6 ou 7 personnes (1 pilote, 1 copilote, 1 mécanicien de bord, 1 opérateur des systèmes de com., 1 navigateur, 1 mitrailleur de queue, parfois un 2e navigateur)
Le Tu-95 a donné naissance à plusieurs variantes, notamment le Tu-142, conçu pour la patrouille maritime, ainsi que le Tu-114, une version modifiée pour le transport de passagers.
Après la création du Strategic Air Command (SAC) par les États-Unis en 1946, l'URSS décide de développer un bombardier stratégique intercontinental plus performant que les appareils dérivés du Tu-4, lui-même une copie du B-29[2]. Le bureau d'études Tupolev, dirigé par Andreï Tupolev, conçoit en 1949 le Tu-85, une version agrandie du Tu-4, mais celui-ci ne répond pas pleinement aux exigences stratégiques soviétiques.
En 1950, une nouvelle spécification est émise à la fois pour Tupolev et le bureau d'études Myasichtchev. Le futur bombardier doit être capable d’atteindre une portée de 8 000 km, permettant de frapper des cibles majeures aux États-Unis, tout en transportant une charge utile de 11 000 kg[3]. Les premières études du projet débutent en 1949, et le feu vert définitif est donné le .
Le premier prototype, désigné Modèle 95/I, effectue son premier vol le sous le pilotage d'Alexeï Perelet(en). Il est équipé de huit turbopropulseurs Kouznetsov 2-TV-F de 6 000ch, disposés par paire. Ce prototype est détruit le en raison d'un incendie moteur, entraînant la mort du pilote et de l’ingénieur navigant. Il est remplacé par le modèle 95/II, qui adopte quatre turbines Kouznetsov TV-12 de 12 000 ch, équipées d'hélices contrarotatives pour augmenter le rendement de propulsion. Ce second prototype prend son envol le .
Deux Tu-95 Bear-H russes, entre un An-124 russe et un B-52 de l'USAF sur une base de Louisiane en 1992
Les deux premiers appareils de série furent appelés Tu-95 et volèrent pour la première fois en . L'année suivante, cinq appareils dont le second prototype furent présentés en vol au salon aéronautique de Tuchino.
Il fut construit jusqu'en dans l'usine d'aviation de Kouïbychev (actuellement usine Aviakor, à Samara).
Il a été dérivé du Tu-95 une version de surveillance et de patrouille maritime, le Tupolev Tu-142.
Les flottilles de l'aviation à long rayon d'action équipées de l'appareil furent toujours en alerte, au cas où la guerre froide aurait pris un nouveau tournant et qu'il eût fallu bombarder le bloc de l'Ouest. À part cela, il a beaucoup servi dans le transport de bombes et de missiles à travers l'URSS. Les bombardiers Tu-95 étaient utilisés par l'URSS pour tester des bombes nucléaires et thermonucléaires. En service, les bombardiers sont normalement munis de lanceurs avec six missiles de croisière Kh-55. Le modèle peut en outre porter encore dix missiles sur les pylônes sous ses ailes[réf. souhaitée]. Enfin, le Tu-142 fut un patrouilleur maritime pour surveiller les côtes soviétiques pour la marine soviétique.
Seules l'Inde, l'Ukraine et la Russie possèdent des exemplaires de cet appareil. En janvier 2014, seuls 55 exemplaires étaient encore en service chez cette dernière[4].
Un Tupolev Tu-95 à l'atterrissage.
Le , deux Tu-95 russes ont survolé la Manche, sans que ni le Royaume-Uni ni la France n'en aient été préalablement avertis[5].
Les deux Tu-95 ont d'abord été repérés au large de la Norvège, volant de conserve avec deux ravitailleurs Illiouchine Il-78, escortés par deux MiG-31. Deux F-16 norvégiens ont aussitôt décollé afin d'encadrer la formation[5]. Une partie de la formation russe a fait demi-tour et seuls les deux bombardiers ont poursuivi leur vol vers le sud, survolant ensuite la Manche avant de longer les côtes britanniques à une distance moyenne de 40 km.
La présence des deux bombardiers lourds à proximité de l'espace aérien britannique a déclenché un léger mouvement de panique, provoquant le déroutement de plusieurs vols civils. Le Royaume-Uni a dépêché deux chasseurs Typhoon pour escorter les bombardiers russes. La France a fait décoller un Rafale de la base de Creil. Deux Mirage 2000 de la permanence opérationnelle de la base de Lann-Bihoué ont également été mis en alerte.
Ils sont engagés pendant l'invasion de l'Ukraine par la Russie en tirant des missiles air-sol de longue portée. Leur base Engels-2 est attaquée deux fois par des drones ou missiles ukrainiens en décembre 2022 et un d'entre eux est endommagé lors du premier raid le 5 décembre[6].
Bear F (Tu-142) : version maritime pour la surveillance côtière et la neutralisation des sous-marins, il y a eu de nombreuses sous-versions ;
Bear G (Tu-95K-22) : fusionnant des qualités des Bear B et Bear C. Ils ont été modernisés au niveau de l'avionique embarquée et peuvent emporter le missile AS-4 Kitchen. Ils sont encore utilisés par l'armée russe ;
Bear H (Tu-95MS/Tu-95MS6/Tu-95MS16) : modernisation du Tu-142 semblable à la version G officialisée en juillet 1977. La principale transformation étant l’installation d’une soute interne avec lanceur rotatif MKU‑6‑5 pouvant embarquer six missiles Kh‑55[7]. Ils peuvent emporter jusqu'à seize missiles AS-15A Kent devant être remplacés par des AS-19 Koala ;
Bear J (Tu-142MR) : modernisation de la version F, l'appareil est chargé d'assurer la communication entre le gouvernement et les sous-marins de la flotte.
Tu-95MSM : Modernisation en profondeur des Tu-95MS. Premier vol en , 20 bombardiers devraient être convertis a ce standard[8].
Il existe d'autres versions qui n'ont pas atteint le stade de la série.
↑Russia Air Force Handbook, Volume 1 Strategic Information and Weapon Systems, Washington DC, International Business Publications, US, February 7, 2007 (updated 2011), , 157–9 p. (ISBN978-1-4330-4115-0)
Enzo Angelucci et Paolo Matricardi (trad. de l'italien), Les avions, t. 5 : L'ère des engins à réaction, Paris/Bruxelles, Elsevier Sequoia, coll. « Multiguide aviation », , 316 p. (ISBN2-8003-0344-1), p. 224-225.
(en) Paul Duffy et Andrei I. Kandalov, Tupolev : The man and his aircraft, Airlife (Shrewsbury, UK), , 237 p. (ISBN978-1-85310-728-3)
(en) Paul Eden (éditeur), Encyclopedia of modern military aircraft, Londres, Amber Books Ltd., , 512 p. (ISBN978-1-904687-84-9).
(en) Yefim Gordon et Peter Davidson, Tupolev Tu-95 Bear, Specialty Press Publishers & Wholesalers (North Branch, Minnesota), , 104 p. (ISBN978-1-58007-102-4)
(en) R.G. Grant et John R. Dailey, Flight : 100 years of aviation, DK Adult publishing (Harlow, Essex), , 452 p. (ISBN978-0-7566-1902-2)
(en) Stewart Wilson, Combat aircraft since 1945, Aerospace publications (Fyshwick, Australie), , 192 p. (ISBN978-1-875671-50-2)
(fr) Tupolev Tu-95 - Encyclopédie illustrée de l'aviation no 154 - Atlas