Trésor de Chemtou

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Trésor de Chemtou
Vue générale du djebel Chemtou.
Vue générale du djebel Chemtou.
Type Monnaies
Matériau Or et argent
Période IVe siècle-Ve siècle
Culture Rome antique
Date de découverte
Lieu de découverte Chemtou
Conservation Musée national du Bardo

Le trésor de Chemtou est un important trésor en or romain datant du IVe siècle et du Ve siècle et découvert à Chemtou en Tunisie. Il est constitué de monnaies d'or, qui sont conservées depuis la fin 2018 au musée national du Bardo.

L'importante découverte, qualifiée de « découverte archéologique, numismatique et historique majeure », est un témoin de la situation de l'actuelle Tunisie avant l'invasion des Vandales de 439.

Histoire et redécouverte[modifier | modifier le code]

Histoire[modifier | modifier le code]

Le site archéologique de Chemtou, vaste de plus de 80 hectares, est situé au nord-ouest[A 1] de l'actuelle Tunisie[B 1].

Le site est occupé du Ve siècle jusqu'aux « premiers temps de l'Islam » ; cette histoire a laissé de nombreux vestiges et des artefacts archéologiques ont également été retrouvés lors des campagnes de fouilles archéologiques[B 1]. La ville a un « long passé numide » avec la découverte d'un sanctuaire royal attribué à Micipsa ; elle est également une zone de production d'un marbre très renommé durant l'Antiquité romaine, d'une gamme allant « du jaune-orange au blanc crémeux »[A 2]. Le sanctuaire numide est transformé en temple de Saturne, et la colline Bourfifa se trouve pourvue de trois temples et de reliefs rupestres remarquables. Cette production s'arrête au milieu du IIIe siècle[A 3].

Le trésor est enfoui à la fin du règne de l'empereur Flavius Honorius[A 4], avant 420[1].

Découverte et mise en valeur[modifier | modifier le code]

Vue générale du site du musée archéologique de Chemtou.

Le site archéologique, relativement isolé, est resté peu étudié pendant longtemps[A 1] : le plan du site est levé à la fin du XIXe siècle par des archéologues français, mais il faut attendre les années 1960 pour que débute une campagne de fouilles basée sur une coopération germano-tunisienne. Les fouilles allemandes sont supervisées par Friedrich Rakob.

Le trésor est découvert le [A 4], lors de sondages préalables aux travaux de construction du musée de Chemtou[B 1], inauguré en 1997 pour abriter les découvertes effectuées dans les fouilles des années 1960 à 1995.

Le trésor est initialement conservé au musée du site[B 2]. La muséographie y fait l'objet d'une coopération germano-tunisienne, avec des spécialistes de l'Institut archéologique allemand et du château de Karlsruhe, le ministère tunisien de la Culture et l'Agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle. Deux photographies évoquent la découverte du trésor dans le musée de Chemtou.

Une présentation est prévue au musée national du Bardo à partir de 2013 mais retardée par l'attentat de 2015 puis la pandémie de Covid-19[2]. L'inauguration de la salle d'exposition baptisée « Le trésor de Chemtou » a finalement lieu en octobre 2023[2].

Une publication monographique de la découverte paraît en 2014 dans le quatrième volume de la série commune « Simitthus »[2].

Description[modifier | modifier le code]

Description générale[modifier | modifier le code]

Le trésor est retrouvé dans une cruche de poterie commune[3].

Le trésor est composé de 1 648 monnaies, pour un poids de 7,2 kilos[1],[B 1]. Sur les monnaies, 1 646 sont des solidi, une est un demi-solidus et la dernière un faux solidus[B 1]. 1 647 pièces sont en or et la dernière en argent doré[A 4].

Composition du trésor[modifier | modifier le code]

Neuf empereurs sont représentés dans le corpus, dont trois usurpateurs. L'empereur le plus représenté dans le trésor est Flavius Honorius (68 % du total), suivi de Flavius Arcadius (24 % du total) et Valentinien Ier (0,05 % du total) : les deux empereurs les plus représentés dans la trouvaille de 1993 concernent 92 % des monnaies retrouvées alors[B 1].

Empereur Nombre de solidi[B 1] Nombre de monnaies autres[B 1]
Valentinien Ier 78
Valens 24
Théodose Ier 4
Flavius Arcadius 400
Flavius Honorius 1124 2
Théodose II 10
Constantin III 4
Priscus Attale 1
Jovin 1

Interprétation[modifier | modifier le code]

Carte des migrations vandales : Carthage est prise en 439.

La découverte pose de « nombreux problèmes d'ordre numismatique et historique », tant pour le contenu du trésor que du contexte de son enfouissement[B 2].

Le trésor est un témoin de la richesse de l'Afrique ancienne, en particulier l'espace de la future Tunisie à la veille de la conquête vandale[B 2]. C'est un témoin des incursions préalables à la conquête finale de l'Afrique du Nord, avec le siège d'Hippone mené par les armées vandales de Genséric en 431. À la fin de la décennie, Carthage tombe sous la coupe du même, qui s'empare sans coup férir du reste de la province d'Afrique pour une domination qui durera un siècle et se terminera par la guerre des Vandales menée en Afrique du Nord par le général byzantin Bélisaire.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Zaher Kammoun, « Les trésors monétaires trouvés en Tunisie », sur zaherkammoun.com, (consulté le ).
  2. a b et c « « Trésor monétaire de Chemtou » : une découverte en or exposée au Bardo ! », La Presse de Tunisie,‎ (ISSN 0330-9991, lire en ligne, consulté le ).
  3. « Trésor de Chemtou », sur bardomuseum.tn (consulté le ).
  • Les grandes découvertes d'époque romaine
  • Le trésor de Chemtou
  1. a b c d e f g et h Khanoussi 1995, p. 272.
  2. a b et c Khanoussi 1995, p. 273.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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Catalogue et interprétation du trésor
  • Mustapha Khanoussi, « Le trésor de Chemtou : l'histoire, sa trace et son écho », dans Carthage, Paris/Tunis, Paris Musées/Alif, (ISBN 978-2-879-00196-8), p. 272-273. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Jean-Pierre Laporte, « Les Vandales, l'Afrique et les Maures », Bulletin archéologique de Provence, la Méditerranée et le monde mérovingien : témoins archéologiques, no 3,‎ , p. 271-280.
  • Hédi Slim, Ammar Mahjoubi, Khaled Belkhoja et Abdelmajid Ennabli, Histoire générale de la Tunisie, t. I : L'Antiquité, Tunis, Maisonneuve et Larose, , 460 p. (ISBN 2706816953).
  • Hédi Slim et Mustapha Khanoussi, « Les grandes découvertes d'époque romaine », Dossiers d'archéologie, no 200,‎ , p. 23-26 (ISSN 1141-7137).
  • Collectif, De Carthage à Kairouan, 2000 ans d'art et d'histoire en Tunisie, Paris, Association française d'action artistique, , 280 p. (ISBN 2865450155).

Liens externes[modifier | modifier le code]

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