Tribunal Russell sur la Palestine

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Le Tribunal Russell sur la Palestine (TRP) - en anglais : Russell Tribunal on Palestine (RToP) - est un tribunal d'opinion pro-palestinien fondé en , pour « mobiliser les opinions publiques pour que les Nations unies et les États membres prennent les mesures indispensables pour mettre fin à l’impunité de l’État d’Israël, et pour aboutir à un règlement juste et durable de ce conflit »[1].

Naissance[modifier | modifier le code]

Ses promoteurs sont Ken Coates, président de la Fondation Bertrand Russell œuvrant pour la paix, Nurit Peled, une israélienne enseignant à l'université hébraïque de Jérusalem, et Leila Shahid, déléguée générale de l'Autorité Palestinienne auprès de l'Union Européenne.

« L'humanité s'est transformée en une grande famille, donc nous ne pouvons pas assurer notre prospérité si nous ne garantissons pas la prospérité de tous. Si vous voulez être heureux, vous devez vous résigner à voir les autres aussi heureux », Bertrand Russell, 1872-1970

Inauguré en présence de Stéphane Hessel, ambassadeur de France, qui assiste en son temps aux séances de rédaction de la Déclaration universelle des droits de l'homme[2], son objectif affiché est de « réaffirmer la primauté du droit international comme base du règlement du conflit israélo-palestinien »[3].

Il est créé sur le modèle du Tribunal Russell[note 1], appelé également Tribunal de Stockholm, proclamé à propos de la guerre du Viêt Nam par Bertrand Russell et Jean-Paul Sartre. D'autres tribunaux Russel-Sartre ont été mis en place, utilisant ce même modèle tels le Tribunal Russell sur l'Amérique latine, le Tribunal Russel sur l'Irak ou sur l'Ukraine de l'Est qui se sont étendus sur des temps de sessions plus courts que ceux pour la Palestine.

Le Tribunal Russel sur la Palestine fonde son action sur le droit international[4] et en particulier sur l’avis de la Cour internationale de Justice du [5] et les résolutions du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU)[6].

Deux années de contacts sont nécessaires pour constituer le Comité de parrainage[7].

Comités d'appui[modifier | modifier le code]

Des comités d'appui du travail du Tribunal sont nés en en France, en Allemagne, en Belgique, en Irlande, en Suisse[8], au Luxembourg, en Afrique du Sud, au Royaume-Uni et en Espagne. En France, un comité national d'appui (CNA) a été créé[9] par des associations telles que le MRAP, l’AFD, l’AFPS[10].

Association belge[modifier | modifier le code]

En , l'association se convertit en un organisme sans but lucratif (ASBL) ayant un statut légal à Bruxelles (15 rue Stévin), sous l'acronyme TRP, par un groupe de militants belges : l'ancien sénateur belge PS non élu Pierre Galand, l'ancien professeur de comptabilité et formateur syndicaliste à la FGTB Jacques Michiels[11], le professeur d'arts martiaux Jacques Debatty, la secrétaire générale de l'association belge-palestinienne (ABP) Nadia Farkh[12], le physicien Henri Eisendrath et Roseline Sonet. Galand est nommé président et administrateur de l'association, Michiels trésorier et Debatty secrétaire[13]. Ils sont rejoints par Frank Barat.

Organisation des différentes sessions[modifier | modifier le code]

Financement[modifier | modifier le code]

En 2011, Pierre Galand indique que la session du tribunal au Cap du tribunal de a un budget de 190 000 € dont 100 000 € donnés par les Editions Indigène. S'y ajoutent plus de 15 000 € soulevée lors d'une collecte de fonds par un comité de soutien belge du Tribunal Russell, le . La Fondation Caipirinha[14] indique le TRP comme un récepteur de subventions mais ne divulgue pas de détails à ce sujet[réf. souhaitée].

Préparatifs[modifier | modifier le code]

Les organisateurs[note 2] ont annoncé que l'année 2009 serait occupée à des travaux d'investigations. La composition du jury n'était pas alors encore arrêtée[15].

Au cours d'une conférence de presse, le [16], l'information a été donnée selon laquelle le gouvernement de Catalogne aurait accepté d'accueillir la première session du tribunal[17]. Selon Leïla Shahid, « les organisateurs ont décidé d’avoir plusieurs sessions de ce Tribunal dans différents continents et dans différentes villes »[18].

Selon les vœux de Ken Coates du Comité organisateur, le tribunal pourrait appuyer l'appel « Boycott, désinvestissement et sanctions »[19] (BDS) et, selon les vœux de Jean Ziegler, agir pour permettre au Conseil de sécurité de saisir le procureur de la Cour pénale internationale[20].

Première session : Barcelone[modifier | modifier le code]

Le tribunal a tenu sa première session le 1, 2 et , à Barcelone. Le tribunal « s’est penché sur les complicités et manquements de l’Union européenne et ses États membres dans la prolongation de l’occupation des Territoires palestiniens et les violations par Israël des droits du peuple palestinien »[21].

Deuxième session : Londres[modifier | modifier le code]

Une deuxième session a été organisée à Londres, le , sur le thème de la complicité des entreprises dans les violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire commises par Israël[22]. La question du boycott et de la démarche « Boycott, désinvestissement et sanctions » y a été fortement posée par les intervenants.

Troisième session : Le Cap[modifier | modifier le code]

Une troisième session a été organisée au Cap, en Afrique du Sud du 5 au . Elle a abordé la question suivante : « Les pratiques d’Israël envers le peuple palestinien violent-elles l’interdiction internationale de l’apartheid ? ». En effet, la notion juridique d'apartheid apparaît dans des textes des Nations unies et dépasse le strict cadre historique et géographique de l'Afrique du Sud[23].

Cette troisième session se préparait au moment où la question de la reconnaissance par l'ONU de l'État palestinien est posée. En 2011, le Tribunal Russell sur la Palestine « entend participer activement à la restauration des droits du peuple palestinien »[24].

Oppositions[modifier | modifier le code]

Après la session au Cap, l'ancien vice-président à la Knesset, (en) Otniel Schneller, dépose une plainte auprès du comité d'éthique du Parlement israélien contre la députée arabe israélienne à la Knesset, Hanin Zoabi, qui a déclaré au Tribunal Russel qu'« Israël est un Etat d'apartheid »[réf. nécessaire].

Un groupe de Juifs sud-africains a aussi protesté contre cette Cour que l'organisateur de la manifestation a appelée « Cour Kangourou »[réf. nécessaire].

Quatrième Session : New York[modifier | modifier le code]

La quatrième et dernière session internationale a eu lieu à New York, les 6, 7 et . Cette session a passé en revue l'échec de l'ONU à mettre en œuvre toutes les résolutions pertinentes qui devraient conduire à la pleine reconnaissance des droits du peuple palestinien. Elle a analysé et dénoncé les complicités et omissions des États tiers, en particulier des États-Unis, dans leur refus d'accorder aux Palestiniens les mêmes droits à l'indépendance que les autres nations de la région, y compris Israël.

Session finale : Bruxelles[modifier | modifier le code]

La session finale a eu lieu à Bruxelles les 16 et , pour faire la synthèse des différentes audiences[25]. Un hommage y a été rendu à Stéphane Hessel.

Session extraordinaire : Bruxelles[modifier | modifier le code]

Lors de la session extraordinaire tenue à Bruxelles le 24 et , le Tribunal Russell conclut que le crime d’incitation au génocide et des crimes contre l’humanité ont été commis à Gaza durant l’Opération Bordure Protectrice deux mois plus tôt[26].

Critiques[modifier | modifier le code]

Les motifs de critique sont divers :

  • Accusation d'avoir condamné d'avance Israël en ayant a priori pour l'objectif de le trouver a posteriori « coupable d'apartheid, crimes de guerre et de génocide »[27][source insuffisante]
  • Accusation de désinformation par le biais de cet unilatéralité de points vue et donc le risque ainsi d'envenimer la situation plutôt que lui trouver une solution[réf. souhaitée]
  • Accusation de s'appuyer sur les résolutions, les rapports, les comités de l'ONU contre Israël dont le dernier Secrétaire général, Ban Ki Moon, dénonçait le fait que « des décennies de manœuvres politiques » en avaient créé « un nombre disproportionné »[28],[29].
  • Accusation d'un tribunal injuste qui ne pourra pas conduire à des résolutions d'équité ou de justice pour les raisons sus-citées[réf. souhaitée]

Membres du Comité de parrainage[modifier | modifier le code]

Le Tribunal Russell sur la Palestine revendique le parrainage des personnalités suivantes[30].

Stéphane Hessel lors d'un point presse sur le Tribunal Russell pour la Palestine, juillet 2010

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes

  1. « Les militants du groupe israélien politique socialiste et antisioniste Matzpen, basés à Londres, vont créer une antenne de Matzpen, appelée Israel Revolutionary Action Committee Abroad (ISRACA), dirigée par Moshé Machover, et chargée de se faire le porte-parole et le propagandiste de l’Organisation socialiste en Israël (ISO), afin d’organiser les forces anti-sionistes dans différentes villes européennes. Ce groupe va former une coalition anti-sioniste sous les auspices de la Bertrand Russell Foundation for Peace (1967). » Lire en ligne
  2. Les membres du Comité organisateur sont énumérés par Pierre Galand au début de cette vidéo. Il s'agit de Ken Coates, Pierre Galand, Stéphane Hessel, Marcel-Francis Kahn, Robert Kissous, François Maspero, Paulette Pierson-Mathy, Bernard Ravenel, Brahim Senouci.

Références

  1. Texte de l'Appel, sur le Site du Tribunal Russell sur la Palestine.
  2. « J'assistais aux séances et j'écoutais ce qu'on disait mais je n'ai pas rédigé la déclaration » : http://www.un.org/apps/newsFr/printnewsAr.asp?nid=17952.
  3. « Création d'un "Tribunal Russell" pour la Palestine », Le Nouvel Observateur,‎ (lire en ligne).
  4. Pour situer ce tribunal dans l'évolution récente de la justice internationale, voir Daniel Lagot, Justice ou injustice internationale ? Vraie justice ou justice à sens unique ?, L'Harmattan, 2009 (ISBN 978-2-296-08608-1) (en particulier la conclusion).
  5. Avis consultatif de la Cour Internationale de Justice sur les conséquences juridiques de l’édification d’un mur dans le territoire palestinien occupé dans lequel elle dit que l’édification d’un mur par Israël et le régime qui lui est associé, sont contraires au droit international et elle précise les conséquences juridiques résultant de cette illicéité.
  6. « Lancement du Tribunal Russell sur la Palestine », 7sur7.be, 8 mars 2009.
  7. selon l'article de Stephen Lendmann du 16 mai 2009, The Russell Tribunal on Palestine : OpEdNews - Article: The Russell Tribunal on Palestine.
  8. « Des Suisses s'engagent pour le «Tribunal Russel» sur la Palestine », Le Courrier,‎ (lire en ligne).
  9. Compte rendu de la réunion d’institution du CNA France : Compte rendu de la réunion d’institution du CNA France,
  10. Voir le rapport du Congrès de l'Association France Palestine Solidarité : Rapport d'orientation (deuxième congrès - mai 2009) - Vie de l'Afps
  11. « Jacques Michiels – Michel Nollet le radical? – D’ouvrier à Président de la FGTB » (consulté le )
  12. -, « Militer pour la Palestine », sur Association belgo-palestinienne, (consulté le )
  13. Statuts du TRP-asbl du 29/04/2011 déposés à Bruxelles, pour les annexes du « Moniteur belge » (JO belge), dont il manque la deuxième page où figurent les signatures. Lire en ligne
  14. La Fondation Caipirinha est une émanation de la Fondation Iara Lee & Georges Gund III (voir aussi ici) basée à San Francisco (Etats-Unis) et renommée The Cultures of Resistance Network Foundation en 2010
  15. « Création d'un tribunal Russel pour la Palestine », L'Humanité,‎ (lire en ligne).
  16. Présentation du Comité Suisse d'appui au Tribunal Russell sur la Palestine, Palais des Nations, Genève, 24 juillet 2009 : Présentation du comité suisse d'appui au Tribunal Russell sur la Palestine (TRP)
  17. First session of war crimes tribunal for Palestine in Catalonia next year, Genève, 24 juillet 2009, Agence KUNA : First session of war crimes tribunal for Palestine in Catalonia next year
  18. Interview sur le site d'Eurojar, Europa Jaratouna (l’Europe, notre voisine), projet de communication multimédia, exécuté à la suite d'un appel à propositions lancé par la Commission européenne sur la région concernée par la « Politique européenne de voisinage » : Les réponses de Mme Leila Shahid
  19. Vidéo d'inauguration, Ken Coates à 1 minute 49 secondes du début
  20. russelltribunalonpalestine.org Video_Jean_Ziegler
  21. Compte-rendu de la première session
  22. Tribunal Russell : à Londres, les entreprises complices d’Israël jugées  : Tribunal Russell : à Londres, les entreprises complices d’Israël jugées
  23. Voir les communications au cours d'un colloque de 2012 : Céline Lebrun et Julien Salingue, Israël, un État d'apartheid ?, L'Harmattan, 2013.
  24. Selon L'Humanité, 14 septembre 2011.
  25. Magazine "Respect Mag" : Israël/Palestine: La solution est dans le Droit | RespectMag
  26. « Le Tribunal Russell conclut que le crime d’incitation au génocide et des crimes contre l’humanité ont été commis à Gaza », sur France-Palestine (AFPS),
  27. (en) Jayson Littman, « Five Things I Learned at my First Anti-Zionist Conference » [« Cinq choses que j'ai apprises lors de ma première conférence anti-sioniste »], sur Heebmagazine,
  28. (en) May Bulman, « Ban Ki-moon says UN has 'disproportionate' focus on Israel », The Independent,‎ (lire en ligne)
  29. « Rituel annuel : 20 résolutions contre Israël, 3 pour le reste du monde », sur UN Watch,
  30. Site du Tribunal Russel sur la Palestine, conférence de presse du 04/03/2009, Site français du Tribunal sur la Palestine, consulté le 10 août 2011.
  31. (en) « EU-wide rise in anti-Semitism described as 'understandable' », The Parliament, 4 mars 2009.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Justice pour la Palestine ! Tribunal Russell sur la Palestine, Préface de Stéphane Hessel, Éditions de L'Herne, Paris, 2013.
  • Justice pour la Palestine ! Tribunal Russell sur la Palestine, Préface de Stéphane Hessel, Éditions Média-Plus, Constantine, 2013.