Trou du Fond de la Souche

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Trou du Fond de la Souche
Localisation
Coordonnées
Localisation
Vallée
vallée de l'Aroffe
Localité voisine
Caractéristiques
Type
calcaire (Bajocien supérieur)
Altitude de l'entrée
305 m
Longueur connue
2 500 m
Température
9-10 °C
Cours d'eau
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Le Trou du Fond de la Souche est un gouffre situé sur la commune d'Harmonville. C'est la 2e plus grande cavité du département des Vosges pour ce qui est du développement connu.

Ce gouffre est l'un des très rares accès à l'Aroffe souterraine.

Historique[modifier | modifier le code]

Identifié comme un exutoire de crue de l'Aroffe souterraine, le Trou du Fond de la Souche apparaissait comme une micro-doline d'où l'eau émergeait sous forme d'un petit geyser lors des crues de l'Aroffe.

Bien que François Godon du Groupe spéléologique du toulois (G.S.T.) a tenté de pénétrer dans le réseau en 1961, il n'y est pas parvenu, butant sur une diaclase étroite à 1 m de profondeur.

Redécouverte lors d'une prospection le par Éliane Prévot, épouse de Daniel Prévot, tous deux membres du Cercle lorrain de recherches spéléologiques (C.L.R.S.). Celle-ci observe alors une petite doline dont le fond est tapissé de galets et de graviers. Après plusieurs séances de désobstruction, y compris à l'explosif, par les membres du C.L.R.S. (notamment Christian Barbier, Daniel Prévot, Philippe Vallet et Guy Vaucel), ceux-ci débouchent le à −20 m sur un méandre parcouru par un cours d'eau. Le le méandre est franchi et les spéléologues atteignent le collecteur qu'ils explorent vers l'aval sur environ 800 m jusqu'au siphon aval (le Siphon 71) alors qu'ils sont arrêtés en amont par un système dichotomique d'étroitures impénétrables. En , le plan du puits d'entrée et du méandre est établi.

Sous l'influence de Philippe Vallet le C.L.R.S. décide de terminer les travaux de topographie en 1979. Le franchissement du passage dichotomique permet d'explorer 750 m de galerie jusqu'à un nouveau siphon (le Siphon 79) et de découvrir un nouvel affluent, la rivière du Faro. Le C.L.R.S. poursuit les travaux et les explorations jusqu'en 1982 ; dans le Faro 1 000 m sont explorés mais seulement 300 seront topographiés.

À la suite d'une conférence à Harmonville en 1989, le C.L.R.S. obtient l'autorisation de reprendre les travaux. L'entrée est sécurisée par la pose d'une buse et plusieurs séances d'explorations et levés topographiques permettent d'explorer 300 m dans le siphon 79, extrêmement bas durant l'été 89. Dans l'amont du Faro la progression reste difficile et seuls 300 des 1 000 m sont topographiés. Plusieurs petits affluents sont repérés.

Le siphon aval est plongé en par Alain Moritz sur 50 m. En septembre- Jean-Marc Lebel (1961-2001), aidé de Laurent Osvald et Stéphane Guignard, tous membres de l'USAN, reprend son exploration et porte le développement total du siphon à 280 m (profondeur : −8 m)[1].

Description[modifier | modifier le code]

L'entrée est une diaclase étroite d'une hauteur de 1,5 m qui donne sur deux puits successifs qui mènent, à 20 m de profondeur, à une chatière.

Après quelques mètres, la chatière donne sur un méandre (largeur : 50 à 60 cm ; hauteur : 1,5 m) parcouru par un ruisseau ; c'est l'affluent du Claco. Au bout d'environ 120 m la galerie s'abaisse pour former un laminoir d'une quarantaine de mètres. S'ensuit un boyau noyé, qui peut être shunté par un passage supérieur, d'une vingtaine de mètres qui se transforme à nouveau en laminoir débouchant sur le collecteur appelé la grande galerie.

La grande galerie mesure environ 1 750 m pour une largeur variant de 2 à 6 m. Vers l'aval c'est une galerie de belle dimension qui se termine sur le Siphon 71, exploré sur 280 m. Vers l'amont c'est une galerie relativement basse avec des passages d'étroitures (passage dichotomique) jusqu'à la diffluence où le réseau est rejoint par un nouvel affluent, la rivière du Faro.

Le Faro alimente la grande galerie suivant deux directions opposées vers le Siphon 71 et vers le Siphon 79. Le Faro a été exploré sur plus de 1 000 m ; il s'agit d'une diaclase pouvant atteindre 5 m de haut, alimentée par plusieurs petits affluents.

La grande galerie est régulièrement entrecoupée de cheminées qui peuvent atteindre une quinzaine de mètres.

Les travaux réalisés dans les années 80 soulèvent plusieurs questions et problèmes :

  • le Fond de la Souche semble être un affluent important de l'Aroffe souterraine, mais pas directement la rivière ;
  • des galets de calcaire d'origine inconnue sont présents, notamment à la diffluence ;
  • le siphon 79 a un niveau extrêmement variable contrairement au siphon 71 ;
  • un phénomène de capture ou d'érosion régressive a dû avoir lieu entre le Fond de la Souche (le Claco) et le Faro.

Depuis 2021 l'Union spéléologique de l'agglomération nancéienne travaille en partenariat avec UniLaSalle Beauvais à apporter des réponses à ces questions en cherchant le cours souterrain par des méthodes de tomographie électrique au niveau du Fond de la Souche[2].

Faune[modifier | modifier le code]

La rivière souterraine contient une faune stygobie importante composée de crustacés isopodes Caecosphaeroma et de crustacés amphipodes Niphargus. Ont été aussi prélevés des collemboles, des coléoptères et des diptères.

Classement spéléologique[modifier | modifier le code]

L'ensemble de la cavité est de classe 3. Des conditions exceptionnelles de pluviométrie peuvent conduire à un ennoiement complet du réseau.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Christian Barbier et Guy Vaucel, « Une nouvelle cavité en Lorraine : le Trou du Fond de la Souche à Harmonville (Vosges) », Hadès, les cahiers spéléologiques de Lorraine, Nancy, Cercle lorrain de recherches spéléologiques, no 3,‎ , p. 13-23 (ISSN 0181-1029)
  • Marc Durand, J.-C. Jouanneau et H. Soudet, « À propos d'une excursion sur le bassin de l'Aroffe ; Bajocien nancéien et karstification (1re partie) », Spéléo L, Nancy, Comité régional de spéléologie d'Alsace-Lorraine, no 3,‎ , p. 27-52 (ISSN 0758-3974, lire en ligne, consulté le )
  • Marc Durand, J.-C. Jouanneau et H. Soudet, « À propos d'une excursion sur le bassin de l'Aroffe ; Bajocien nancéien et karstification (2e partie) », Spéléo L, Nancy, Comité régional de spéléologie d'Alsace-Lorraine, no 4,‎ , p. 21-48 (ISSN 0758-3974, lire en ligne, consulté le )
  • Dominique Jacquemin, « Trou du Fond de la Souche (Harmonville) », Hadès, les cahiers spéléologiques de Lorraine, Nancy, Cercle lorrain de recherches spéléologiques, no 8,‎ , p. 127-128 (ISSN 0181-1029)
  • Jean-Marc Lebel, « Travaux sur l'Aroffe souterrain », Spelunca, Paris, Fédération française de spéléologie, 5e série, no 48,‎ , p. 7
  • Jean-Marc Lebel, « Trou du Fond de la Souche (Harmonville) », Spelunca, Paris, Fédération française de spéléologie, 5e série, no 49,‎ , p. 14-15
  • Jean-Marc Lebel, « Plongées au Fond de la Souche », Hadès, les cahiers spéléologiques de Lorraine, Nancy, Cercle lorrain de recherches spéléologiques, no 8,‎ , p. 128-131 (ISSN 0181-1029)
  • J. Le Roux et J. Salado, Fonctionnement des aquifères calcaires lorrains déduit des expériences de traçages colorimétriques, Metz, SRAE Lorraine, , 177 p.
  • Michel Louis et Claude Paturaud, « Colorations dans le Toulois », Spélé Eau Boue, Saint-Dizier, Association spéléologique de Haute-Marne, no 7,‎ , p. 38-47
  • Pierre-Louis Maubeuge, « Le réseau karstique de l'Aroffe (Lorraine centrale) », Bulletin technique des mines de fer en France, no 128,‎ , p. 191-208 (lire en ligne, consulté le )
  • Bernard Perrin, Histoire méconnue de nos villages, t. IV Haut-Saintois, Essey-lès-Nancy, Imp. Christmann, , « L'Aroffe et la spéléologie », p. 139-141
  • Philippe Vallet, « Le Trou du Fond de la Souche », Hadès, les cahiers spéléologiques de Lorraine, Nancy, Cercle lorrain de recherches spéléologiques, no 7,‎ , p. 5-12 et plan annexe (ISSN 0181-1029)
  • Philippe Vallet, « Petite histoire du Fond de la Souche », Hadès, les cahiers spéléologiques de Lorraine, Nancy, Cercle lorrain de recherches spéléologiques, no 7,‎ , p. 13-16 (ISSN 0181-1029)
  • Guy Vaucel, « Premières observations sur la faune du Trou du Fond de la Souche », Hadès, les cahiers spéléologiques de Lorraine, Nancy, Cercle lorrain de recherches spéléologiques, no 7,‎ , p. 17-18 (ISSN 0181-1029)
  • Agnès Wehrli, Les modalités de la circulation de l'eau dans le bassin-versant topographique et hydrogéologique de l'Aroffe (Mémoire de DEA de géographie), Metz, Université de Metz, , 87 p.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Trou du Fond de la Souche », sur plongeesout.com.
  2. Élise Chenot et Christophe Prévot, « À la recherche de la rivière disparue », The Conversation,‎ (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]