Tokénisme

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Le tokénisme (tokenism en anglais) est une pratique consistant à faire des efforts symboliques d'inclusion vis-à-vis de groupes minoritaires[1],[2] dans le but d'échapper aux accusations de discriminations[3]. Dans le monde du travail, par exemple, il s'agit pour une entreprise de recruter quelques personnes issues de ces groupes[4] et de le mettre en avant. La pratique est à différencier de la discrimination positive[1], le tokénisme n'étant pas forcément pratiqué dans l'intention de promotion des individus mis en avant mais plutôt dans l'intention de cacher la réalité et de produire des « cache-misère »[5].

« Tokénisme » est aussi un terme utilisé en psychologie pour décrire les situations de proportions inégales entre femmes et hommes dans un domaine donné (études, professions) : le tokénisme permet de qualifier les situations où les proportions sont très inégalitaires, les personnes de la catégorie la moins représentée étant qualifiées de « tokens », les autres étant qualifiées de « dominantes »[6].

Origine du terme[modifier | modifier le code]

En anglais, l'adjectif « token » placé devant un nom de minorité désigne un personnage de fiction qui est membre d'une minorité, placé dans le but de représenter cette minorité. L'expression anglaise correspondant à « quota ethnique » est donc « tokenism » (le mot « tokénisme » est quelquefois utilisé en français pour évoquer cette pratique dans les séries américaines[7]).

L'usage adjectival peut être traduit par « d'honneur » ou « alibi », selon les cas.

Le tokenism peut se traduire par « politique de pure forme », « mesure symbolique »[8], « poudre aux yeux », « trompe-l'œil », ou « cache-misère ».

Parité femmes-hommes[modifier | modifier le code]

En France, le groupe féministe La Barbe lutte contre le tokénisme, c’est-à-dire contre l’effet « poudre aux yeux », qui consiste à nommer quelques femmes dans des hautes instances du pouvoir, qui demeurent après cela masculinisées dans une proportion non harmonieuse[9].

Selon Chloé Freslon, il existe un phénomène appelé « falaise de verre » (en anglais « glass cliff »), dans lequel les femmes sont plus souvent appelées à jouer un rôle de chef d’entreprise en période de crise et sont donc soumises à plus de critiques si les entreprises ne fonctionnent pas bien[5].

Sources[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Le tokénisme: qu'est-ce que c'est? », sur Radio-Canada, (consulté le )
  2. « Tokenism », sur Reference.com
  3. Michael A. Hogg et Graham M. Vaughan, Social Psychology, Harlow, Prentice Hall, , 368–369 p. (ISBN 978-0-13-206931-1, lire en ligne)
  4. « Tokenism: definition of tokenism in Oxford dictionary », sur Oxford Dictionaries Online
  5. a et b Chloé Freslon, « Le tokénisme ou comment utiliser les femmes comme «cache-misère» » [archive du ], sur Journal Métro, (consulté le )
  6. « Effets de l’asymétrie numérique entre hommes et femmes dans un groupe de travail : le rôle modérateur du contexte », L’Année psychologique, vol. 110,‎ , p. 157-176
  7. Marie Turcan, « Girls, racisme et tokénisme: la polémique qui enflamme le Web », sur Le HuffPost, (consulté le )
  8. « Traduction tokenism français », sur dictionnaire.reverso.net (consulté le )
  9. « Hollande's new government has a record number of women, even if they control few of the most important ministries. But we suspect it is tokenism, because most of the top civil servants behind the scenes are men » dans (en) Lucy Ash, « La Barbe : France’s bearded feminists », sur BBC, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]