Travadja la moukère

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Travadja la moukère est une chanson paillarde des soldats français en Algérie, connue en France au moins depuis les années 1910. La saynète Le Duo de « Lucie et du Docteur Marmeladruss », écrite par André Salmon et parue dans Les Marges de est une parodie de Travadja. Le titre en est parfois orthographié Trabadja ou Ravadja la mouquère.

Paru en 1927, le roman La coalition, de Emmanuel Bove, cite « Tra vadja la mouckère » dans la bouche d'un personnage qui a été bataillonnaire en Afrique.

En 1934, dans le film L’Atalante, réalisé par Jean Vigo, le personnage du père Jules (joué par Michel Simon) interprète le refrain « Travadja La Moukère, Travadja Bono » pour le personnage de Juliette dans une cabine du bateau[1].

En 1942, la chanson de Maurice Chevalier, Ali Ben Baba, cite Travadja La Moukère dans son refrain[2].

Georges Bataille cite la chanson dans un carnet de 1944[3].

Dans les années 1970, la chanson est enfin également chantée (« Trabadjâââ, la moukère… ») par Gaston dans un gag de la bande dessinée du même nom[4].

En 1993, la chanson Foule sentimentale d'Alain Souchon y fait référence : « On nous Claudia Schiffer / On nous Paul-Loup Sulitzer / Oh, le mal qu'on peut nous faire / Et qui ravagea la moukère / Du ciel dévale / Un désir qui nous emballe ».


Paroles[modifier | modifier le code]

Travadja la moukère
Travadja bono
Trempe ton cul dans la soupière
Tu verras si c’est chaud
Et si c'est chaud, c'est que ça brule
Si ça brule, c'est que c'est chaud
Viens, viens, sous ma guitoune
Viens, viens, dans ma casbah
Tralala les jambes en l'air
Tralala les jambes en bas
 
Les Bédouins embusqués derrière une colline
En guise de pruneaux m’envoyèrent des pralines
Par un éclat d’obus hélas je fus touché
J’eus la poitrine enlevée et le ventre arraché.
 
Travadja la moukère
Travadja bono
etc.

Signification[modifier | modifier le code]

  • Travadja : travaille !
  • Moukère : femme maghrébine ; (argot) maîtresse, prostituée (du dialecte algérien moukera : « femme », dérivation de l'espagnol mujer : « femme »[5]).
  • Guitoune : tente de soldat ; (argot) érection[6].
  • Casbah : palais marocain ; (argot) maison, chambre ; (argot vulgaire) chambre d'un bordel où les prostituées attendent leurs clients[7].

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Youtube: L'Atalante [1934] - Jean Vigo (sous-titres italiens) », Bien que de multiples versions restaurées du film existent (qui rendent hasardeux toute indication précise de time-code), on peut entendre le passage à 26 min 54 s sur cette version.
  2. « Maurice Chevalier & Raymond Legrand - Ali-Ben-Baba (chanson arabe) - 1942 », Le refrain “Trabadja La Moukère, Trabadja Bono” est cité par le refrain même de la chanson de Chevalier, après une imitation grossière de parler arabe (sons gutturaux) : à 1 min 01 s, 2 min 03 s et 3 min 03 s. (Cette indication, et bien d’autres sur la chanson, est donnée sur le forum http://forum.muzika.fr/read.php?1,628381,page=2)
  3. Georges Bataille, Romans et Récits, Bibliothèque de la Pléiade, 2004, p. 607-608.
  4. André Franquin, Des gaffes et des dégâts, Dupuis (no 7), , strip 444, p. 47 — Prépublié dans le journal Spirou no 1503 du .
  5. Centre national de ressources textuelles et lexicales, article « moukère », consulté le 28 octobre 2016.
  6. Centre national de ressources textuelles et lexicales, article « guitoune », consulté le 28 octobre 2016.
  7. Centre national de ressources textuelles et lexicales, article « casbah », consulté le 28 octobre 2016.

Liens externes[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]