se dote d’outils pour développer son projet :

  • 1987 : premier festival de musique "De Bouche à Oreille"
  • 1990 : autonomisation du secteur éditorial : Geste Éditions et Geste Scénique
  • 1993 : l'UPCP quitte les Ruralies et inaugure la Maison des Cultures de Pays de Parthenay. Elle devient UPCP et “Métive” puis “UPCP-Métive”
  • 1994 : création du Centre d’Études, de Recherche et de Documentation sur l’Oralité (CERDO) pour valoriser le fonds documentaire.

Au début des années 1990, l’UPCP prend part à la structuration nationale du secteur des musiques et danses traditionnelles (création de la FAMDT, partenaire du Ministère de la Culture). Le Ministère de la Culture labellise l’UPCP-Métive : Centre de Musique et Danse Traditionnelle en Poitou-Charentes et Vendée.

Associations adhérentes[modifier | modifier le code]

L'UPCP-Métive, dont le siège est à la Maison des Cultures de Pays de Parthenay (Deux-Sèvres) est un réseau d'une quarantaine d’associations , dont voici la liste dans la première partie des années 2010 :

Défense de la langue régionale poitevine-saintongeaise et auteurs dans cette langue ayant milité à l'UPCP[modifier | modifier le code]

Le terme de langue puis celui de parlange ont été progressivement préférés au mot « patois » jugé péjoratif et dévalorisant. Au début des années 1980, prenant conscience que la plupart des associations ne travaillent pas ou peu sur le parlange, des adhérents de plusieurs d’entre elles constituent un atelier régional qui aura vocation à conduire des travaux portant sur la connaissance de la langue (lexique, grammaire) et sa diffusion grâce à l’édition, au spectacle, à l’enseignement, à la présence dans les médias : radio locales alors en plein développement et télévision régionale (l’émission Parlange diffusée sur FR3 Poitou-Charentes). À la même époque se développent des associations adhérentes d’un genre nouveau, à vocation régionale autour d'un thème : l’audio-visuel (Création) l’enseignement (Groupe Kodaly, Parlanjhe os écoles), la langue régionale (Arantèle)…

Une démarche de formation et professionnalisation des ethnologues et/ou linguistes amateurs[modifier | modifier le code]

Un certain nombre de collecteurs bénévoles amateurs, s'engagent dans les années 1980 dans une démarche de formation d'ethnologue et/ou de linguiste, par exemple au Centre Culturel "La Marchoise" (association adhérente à l'UPCP) de Gençay (sud Vienne)[12]:

  • Jean-Jacques Chevrier, à l'origine ouvrier du bâtiment puis enseignant, rédige un mémoire "Jeux et jouets à base d'éléments végétaux", déposé en 1981 à l'École des hautes études en sciences sociales[12] (qui sera la matière de son ouvrage 47 jouets traditionnels à fabriquer dans la nature, Geste Éditions, 1998, (ISBN 2-910919-65-X)) devenant diplômé de l’EHESS et titulaire d’un DEA d’ethno-linguistique[13],
  • Michel Valière, à l'origine enseignant, commence un travail sur le conte populaire [12], puis devient ethnologue à la Région et à la DRAC de Poitou-Charentes, chargé de mission au Musée national des arts et traditions populaires à Paris, et professeur associé à l’université de Poitiers[14], pour enfin publier son travail : Le conte populaire - Approche socio-anthropologique (Armand Colin, 2006)[15],
  • Daniel Bourdu, enseignant, rédige un mémoire "Vie et tensions sociales dans la vicomté de Gençay entre 1692 et 1715" déposé en 1982 à l'École des hautes études en sciences sociales[12],
  • Catherine Robert édite un corpus de prières populaires pour l'obtention du diplôme de l'École des hautes études en sciences sociales, et mène des recherches ethnolinguistiques sur le parler de Saint-Romain-en-Charroux pour la maîtrise de sciences du langage[12].

On retrouve la même démarche avec Jacques Chauvin (originaire du nord des Deux-Sèvres), cordonnier, qui conduit entre 1983 et 1988 une étude sur la cordonnerie en Poitou, à l'École des hautes études en sciences sociales (qui sera matière de son ouvrage "Le sabaron et l'escarpin, chaussures et métiers, Poitou-Vendée, 1880-1960" paru en 1992), devenant ethno-technologue diplômé de l’EHESS, il sera chargé d'étude auprès de l'Institut de Calcéologie, et collaborera au programme de recherche "Savoir-faire et techniques" de la Mission du Patrimoine ethnologique du Ministère de la culture[16]

Et toujours la même démarche avec Jean-Loïc Le Quellec (originaire du sud Vendée et militant dans les années 1980-2000 dans plusieurs associations UPCP de La Roche-sur-Yon : "La Soulère", et "Arantéle") diplômé de l’École pratique des hautes études (paléoécologie du quaternaire) et docteur en anthropologie, ethnologie et préhistoire en 1992[17], devenu directeur de recherches 2e classe au CNRS[18].

On trouve une démarche proche de Liliane Jagueneau, (originaire du nord des Deux-Sèvres), enseignante, militante d'une association UPCP (Parlanjhe vivant), qui soutient en 1987 une thèse de linguistique sur les parlers poitevin-saintongeais : Structuration de l'espace linguistique entre Loire et Gironde, Analyse dialectométrique des données de l'Atlas Linguistique et Ethnographique de l'Ouest[19]. Maître de conférences en linguistique française et langues régionales (poitevin-saintongeais et occitan), elle a enseigné à l'Université de Poitiers[20] de 1993 à 2012. Elle a conduit, dans l’équipe de recherche FORELL (Formes et représentations en Linguistique et littérature, EA3816) avec Jean-Léo Léonard le projet « Les Langues et vous : aménagement linguistique « de par en bas » en domaine d’oïl »[21].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. André-Louis Terracher, Université de Liverpool puis de Strasbourg, La rencontre des langues entre Loire et Dordogne, dans : Le Centre-Ouest de la France, encyclopédie régionale illustrée, 1926 : « Il suffit de parcourir les cent premières cartes de l’Atlas linguistique de la France de MM. Gilliéron et Edmont pour s’apercevoir que les parlers du Centre-Ouest (Poitou, Aunis, Saintonge et Angoumois) gardent, aujourd’hui encore et à les prendre d’ensemble, une indéniable originalité. »
  2. Jacques Pignon, Université de Poitiers, L’évolution phonétique des parlers du Poitou, 1960 : « Il est évident que l’évolution phonétique des parlers poitevins et celle des parlers saintongeais est à peu près parallèle. Ils constituent, à l’ouest du domaine gallo-roman, une aire originale où se rencontrent, d’une part, traits d’oc et traits d’oïl, de l’autre quelques développements particuliers, inconnus dans les provinces limitrophes situées au Nord et au Sud. ».
  3. Liliane Jagueneau, Université de Poitiers, Les Traits linguistiques du poitevin-saintongeais, dans : La langue poitevine-saintongeaise : identité et ouverture, 1994 : « les points du domaine poitevin-saintongeais sont suffisamment proches dans l’analyse (distance linguistique faible) pour être considérés comme formant un ensemble cohérent. »
  4. Brigitte Horiot, CNRS et université Lyon-III, Les Parlers du Sud-Ouest, dans : Français de France et Français du Canada : Les parlers de l’Ouest de la France, du Québec et de l’Acadie, 1995 : «  La description linguistique du domaine de l’ALO met en évidence l’existence entre Loire et Gironde d’un domaine linguistique important, forgé par sa situation géographique et par son histoire, et dont la particularité est d’être une marche entre le Nord et le Midi, entre les pays bretons et la région du Centre. »
  5. Pierre Bonnaud, La langue régionale, dans « Esquisse géohistorique du Poitou médioroman », 2006 : « Il est impossible de traiter séparément poitevin et saintongeais, mais ils sont à la fois solidaires et un peu distincts, tant dans leurs origines que dans leur évolution.. »
  6. Hans Goebl, université de Salzbourg, Regards dialectométriques sur les données de l'Atlas linguistique de la France (ALF) : relations quantitatives et structures de profondeur, in: Estudis Romànics XXV, 2003, pages 59-121. Lire en ligne: : Dans cette étude le poitevin-saintongeais apparaît comme une unité aussi bien au niveau de l'analyse supradialectale (carte 20) que de l'analyse dialectale (carte 22).
  7. a b et c Jean-François Miniot, L'UPCP-Métive, dans « Poitou-Charentes en Aquitaine ! et la Vendée aussi ! », (de et sous la direction d’Éric Nowak, avec la collaboration de : Michel Perraudeau, Aurélien Rondeau, Frédérique Dumerchat, Jean-François Miniot, Didier Paillaud, Laurent Pineau, Christiane Fourquet, Xavier-Gérard Dupuis, Jaqueline Fortin, Pascal Thebeaud, Jean-Christophe Dourdet, Vincent Poudampa, Dominique Sumien, Jean-Pierre Surrault), 2014, Édition des régionalismes / Pyrémonde
  8. Vianney Piveteau, « Graphie du poitevin-saintongeais » (consulté le )
  9. « Reportage sur les Ballets Populaires Poitevins » [vidéo], sur ina.fr, Vivre en France,
  10. [vidéo] Chorégraphie "Aunis" de Jacques Garnier, filmée par Luc Riolon, sur une musique de Maurice Pacher sur YouTube
  11. a et b Éric Nowak, Patois et chansons de nos grands-pères en Poitou, CPE éditions, 2012 (ISBN 978-2-84503-992-6)
  12. a b c d et e Henri Donzaud, Ethnologie et culture vivante en milieu rural, réflexion à partir de l'exemple du centre culturel La Marchoise de Gençay, dans : Les cahiers du centre culturel La Marchoise, no 8, 1983.
  13. Le Poitevin-saintongeais Langue d’oïl méridionale, Geste Éditions et Bureau Européen pour les langues moins répandues, 2002.
  14. « amopa79.org/pages/cinquantenai… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  15. Marie Lorillard, 2008. « VALIERE Michel, 2006, Le conte populaire. Approche socio-anthropologique ». ethnographiques.org, Comptes rendus d’ouvrages (en ligne).
  16. Jacques Chauvin, Le sabaron et l'escarpin, chaussures et métiers, Poitou-Vendée, 1880-1960", Geste éditions, 1992 (ISBN 2-905061-66-9).
  17. Thèse : Le symbolisme de l'art rupestre ancien du Sahara central
  18. Le Quellec Jean-Loïc sur le site de l'Institut des mondes africains
  19. Liliane Jagueneau (1987), Structuration de l'espace linguistique entre Loire et Gironde, Analyse dialectométrique des données de l'Atlas Linguistique et Ethnographique de l'Ouest, thèse de Doctorat d'État, Toulouse, 1987.
  20. « Jagueneau, Liliane (1950-....) », sur idref.fr (consulté le ).
  21. « cnrs.fr/inshs/recherche/peps/l… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]