Trichopoda pictipennis

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Trichopoda pictipennis est une espèce de mouches brachycères de la famille des Tachinidae, du genre Trichopoda, qui parasite les punaises, notamment Nezara viridula.

Cette espèce a été confondue avec une espèce proche, Trichopoda pennipes.

Taxinomie[modifier | modifier le code]

Cette espèce est décrite par l'entomologiste français Jacques Marie Frangile Bigot en 1876. Elle appartient au sous-genre Trichopoda (Galactomyia)[1].

Étymologiquement, le nom de genre est construit à partir du grec ancien Trichopoda signifiant « à pattes poilues » et l'épithète spécifique signifie « à ailes peintes», en référence à ses ailes bicolores.

Elle est confondue avec Trichopoda pennipes (Fabricius, 1781), également originaire d'Amérique latine[2], qu'on croit par exemple être l'espèce arrivée en Europe en 1980 ou celle introduite en Australie (sous le nom de T. giacomellii), jusqu'en 2021 où une étude démontre l'erreur d'attribution et corrige l'identification.

Description[modifier | modifier le code]

De taille moyenne (5,5 à 9,5 mm), elle a une grosse tête, des ailes orange et noires chez les mâles, brunes et hyalines chez les femelles, le thorax jaune rayé de noir, l'abdomen orange, dont l'apex de l'abdomen est orange foncé chez les mâles, et noir chez les femelles, avec toutefois une grande variabilité de coloration, allant du très clair au très foncé. Les pattes sont noires, aux derniers tarses clairs, et la troisième paire de pattes porte un peigne de poils noirs, caractéristique propre à toutes les espèces du genre Trichopoda. Chez les femelles de T. pennipes, il n'y a pas de jaune aux ailes, et chez les mâles, il est moins marqué et ne démarre pas à la base de l'aile. Toutefois, les deux espèces ont un vaste polymorphisme, ce qui entraîne des difficultés d'identification et des confusions.

Répartition[modifier | modifier le code]

Elle est native de la zone néotropicale (Amérique du Sud). Elle a été introduite comme moyen de lutte biologique en Australie et en Nouvelle-Zélande, bien que sous le nom de T. giacomellii[3],[2].

En Europe, elle a été introduite accidentellement à la fin des années 80 en Italie, découverte près de l'aéroport international de Rome et d'une base militaire, qu'on suppose être son point d'entrée[3], et où elle est prise pour Trichopoda pennipes (confusion qui ne sera levée qu'en 2021), puis en Espagne et au Portugal, et en France[4], dont elle a gagné le Nord[5]. En 2011, elle a été vue au Portugal, aux Pays-Bas, en Slovénie[6]. Elle est également retrouvée en Suisse[7], en Albanie, en Croatie, à Chypre[8], en Grèce, à Malte, en Russie européenne et même en Asie occidentale, en Israël, en Turquie et en Égypte. On ignore encore si l'espèce a été introduite plusieurs fois ou si tous les spécimens proviennent d'une seule introduction avec une propagation postérieure de la population[2].

Écologie[modifier | modifier le code]

Elle parasite les punaises, de la famille des Pentatomidae. Son hôte local est Thyanta perditor, mais également aujourd'hui Nezara viridula, dans une association nouvelle depuis que cette punaise invasive est arrivée accidentellement vers 1700 dans le Nouveau monde[3]. En Australie, elle est introduite dans le but de contrôler la même Nezara viridula, mais il semble qu'elle puisse parasiter et se développer chez certaines espèces indigènes[2].

Œuf de Trichopoda pictipennis sur Nezara viridula
Trichopoda pictipennis, Espagne

Le processus de parasitage décrit pour T. pennipes est le même pour T. pictipennis. La femelle pond un ou plusieurs œufs sur la punaise, en général sur le dos (pronotum, scutellum), ou sur la tête, les ailes, ou sous les ailes. La larve pénètre à l'intérieur de l'hôte et se nourrit des fluides internes. Une seule larve peut survivre dans un hôte. Après environ deux semaines de croissance, la larve sort au troisième stade, entre les segments abdominaux. L'hôte meurt peu après, de l'effet mécanique de la sortie et non pas de la nourriture du parasite. La nymphose a lieu dans le sol, dans un cocon brun-rouge foncé, d'où l'adulte sort environ deux semaines plus tard. Il peut y avoir jusqu'à trois générations par année. La larve peut hiverner, au second stade, dans son hôte hivernant. Ainsi, malgré ce parasitisme, l'hôte continue à se nourrir, et garde la possibilité de se reproduire, même si peu à peu, ses organes sexuels sont atrophiés par le développement de la larve ayant atteint son stade 2. L'adulte émerge à la fin du printemps ou au début de l'été. À ce moment, il s'en prend à des adultes ayant hiverné, les seuls assez grands pour héberger les larves. Les générations suivantes vont parasiter aussi bien des larves aux derniers stades que des adultes de l'année. 50 % des larves parasitées vont mourir avant de devenir adultes, et les autres meurent avant de pondre. Le taux est moindre chez les punaises parasitées adultes, dont le cycle de vie n'est pas synchronisé avec celui du parasite[9].

Trichopoda pictipennis, Slovénie

L'adulte se nourrit de nectar sur les fleurs, notamment la carotte sauvage (Daucus carota), la vergerette annuelle (Erigeron annuus)[10], où il se tient souvent avec les ailes étalées.

Les hôtes parasités répertoriés, moisn nombreux que ceux de T. pennipes, sont les suivants :

Une étude menée en Italie en 1998, dix ans après son introduction accidentelle, montre qu'entre 20 et 25 % des adultes de Nezara viridula sont parasités, par un seul œuf dans plus de 50 % des cas, mais par parfois jusqu'à 15 œufs, placés surtout sur le thorax. Aucune autre espèce de Pentatomidae récoltée dans les mêmes régions n'était parasitée[3]. Il faudra poursuivre les études pour savoir si au fil du temps, cette mouche apprend à parasiter les espèces locales et l'impact sur leurs populations[11].

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Genus Trichopoda, Tachinidae of America North of Mexico », sur www.nadsdiptera.org (consulté le )
  2. a b c et d Dios, Rodrigo & Ziegler, Joachim & Zeegers, Theo, « The American genus Trichopoda (Diptera: Tachinidae) in Europe - Decades of a misidentified invasive species. », Beiträge zur Entomologie, vol. 71, no 2,‎ , p. 221-225 (ISSN 0005-805X, DOI 10.21248/contrib.entomol.71.2.221-225, lire en ligne)
  3. a b c et d (en) Gianandrea Salerno, Stefano Colazza et Ferdinando Bin, « Nezara viridula parasitism by the tachinid fly Trichopoda pennipes ten years after its accidental introduction into Italy from the New World », BioControl, vol. 47, no 6,‎ , p. 617–624 (ISSN 1573-8248, DOI 10.1023/A:1020521607677, lire en ligne, consulté le )
  4. « Trichopoda pennipes (Fabricius, 1781) | Fauna Europaea », sur fauna-eu.org (consulté le )
  5. « Trichopoda pennipes (Fabricius, 1781) », sur Inventaire National du Patrimoine Naturel (consulté le )
  6. (it) Elena Cargnus, Filippo Michele Buian et Pietro Zandigiacomo, « Presenza di Trichopoda pennipes (Diptera, Tachinidae) nell’Italia nord-orientale », Bollettino Soc. Naturalisti “Silvia Zenari”,‎ , p. 123-130 (ISSN 1720-0245, résumé)
  7. Gaël Pétremand, Sophie Rochefort, Gaëtan Jaccard et Serge Fischer, « First Detection Of The Southern Green Stink Bug Parasitoid Trichopoda Pennipes (Fabr.) (Diptera: Tachinidae) In Western Switzerland », Bulletin de la Société Entomologique Suisse, vol. 88, no 2,‎ , p. 403-409 (DOI 10.5281/ZENODO.34004, lire en ligne [PDF], consulté le )
  8. Christos Kazilas, Jakovos Demetriou et Konstantinos Kalaentzis, « Filling the gaps in the distribution of an alien species: The case of the feather-legged fly Trichopoda pennipes (Diptera: Tachinidae) in the Western Palearctic », ENTOMOLOGIA HELLENICA, vol. 29, no 1,‎ , p. 8 (ISSN 2459-3885 et 0254-5381, DOI 10.12681/eh.21774, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) « Midwest Biological Control News », sur www.entomology.wisc.edu (consulté le )
  10. « Trichopoda pictipennis Bigot 1876 - Encyclopédie de la Vie », sur eol.org (consulté le )
  11. a et b (en) Rodrigo De Vilhena Perez Dios et Silvio Shigueo Nihei, « Taxonomic revision of the genus Trichopoda Berthold, 1827 (Diptera: Tachinidae: Phasiinae), with emphasis on the Neotropical fauna », Zootaxa, vol. 4870, no 1,‎ , p. 1–104 (ISSN 1175-5334 et 1175-5326, DOI 10.11646/zootaxa.4870.1.1, lire en ligne [PDF], consulté le )
  12. (en) T Lucini, A R Panizzi et R V P Dios, « Tachinid Fly Parasitism and Phenology of the Neotropical Red-Shouldered Stink Bug, Thyanta perditor (F.) (Heteroptera: Pentatomidae), on the Wild Host Plant, Bidens pilosa L. (Asteraceae) », Neotropical Entomology, vol. 49, no 1,‎ , p. 98–107 (ISSN 1519-566X et 1678-8052, DOI 10.1007/s13744-019-00706-4, lire en ligne, consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]

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