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Triton (musique)

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En musique, triton est un autre nom de l'intervalle de quarte augmentée (à ne pas confondre avec la quinte diminuée). Le terme « triton » vient du fait que cet intervalle fait exactement trois tons (alors que la quinte diminuée comporte deux tons et deux demi-tons diatoniques).

Description formelle

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Le triton a pour particularité d'être un intervalle à mouvement obligé (cet intervalle demande à être résolu du fait de la tension qu'il engendre),

Les intervalles fa - si, do - fa et - sol sont des quartes augmentées (tritons si considérés ascendants, mais quintes diminuées si considérés descendants), mais l'intervalle entre do et sol sera considéré comme un triton uniquement si les notes sont présentées dans l'ordre suivant : sol - do , car do - sol dans l'ordre ascendant est une quinte diminuée.

  • Dans la gamme tempérée, le rapport de fréquences entre la note de base et celle qui lui est supérieure d'un triton est 21/2 ().
  • Dans la gamme pythagoricienne, ce rapport est 729/512 soit (9/8)3.
  • Dans la gamme naturelle, ce rapport est 45/32, soit 9/8 x 9/8 x 10/9 : les trois tons sont en fait deux tons majeurs et un ton mineur.
  • Dans l'harmonie classique, l'intervalle de triton est considéré comme l'intervalle dissonant par excellence. Il est également la « pierre angulaire » de la cadence parfaite.

Emploi et connotation

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Pendant le haut Moyen Âge, la composition musicale du chant grégorien n'hésitait pas à faire apparaître le triton dans les mélodies du septième mode, dont les développements autour de la corde modale du ré s'appuyaient à la fois sur le si (à la tierce inférieure) et sur le fa (à la tierce supérieure). Ce triton structurel contribue fortement à l'aspect désorientant du mode.

À la fin du Moyen Âge, le triton a été systématiquement évité car jugé trop dur à l'oreille, ce qui lui valut le surnom de « Diabolus In Musica » :

« Il semble avoir été envisagé comme un intervalle “dangereux” lorsque Guido d'Arezzo développa son système hexacordal avec l'introduction du si en tant que note diatonique, tandis que l'intervalle recevait en même temps son surnom de Diabolus In Musica le diable dans la musique. »

— Denis Arnold, « Tritone »[1].

En raison de cette association symbolique originelle, les sonorités de l'intervalle ont été, dans l'inconscient populaire, culturellement assimilées à quelque chose de diabolique. Aussi, de nos jours, l'emploi du triton tend souvent à connoter un sentiment « malsain » ou « maléfique », surtout quand sa dissonance est utilisée sans fonctionnalité tonale.

Dans les clochers, l'intervalle de triton entre deux cloches est évité pour ces mêmes raisons.[réf. nécessaire] On l’entend cependant à l’horloge du Capitole, Hôtel de Ville de Toulouse, pour la sonnerie des quarts, depuis l’ajout d'une cloche Louison de 1838 (quinte diminuée descendante mi-si bémol) à deux cloches Vignes de 1768 (survivantes de l’ancien carillon de 9 cloches installé par Cammas), la plus grosse, dite cloche des Capitouls, sonnant les heures.

Chez Bach, on le retrouve souvent (divertissement de la seconde fugue en ut mineur du premier livre du Clavier bien tempéré par exemple) pour souligner un aspect marquant du discours musical. Un autre fameux emploi de cet intervalle est le ballet L'Oiseau de feu d'Igor Stravinsky où il revient souvent comme un leitmotiv car associé (entre autres) au personnage de l'Oiseau de Feu. L'Introduction et particulièrement les toutes premières mesures aux violoncelles et contrebasses reposent entièrement sur cet accord de triton

On entend aussi fréquemment cet intervalle dans les klaxons, ce qui leur donne cette sonorité agressive. On l'entend également dans diverses sonneries destinées à attirer l'attention, comme certaines alarmes incendie.

Le triton est la note bleue, dans le cas de la note bleue, les modifications sont parfois microtonales, de la gamme pentatonique mineure et se retrouve dans certains genres musicaux tel que le jazz, le blues[2] et leur dérivées, comme le rock, ainsi que ses sous-genres, comme le hard rock et le heavy metal depuis au moins le morceau Black Sabbath, sur l'album du groupe éponyme Black Sabbath.

Exemples à écouter

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Fichier audio
Triton do-fa#
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Triton (quarte augmentée) fa-si

Notes et références

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  1. Denis Arnold, « Tritone », in The New Oxford Companion to Music, Volume 1: A-J, Oxford University Press, 1983 (ISBN 0-19-311316-3) (traduction).
  2. (en) Gerhard Kubik, « Blue note(i) », Oxford University Press

Articles connexes

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Lien externe

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