Tribromure de bore

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Tribromure de bore
Image illustrative de l’article Tribromure de bore
Image illustrative de l’article Tribromure de bore
Tribromure de bore
Identification
Nom UICPA tribromure de bore
Synonymes

tribromoborane

No ECHA 100.030.585
No CE 233-657-9
No RTECS ED740000
SMILES
Apparence liquide incolore
Propriétés chimiques
Formule BBr3  [Isomères]BBr3
Masse molaire[1] 250,523 ± 0,01 g/mol
B 4,32 %, Br 95,68 %,
Propriétés physiques
fusion −46,3 °C[réf. souhaitée]
ébullition 91,3 °C[réf. souhaitée]
Solubilité réagit violemment ; soluble dans l'éthanol et dans CCl4[réf. souhaitée]
Masse volumique 2,643 g·cm-3[réf. souhaitée]
Pression de vapeur saturante 7,2 kPa (20 °C)[réf. souhaitée]
Viscosité dynamique 7,31×10−4 Pa·s (20 °C)[réf. souhaitée]
Thermochimie
Cp 0,270 6 J·K-1·mol-1[réf. souhaitée]
Propriétés optiques
Indice de réfraction 1,5312[réf. souhaitée]
Précautions
Directive 67/548/EEC



Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Le tribromure de bore, BBr3, est un composé liquide incolore contenant du bore et du brome. Ce composé est utilisé en chimie organique et inorganique pour ses propriétés d'acide de Lewis. Il est ainsi particulièrement utilisé comme catalyseur lors de réactions de Friedel-Crafts. Il est décomposé par l'eau et les alcools[2]. De plus, dans l'industrie électronique, il sert d'agent dopant pour les semi-conducteurs.

Propriétés chimiques[modifier | modifier le code]

Le tribromure de bore est un composé commercial. C'est un très fort acide de Lewis.

Il est notamment un excellent agent deméthylant et désalkylant pour effectuer la rupture d'une liaison R-O d'un éther. Cette rupture est souvent suivie d'une cyclisation notamment lors de la production de médicaments[3]. Le mécanisme de désalkylation des éthers passe par la formation d'un complexe formé par la liaison entre l'atome de bore et l'atome d'oxygène de l'éther suivi d'une élimination d'un bromure d'alkyle pour former un dibromo(organo)borane.

ROR + BBr3 → RO+(BBr3)R → ROBBr2 + RBr

Un éther, avec un groupement alkyle et un groupement aryle (tout comme un éther d'alkyle activé), est quant à lui désalkylé par un mécanisme bimoléculaire dans lequel interviennent deux adduits BBr3-éther[4].

RO+(BBr3)CH3 + RO+(BBr3)CH3 → RO(BBr3) + CH3Br + RO+(BBr2)CH3

Le dibromo(organo)borane peut ensuite subir une hydrolyse pour donner comme produit un alcool, l'acide borique, et le bromure d'hydrogène[5].

ROBBr2 + 3H2O → ROH + B(OH)3 + 2HBr

D'autres applications existent également : le tribromure de bore est utilisé lors de la polymérisation des oléfines et comme catalyseur lors des réactions de Friedel-Crafts pour ses propriétés d'acide de Lewis.

Dans l'industrie électronique, le tribromure de bore est utilisé comme source de bore lors des processus de pré-déposition pour le dopage des semi-conducteurs[6]. Il est permet également la désalkylation des éthers d'aryles et d'alkyles, par exemple la déméthylation du 3,4-diméthoxystyrène en 3,4-dihydroxystyrène.

Synthèse[modifier | modifier le code]

La réaction du carbure de bore avec le dibrome à une température supérieure à 300 °C forme du tribromure de bore. Le produit peut être purifié par distillation sous vide.

Histoire[modifier | modifier le code]

La première synthèse du tribromure de bore a été réalisé en 1846 par M. Poggiale en faisant réagir du trioxyde de dibore B2O3 avec du carbone et du dibrome à haute température[7] :

B2O3 + 3 C + 3 Br2 → 2 BBr3 + 3 CO

Une amélioration de cette méthode a été proposée par Friedrich Wöhler et Henri Sainte-Claire Deville en 1857. En partant du bore amorphe, la température à laquelle la réaction a lieu est plus basse et ne produit plus de monoxyde de carbone[8] :

2 B + 3 Br2 → 2 BBr3

Applications[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. (en) « Boron Tribromide », Toxicologic Review of Selected Chemicals, National Institute for Occupational Safety and Health
  3. (en) Doyagüez, E.G., « Boron Tribromide », Synlett, vol. 2005, no 10,‎ , p. 1636–1637 (DOI 10.1055/s-2005-868513, lire en ligne [PDF])
  4. (en) Sousa, C. et Silva, P.J, « BBr3-Assisted Cleavage of Most Ethers Does Not Follow the Commonly Assumed Mechanism », Eur. J. Org. Chem., vol. n/a, no n/a,‎ , n/a (DOI 10.1002/ejoc.201300337, lire en ligne [PDF])
  5. (en) McOmie, J.F.W., Watts, M.L. et West, D.E., « Demethylation of Aryl Methyl Ethers by Boron Tribromide », Tetrahedron, vol. 24, no 5,‎ , p. 2289–2292 (DOI 10.1016/0040-4020(68)88130-X)
  6. (en) Komatsu, Y. ; Mihailetchi, V. D. ; Geerligs, L. J. ; van Dijk, B. ; Rem, J. B. ; Harris, M., « Homogeneous p+ emitter diffused using borontribromide for record 16.4% screen-printed large area n-type mc-Si solar cell », Solar Energy Materials and Solar Cells, vol. 93, nos 6–7,‎ , p. 750–752 (DOI 10.1016/j.solmat.2008.09.019)
  7. Nouveau composé de brome et de bore, ou acide bromoborique et bromoborate d'ammoniaque — Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences sur Gallica
  8. Annales de chimie et de physique sur Gallica

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Lecture supplémentaire[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]