Titisme

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Le terme de titisme (parfois appelé « titoïsme ») est utilisé pour décrire la version de l'idéologie communiste adoptée après 1948 par Tito, dirigeant de la République fédérative socialiste de Yougoslavie. Il dérive du nom de guerre de son principal inspirateur.

Josip Broz, dit Tito, en 1971.

Historique

En 1948, la rupture Tito-Staline survient après que l'URSS a échoué à soumettre comme elle l'entendait la Yougoslavie communiste. Le Kominform exclut le Parti communiste de Yougoslavie et dénonce la déviation nationaliste de Tito. Le terme est initialement utilisé de manière péjorative, l'accusation de « titisme » est utilisée dans le cadre des purges des appareils communistes.

Le principal concept du titisme, dont le slovène Edvard Kardelj fut l'un des principaux théoriciens, consiste en la recherche par chaque pays de la voie du socialisme, en utilisant ses propres ressources et en usant de politiques adaptées à son propre contexte national, plutôt que de se conformer à une politique définie de l'extérieur. Dans le contexte de la guerre froide, le titisme était perçu comme une voie socialiste indépendante de celle préconisée par l'Union soviétique, et généralement opposée à celle-ci.

L'évolution du régime yougoslave, qui usait jusqu'en 1948 de méthodes staliniennes classiques, a été notable. La mue idéologique s'est accompagnée de bons rapports avec le « monde libre » et d'un allègement de la répression politique, et surtout par l'adoption d'une politique d'« autogestion » économique, généralisée à partir de 1950, et se voulant une mise de l'économie entre les mains des producteurs directs, excluant ainsi la formation d'une classe des bureaucrates comme cela a été le cas dans les autres régimes communistes[1]. Les entreprises sont gérées par des dirigeants théoriquement élus par les travailleurs, bien qu'en pratique la désignation de ceux-ci revienne au Parti. Des éléments d'économie de marché sont progressivement introduits : en 1965, la notion de rentabilité est appliquée de manière générale, avec l'abandon de la planification économique.

Le système d'autogestion économique appliqué par Tito engendre, jusqu'à la fin des années 1970, de bons résultats[réf. nécessaire] : la Yougoslavie est l'un des pays communistes les plus prospères et pratique, dans les faits, une économie proche de l'économie de marché. Bien que le marxisme-léninisme soit demeuré une matière obligatoire à l'université yougoslave, le pays connaît une réalité très éloignée de celle des pays demeurés au sein du bloc de l'Est.

L'expérience titiste a été notamment appréciée, dans les années 1960, par certains intellectuels de gauche déçus par le marxisme orthodoxe[2].

Sur le plan politique, le titisme a été une notion moins claire : tout en maintenant sur le plan international une position de neutralité et sur le plan intérieur une affirmation de l'identité nationale, Tito a dû avec le temps composer avec le problème croissant des nationalismes internes, surtout à partir du printemps croate de 1971.

Notes et références

  1. Dimitri T. Analis, Les Balkans 1945-1960, Puf, 1978, pp. 192-194
  2. Paul Garde, Vie et mort de la Yougoslavie, Fayard, , 480 p., broché [détail de l’édition] (ISBN 2213605599 et 978-2213605593), p. 93.

Voir également

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